Une finale unique, une finale épique. Au terme d’un match un temps suspendu par un violent orage, Independiente del Valle entre dans l’histoire du football équatorien en décrochant son tout premier titre.

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Plus de trente mille hinchas venus garnir la Nueva Olla, arrivant en bus, en voiture, en vélo, n’auront pas suffi. Les rêves de premier grand titre de Colón en 114 ans d’histoire se sont envolés à Asunción en même temps que le ciel a pleuré des litres d’eau sur le peuple sabalero. Non, Colón n’a pas décroché la Copa Sudamericana, n’a pas réussi à porter le football del interior au sommet du continent, a dû laisser sa place dans les livres d’histoires à l’autre grand rêveur du soir, Independiente del Valle.

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Pour la première finale unique de l’histoire, il y a eu deux matchs. Un premier, fait de grand round d’observation entre une équipe équatorienne parfaitement équilibrée et positionnée, et une équipe argentine sans véritables idées, si ce n’est les quelques percées d’un excellent Cristian Bernardi. Et puis l’orage. Dans le ciel, et sur le terrain. Les montées de Dájome et Sánchez ont commencé à faire mal, Cristian Pellerano a pris le trône du milieu de terrain, et Independiente a frappé au même moment où la pluie s’intensifiait, Fernando León, seul rescapé de la finale 2016, a transpercé la défense santafesina et ajusté Burián. Premier coup de massue. Le ciel a ensuite explosé, la pelouse se gorgeait d’eau, contraignant rapidement Rafael Claus, l’arbitre brésilien de la rencontre, a tout stopper. Interlude d’une demi-heure avant le deuxième match. Un deuxième match qui a d’abord vu Colón beaucoup mieux sur le terrain, capable d’enfin générer du danger. Mais de s’exposer. Et Sánchez a filé, inarrêtable, son centre-tir dévié a trompé Burián. 2-0 à la pause, l’histoire avait semble-t-il choisi son camp.

D’autant qu’au retour des vestiaires, les hommes de Miguel Ángel Ramírez continuaient de réciter leur football : sorties courtes, possession, exploitation des côtés, et encore et toujours Pellerano à la baguette. Mais Colón se montrait plus ambitieux, pas encore totalement dangereux mais s’approchait. Arrivait alors le tournant. Morelo obtenait un penalty très généreux, el Pulga Rodríguez pouvait alors ramener les siens comme il l’avait fait à Belo Horizonte. Las. Jorge Pinos, qui n’avait jamais arrêté le moindre penalty concédé par Independiente del Valle (12), partait du bon côté et sortait celui du génie de Simoca. Lavallén envoyait alors tout ce qu’il pouvait, son équipe terminant à trois défenseurs. Chancalay, qui venait de remplacer Bernardi, se montrait le plus dangereux quand Morelo gâchait les situations qui s’offraient à lui. Mais il était dit que la fin de match serait tout aussi épique. Un but accrobatique d’Olivera à la 89e et Colón gagnait sept minutes d’espoir. Mais sept minutes sans occasion. Pire, Miguel Ángel Ramírez avait senti l’occasion venir en modifiant ses lignes offensives pour leur offrir un surplus de vitesse, sur un dernier contre, Cabeza pouvait offrir le but de la libération à Dájome, le but qui offre le premier titre à ce fabuleux projet qu’est Independiente del Valle.

Le club qui n’avait pas encore connu l’élite du football équatorien il y a une décennie, prend place aux côtés de la LDU au palmarès continental du pays, seul club jusqu’ici à avoir décroché des titres (une Libertadores, une Sudamericana et deux Recopas). Les Negriazules ont terminé la partie avec cinq joueurs formés au club mais ont surtout su les encadrer de joueurs confirmés, à l’image de Pellerano et Schunke. Le premier, sans contestation possible l’homme de la finale, décroche sa deuxième Sudamericana après celle de 2010, année où Independiente del Valle débutait dans l’élite du football équatorien.

Nicolas Cougot
Nicolas Cougot
Créateur et rédacteur en chef de Lucarne Opposée.