La CONMEBOL a officialisé la réforme de ses compétitions continentales. Nouveau calendriers, équipes supplémentaires, le tour des nouveautés.

C’est désormais officiel, les nouveaux formats des Copa Libertadores et Sudamericana 2017 ont été validés par la CONMEBOL, la réforme est entérinée.

Avec des compétitions qui se dérouleront de manière simultanées, comme une Ligue des Champions et une Europa Ligue, leurs homologues respectifs européens, les deux grandes épreuves continentales vont désormais se dérouler entre février et décembre, la réforme ayant pour but « de renforcer le football sud-américain par le biais d’une stratégie globale qui permettra de générer et de réinvestir davantage dans son développement » selon les dires d’Alejandro Domínguez, président de la CONMEBOL. Un rapide coup d’œil au tableau de répartition des tickets continentaux suffit pour faire voler en éclat ces belles paroles.

 

Format actuel

Format 2017

Copa Libertadores

Copa Sudamericana

 

Total

Copa Libertadores

Copa Sudamericana

 

Total

Brésil

5

8

13

7

6

13

Argentine

5

6

11

6

6

12

Colombie

3

4

7

4

4

8

Chili

3

4

7

4

4

8

Pérou

3

4

7

3

4

7

Venezuela

3

4

7

3

4

7

Equateur

3

4

7

3

4

7

Bolivie

3

4

7

3

4

7

Paraguay

3

4

7

3

4

7

Uruguay

3

4

7

3

4

7

Mexique

3

-

3

3

-

3

Tenant du titre

Copa Libertadores

1

-

-

1

-

-

Vainqueur

Copa Sudamericana

+

1

-

1*

-

-

Reversés de la Libertadores

-

-

-

-

10

-

Total

38

47

85

44

54

98

+ Actuellement, le vainqueur de la Sudamericana prend une place à un représentant de son pays

* A partir de 2017, le vainqueur de la Sudamericana offrira une place supplémentaire à son pays.

G14 sudam

Car pour renforcer le football sud-américain, la Confédération décide d’augmenter le nombre de participants à ces épreuves (la Libertadores gagne 6 participants, la Sudamericana en gagne 7). Sur le papier, cela s’annonce intéressant, dans les faits, on s’aperçoit que la notion de renforcement du football continental n’est qu’illusion, il ne fait que profiter une fois encore aux mêmes.

Car si le Brésil ne voit pas son contingent Libertadores + Sudamericana modifié (toujours 13 participants), il gagne cependant deux représentants dans la prestigieuse Copa Libertadores, représentants soustraits d’une Sudamericana que la CBF et ses membres dénigrent, désormais à raison, depuis des années (il suffit de voir le mode de qualification des représentants à cette épreuve pour mieux s’en rendre compte). Aux côtés du Brésil, trois autres pays sortent gagnants de cette réforme, l’Argentine, le Chili et la Colombie, qui gagnent un représentant en Libertadores. Que l’Argentine ou la Colombie, grands animateurs des compétitions continentales ces dernières années (sur les cinq dernières saisons deux victoires, une finale, deux demi-finales en Libertadores, deux victoires et deux finales en Sudamericana pour l’Argentine, une victoire et une demi-finale en Libertadores, une victoire, une finale, une demi-finale en Sudamericana pour la Colombie) gagnent une place n’est en soi pas volé, on aurait cependant aimé voir un équilibre se créer. De plus, donner deux places au Brésil et une supplémentaire au Chili dans l’épreuve reine, pose quelques soucis.

En effet, sur les 10 dernières années, le Chili n’a disputé que deux demi-finales (Universidad de Chile 2010 et 2012) quand l’Equateur, toujours bloqué à trois représentants, a joué deux finales dont une gagnée (LDU en 2008). Autre grand oublié, le Paraguay et ses deux finales et une demi-finale en quatre ans en Libertadores qui devra repasser voyant ainsi le voisin brésilien qui dans l’intervalle a gagné un trophée mais n’a placé que deux demi-finalistes, récompensé de deux tickets supplémentaires. La notion de développement du football sud-américain par la CONMEBOL une fois encore ne tient pas compte des évolutions actuelles de son football, du travail et des progrès réalisés par les autres pays de la zone (lire Coupe du Monde 2018 : non, les défaites de l’Argentine et du Brésil ne sont pas des accidents), ceux qui ont longtemps été considérés comme de simples faire-valoir (et qu’importe qu’ils aient un jour inscrit leur nom au palmarès) et qui, malgré excellents résultats d’ensemble depuis 10 ans, ne parviennent donc toujours pas à trouver grâce aux yeux d’une confédération aveuglée par son G14 sauce sudam, la Liga Sudamericana de Clubes de Fútbol, qui semble désormais avoir définitivement pris le pouvoir.

Casse-tête argentin, menaces mexicaines

Reste que la réforme ne concerne ainsi pas non seulement le nombre de participants mais aussi le calendrier. Avec désormais deux tournois organisés de février à novembre pour la Libertadores, de mars à décembre pour la Sudamericana, qui vont ainsi chevaucher deux saisons pour certains pays (pensées pour l’Argentine et son calendrier européen d’août à mai), les compétitions continentales vont aussi devenir un casse-tête en termes d’organisation pour certains. C’est le cas notamment du Mexique qui, par l’intermédiaire de son président, Enrique Bonilla a annoncé la semaine dernière la possibilité de ne pas prendre part à l’édition 2017 en raison d’un calendrier qui va venir percuter Liga MX et CONCAChampions, que les clubs mexicains se doivent de privilégier. Alors que la réforme n’était alors qu’une rumeur, il sera désormais intéressant de voir comment les représentants du Nord vont accueillir son officialisation et si celle-ci aura des conséquences.

L’autre casse-tête est pour l’Argentine où la polémique, sport national, a déjà débuté quant à savoir qui sera l’heureux élu au sixième ticket. A l’heure d’aujourd’hui, l’Argentine possède ainsi cinq qualifiés, les quatre meilleures équipes du dernier championnat Lanús, San Lorenzo, Estudiantes et Godoy Cruz et le futur vainqueur de la Copa Argentina. Reste donc à trouver un élu supplémentaire et la question du mode de qualification demeure. Ainsi sont évoqués la possibilité de voir le finaliste de la Copa Argentina, celui qui terminera en tête du tournoi à la fin de l’année (sachant qu’il ne sera pas champion, le tournoi se terminant en mai prochain), ou, plus simplement, un invité, qui pourrait être choisi par son « ranking CONMEBOL. » Avec une troisième solution qui profiterait à Boca, actuel numéro 1 de ce classement des clubs, on mesure le niveau que la polémique pourrait prendre. D’autant que le casse-tête pourrait être encore plus important si jamais San Lorenzo, encore en course en Sudamericana (lire Copa Sudamericana 2016 : la semaine de toutes les folies), venait à la remporter. La conséquence serait alors que l’AFA devrait trouver non pas un mais deux qualifiés. Quand on sait qu’au « ranking CONMEBOL » Boca est suivi de River, on commence doucement à imaginer une solution qui pourrait être envisagée alors par l’AFA au cas où l’un des deux géants ne gagne pas la Copa Argentina.

Reste enfin encore une inconnue : l’organisation de la Copa Sudamericana. Car si le nombre de participants augmente de sept, cette augmentation se fait par le versement des huit troisièmes de la phase de groupe de la Libertadores ainsi que des deux meilleures équipes de la phase de pré-qualification à celle-ci. Pour des raisons de calendrier, ces équipes n’entreront ainsi pas en Sudamericana dans les premiers tours mais plus probablement dans les tours finaux (on peut ainsi envisager des seizièmes de finale plutôt que des huitièmes comme à l'heure actuelle). On en saura ainsi davantage lorsque la CONMEBOL aura dévoilé le calendrier complet des deux épreuves, celui-ci pourrait l’être au lendemain de la réunion prévue avec les qualifiés pour la Libertadores 2017 prévue le 17 octobre prochain.

Une chose est certaine, la nouvelle Libertadores au calendrier fortement étiré et qui sera désormais coupé en plein cœur par le marché des transferts européens et sa petite sœur Sudamericana, tout aussi touchée par cela, n’ont pas fini de susciter bien des polémiques et des discussions. Mais l’AmSud aime et se nourrit de cela.

Nicolas Cougot
Nicolas Cougot
Créateur et rédacteur en chef de Lucarne Opposée.