A quelques jours du Superclásico, Boca Juniors continue de se promener sur le football local, empilant les victoires pendant que ses poursuivant tentent pour certains de s’accrocher tant bien que mal, pour d’autres, ont déjà décidé de prioriser d’autres compétitions.

La Locura Argentina : de la notion de priorité

Un championnat à 28 c’est pour les gros, la possibilité de gérer sur la durée. C’est ainsi que lorsque des situations semblent le requérir, les priorités changent et tant pis si elles mettent le club dans l’embarras à l’instant présent. Engagés en Libertadores et en Sudamericana, certains clubs destinés à jouer le titre ont ainsi décidé de tout balancer ce week-end et de courir un marathon à handicap. C’est le cas du duo Lanús – River. Tous deux en déplacement, respectivement à Parque Patricio pour le premier, à Córdoba pour le second, les deux derniers représentants locaux dans la plus grande compétition du continent ont fait largement tourner, la palme pour River qui a aligné une défense à peine majeure (19 ans et demi de moyenne d’âge). Conséquence, face à des équipes qui n’en demandaient pas tant, ce fut un carnage. Les Millonarios ont tenu presque une mi-temps avant d’exploser en vol, subissant sans cesse les vagues bleues et noires d’une T plus que convaincante au sein de laquelle les Torres et autres Rojas ont souvent malmené les pibes de Gallardo. Le Granate n’a pas résisté plus longtemps, dépassé par un Globo au sein duquel Wanchope Ábila est toujours aussi précieux et pris deux buts par mi-temps. Les deux demi-finalistes argentins ont ainsi tous deux reçu une correction (4-0) qui permet d’une part à leurs adversaires respectifs de prendre place dans le top 5 et au duo de se retrouver totalement largué en championnat. Un élément qui ne devrait pas trop affecter Lanús après sa qualification acquise au terme d’un match de légende. Une conséquence bien plus négative pour le Millo.

La priorité du Racing est continentale. Ayant décidé de tout miser sur la Sudamericana, La Academia se rendait à Tucumán pour y affronter un Decano qui, malgré sa qualification pour les demi-finales de Copa Argentina, ne priorise rien et joue tout à fond. La différence s’est vue en 20 minutes, les 20 premières, temps qu’il a fallu aux hommes de Zielinski ppur plier l’affaire en marquant trois buts. KO debout, le Racing a certes montré qu’il n’abandonnait rien, mais, malgré les bonnes prestations de Cuadra et Ibargüen, cette Academia n’a pas grand-chose à faire valoir d’intéressant pour espérer quoi que ce soit. Et le cycle Cocca pourrait rapidement prendre fin, l’ambitieux Racing n’ayant décroché que huit malheureux points en sept sorties sur le territoire. Même objectif, même conséquences chez le voisin d’Avellaneda. Malgré son énorme succès en terres paraguayennes, Independiente n’a pas profité du week-end pour se replacer en championnat et a souffert chez lui face à Patronato. En pleine tourmente après l’agression subie, Ariel Holan a pu profiter de l’occasion pour recevoir l’ovation qu’il mérite eu égard à son travail, mais son Rojo s’est montré bien trop maladroit devant le but (Leandro Fernández et Gastón Silva ont ainsi manqué deux énormes situations) pour espérer autre chose qu’un nul quasi miraculeux quant à son obtention, une énorme boulette de Bértoli à la 89e minute. Le Rojo se retrouve lui aussi hors du top 10, à tout miser sur sa priorité du moment.

Les bons gros géants : le patron, c’est Boca

Alors de son côté, Boca continue d’avancer. Les détracteurs souligneront que les Xeneizes n’ont pas à définir la moindre priorité, n’ayant que le championnat comme occupation, il n’en demeure pas moins que la bande à Barros Schelotto se promène comme jamais dans son histoire. Dernière victime, Belgrano atomisé à la Bombonera. Le leader du championnat a pris son temps, se montrant d’abord imprécis dans les premiers instants du match mais a rapidement pris ses marques pour se montrer le plus dangereux et ouvrir le score au quart d’heure sur sa première action véritablement construite, le centre de Nahitan Nández étant poussé par Lucas Acosta dans ses propres buts. Loin d’accélérer, Boca a alors su frapper quand il le fallait, Cardona doublant la mise juste avant la pause sur un service du toujours parfait Pavón. Le match était plié, Acosta manquait totalement sa relance et donnait la balle à Pavón qui pouvait ainsi permettre à Benedetto d’inscrire son septième but peu après l’heure de jeu avant de s’offrir un doublé en fin de partie alors que Belgrano avait eu comme seule réaction une belle frappe d’Amoroso sortie parfaitement par Rossi. 7 matchs, 7 victoires, 19 buts inscrits, un seul encaissé, un avant-centre qui pointe déjà à 8 buts, Boca réalise le meilleur début de championnat de son histoire et vise désormais le record River 1991 lorsque l’équipe alors entraînée par Daniel Passarella et conduite par son goleador Ramón Díaz avait gagné ses neuf premiers matchs de l’Apertura. Pour cela, les Xeneizes devront déjà commencer par remporter Superclásico de dimanche face à un rival à la dynamique bien moins flamboyante.

L’autre grand gagnant du week-end se nomme San Lorenzo. Détenteur du record absolu de victoire consécutives entre les Clausura 2001 (remporté) et l’Apertura 2001, 13 victoires, le Ciclón n’est pas encore menacé par Boca mais se présente aujourd’hui comme le meneur de la poursuite. À chaque sortie, Claudio Biaggio sait qu’il est attentivement observé, sa place restant encore celle d’un intérimaire quand l’ancien girondin semble vouloir montrer à ses dirigeants que la meilleure solution est une solution interne. Et pour l’instant, la Pampa le démontre. À Temperley, San Lorenzo a certes souffert, s’en remettant souvent à un excellent Nicolás Navarro dans les buts quand il ne pouvait pas compter sur la maladresse des offensifs du Gasolero, mais a fait le travail, se montrant suffisamment tueur lorsqu’il s’agissait d’exploiter les erreurs adverses à l’image du but de Cerutti en fin de rencontre après un ballon gratté par Nico Blandi. El Pampa signe une troisième victoire en 4 matchs (un nul dans la dernière rencontre) et porte San Lorenzo à la deuxième place, à six points du leader.

trucco

Nos outsiders ont du talent : le Lobo mort de nouveau

À son arrivée du côté du Bosque, on attendait avec impatience de voir comment Mariano Soso allait transformer le Gimnasia et importer sa méthode. Son ambition était de construire une équipe ultra-offensive mais jusqu’ici, le Lobo n’avait surtout mis en évidence que ses carences. Alors, Soso a changé ses plans. Fini la défense à trois trop ambitieuse, le Gimnasia s’est présenté face à Vélez avec un 4-4-1-1 plus compact mais aux ambitions toujours aussi offensives. La mayonnaise a pris, avec la manière. Le Gimnasia a frappé d’entrée face à Vélez, six minutes seulement et Nicolás Dibble ouvrait le score, se rassurant ainsi et pouvant alors dérouler son jeu. Avec des Nicolás Dibble, Nicolás Mazzola, Lorenzo Faravelli et autres Nicolás Colazo convaincants, le Lobo a dévoré un Fortín réduit au simple rang de victime expiatoire et trop faible pour espérer envisager offrir une once de répondant à un adversaire affamé par un début de saison manqué. En décrochant sa deuxième victoire depuis le début de la saison, la première convaincante, il peut désormais reprendre espoir et envisager de rattraper son retard.

Parmi les autres outsiders annoncés, deux s’affrontaient lors de cette septième journée. Au Florencio Solá, Banfield accueillait Colón et les deux poils à gratter du championnat se sont neutralisés. Ce sont les hommes d’Eduardo Domínguez qui ont dominé la rencontre, contrôlant la possession, montrant un jeu ordonné, simple et efficace s’articulant autour de ses trois hommes du milieu Estigarribia, Guanca et Chancalay et profitant des talents du buteur Diego Vera qui a enfin ouvert son compteur en championnat cette saison. Le Sabalero pourra nourrir quelques regrets. Car Banfield n’a pas livré sa meilleure copie, assommé par le but, amoindri par la sortie sur blessure de Civtanich, mais a attendu le second acte et les combinaisons du duo Dátolo – Bertolo pour revenir au score (penalty de Sperdutti). Ce but allait voir Banfield chercher la victoire au courage (plus qu’au football) alors que Colón se repliait sur ses buts. Le nul semblait alors satisfaire tout le monde même si chacun perdait une belle occasion d’être sur le podium.

A puro fútbol

Argentinos Juniors 3 – 2 Arsenal : Mené de deux buts à la fin du premier quart d’heure, le Bicho se révolte et décroche un quatrième succès consécutif. Le voilà désormais septième.

Unión 2 – 0 Godoy Cruz : Sans faire de bruit, l’autre club de Santa Fe se hisse dans le top 5 argentin. En écartant Godoy Cruz, le Tatengue double son ennemi local.

San Martín San Juan 1 – 0 Estudiantes : Une victoire, un nul, une défaite, Lucas Bernardi aurait sans doute espéré bien mieux comme débuts sur le banc des Pinchas. Et Estudiantes reste englué en deuxième partie de tableau.

Newell's Old Boys 2 – 1 Chacarita Juniors : Victoire précieuse de la Lepra qui peine à convaincre mais plonge un promu dans ses doutes. La Chaca a perdu ses cinq derniers matchs.

Defensa y Justicia 1 – 1 Olimpo : Le match historique de la semaine. Non pas dans le jeu mais sur le bord du terrain. Gisela Trucco, 29 ans, est devenue la première femme arbitre assistante lors d’une rencontre de Primera División. Prochaine étape, donner le sifflet à une femme.

Tigre 1 – 1 Rosario Central : Caruso Lombardi a beau péter un plomb, l’égalisation de Central, parfaitement valable, coûte deux nouveaux points à son Matador qui attend encore sa première victoire.

Les buts

Résultats

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Classement

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Nicolas Cougot
Nicolas Cougot
Créateur et rédacteur en chef de Lucarne Opposée.