Les demi-finales de Ligue des Champions Africaine opposeront quatre clubs nord-africains qui ont totalement verrouillé le dernier carré. Et il y a du beau monde : l’Etoile du Sahel défiera Al Ahly du Caire pour un remake de la finale 2007, tandis qu’un duel Algérie-Maroc opposera l’USM Alger (finaliste en 2015) au Wydad Casablanca (demi-finaliste en 2016).

EST-Al Ahly 1-2 : Une nouvelle fois, les Cairotes font de Radès leur jardin

Avoir une défense friable et un gardien à la fiabilité suspecte peut ne pas être un problème quand votre attaque flambe. Avant-hier, le point fort des Sang Et Or n’a pas réussi à masquer des carences qui les ont plombés au pire moment. L’Espérance menait au score à la mi-temps (1-0) en ayant scoré sur la seule erreur adverse et fermait plutôt bien le milieu après des débuts brouillon. Mais l’animation offensive inexistante (longs ballons dans le vide et Khenissi qui bataille tout seul en pivot) aurait dû alerter Faouzi Benzarti, qui n’a pas non plus réagi à la montée d’un cran d’Al Ahly…Ce sont les anciens joueurs du CS Sfaxien qui ont ramené les Rouges du Caire dans la partie : Face à un Ajayi chaud comme la braise dès son entrée en jeu à la mi-temps et un Ali Maaloul qui prouve une nouvelle fois que sa mentalité d’ailier prédomine, l’EST s’est retrouvée débordée sur tout le front de sa défense, et a encaissé deux buts synonymes de KO technique. Une cruelle désillusion qui appelle de nombreuses questions : L’absence de turnover sur certains postes offensifs côté EST était-il une bonne idée ? Pourquoi ne pas avoir lancé Sassi plus tôt ? Comment le chantier de la défense est resté en plan aussi longtemps ? Les Ahlaouis, eux, s’en fichent : Dans un stade où ils sont venus arracher le graal à deux reprises (2006,2012), ils ont affiché un caractère de grand qui ne meurt jamais. Mais on a du mal à croire qu’une pépite comme Junior Ajayi, avec une force physique et un sens du jeu aussi développés à 21 ans seulement, reste encore longtemps en Egypte.

WAC-Sundowns (1-0, 3-2 TAB) : le Wydad au forceps

Cette double confrontation a une nouvelle fois révélé la schizophrénie du WAC : un visage conquérant à domicile avec beaucoup d’intensité, un visage passif et amorphe à l’extérieur. Cette fois-ci, face aux « Brésiliens » de Pretoria, c’est passé : les tenants du titre ont moins d’espace contre leurs adversaires que l’an dernier, quand ils plantaient tout le monde en contre, et ils sont apparus beaucoup moins inspirés au cours de l’édition 2017 de la C1. Néanmoins, face à un concurrent plus sérieux et au vu des armes offensives enrayées dont il dispose (El Hadded et Ounajem inconstants, un Daho combatif mais limité au poste de 9) le Wydad aura intérêt à jouer le jeu sur 180 minutes. Et ne pas faire machine arrière aussi tôt dans le match en pensant aux tirs aux buts, comme ils l’ont fait hier. Une place dans le dernier carré de l’épreuve-reine occulte bien des choses, mais les casaouis ne sont pas à l’abri d’un naufrage similaire à celui de l’an dernier (4-0 au Zamalek en demi-finale 2016) s’ils abordent le match à Alger contre l’USMA comme ils ont abordé celui de Pretoria.

USMA-Ferroviario 0-0 : Les algérois ont flirté avec le fiasco

Le bon résultat acquis au Mozambique (1-1) par les « Rouge et Noir » d’Alger semblait promis à être brillamment converti en qualification hier. Mais les coéquipiers de Darfalou ont tremblé jusqu’au bout, en raison de leur incapacité à concrétiser leur domination. En raison également du gros temps fort de Ferroviario en seconde mi-temps, qui a obligé le gardien Zemmamouche à sortir trois parades de grande classe. Au cours de ce temps fort, les Usmistes ont perdu la maîtrise du match et du ballon pendant un bon quart d’heure. Avertissement sans frais hier, mais qu’il faudra garder en tête pour l’empoignade contre le Wydad dans 3 semaines.

ESS-Ahly Tripoli 2-0 : Signé Marai

Les vainqueurs de la Ligue des Champions 2007 n’avaient pas pris d’option après le match aller délocalisé en Egypte (0-0). Qui plus est, l’Etoile a perdu pour deux matchs (suspension) son attaquant titulaire Diogo Acosta, souvent combatif mais très souvent rugueux et maladroit. Ses deux poursuivants dans la hiérarchie, le revenant Chermiti et l’égyptien au look de surfeur Marai, se voyaient offrir une occasion de se montrer. Au vu de la prestation du dernier nommé, il se peut que la hiérarchie soit désormais remise en cause. L’ancien attaquant d’Al Dakhlia a claqué un très beau doublé de la tête pour permettre aux étoilistes de dominer les Verts de Tripoli. Il a suffi que deux joueurs-clés soient en forme (l’ailier Bangoura et le latéral volant Nagguez) et que le circuit préférentiel bien rodé soit utilisé (longs ballons dans le couloir pour Nagguez qui arrive lancé et centre) pour faire la différence. Agressifs comme au match aller, les Libyens auraient tout de même pu inquiéter les hommes d’Hubert Velud plus longtemps s’ils avaient exploité les errements défensifs des locaux. La seconde mi-temps d’Al Ahly (version égyptienne) a été marquée par la vitesse d’Ajayi et Maaloul. Ces deux larrons vont venir défier l’ESS dès le week-end prochain en demi-finale, et au vu de la lenteur de l’axe central Bedoui-Konaté et des espaces béants laissés sur les côtés, il y a du souci à se faire. Renforcer la défense sera le défi numéro 1 de Velud pour le premier acte contre les Ahlaouis. C’est la première fois que les Rouges de Sousse et les Rouges du Caire, qui se sont croisés fréquemment en C3 (2013 et 2014) se retrouvent en C1 depuis la finale de 2007. Souvenirs, souvenirs….

Farouk Abdou
Farouk Abdou
Actuellement à E-management, passé par Echosciences Grenoble, Le Dauphiné Libéré, Sport Translations et Tunisie foot, Africain volant pour Lucarne Opposee