Il restait encore quelques tickets à composter pour la prochaine CAN au pays des pharaons en juin.

banlomag

Cela a commencé dès vendredi soir avec la confirmation de l’élimination des Étalons du Burkina-Faso qui restaient sur une belle troisième place en 2017. La victoire (1-0) contre la Mauritanie n’aura pas suffi et malgré leurs dix points, les Burkinabais ne seront pas de la fête en Égypte. L’Angola accompagnera les Maurabitounes de Corentin Martins qui étaient déjà qualifiés. Les Palencas negras ont eu besoin d’une précieuse victoire à Francistown au Botswana par le plus petit des scores pour y parvenir.

Du côté des équipes attendues en Égypte, la Zambie était la seule déjà éliminée à la veille de cette journée. Mais les Chipolopolos ont de l’honneur, et ils se sont appliqués à finir sur une victoire à la maison. 4-1 contre des Namibiens qui avaient encore leurs cartes en main pour la qualif. Du coup, au coup de sifflet final de leur match, les Brave Warriors sont éliminés à cause du résultat du Mozambique qui mène en Guinée Bissau à l’entame des arrêts de jeu. Les larmes commencent à couler avant que la magie du football opère. L’égalisation à la 94e des Djurtus condamne le Mozambique et offre un voyage au Caire aux Namibiens (égalité de point, la qualification s’est joué grâce à leurs deux victoires en confrontation directe contre les Mambas). Une grande déception pour les joueurs d’Abel Xavier qui étaient tout proche d’amener beaucoup de joie au Mozambique frappé par un terrible cyclone il y a quelques jours.

Une autre équipe a réussi à déjouer les faveurs des pronostics. Il s’agit des Hirondelles du Burundi qui sont parvenues à se qualifier pour la première fois de leur histoire à la CAN. Lors de leur dernier match, il leur suffisait de ne pas perdre contre le Gabon avec la diva Aubameyang sur la pelouse. C’est chose faite grâce à un nul 1-1, dans un match ou les Burundais n’ont pas vraiment tremblés. Ça fait quelques années que le navire gabonais est au porte du naufrage. Cette élimination apportera peut-être quelque chose de positif chez les Panthères. Ou pas. Le petit pays francophone d’Afrique de l’Est a bien célébré cette qualification historique, mais maintenant il va falloir penser à la suite. Avec l’arrivée de « l’Anglais » Saido Berahino, et la bonne forme de leur buteur Abdul Eazak Fiston (buteur ce week-end, et six buts dans la campagne), le Burundi aura les moyens de chercher une première victoire ou un premier point. Ils seront parmi les petits poucets, mais gare aux Hirondelles qui passent le printemps.

Le Cameroun a obtenu sa qualification sur le terrain et sans trembler face à des Comoriens trop limités. Reste maintenant à voir si cette qualification passera aussi l’épreuve des commissions du TAS, puisque les Comores ont lancé une procédure contre le pays qui aurait dû accueillir la compétition (un changement des règles du jeu en cours de compétition, ce n’est jamais une bonne idée).

La RDC et le Zimbabwe se sont qualifiés dans le groupe G au détriment du Liberia et du Congo Brazzaville. Les Lones Stars n’offriront pas à leur président Geroge Weah le plaisir d’aller en Égypte en chef de délégation. Le Ballon d’Or avait pourtant pris soin de motiver ses joueurs au travers d’une belle prime de qualification, mais renverser les Léopards dans leur stade des Martyrs, n’est pas une tâche facile. Cedric Bakambu s’est chargé de faire respecter la hiérarchie (victoire 1-0), de même que Khamal Billiat contre le Congo (2-0)

Dimanche après-midi, deux grosses affiches avaient lieu au même moment de part et d’autre du continent. Deux duels entre pays voisins. Le Bénin et le Togo s’affrontent sous la menace d’une pluie qui ne viendra finalement jamais (la pluie est la garantie mystique de victoire lorsqu’il s’agit d’un match des Écureuils sur la pelouse de Cotonou). Dans une configuration identique aux Burundais, les Béninois peuvent se contenter d’un nul pour se qualifier. Ils feront même mieux en l’emportant 2-1 contre des Éperviers bien trop inefficaces pour espérer autre chose. Deux mastodontes du continent ont même peut-être tiré leur révérence sur la pelouse du stade de l’amitié de Cotonou. Il s’agit d’Emmanuel Adebayor (buteur togolais encore ce soir), et de Claude Le Roy qui espérait disputer une dernière CAN avec les Éperviers. Le Bénin, qui avait ouvert le score très tôt grâce à David Djigla sont passés malgré une belle sueur froide en fin de match alors que le score était de un but partout. Ils ont finalement réussi à l’emporter grâce à Steve Mounié et malgré la cascade d’absent dans le onze de départ (Sessegnon suspendu, Mickael Poté, Fabien Farnolle et Sessi D’Almeida blessés). Oui, Sessi D’Almeyda, formé au Girondins et qui joue en quatrième division anglaise est un titulaire dans le milieu béninois, et il est même important. Le Bénin retrouve la CAN pour la quatrième fois, neuf ans après sa dernière participation en Angola. Une belle performance pour Michel Dussuyer qui avait déjà réalisé cet exploit en 2010 et qui est revenue l’an passé au Dahomey avec cet objectif.

Le deuxième gros duel du jour était entre la Tanzanie et l’Ouganda, les Cranes sont déjà qualifiés et n’ont encaissé aucun but depuis le début des qualifications. Les Tanzaniens qui ont besoin d’une victoire pour passer vont faire mieux et se permette de donner une leçon aux Ougandais (3-0). Tout était réuni pour un tel exploit, avec un stade plein à une heure du coup d’envoi, une ambiance survoltée, et à nouveau un Samatta de gala. Le capitaine a notamment régalé sur l’action qui provoque le pénalty qu’il a obtenu après un sombrero en se retournant qui a laissé le défenseur sur place. Mais le n°10 ne sera pas l’Homme du match. Il s’agit plutôt de Simon Happygod Msuva, qui avec un but sur une belle frappe croisée et une passe décisive a beaucoup pesé sur le score final. Les Tanzaniens ont d’ailleurs une très belle équipe qui en surprendra plus d’un en Égypte.  Pour une seconde participation après trente-neuf ans, l’expérience ne parlera pas pour eux, mais l’énergie et le sérieux proposé par les hommes d’Emmanuel Amunike laisse présager du meilleur. La défense est stable, le milieu est dense, et l’attaque est pleine de talent. Le soutien du public est sans faille, à l’image de celui que reçoit Simba en Ligue des Champions. D’ailleurs, même s’il y a beaucoup d’étranger dans le onze de Simba, le parcours de ces derniers sera quand même un révélateur des ambitions que pourront viser les Taifa Stars en juin, même s’ils seront quatrième chapeau et qu’il y aura forcément deux voire trois adversaires de renom à affronter. Il faut souligner que l’Afrique de l’Est place quatre équipes dans cette CAN (forcément un record maintenant qu’il y a vingt-quatre équipes). Ce ne sera pas facile pour elles de briller durant la CAN, mais une qualification de l’une d’entre elle au second tour est le minimum que l’on peut attendre.

Le vingt-quatrième et dernier ticket pour la CAN se jouait dimanche en fin d'après-midi entre la Libye et l'Afrique du Sud à Sfax, en Tunisie. Soutenus par plus de 7 000 supporters, les Chevaliers de la Méditerranée devaient s'imposer, un nul suffisait aux Bafana Bafana pour passer. Ces derniers ont souffert en première mi-temps (0-0) mais ont fait mieux que résister, leur victoire 1-2 acquise au retour des vestiaires leur offre le voyage en Égypte. Et ils doivent une fière chandelle à leur excellent gardien Keet, qui hormis le pénalty concédé, a repoussé et bloqué toutes les tentatives libyennes, et à l'attaquant Percy Tau, auteur d'un magnifique doublé aux 50e et 69e minutes, buts qui ont à chaque fois donné une marge de manœuvre à l'équipe de Stuart Baxter pour gérer le match sereinement. La Libye, qui avait repris espoir en égalisant à la 66e (Benali sur pénalty) a été volontaire mais trop stérile dans les vingt-cinq derniers mètres adverses, se laissant orienter par un bloc sud-africain qui a bloqué l'axe et laissé Muhayyed Ellafi et ses coéquipiers arroser la surface des visiteurs de centres soit ratés, soit facilement ramassés par Keet et sa défense centrale. Avec trop peu de frappes tentées de loin, et le fait que les joueurs capables de faire des différences individuelles se situaient dans le camp d'en face, c'était trop pour espérer glaner une quatrième participation à la CAN. L'Afrique du Sud prend ainsi la seconde place du Groupe E derrière le Nigeria et signe donc sa dixième présence dans la phase finale de la compétition-phare du continent.

Les vingt-quatre qualifiés

qualifies

 

Par Pierre-Marie Gosselin et Farouk Abdou (Lybie-Afrique du Sud)

Pierre-Marie Gosselin
Pierre-Marie Gosselin
Amoureux du football et de ses tribunes, supporter inconditionnel des Girondins de Bordeaux et de ses ultramarines, je me suis pris d’une affection toute particulière pour le football africain. Là-bas le foot a pris le nom de « sport roi », et c’est un euphémisme tant il étend son royaume au-delà des ethnies, des classes sociales, des générations et des genres.