Il n’y aura pas de finale MLS/Liga MX pour clore la première édition de la Leagues Cup impliquant toutes les équipes des deux ligues. La faute à un Nashville toujours aussi difficile à bousculer et qui affrontera un Inter Miami impressionnant en finale.

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Il y a d’abord les statistiques : Philadelphie n’avait pas perdu chez lui depuis le 26 mars dernier, soit une série de quinze matchs. Cette défaite, face à Orlando, était alors la première depuis décembre 2021, l’unique en trente-huit matchs disputés à domicile. Enfin personne depuis Portland en 2019 n’avait inscrit au moins trois buts au Subaru Park (qui à l’époque ne s’appelait pas ainsi), personne depuis Montréal, qui s’appelait alors Impact, en septembre 2018 n’avait inscrit quatre buts à l’Union. Autant dire que le résultat obtenu par l’Inter Miami est déjà, uniquement sur le plan des statistiques, une sacrée performance. Puis il y a le contenu.

On attendait avec impatience de voir comment les Hérons de Tata Martino allaient résister à un Philadelphie qui offrait enfin une véritable opposition sur le papier. D’ailleurs, les premières secondes montraient que les choses seraient bien plus compliquées pour l’Inter qui n’aurait pas le temps suffisant pour jouer en marchant entre des lignes béantes laissées par un adversaire. Le trio Bueno – Flach – José Martínez avait pour objectif de bloquer la relation Busquets – Messi, les joueurs se relayaient en individuelle sur les deux dangers roses alors que l’Union mettait de l’impact. Puis une erreur, une mauvaise anticipation de Damion Lowe et Josef Martínez, qui ressemble de plus en plus à la version Atlanta, trompait un André Blake resté sur sa ligne. Première frappe de l’Inter, 1-0. Le coup était rude, mais l’Union ne cédait pas à la panique, ne se désorganisait pas. Et contrôlait la partie. Wagner lançait Gazdag qui butait sur Callender cinq minutes plus tard, on imaginait alors que rien n’était joué. Messi était parfaitement bloqué, Flach et José Martínez se relayant parfaitement pour ne pas lui laisser le moindre espace. Jusqu’à la vingtième minute et ce moment d’inattention. José Martínez laissait filer la Pulga argentine, il tentait tant bien que mal à revenir mais Messi envoyait une frappe rasante des vingt-cinq mètres qui prenait de la vitesse et trompait un Blake qui reculait. Deuxième tir, 2-0. Là encore, Philly ne lâchait pas. Gazdag allumait à longue distance, Callender repoussait. Les hommes de Jim Curtin contrôlaient toujours. Et se faisaient encore piéger. Robert Taylor repiquait plein axe, attirait Glesnes et lançait Jordi Alba passé dans le dos du défenseur. 45+3e minute, troisième frappe de l’Inter. 3-0.

Le match semblait plié et si l’Union ne cessait de menacer Callender, ce dernier était transformé et repoussait absolument tout. Les occasions de relancer le match étaient nombreuses en deuxième période mais rien n’y faisait. Et quand Alejandro Bedoya réduisait l’écart, l’Inter réagissait d’abord en reprenant de l’avance, ensuite en gérant le rythme de la fin de partie. Ne nous y trompons pas, si, comme nous l’avons écrit et expliqué lors des soirées Leagues Cup, l’Inter n’avait jamais eu de véritable opposition qu’elle avait contrôlée dans cette compétition – même si les Hérons avaient été plus que bousculés face à Orlando et s’en sont sortis grâce à des décisions arbitrales discutables et aurait dû sortir si Dallas s’était montré un poil plus adroit – la prestation du Subaru Park est sans aucun doute un match référence. Certains joueurs de l’Inter ont (re)trouvé un niveau qu’ils n’avaient pas montré depuis leur arrivée au club. Citons Drake Callender solide dans les buts, Kamal Miller infranchissable en défense, Robert Taylor exceptionnel de justesse sur son côté gauche, Josef Martínez en forme et aussi efficace qu’à l’époque Atlanta. Les choses ont changé à l’Inter, un équilibre a été trouvé. Difficile à dire si cela sera suffisant pour remonter douze points et six places en MLS, cela a cependant permis de décrocher une place en CONCAChampions et surtout de se hisser en finale.

Une finale qui verra l’Inter ne pas croiser de géant mexicain. La faute à l’épouvantail habituel sur les formats coupe : Nashville. Les pensionnaires du Geodis Park accueillaient des Rayados qui faisaient office de grand favori, eu égard à leur rang en Liga MX, qu’ils avaient fait jusqu’ici respecter malgré un parcours digne d’une CONCAChampions (Seattle, Portland, Tigres, LAFC), et à la sensation dégagée depuis plusieurs rencontres par les hommes du Tano Ortiz. Cette sensation se ressentait en début de partie. Monterrey agressait l’arrière-garde de Nashville, les percées de Romo, Joao Rojas et Maxi Meza causaient quelques dégâts. Mais Nashville est une formation compliquée à jouer. Elle sait plier et ne rompt que rarement. Pire, elle sait frapper aux meilleurs moments. Alors que les Rayados pressaient depuis le coup d’envoi, une montée de Shaffelburg, un ballon donné à Teal Bunbury et l’instant magique de la soirée, un enchaînement crochet – frappe enroulée du génie Hany Mukhtar et Nashville ouvrait la marque. Le but était aussi exceptionnel que le scandale qui s’en suivait : le VAR intervenait et après de longues minutes d’indécision, il était décidé qu’Alex Muyl, qui avait sauté devant Andrada, l’avait gêné. Hors-jeu, le numéro 19 faisait donc annuler cet instant de grâce. Alors Monterrey accélérait de nouveau. Sergio Canales chauffait les gants de Panicco, la pression était toujours maintenue, Erick Aguirre trouvait la barre quelques minutes plus tard. Mais Nashville est dangereux, toujours. Sur coup franc, Mukhtar trouvait Muyl qui manquait une incroyable occasion, Picault menaçait Andrada qui brillait ensuite devant une tête de Mukhtar. 0-0 à la pause mais un match intense, passionnant.

Le second acte débutait sur le même rythme, Nashville menaçait le premier, les Rayados pensaient obtenir un penalty sur une action discutable – et discutée au VAR – entre MacNaughton et Medina et tout basculait peu après l’heure de jeu lorsque Mukhtar trouvait Surridge. L’Anglais trompait Andrada et libérait le Geodis Park, le piège s’était refermé sur les Rayados. Car derrière, le rideau défensif des hommes en jaune était infranchissable. El Tano Ortiz n’avait que peu de solutions sur son banc et devait composer avec un Rogelio Funes Mori totalement transparent, Jordi Cortizo ne cessait d’allumer à longue distance (une frappe trouvait cependant le cadre) et Monterrey ne parvenait plus à s’approcher suffisamment des cages d’un Panicco parfait sur sa ligne. Le chrono défilait, Monterrey perdait le fil et au bout du temps additionnel, Fafà Picault s’en allait s’offrir un superbe but, celui qui envoie Nashville vers sa première qualification en CONCAChampions et aussi et surtout, sa première finale.

Nicolas Cougot
Nicolas Cougot
Créateur et rédacteur en chef de Lucarne Opposée.