Ce dimanche la Nations League américaine verra sa finale mettre aux prises deux futurs organisateurs de la Coupe du Monde. Si les États-Unis seront évidemment de la partie, leur adversaire ne sera pas le Mexique mais le Canada. Preuve supplémentaire que le paysage local a changé.

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À l’heure d’affronter Panamá, John Herdman avait montré quelques signes d’inquiétude, ses Rouges n’ayant disputé que trop peu de rencontres depuis la Coupe du Monde. Cela s’est vu en partie durant notamment le premier acte. Manquant de fluidité, le Canada se créait peu de situations et se reposait surtout sur sa solide défense pour bloquer les contres panaméens durant le premier quart d’heure. Mais les Rouges savent qu’ils disposent de facteurs X, Jonathan David en est un. Le buteur lillois était lancé en milieu de premier acte et pouvait ajuster Orlando Mosquera pour ouvrir la marque sur sa première véritable tentative. Le piège s’était refermé et si les Canaleros se procuraient plusieurs situations, ils allaient se heurter à un Milan Borjan toujours aussi infranchissable pour permettre aux siens de conserver leur avance. Le second acte voyait tout de même les Rouges monter quelque peu en régime, les deux formations continuant à se créer des opportunités, mais les portiers continuaient de briller, en particulier Mosquera devant Cyle Larin. Herdman lançait alors Alphonso Davies qui le remerciait à sa manière une dizaine de minutes plus tard en scellant la victoire du Canada. La suite voyait les Rouges contrôler les offensives panaméennes et se qualifier sans véritablement trembler pour la finale. Si ce n’était pas le Canada fluide et formidable machine entrevu l’an passé, cette sélection a montré une nouvelle facette de son talent : sa capacité à se montrer efficace. Une qualité qui pourrait être décisive dimanche dans la conquête d’un premier titre depuis vingt-trois ans.

Quatre défaites lors des six derniers affrontements, une dernière victoire vieille désormais de quatre ans, le Mexique avait pour habitude de montrer les muscles dès lors qu’il s’agissait d’affronter le voisin du nord, il n’en est désormais plus rien. Et une fois encore, qu’importe les hommes à sa tête, le Tri ne cesse de creuser et s’enfoncer dans un trou duquel il ne semble ni prêt, ni même décidé à sortir. Face aux USA, le Mexique a encore montré une terrible image de son football : dépassé collectivement, basculant dans la violence une fois mené, n’ayant toujours pas suffisamment honte de ses supporters pour faire véritablement cesser les cris homophobes qui s’échappent de cette partie des tribunes. Sur le terrain, cette demi-finale USAMexique a débuté lentement, le Mexique s’en remettant à Orbelín Pineda et Uriel Antuna pour essayer de créer du danger, en grande partie sur des incursions individuelles, et exposant ses carences défensives, Christian Pulišić avertissant une première fois devant Ochoa. L’avertissement n’était pas reçu et le joueur de Chelsea profitait d’une erreur d’Israel Reyes pour cette fois ajuster Memo Ochoa et ouvrir logiquement la marque. Il n’y avait déjà qu’une équipe sur le terrain, rien ne changeait. Preuve de la domination américaine, le deuxième but, celui du KO, inscrit d’entrée de second acte sur une action d’école. Le Mexique avait déjà un genou à terre, cette fois, il rendait les armes. Sans la moindre idée, il explosait : César Montes voyait rouge, la suite n’était que coups échangé et absence de football. Le troisième but des Stars and Stripes était terrible pour le Tri : Dest avançait tranquillement, slalomant entre des plots verts qui ne semblaient déjà plus concernées et pouvait lancer Ricardo Pepi. 3-0, un seul tir cadré, le Mexique a donc une nouvelle fois sombré. Oublié l’époque récente d’un Martino dépassé, il semble que Diego Cocca n’ait pas de meilleure solution. Le Mexique n’a de cesse de se vautrer dans un confort qu’il croit donné par une avance sur la concurrence que seuls ses joueurs et surtout ses dirigeants pensent encore avoir alors qu’ils font tout pour tuer le développement du football local en transformant leur Liga MX en pseudo-MLS, en faisant du marketing un élément moteur de leur politique, ne voyant pas que leur territoire n’est vu par la CONCACAF que comme un simple marché. Pendant ce temps, cette fameuse avance s’est réduite chez les jeunes, réduite chez les clubs, elle n’existe plus en sélection A. Et le Tri se retrouve à espérer éviter une nouvelle déroute face à Panamá pendant que les deux autres organisateurs de la prochaine Coupe du Monde iront chercher le titre.

 

Photo : Louis Grasse/Getty Images

Nicolas Cougot
Nicolas Cougot
Créateur et rédacteur en chef de Lucarne Opposée.