Après deux empoignades aux multiples enseignements en éliminatoires (1-1,2-3) Aigles de Carthage et Lions de l’Atlas débarquent au Rwanda dans la peau de favoris pour remporter le CHAN 2016. Privés de leur sélectionneur-toujours hospitalisé après son opération chirurgicale- et handicapés par l’absence de quelques titulaires, les tunisiens disposent d’un effectif suffisant pour aller loin dans la compétition. Les marocains, déterminés à effacer la déconvenue de l’édition 2014 des mémoires, se présentent avec un groupe équilibré. Décryptage.

Les inévitables polémiques : Jmel (Tunisie) Karrouchy (Maroc)

Le défenseur de l’ESS a été écarté de la liste pour le CHAN pour un traitement suite à une opération à un œil, avec la période de convalescence qui va avec, ce qui rendait impossible sa convocation pour aller au Rwanda dans les 2 semaines. Seulement voilà, le joueur a été pris en photo au Stade Olympique de Rome pendant AS Roma-Milan AC. Cette petite escapade ayant mis à plat tout concept de période de convalescence, il va sans dire que Jmel va être convoqué par la fédération pour plus de précisions, premier chapitre de ce qui promet d’être un long dossier.

Karrouchy a été pris dans une tempête opposant son club, le Raja Casablanca, au staff des A’. L’arrière latéral, qui devait suivre une période de repos de trois semaines afin d’être prêt pour le CHAN, a été aligné par le Raja dans un match de championnat avec le risque qu’il aggrave sa blessure. Sa présence dans la liste finale, après avoir été annoncé un temps forfait, a re-déclenché un deuxième incendie éteint par le sélectionneur Mohamed Fakhir, qui a assuré que Karrouchy serait opérationnel à partir du second match de poule.

Les clubs fortement sollicités : les cas de l’Etoile du Sahel et du Wydad Casablanca

L’année 2016 va être chargée pour les 2 clubs, entre course au titre et campagne en Ligue Africaine des Champions. Le CHAN 2016 était susceptible de contrarier leurs plans pour la récupération de leurs éléments-clés, et vu le contingent final de joueurs qui s’envole au Rwanda, ils s’en sortent à très bon compte.

Pour diverses raisons (reprise, blessure, blessure difficile à expliquer, choix difficile à expliquer) 6 titulaires de l’ESS restent à Sousse : le gardien Mathlouthi, les défenseurs Nagguez et Jmel, le meneur de jeu Lahmar, les milieux offensifs Msakni et Brigui. 5 autres joueurs sont présents dans la liste, dont le deuxième gardien Jebali et un joker (Tej) utilisé avec parcimonie. La moitié de l’effectif risquait d’être sollicitée, seuls 5 y vont : l’Etoile, qui n’a pas eu de période vierge de compétition officielle depuis presque 9 mois, gagne très gros dans l’opération.

Le Wydad pouvait potentiellement avoir 6 ou 7 joueurs concernés par le CHAN, ce qui aurait profondément contrarié l’entraîneur John Toshack. Le technicien gallois a publiquement exprimé son désaccord à plusieurs reprises durant l’année 2015 sur le nombre important de joueurs du WAC convoqués par la sélection des locaux. Ils ne sont que 2 dans la liste finale : le milieu Nekkach et l’ailier Ounajem. Un moindre mal.

Les inattendus à court de compétition : Erraki (Maroc) et Akaichi (Tunisie)

Issam Erraki, malade durant l’été 2015 et libéré de son contrat par Emirates Club, a signé au Raja après plusieurs mois sans jouer. Avec seulement 4 matchs au compteur depuis sa reprise, il est la surprise du chef de la liste marocaine. L’attaquant de pointe Ahmed Akaichi a lui aussi 4 matchs seulement dans les jambes, après avoir été écarté des terrains de longs mois (4 mois de suspension + une longue période sans jouer quand il était en conflit avec l’Espérance de Tunis). Si la compétitivité de ces 2 joueurs suscite le débat, leur expérience et leur vécu constituent la principale raison de leur présence au CHAN, et leur a permis d’être préférés à des novices plus affûtés.

La Tunisie n’a pas mis sa sélection A’ dans les meilleures dispositions

7 journées de championnat disputées en 20 jours qui ont bousculé des organismes non habitués à ce type de rythme : le calendrier inadapté a optimisé son effet néfaste puisque plusieurs joueurs importants se sont blessés, les deux absences les plus fâcheuses étant celles des 2 attaquants de l’Espérance de Tunis Khenissi et Ben Youssef. Ajoutées aux méformes de Touzghar et Khalifa, les blessures de Lahmar et Msakni, et au coup de moins bien de Saad Bguir, les options offensives des Aigles de Carthage s’en trouvent fortement diminuées.

Les absents

Le Maroc a privilégié la stabilité de son groupe, et il paraissait peu probable, malgré leur niveau que les ailiers du Wydad Hadjouj (convoqué une seule fois en un an) et El Hadded fassent partie de l’aventure. L’attaquant d’El Jadida Ayoub Nannah a payé la concurrence à son poste. Dans les 2 pays, l’absence de vécu avec le groupe a desservi les 2 buteurs surprise des 2 championnats (Abdessamad de Tanger, et Aouichi de la JSK). Le jeune milieu du Wydad Rachid Housni aurait mérité d’en être, le CHAN étant une compétition parfaite pour s’affirmer.

L’absence de Hannechi (CSS) et Brigui (ESS) deux joueurs polyvalents, en pleine bourre, et décisifs avec leurs clubs respectifs, est en revanche extrêmement discutable.

Ils vont réussir leur CHAN : Batna (FUS) et Moncer (CSS)

Parce qu’il faut se mouiller, parions sur des prestations abouties pour Mourad Batna et Mohamed Ali Moncer. Le marocain, taulier du FUS, est impressionnant depuis une saison et demi et a une chance inestimable de se donner une visibilité qui dépasse le cadre de la Botola. Le milieu offensif du CSS est en forme et risque, du fait de l’état physique incertain de ses coéquipiers (Bguir et Rejaïbi, usés par la CAN Espoirs et une première partie de saison éprouvante) d’avoir les clés du jeu. A lui de prendre ses responsabilités.

Farouk Abdou
Farouk Abdou
Actuellement à E-management, passé par Echosciences Grenoble, Le Dauphiné Libéré, Sport Translations et Tunisie foot, Africain volant pour Lucarne Opposee