La CAN espoirs débute samedi au Sénégal. Huit sélections vont se disputer les 3 places qualificatives aux Jeux Olympiques 2016. Certains jeunes joueurs talentueux, qui ont déjà pointé le bout de leur nez à l’échelon supérieur, ont l’occasion de s’affirmer en tant que vedettes de leur génération et prouver que l’avenir de l’Afrique leur appartient. Présentation des gros clients, et de quelques outsiders.

Mahmoud « Kahraba » Abdel Moneim (Egypte)

Etoile filante en Suisse (7 buts en 16 matchs avec Lucerne, viré pour indiscipline) le feu-follet a optimisé son retour au pays. Un crochet réussi par le club de ses débuts, l’ENPPI, et une arrivée tonitruante au Zamalek, où ses dribbles et ses qualités de finisseur constituent un complément parfait à Morsy et Hefny en attaque. Efficace en Coupe de la CAF (4 buts et un doublé contre l’ES Sahel en demi-finales), « Electricité » - traduction de son surnom- impressionne depuis septembre : 3 pions en championnat, un avec les A, 4 des 6 buts marqués par l’Egypte U23 en barrage aller-retour. Kahraba est dans une forme olympique, et risque bien d’être l’épouvantail de la compétition.

Saad Bguir (Tunisie)

Le meneur de jeu de l’Espérance de Tunis (ou il a gagné sa place de titulaire en un mois et demi – lire son portrait) avait débloqué la situation en barrage contre le Maroc avec une passe décisive pour Edem Rejaïbi. Depuis, l’appétit du natif de Tataouine semble avoir dépassé le cadre de sa catégorie d’âge, puisqu’il est déjà indispensable dans la cour des grands. Trois entrées en jeu avec les A’ puis les A (qualifications du CHAN 2016 et Mondial 2018) trois buts, trois situations compromises rétablies de justesse. Bguir a l’occasion de confirmer son statut en s’imposant comme le chef de file des U23. Deux atouts de taille : son influence dans le jeu de l’EST devrait faciliter l’animation offensive vers les attaquants Jouini et Rejaïbi – ses coéquipiers en club- et surtout la qualité de ses coups de pied arrêtés. 5 coups-francs marqués depuis le 30 août, si la série continue elle ne va plus passer inaperçue bien longtemps.

Adama Traoré (Mali)

Le milieu offensif du TP Mazembe ne doit pas être confondu avec celui formé au Barca, ni celui qui joue à Monaco, ni celui qui joue à Bâle. Mais le malien est certainement l’Adama Traoré le plus connu du continent, car ce n’est pas une mince affaire d’exister chez les Corbeaux et leur ligne offensive effrayante. Aux côtés de Kalaba, Ulimwengu, Samatta, Assalé et consorts, Traoré a obtenu sa part du gâteau : 13 buts depuis son arrivée en 2014, du temps de jeu en Ligue des Champions Africaine 2015 gagnée par le Tout Puissant, et de bonnes prestations en phase de poules (contre Tétouan et Smouha) puis en finale contre l’USM Alger. Avec les espoirs maliens, il a assumé son statut en marquant contre le Gabon en barrage de la CAN. Traoré devrait être le fer de lance des Aigles au Sénégal.

Junior Ajayi (Nigeria)

Sans le doublé de Junior en barrage contre le Congo (2-1, 0-0 au retour) la sélection de Samson Siasia aurait peut-être connu une cruelle désillusion. L’ex-attaquant des Shooting Stars a tonifié la ligne offensive du CS Sfaxien depuis son arrivée en Tunisie en septembre. Dans une formation qu’on pensait dépourvue de mobilité et de profondeur en attaque autour du point de fixation Ezechiel Ndouassel, l’apport de Junior s’est avéré décisif. A l’aise dans le jeu aérien et capable de se projeter rapidement dans la surface, il propose une solution de plus aux centres d’Ali Maaloul. Si on ajoute à cela la complicité dans le jeu court avec Moncer et Hannachi, on comprend mieux le rôle de Junior dans le début de saison réussi du CSS (7 victoires consécutives, 4 réalisations pour le nigérian, 2ème au classement des buteurs). La capacité des Green Eagles à se frayer un chemin vers Rio dépendra certainement de la réussite de Junior.

Mais aussi…

Haythem Jouini et Edem Rejaïbi, en manque de temps de jeu, rongent leur frein à Tunis, et attendent de pied ferme les échéances avec les U23 pour lâcher les chevaux. Ils seront à surveiller de près. Le nigérian Victor Osimhen, récent champion du Monde U17 après avoir écrasé la concurrence -10 buts en 7 matchs - a été appelé par Siasia à la place d’Isaac Success et exploitera chaque opportunité de se mesurer à ses aînés. S’ils sont remis (l’un de son geste d’humeur en finale de Ligue des Champions Africaine, l’autre de sa blessure) les joueurs de l’USM Alger Zinedine Ferhat et Oussama Darfalou auront la possibilité de s’illustrer. D’un point de vue plus collectif, le Sénégal, qui a fait confiance en grande partie à l’équipe médaillée d’or aux derniers Jeux Africains, va tout faire pour tirer son épingle du jeu à domicile.

Farouk Abdou
Farouk Abdou
Actuellement à E-management, passé par Echosciences Grenoble, Le Dauphiné Libéré, Sport Translations et Tunisie foot, Africain volant pour Lucarne Opposee