Dans l’indifférence générale, le premier Championnat d’Afrique des Nations (ou CHAN) vient de délivrer son verdict : le premier vainqueur de la compétition sœur de la prestigieuse Coupe d’Afrique des Nations est la République Démocratique du Congo. Boudé par les européens, apprécié en Afrique, le CHAN navigue encore entre deux eaux. Retour sur cette nouvelle compétition pourtant forte intéressante.


Il y a la Coupe d’Afrique des Nations, équivalent de l’Euro ou de la Copa America, compétition importante sur le sol africain rassemblant les meilleures nations composées de leurs meilleurs joueurs, pour la plupart expatriés. A chaque CAN, l’histoire est la même, les grands clubs européens, s’abreuvant des meilleurs africains voient toujours d’un mauvais œil une compétition qui se déroule en plein milieu de leurs championnats respectifs. On se souvient encore du tôlé provoqué chez certains lorsqu’il avait été évoqué l’organisation d’une CAN tous les 4 ans pour faire plaisir à ces grands clubs européens. En réponse à cela, on entendait parler auprès de certains l’idée d’organiser une CAN réservée aux joueurs évoluant encore sur le territoire africain. Ce fut chose faite avec le Championnat d’Afrique des Nations, compétition réservée aux joueurs évoluant sur le continent africain, dont la première édition a rendu son verdict dans l’indifférence générale des médias européens.

Commençons donc par les trophées décernés. La République Démocratique du Congo, emmenée par Trésor Mabi Mputu, meilleur joueur du tournoi, s’est donc imposée en finale devant le Ghana (victoire 2 buts à 0) au terme d’une quinzaine de compétition haute en couleurs et en suspens. Après avoir terminé à la seconde place du groupe B (derrière le Ghana), les Léopards congolais ont du se défaire des coriaces zambiens (futur 3e de l’épreuve) en demi-finale avant de prendre leur revanche sur des ghanéens qui venaient de sortir une belle équipe sénégalaise après une intense séance de tir aux buts. Outre l’intérêt sportif, cette compétition aura été l’occasion de découvrir les futures stars de demain qui, n’en doutons pas, garniront les effectifs des grands clubs européens.

A commencer par Trésor Mputu, le nouveau Samuel Eto’o d’après Claude Le Roy, dont le nom a déjà été évoqué un peu partout en Europe (Betis, OM, Standard, Hertha Berlin par exemple). Même s’il n’a pas été très prolifique lors de ce tournoi (un seul but marqué), il a tout de même obtenu le titre de meilleur joueur de la compétition. Ayant déjà effectué un essai du côté d’Arsenal fin 2007 puis étant ensuite rentré au pays (bien que Wenger semblait intéressé), le joueur congolais clame haut et fort qu’il jouera en Europe dès l’été prochain. Son arrivée en Europe semble en effet de nouveau imminente, puisqu’il fut évoqué du côté de Hull, son agent ayant dors et déjà évoqué la préférence anglaise pour le jeune buteur congolais, bien que son nom ait été murmuré du côté de Bordeaux, Lille ou encore Saint Etienne pour ne citer que la France.

On peut citer également Samuel Inkoom, solide latéral droit ghanéen qui un temps intéressa le Barca et fut récemment évoqué du côté du PSG pour suppléer Ceara. Seulement le jeune joueur de 19 ans a semble-t-il réveillé les appétits anglais puisqu’on évoque désormais des clubs comme Tottenham, Manchester City ou encore Newcastle. Son niveau n’a pas failli lors de la compétition ce qui lui vaut d’être sélectionné pour le prochain grand match des Black Stars face au Bénin le 28 mars prochain dans le cadre des qualification pour la prochaine Coupe du Monde. Côté ghanéen, le fils d’Abedi Pelé, Ibrahim Ayew a également impressionné au milieu de terrain par sa présence et son influence sur le jeu de l’équipe nationale avec une technique rappelant son glorieux paternel, même s’il s’en défend. Alors que ses frères Jordan et André évoluent déjà en Europe (tous deux sont sous contrat à l’OM), l’ainé de la fratrie rêve de les imiter.

Enfin, il faut évoquer le meilleur buteur du tournoi, le zambien Given Singuluma. Libéré l’an passé par son club, Bay United, il aurait pu ne pas disputer cette compétition. Sorti du gouffre par le club zambien de Zanaco, il joua alors un rôle décisif dans la qualification de son pays pour le CHAN 2009. Auteur d’un triplé lors du match d’ouverture, il n’en fini pas alors d’impressionner par son sens du placement, ce qui lui vaut d’être comparé à un certain Roy Makaay. Comme ses deux collègues cités ici, son arrivée en Europe semble imminente puisqu’il vient d’effectuer des essais réussis en Finlande au FC Haka.

Voila pour le côté positif, car tout n’est pas si rose au sortir de cette compétition. Si on peut être déçu de la prestation du pays hôte, la Côte d’Ivoire, pourtant l’un des pays les mieux équipés en terme de centres de formation, le gros point noir aura été le niveau global de la compétition plutôt moyen aux yeux de certains observateurs. Pour preuve, l’interview de Japhet N’Doram, ex-star des canaris nantais, qui se déclare déçu du faible niveau général, surtout sur le plan technique (je vous invite à lire l’interview complète ici). On pourra également regretter la faible couverture médiatique surtout en Europe. Une compétition africaine sans les Drogba et autres Eto’o n’attire pas les grands médias européens ni les sponsors. Preuve qu’il reste encore du chemin à parcourir.

Loin de ces critiques, il n’en reste pas moins que cette première édition du CHAN aura été un succès populaire, en Côte d’Ivoire mais aussi dans les pays concernés par cette compétition (pour preuve la liesse provoquée par la victoire congolaise). Ce premier championnat d’Afrique des Nations, bien que navigant encore dans l’incertitude, restera donc un grand moment de fierté africaine et aura permis la mise en valeur de joueurs souvent éclipsés par les stars évoluant en Europe.

Pour terminer cet article, voici un petit clip à la gloire des Léopards, vainqueurs de la CHAN 2009.

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Nicolas Cougot
Nicolas Cougot
Créateur et rédacteur en chef de Lucarne Opposée.