La Liga MX et la MLS entrent en pause. Non pas que l’été est propice aux vacances, mais l’heure est venue de lancer une nouvelle épreuve ouverte à toutes les équipes des deux ligues, la Leagues Cup. Présentation.

bandeauedition

Petit flashback. En octobre 2006, Don Garber annonce la création d’une nouvelle compétition opposant les clubs de MLS à ceux de Liga MX et répond à quelques questions posées par la communauté du site BigSoccer. Il décrit alors cette compétition comme « une compétition entre clubs de MLS et de Liga MX selon le même format que la Champions League européenne. Les matchs se dérouleront en milieu de semaine avec un petit déploiement en 2007 et un véritable tournoi complet en 2008 », ajoutant « nous voulons voir nos clubs continuer à élever leur niveau de jeu et cette compétition offre un moyen d’y parvenir ». La compétition nait quelques mois plus tard, elle prend un nom qui depuis a acquis une autre signification, en particulier en Europe : SuperLiga. Celle-ci ne dure alors que le temps de quatre éditions, plombée par une surcharge du calendrier et une concurrence avec la CONCAChampions que la MLS ne peut plus supporter (dès l’édition 2009, les clubs de MLS qualifiés pour la CONCAChampions ne sont plus autorisés à disputer la SuperLiga qui voit ainsi les meilleurs clubs de MLS exclus) et stoppe en 2010, le projet semblant alors mourir avec.

Suivez la Leagues Cup sur LOTV

Près de dix ans plus tard pourtant, ce qui n’était alors pas vu comme une sorte de Coup d’État contre la CONCAChampions et une volonté de regrouper les deux championnats majeurs du nord entre eux, revient sur le devant de la scène. Oubliez la notion de SuperLiga, devenue aussi symbole d’un football qui voit une élite poursuivre sa volonté centenaire de se replier sur elle-même, la Leagues Cup voit le jour. Elle n’est alors qu’un simple tournoi d’été entre huit équipes qui ne vient pas concurrencer la CONCAChampions et qui ne prend alors pas encore véritablement place aux côtés d’autres compétitions interclubs existant dans la zone (citons par exemple l’UNCAF Club Tournament qui permettait aux clubs d’Amérique centrale de décrocher une place en CONCAChampions jusqu’en 2007 ou au Caribbean Club Championship, désormais remplacé par la CONCACAF Carribean Cup et qui offre également une place en CONCAChampions). Le désir de rapprochement entre MLS et Liga MX est ancien, il s’était donc déjà fait auparavant, avait vu une sorte de super trophée des champions, la Campeones Cup, se disputer à partir de 2018, toujours sur les terres de la MLS et généralement en septembre. La Leagues Cup mise alors en place visait à accélérer ce processus. Les deux premières éditions, à huit équipes, n’étaient pas forcément un grand succès, l’édition 2022 avait fini par être transformée en tournoi amical d’été, la faute à un calendrier surchargé. La réforme était donc de mise, les deux puissantes ligues du nord n’ont pas fait dans la dentelle.

L’odeur de la Superligue

Fini les invitations, terminé les quatre meilleurs de la ligue n’ayant pas décroché une place continentale, la Leagues Cup nouvelle formule prend de véritables allures de Superligue nord-américaine à laquelle tout le monde participe. Est-ce l’étape suivante de l’évolution de deux championnats fermés (rappelons que le Mexique avait profité de la COVID-19 pour fermer sa Liga MX en abolissant les promotions/relégations pour cinq saisons) ? Difficile à dire, mais le tournoi semble tout de même être un premier pas en ce sens. Difficile aussi de lui donner une véritable utilité sportive – comme indiqué plus bas, il offre quelques tickets continentaux. Le fait de voir toute la communication se centrer sur les débuts de Messi dans cette compétition, et donc d’un club qui n’est autre que le pire club de la MLS en 2023, semble indiquer que le sportif n’est pas l’objectif premier – on eût été naïfs de le croire. Ne nous y trompons pas, l’objectif numéro un est l’établissement d’un énième moyen pour les deux ligues, en particulier pour une Liga MX toujours avide de maletas, d’aller chercher quelques billets verts dans les poches des nombreux exilés mexicains évoluant sur le sol US et ainsi suivre le modèle d’une fédération qui passe son temps à organiser des matchs amicaux en terres américaines (voir le MexTour de septembre et octobre prochain). Personne n’est dupe, il n’est pas question de développer quelconque football, ni l’un, ni l’autre n’aurait besoin de recourir à une Superligue pour le faire, encore moins si celle-ci est condensée sur un mois. La Leagues Cup est avant tout une affaire de marketing, comme toute bonne Superligue qui ne veut pas encore dire son nom.

D’autant qu’organiser une telle épreuve en plein milieu de saison pour certains, aux abords du sprint final avant play-offs pour l’autre et alors que chaque club est préoccupé par les transferts était compliqué. Devant l’impossibilité d’envisager une formule de championnat, les GO (Gentils Organisateurs) ont ainsi envisagés une formule avec une phase de groupes et des play-offs. Los Angeles FC, vainqueur de la dernière MLS et Pachuca, meilleure équipe à la table annuelle au Mexique, déjà qualifiés pour les play-offs, les quarante-cinq équipes restantes ont ainsi été réparties en quinze groupes de trois (toute ressemblance avec une ancienne formule de CONCAChampions est sûrement fortuite), divisés en quatre zone : trois groupes à l’Ouest, quatre au Centre, quatre au Sud et quatre à l’Est (prémices de futures conférences d’un championnat nord-américain ?), quinze équipes de MLS et quinze de Liga MX ayant été désignées tête de séries et placées en fonction de leur classement (concrètement, le deuxième de Liga MX est placée dans le groupe du 16e de la MLS et ainsi de suite), les quinze restantes étant placées par tirage au sort. Trois journées vont ainsi animer la phase de groupes (chaque équipe disputant ainsi deux matchs), les deux premiers de chaque groupe se qualifiant pour les seizièmes de finale. On a ainsi droit à une épreuve offrant soixante-dix-sept matchs entre le 21 juillet et le 19 août (AppleTV s’en frotte les mains, les deux Ligues espèrent en faire de même avec les retombées des droits télé) qui offrira aux trois premiers leur billet pour la prochaine CONCAChampions, le vainqueur étant directement qualifié pour les huitièmes de finale.

Enjeu sportif ?

Il existe donc un enjeu sportif : la Leagues Cup ouvre les portes d’une compétition continentale à quelques équipes mal embarquées via le championnat. C’est peut-être du côté de ces équipes qu’il faudra donc porter l’intérêt à l’heure d’aborder la compétition, en particulier donc pour les clubs de MLS. Car s’il est difficile d’imaginer les actuels leaders de la MLS se jeter à corps perdu dans une épreuve d’été, si Pachuca, déjà qualifiés pour les huitièmes ou encore des Vancouver, Tigres, Chivas, Toluca, Rayados et América, s’échiner à aller chercher un ticket qu’ils ont déjà, certains vont y trouver un moyen de sauver leur saison.

On pense donc évidement à l’hyper médiatique Inter Miami, dernier de MLS qui doit remonter un déficit de douze points sur DC United en une dizaine de journées (tout en espérant que les cinq équipes intercalées n’avancent pas non plus), pour récupérer un strapontin en play-offs (même si la future CONCAChampions lui est aussi accessible via l'US Open Club, l'Inter étant en demi-finale), mais on pense aussi des Toronto et autre LA Galaxy, tout aussi mal embarqués par la voie de la ligue. On pense également à quelques clubs mexicains comme León, le tenant de la CONCAChampions, mais aussi Santos Laguna ou surtout Cruz Azul. C’est ici par exemple que l’on mesure l’intérêt du Cruz AzulInter Miami, duel de perdants devant l’éternel, qui va ouvrir l’épreuve. Pour les autres, on attendra de voir les premiers matchs, mais si vous voyez la moindre rotation dans les effectifs, alors vous pourrez mesurer l’intérêt que ces clubs portent en cette épreuve, même si les choses devraient changer une fois que l’on passera à la phase à élimination directe.

À la lecture de cet article, on pourrait se demander pourquoi il faut suivre la Leagues Cup ? Premièrement, car les oppositions USA – Mexique restent tout de même de grands moments dans la zone et pour la première fois, elles ne concerneront pas que les meilleures équipes de chaque ligue et permettront même aux plus modestes de pouvoir s’offrir des rencontres continentales (et aux amoureux de comparaisons entre championnat d’avoir une occasion idéale de le faire). Ensuite car ne vous y trompez pas, si la Leagues Cup venait à être un succès, nul doute que le projet d’une Superligue nord-américaine prendrait un coup de boost supplémentaire. Et cette épreuve marquerait alors le moment où tout a commencé. Enfin, car elle sera l’occasion pour vous de passer quelques soirées avec la Team LO et sa communauté autour de matchs de foot nord-américains. Sans doute le meilleur argument pour soutenir cette épreuve. Cela se passe sur LOTV et ça commence la nuit prochaine.

 

Nicolas Cougot
Nicolas Cougot
Créateur et rédacteur en chef de Lucarne Opposée.