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Même si la rivalité est bien évidemment moins exacerbée que pour un Superclásico face à River Plate côté Boca ou encore pour un Clásico de barrio face à Huracan côté San Lorenzo, cette rencontre constitue tout de même un Clásico entre deux clubs qui font partie des cinq grands d'Argentine et qui se vouent une haine terrible. Quand, ajouté à cela, le premier titre de l'année 2016 est en jeu…

A plus de 700 kilomètres au nord-ouest de Buenos Aires se dresse Córdoba. Seconde plus grande ville du pays, l’une des plus anciennes capitales de l’époque coloniale espagnole (elle doit son nom Córdoba aux espagnols) est connue pour son importante population estudiantine et son université du XVIIème siècle qui lui vaut son surnom La Docta. La ville qui a vu naître Javier Pastore possède également son lot de clubs de football avec parmi eux, un quatuor : Belgrano, fondé en 1905, Talleres, le club formateur d’el Flaco fondé en 1913, Instituto, fondé en 1918 et le petit dernier de la bande, le Racing, fondé en 1924. Entre ces quatre équipes sont nés les grands Clásicos de la ville, le plus grand restant bien évidemment le plus ancien, celui qui oppose Belgrano et Talleres. Aujourd'hui pas question de Clásico cordobès, mais plutôt de finale de la Supercopa Argentina.

C’est sous le soleil d'été d’un mercredi après-midi que Córdoba se prépare à retrouver un Clásico qui focalise toutes les attentions en Argentine. Originellement, la finale de la Supercopa Argentina veut que ce soit le vainqueur du championnat qui rencontre le vainqueur de la coupe nationale avec en plus d'un titre comme enjeu, une qualification en Copa Sudamericana. Aujourd'hui le contexte est quelque peu différent. Boca Juniors ayant réalisé le doublé coupe-championnat, il se voit affronter son dauphin lors du dernier championnat, le San Lorenzo du jeune entraîneur Pablo Guede.

Depuis le centre-ville pour rejoindre le stade Mario Kempes, le « Kempes » comme il est surnommé ici à Córdoba, il nous faut parcourir 10 kilomètres et la longue Avenue Cárcano sur laquelle se trouve la deuxième plus grande enceinte du pays, après le Monumental de River Plate, inaugurée le 16 Mai 1978 puis ré-inaugurée le 26 Juin 2011 quand sa capacité est passée à 57.000 places. A notre plus grand plaisir, en Copa Argentina et en Supercopa Argentina les deux hinchadas seront bel et bien présentes au rendez-vous contrairement aux matchs de championnat. Côté Boca Juniors, club le plus populaire du pays et son groupe mythique de supporters la 12. Côté San Lorenzo, la hinchada accompagnée de la Barra-Brava « La Butteler » n'est pas en reste.

« On a confiance en Pablo Guede et son style de jeu. On sait que l'adaptation peut être longue, il l'a démontré avec la Nueva Chicago et Palestino qu'il faisait souvent la différence en deuxième partie de saison mais pour ce soir cela est tout à fait envisageable. Le match contre Patronato était plein de promesses et d'espoir notamment avec les nouvelles recrues comme Cerutti ou encore Belluschi. Et merde, on joue contre Boca et on va gagner comme toujours. Son hijos nuestros ! » (Les supporters de San Lorenzo utilisent souvent le terme hijos nuestros qui signifie « nos enfants » pour rappeler la supériorité du Ciclón dans les confrontations directes face à Boca Juniors (73 victoires, 49 nuls, 62 défaites) se vante Nacho, 26 ans, que nous croisons sur le chemin et qui est venu spécialement depuis Buenos Aires pour la rencontre. « Il est vrai que San Lorenzo est notre bête noire. De plus, il y a de quoi être inquiet aujourd'hui car notre préparation a été catastrophique et que dire de notre premier match de championnat face à Temperley (NDLR : Boca Juniors a été accroché ce week-end sur le terrain de Temperley 0-0 lors de la première journée du championnat argentin – lire Argentine - Primera Division 2016 : River signe son retour). Si on veut retrouver de la confiance aujourd'hui il faut gagner. Offensivement nous avons les armes pour le faire avec Tevez, Osvaldo, Lodeiro etc. surtout que défensivement San Lorenzo paraît assez friable en ce début de saison », répond pour sa part Juan, 28 ans, employé dans un hôtel de Córdoba et qui profite de l'occasion de voir ses Xeneizes évoluer dans sa ville pour aller les encourager.

Plus nous nous approchons du stade, plus la foule devient dense. Les premiers chants commencent à se faire entendre malgré le concert de Kapanga (Un groupe de rock réputé en Argentine), les deux hinchadas se répondent déjà et même de l'extérieur ça claque ! Nous décidons donc d'entrer dans l'Estadio Mario Kempes une bonne heure avant le match pour ne rien louper du spectacle qu'il soit sur le terrain ou en tribune…

photos STAND YOUR GROUND !

Guede la mano

Alors que nous nous mettons en place, la popular de San Lorenzo est déjà remplie et c'est elle qui lance les hostilités. Les « Son hijos nuestros » ou encore les « Hola que tal, Boca como te va ? Bostero hijo de puta manda un saludo a tu papa » (pas besoin de traduction même pour ceux qui ne sont pas bilingues) fusent et la popular de Boca Juniors ne se fait alors pas prier pour répondre aux invectives avec un « Sos cagon San Lorenzo » (tu es une tapette San Lorenzo). Le coup d'envoi approche, si la Barra-Brava de San Lorenzo est déjà bel et bien en place, la 12 n'a toujours pas fait son entrée dans la popular de Boca Juniors et cela se ressent lors du recibimiento. Côté San Lorenzo, les ballons rouge et bleu survolent le ciel de Córdoba au son du célèbre « Cuervo mi buen amigo » dans une superbe ambiance alors que côté Boca Juniors cela reste beaucoup plus timide devant un magnifique feu d'artifice à l'entrée des joueurs. Le match peut alors débuter.

D'entrée San Lorenzo prend la possession du ballon mais cela reste stérile. Au bout de 10 minutes de jeu, alors que rien n’évolue sur la pelouse, la Barra-Brava de Boca Juniors entre en piste. Drapeaux, tambours, la Popular Sur saute comme un seul homme pendant que la 12 installe ses bâches et multiples banderoles. Cela a le don de survolter les supporters de San Lorenzo qui surenchérissent dans une ambiance qui en devient assourdissante. Sur le terrain, les deux premières occasions sont à mettre à l'actif de San Lorenzo avec tout d'abord Angeleri puis Cauterruccio et il faut attendre la 34ème minute pour voir l'occasion la plus franche de ce premier acte. Lancé par Cata Diaz, c'est Carlos Tevez laisse Caruzzo sur place et se retrouve seul face à Torrico mais Carlitos échoue alors que le but semblait tout fait. En une action, Tevez avait résumé le mal-être de Boca en ce début de saison. Et ce mal-être va se confirmer juste avant la pause. Après un débordement côté droit de l'intenable futur ballon d'or Buffarini, c'est Belluschi qui est à la réception du centre et qui propulse du gauche, en se retournant, le ballon dans la lucarne opposée d'un Orion qui ne peut que s'avouer battu. 1-0 pour le Ciclón à la 43ème et c'est l'explosion du côté des supporters du Ciclón qui s'époumonent en cœur « Ciclón, queremos la Copa » qui fut l'un des tubes lors de la dernière campagne victorieuse en Copa Libertadores 2014. 1-0 pour San Lorenzo à la pause dans une ambiance qui ne retombe pas.

Au retour des vestiaires, Arruabarrena est contraint d'effectuer deux changements avec les entrées de Gago et Osvaldo, deux pièces importantes pour Boca mais qui étaient sur le banc car à court de forme physique. D'entrée Osvaldo s'illustre à deux reprises : un coup de tête qui passe de peu au-dessus et une superbe passe pour Meli, mais ce dernier mettra une éternité avant de fixer Torrico qui remporte son duel. Cela sera la dernière occasion de Boca, mais aussi le commencement du triomphe écrasant de San Lorenzo. « Ma première victoire sera à Córdoba » avait déclaré Pablo Guede en début de saison. Le moins que l'on puisse dire c'est qu'il ne s'est pas trompé. Comme jamais jusqu'à présent, ce mercredi, l'idée de jeu de Guede ne s'est autant vue depuis qu'il dirige San Lorenzo. Une équipe ultra-offensive, avec Blanco et Cerutti épaulant Cauterrucio devant, Belluschi et Ortigoza au milieu. Une équipe qui tactiquement impose son rythme au rival, est protagoniste à l'heure d'attaquer et qui sait se replacer à l'heure de défendre. C'est le nouveau San Lorenzo de Guede. Celui qui s'apprête alors à humilier Boca dans cette finale de Supercopa Argentina. 75ème minute, le nouvel entrant Pitu Barrientos mystifie Orion pour le 2-0. Sept minutes plus tard, un coup-franc magistral de Barrientos, la messe était dite, et si certains supporters Xeneizes commencent à quitter le stade, la popular de San Lorenzo est en délire et récite son superbe répertoire de chants au fils des minutes. Les « olé - olé » des supporters du Ciclón retentissent désormais dans les travées du Kempes et c'est Blandi qui clôt le spectacle à la 89ème minute. 4-0, maillots tournoyants a- dessus des têtes la hinchada de San Lorenzo entonne désormais un « Dale campeon » alors que la 12 effectue son baroud d'honneur avec un chant détonnant même avec quatre buts dans la musette. Coup de sifflet final, alors que les joueurs de Boca Juniors vont tête basse récupérer leurs médailles, ceux de San Lorenzo resteront de longues minutes à fêter leur titre avec leurs supporters après avoir reçu le trophée. Par la même occasion le Ciclón jouera donc la prochaine Copa Sudamericana 2016 et alors que les tribunes occupées par les fans de Boca sont désormais totalement vide, les scènes de liesses entre joueurs de San Lorenzo et ses hinchas sont impressionnantes. La Supercopa Argentina a aussi son charme.

Les buts

 

 

Par Bastien Poupat à Córdoba en Argentine pour Lucarne Opposée