A moins d’un miracle invraisemblable, le Wydad a sans doute enterré ses espoirs de C1 en s’inclinant lourdement face au Zamalek (4-0) à Alexandrie hier soir. Plombé par sa défense et un gardien remplaçant hors du coup, peu inspiré offensivement en dépit d’une arrière-garde zamalkaouie friable, l’équipe de John Toshack (viré moins d’une heure après le match) a atteint la fin d’un cycle auquel on ne prédisait pas un final aussi brutal. La qualité technique de Morsi, Hefny et Shikabala n’en demandait pas tant.

Zamalek-Wydad 4-0

« C’est impensable qu’il y ait autant d’espaces ». Les consultants de BeIn Sports ont résumé la première mi-temps par cette phrase implacable qui révèle peut-être les limites du technicien gallois John Toshack au niveau africain. Pourtant, le Wydad s’est hissé en demi-finales de la Ligue des Champions en se basant principalement sur une défense disciplinée (3 buts encaissés en phase de poules) et une rigueur qui compensaient l’évident manque d’idées sur le plan offensif.

Hier soir le WAC était à des kilomètres du pragmatisme tactique inhérent à une demi-finale aller à l’extérieur en Afrique. Cela s’est vu dès la 5ème minute, sur une sortie de balle le long de la touche de Shikabala après une attaque ou le Wydad a tenté de créer le surnombre devant. Le numéro 10 du Zamalek a accéléré pile quand il fallait : en repiquant dans l’axe, deux joueurs l’ont abandonné, il s’est engouffré alors à tout allure. 30 mètres sans être gêné, et une frappe à ras de terre sur laquelle le gardien des Rouges Akid semble tout à fait suspect.

Des situations similaires à celles-ci, il y en a eu des tas. On redoutait que son arrière-garde soit fragile, ça a été le cas : l’équipe du Caire a concédé beaucoup de situations chaudes dans son camp et une dizaine de corners, dont les wydadis n’ont pas profité en affichant la même impuissance entrevue en championnat la saison dernière.

De plus, le vice-champion du Maroc 2015-2016 a montré une lenteur incroyable dans les transitions défensives et a laissé l’équipe se couper en deux sans réagir. Face à un repli inexistant et un pressing dépourvu de structure, les zamalkaouis ont mis à profit leur supériorité dans la circulation de balle. Que ce soit sur attaque placée (Morsi qui a failli contourner Fall en une talonnade, Ibrahim Salah) ou en contre avec Shikabala, les égyptiens auraient pu rentrer au vestiaire avec 3-4 buts d’avance tout en s’étant exposés au point d’en encaisser autant !

Au lieu de ça, les Chevaliers Blancs se seront contentés du 2-0. Une dizaine de minutes après le but de Shikabala, une bourde monumentale de Fall a permis à Hefny de doubler la mise. Le genre d’action qu’il affectionne, en repiquant sur son pied gauche. Rebelote à ras de terre, poteau rentrant.

Akid, le calvaire

Imaginez. Vous êtes gardien remplaçant en demi-finale de Ligue des Champions, et vous êtes envoyé au charbon à l’extérieur parce que le gardien titulaire, retenu par ses obligations militaires, ne peut pas faire le déplacement. C’est ce qui est arrivé à Akid, propulsé sur le devant de la scène après que Zouhaier Laaroubi, qui n’a pas eu l’aval de ses supérieurs pour partir en Egypte, ait été contraint de déclarer forfait.

Akid avait bénéficié de la blessure de Benachour pour accumuler des matchs lors d’une grande partie de la saison 2014-2015. Sans repère ni rythme depuis, il a vécu une galère interminable vendredi soir : fautif sur le premier but, une sortie ratée sur le troisième but de Morsi, et un penalty extrêmement sévère en guise de cerise sur le gâteau. Par ailleurs, les deux buts sont les seules choses à signaler en seconde mi-temps. Sans envie ni révolte, le Wydad a fini de sombrer et se retrouve au bord du précipice. Si retournement de situation il y a, ce sera sans John Toshack, qui a été démis de ses fonctions dans la foulée.

Triste fin pour un coach qui aura remis les Rouges de Casa sur les rails en 2014, vécu selon ses propres mots pour la BBC il y a quelques jours, une expérience « différente et surprenante » au Maroc, mais semblait marqué par la lassitude : «  Il y a tellement de choses auxquelles il a fallu qu’on s’adapte (parlant de son équipe). Si ça se passe mal, et c’est fort possible que ce soit le cas, je ne suis pas sûr que j’aurais la patience de renverser la vapeur une autre fois ». Comme une prémonition.

Photo : STR/AFP/Getty Images

Farouk Abdou
Farouk Abdou
Actuellement à E-management, passé par Echosciences Grenoble, Le Dauphiné Libéré, Sport Translations et Tunisie foot, Africain volant pour Lucarne Opposee