Et si le championnat argentin, qui arrive pratiquement à mi-course, n’était pas encore joué ? Au terme de la 18e journée, si Boca garde ses distances avec ses poursuivants, il sait désormais que tout relâchement lui est impossible.

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La locura argentina : Argentinos s’offre Boca

Construit par Heinze en Primera B, Argentinos a rapidement pris sa vitesse de croisière en championnat et reste désormais un rival de choix. C’est un Boca amoindri qui se présentait sur des terres hostiles (l’affaire Ezequiel Ham étant encore dans toutes les têtes des hinchas du Bicho et venant ainsi s’ajouter au mouvement général de protestation contre Macri, actuel président de la république et ancien de Boca). Privé de trois joueurs pour blessure (Goltz, Magallán et Tevez), trois inclus dans la rotation induite par les débuts de la Libertadores (Fabra, Jara, Pablo Pérez) et un suspendu (Barrios), Boca ne pouvait pourtant pas se relâcher. Et si Boca a parfois réussi à s’imposer en étant moyen, il ne pouvait pas en être de même dans un tel contexte. Car Argentinos a rapidement décidé de lui sauter à la gorge. Alexis Mac Allister et Gastón Machín ont pris possession du milieu de terrain, le Bicho pouvait s’installer et ouvrir le score d’entrée de partie, le premier nommé surgissant plein axe au cœur de la défense Xeneizes pour ajuster Rossi. Le Bicho appuyait sur les ailes, dans la foulée, Batallini déposait un amour de centre sur Cabrera qui manquait totalement sa tête alors que seul au second. Les nombreux changements dans le onze de départ ont semble-t-il déstabilisé ce Boca qui se montrait peu fluide, imprécis. Le fútbol y toque si cher à Argentinos pouvait alors s’exprimer, le deuxième but était une merveille de jeu collectif, il suffisait à Argentinos de sceller sa victoire sur le leader du championnat et ainsi rester dans le wagon des équipes en course pour une place en Sudamericana (voire plus).

Les bons gros géants : Avellaneda se rapproche

Boca cède des points, la lutte pour le titre gagnerait donc en intérêt à la condition que derrière, les poursuivants directs en profitent. Ce n’a pas été le cas. Belle surprise du championnat, Talleres est resté muet à Victoria face à Tigre malgré un adversaire réduit à dix dès la fin du premier acte suite à l’exclusion de Sebastián Prediger et après avoir manqué un penalty, Lucas Olaza manquant le cadre. Un week-end à oublier donc. Même constat pour San Lorenzo qui, dans son Nuevo Gasómetro, a encore montré ses limites du moment face à un Unión toujours compliqué à bouger. Les visiteurs s’en sont remis aux exploits de Nereo Fernández qui a ainsi privé San Lorenzo de la victoire, notamment sur la dernière occasion du match devant Matías Caruzzo ou sur une tentative de Botta en première période. Entre ces deux opportunités, San Lorenzo n’en aura pas vraiment eu d’autres, le duo Belluschi – Blandi étant parfaitement contrôlé par les visiteurs, réduisant quasiment à néant le potentiel offensif des hommes de Biaggio. Avec une seule victoire sur les quatre derniers matchs, San Lorenzo marque véritablement le pas et doit désormais se concentrer à préserver sa place dans la zone des qualifiés pour la prochaine Libertadores.

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Car deux géants avancent désormais à grands pas, deux frères ennemis séparés d’à peine 200 mètres : Independiente et le Racing. Le temps de digérer une Recopa perdue aux tirs au but et disputé à l’aller comme au retour en infériorité, à peine le temps de se remettre d’une entrée en Libertadores totalement manquée à Lara, le Rojo a répondu avec la manière aux sceptiques ce week-end en Argentine. San Martín a essayé de partir fort, de presser et jouer sur les ailes et s’est procuré une situation claire d’entrée de partie par Claudio Spinelli mais le Rojo a rapidement réagi, Meza servant le héros malheureux de l’Arena do Grêmio, Martín Benítez dont la tête fuyait le cadre. Le but n’allait pas tarder en faveur des visiteurs. Diego Rodríguez donnait à Meza qui offrait le but à Benítez. Les diables d’Holan avaient posé leur main sur le match, Gigliotti manquait le 2-0 dans la foulée et si San Martín n’abdiquait pas Maná côté gauche, Rodríguez côté droit montrant de belles choses, les Sanjuaninos allaient baisser de rythme au retour des vestiaires et le payer cher. Dès les cinq premières minutes, Independiente s’offrait trois contres, Gigliotti et Benítez manquaient de tuer le match, cela ne tardait finalement pas. 52e minute, Leandro Fernández trouvait Bustos seul à droite, deux minutes plus tard un mouvement d’école parti de Campaña permettait au numéro 11 rouge de plier l’affaire en inscrivant le troisième but des siens. Ne restait plus à Braian Romero, sur le terrain depuis moins d’une minute, de marquer son but, sur un délice de service signé Fernando Gaibor et Independiente cartonne San Martín, double San Lorenzo (qu’il doit encore affronter en match en retard) et peut commencer à se voir en rival pour Boca.

Attention cependant à l’autre géant d’Avellaneda. Cinq victoires en Superliga, une en Libertadores, la méthode Eduardo Coudet marche à merveille. Dans son Cilindro, La Academia accueillait le Vélez d’Heinze et a mis encore une fois en place son nouveau style, fait de pression et d’intensité, un style qu’aucun obstacle ne semble pouvoir arrêter. Des obstacles, il y en a eu face à Vélez, des deux penalties non sifflés à l’expulsion (justifiée) de son capitaine. Mais ce Racing peut s’appuyer sur deux gamins en feu : Juan Agustín Musso et Lautaro Martínez. Le premier aura été une muraille face à Vélez, repoussant quasiment tout ce qui se présentait à lui, parfois au prix de parades exceptionnelles, par exemple devant Cubero et Vargas en première période ou devant Robertone en seconde. Le second a été encore une fois décisif en ouvrant le score dès la cinquième minute et en étant de tous les bons coups, son association avec Licha et Centurión marche à merveille, l’équilibre du milieu symbolisé par le duo Zaracho – Cardozo apporte une solidité non négligeable. Pourtant Vélez aura été un vrai rival, Zárate aura ramené les siens, le fond de jeu de cette équipe commence à respirer le style Heinze et devrait faire quelques dégâts, le match un vrai choc à l’Argentine, teinté de rouge(s) un peu trop vite sorti(s) parfois par l’arbitre de la rencontre, mais le Racing a tenu et s’est imposé. Le voilà désormais à un point de la Libertadores.

A puro fútbol

Arsenal 2 – 1 Lanús : L’équipe bis du Granate s’incline une nouvelle fois, le finaliste de la dernière Libertadores est 22e, Arsenal décroche son deuxième succès du championnat.

Belgrano 2 – 2 Patronato : Mené 0-2 avec notamment l’un des buts les plus élégants de l’année signé Sequeira, Patronato réagit et se repose une fois encore sur sa machine à buts Sebastián Ribas qui avec ses 10e et 11e but, est seul meilleur buteur du championnat.

Colón 0 – 0 Huracán : Chaque équipe aura eu sa chance mais on retiendra le but refusé au Globo et à Damonte, un lob de 45 mètres alors que l’arbitre de la rencontre était en train de siffler la fin du match.

Rosario Central 1 – 2 Godoy Cruz : Ortigoza se blesse avant le coup d’envoi, Godoy Cruz confirme de son côté qu’il est un candidat sérieux aux accessits (voire plus) en s’imposant au Gigante.

Temperley 1 – 1 Gimnasia La Plata : Le Lobo pensait avoir fait le plus dur en ouvrant le score sur un beau mouvement à deux Alemán – Faravelli. Mais la domination des Gasoleros était telle, les situations toutes plus énormes les unes que les autres, que l’égalisation n’est finalement qu’une juste récompense.

Atlético Tucumán 0 – 1 Defensa y Justicia : Exceptionnel hommage rendu à la légende Luis La Pulga Rodríguez, désormais meilleur buteur de l’histoire du club (120 buts), hommage poussé jusqu’à une interruption du jeu décidée par l’arbitre de la rencontre à la septième minute pour qu’il puisse saluer ses supporters (c’est aussi cela la beauté de l’Argentine). Moins exceptionnel le résultat, une défaite qui fait tâche face à un DyJ qui prépare de la meilleure des manières sa mission remontada en Sudamericana.

Banfield 1 – 0 Newell's Old Boys : Pour la centième de Civelli, Banfield s’en sort bien. Dominé par la Lepra, se voyant sauvé d’un but totalement valable refusé à Torres pour un hors-jeu dont on cherche encore comment il est possible de le signaler, le Taladro s’en sort grâce à Cvitanich.

River Plate 1 – 1 Chacarita Juniors : 45 minutes de domination totale concrétisées par un but, un relâchement coupable qui coûte une égalisation sur un tout droit de Menéndez et un Armani pas exempt de tout reproche, une deuxième mi-temps sans réussite mis à part sur le raté de l’année signé Rodríguez. La Superliga et River, ce n’est pas une histoire d’amour. Ne reste que la Libertadores et la Supercopa.

Estudiantes 1 – 0 Olimpo : Sans être génial, Estudiantes continue d’avancer porté par sa fusée colombienne, Juan Ferney Otero.

Les buts

Résultats

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Classement

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Nicolas Cougot
Nicolas Cougot
Créateur et rédacteur en chef de Lucarne Opposée.