Une nouvelle fois conquérant lors de cette vingtième journée de Superliga, Boca Juniors est l’équipe en forme de cette fin de saison. Néanmoins, ce réveil pourrait avoir eu lieu trop tard, si River continue de rouler sur ses adversaires sans forcer. Derrière eux, Argentinos mène la danse des poursuivants pour la Libertadores.

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L’affiche du week-end : Argentinos au finish

Dire que ce début d’année 2020 est mitigé du côté de Tucumán n’est pas exagéré. L’Atlético connait des fortunes diverses aux plans national et international. Hors des frontières argentines, le club a passé avec succès le deuxième tour de qualification pour la prochaine Copa Libertadores en s’imposant face aux boliviens de The Strongest. Au tour suivant, le Decano s’est incliné à Medellín pour le match aller mais reste dans une position confortable en vue du retour à domicile. En championnat, ce n’est pas du tout la même musique. Le bilan sur l’année civile est médiocre : deux nuls, une défaite. Des résultats en décalage avec les ambitions de l’Atlético. Sur le chemin de la guérison, se dresse un adversaire compliqué : Argentinos. Quatrième au coup d’envoi de cette vingtième journée, le Bicho sera probablement trop court pour disputer le titre à Boca et River. Mais c’est sans conteste la meilleure équipe d’Argentine derrière les deux géants. Reste que l’équipe de la Paternal n’affiche pas un meilleur bilan comptable que leurs hôtes du jour depuis la reprise de janvier : deux points pris sur les neuf disponibles. Pour ne rien arranger, Dabove ne pouvait compter sur son numéro dix, Damián Batallini, récemment opéré de l'appendicite. L’absence d’un des principaux détonateurs du jeu du Bicho se faisait sentir : Argentinos, bien aidé par les Tucumanos, produisait un premier acte terne, pauvre en occasions de but. Très discret pendant une grosse demi-heure, les locaux auraient dû ouvrir le score. Seul à cinq mètres du but, Augusto Lotti butait sur la parade exceptionnelle de Lucas Chávez, qui sauvait les siens d’un mauvais tour. Endormie, la bande à Dabove se réveillait en seconde période. D’un centre plein de vice, l’arrière gauche Elias Gómez trouvait le poteau de Alejandro Sánchez. Malgré cette vive alerte, on pensait le Decano encore capable de tourner la partie à son avantage. Et ce, jusqu’à l’expulsion méritée de l’avant-centre Leandro Díaz pour un vilain coup de coude sur la pommette de Torrén, à vingt minutes du terme. C’est cette indiscipline qui allait sonner le glas des espoirs des locaux dans ce match. À un de moins sur le terrain, les espaces s’ouvraient plus facilement et c’est Elias Gómez, encore une fois un leader technique de son équipe, qui en profitait. Son incursion dans la surface était stoppée par un tacle en retard tucumano et provoquait un pénalty logique. Peu en réussite jusque-là, Santiago Silva catapultait sans trembler le ballon dans la lucarne de Sánchez. Ayant joué en Libertadores deux jours plus tôt, l’Atlético Tucumán accusait le coup physiquement. Bien plus frais, Argentinos enfonçait le clou : sur une nouvelle récupération haute de Gómez, Demonio Hauche s’en allait inscrire le second but, fatal aux locaux, à deux minutes du terme. Visiblement frustré, Guillermo Acosta laissait ses coéquipiers à neuf pour les dernières secondes après un pétage de plombs en règle, composé d’un enchainement tacle par derrière sur Nico Silva et dégagement du ballon sur ce dernier, encore à terre. Argentinos aura donc attendu le dernier quart d’heure pour faire la différence et repartir avec la victoire dans sa besace. Un grand succès pour les hommes de Dabove qui maintiennent (mathématiquement) l’espoir d’un titre national. Néanmoins, au vu de la forme actuelle des têtes de peloton, un titre relèverait du miracle pour le club de la Paternal. En face, l’Atlético Tucumán continue sa fin de championnat laborieuse. Il devra faire le travail contre les colombiens de Medellín dans une semaine pour se qualifier en Libertadores, et finir cette saison sur une bonne note.

River et Gallardo sur la route du titre

Cela devait être un soir de fête au Monumental. Déjà car River célébrait le Nouvel An chinois, en floquant en chinois les noms de ses joueurs au dos des tuniques blanches barrées de rouge. Surtout, à quatre journées de la fin du championnat, la hinchada millonaria voulait chanter à la gloire de ses héros face à une opposition abordable sur le papier. Malgré la pression mise par le poursuivant Boca, à trois points derrière, River reste sur quatre succès consécutifs, et constitue une machine imparable en 2020. En face, Banfield, inconstant et embourbé dans le ventre mou de la Superliga ne devait pas être le caillou qui entaillerait pareille machine. Dans cette fin de championnat, le club bonaerense accueillait le retour de l’italo-argentin Pablo Osvaldo, qui n’avait plus foulé un terrain de foot depuis quatre ans. En mai 2016, à 30 ans et après avoir écumé la Serie A, la Liga et même la Premier League, l’attaquant décidait de prendre sa retraite pour se consacrer à son autre passion… le rock. Il ne figurait néanmoins pas dans le onze proposé par Falcioni. Celui-ci alignait deux anciens de la maison River avec Luciano Lollo et Nicolás Bertolo. Pour arriver jusqu’au titre, Marcelo Gallardo reconduisait sa défense à trois qui fonctionne parfaitement depuis quelques matchs : cette configuration enlève de la présence dans l’entrejeu que River domine globalement moins qu’avant mais apporte une sécurité défensive considérable. Concentré sur son objectif, le Millonario déployait son jeu dans le camp de Banfield, qui se replie à onze dans sa moitié de terrain et attend de contrer à la moindre erreur. Une première fois, Rafa Borré alertait Iván Arboleda et faisait frissonner le Monumental. Dix minutes plus tard, la domination de River se concrétisait. Libéré de ses tâches de défenseur, Gonzalo Montiel se jouait de Bravo d’un grand pont avant de centrer en cloche pour le crâne de son coéquipier Matías Suárez. La tête piquée du meilleur passeur de Superliga faisait mouche. Ce dernier aurait pu claquer un doublé rapidement si Arboleda n’avait pas sorti le grand jeu à bout portant sur une nouvelle tête. Insatiable sur son couloir droit, au même titre que Casco de l’autre côté du terrain, Montiel délivrait un nouveau bon centre qui trouvait cette fois le bras baladeur de Lollo dans sa surface. Borré se chargeait du penalty pour devenir seul meilleur buteur du championnat mais sa tentative touchait la barre et s’envolait dans le ciel rose de Buenos Aires. Ce nouvel échec renforce la malédiction de River à onze mètres, puisque le leader a manqué ses quatre derniers essais dans la discipline. Pendant ce temps, Banfield ne trouvait pas la solution, ne se montrant jamais dangereux. Après la pause, River du Muñeco repartait de plus belle avec l’élan qu’on lui connait : une relance de Casco près de son poteau de corner arrivait dans les pieds de Suárez après une succession de une-deux et de jeu en triangle. Son centre était repris par le malheureux Borré qui touchait encore une fois le montant. Il ne se passait plus grand chose quand Osvaldo entrait sous les sifflets soutenus du public à la soixante-dixième minute. Il répondait à cette bronca de la meilleure des manières, ou presque, avec l’inspiration qu’on lui connait. Seul dans le camp de River, son lob de 30 mètres donnait des sueurs froides à Armani mais s’échouait juste au-dessus de la barre. Avec plus de réussite pour Scocco devant le but, le score aurait pu s’aggraver mais peu importe, rien ne pouvait gâcher la fête de River ce soir-là. La bande à Gallardo remportait un cinquième succès d’affilée, sans être flamboyant. Plus que jamais, le titre se rapproche pour le club de Nuñez, à qui il reste trois petits matchs à gagner. Malgré la pluie torrentielle qui s’abattait sur la capitale en fin de match, les Gallinas sont restés chanter longtemps après le coup de sifflet final.

Boca continue de dérouler

Auteur d’une première saison poussive pour son retour dans l’élite après 40 ans d’absence, Central Córdoba s’apprête à rempiler au moins pour la saison prochaine en Superliga. À l’abri au promedio mais sans rien à jouer, le club de Santiago del Estero attend la fin de saison sans excitation. Pour le bonheur de ses supporters, le club recevait le grand Boca, ce qui constitue toujours un grand rendez-vous de la saison pour eux. Un peu moins un bonheur pour les joueurs qui s’apprêtaient à affronter la meilleure équipe du moment en Argentine. En trois sorties, Miguel Ángel Russo avait obtenu sept points sur neuf disponibles en déployant un jeu bien plus léché et séduisant que celui de son successeur. Emmenés par un capitaine Tévez retrouvé et la convaincante recrue Pol Fernádez, le Xeneize devait répéter ses précédentes prestations pour pouvoir suivre le rythme imposé par River. Ce sont les locaux qui leur facilitaient la tâche en se tirant une balle dans le pied dès les premières minutes du match. La passe en retrait mal sentie de Marcelo Meli arrivait dans la course de Carlitos Tévez, qui s’en allait dribbler le gardien et pousser le ballon dans le but vide. Boca n’en demandait pas tant. Portée par un stade surchauffé, la paire d’attaquants des Ferroviarios, Herrera-Miracco, tentait de profiter des espaces laissés par la défense boquense. Les locaux ne trouvaient pas pour autant la faille, limités dans le dernier geste et également par un bon Esteban Andrada. Au cours de la première mi-temps, Boca subissait un coup dur en perdant sur blessure Lisandro López : le verdict tombé dans la semaine indiquait une fracture de l’orteil et une saison terminée pour le central. Pas de quoi démobiliser le Xeneize. La différence entre les deux équipes était flagrante dans les derniers mètres respectifs. Sur la deuxième grosse occasion coté Boca, Salvio récupérait un bon ballon dans la surface : plein de sang-froid, il crochetait le défenseur et ajustait Diego Rodríguez. 2-0. Les joueurs de Russo rentraient avec cet avantage aux vestiaires, sans être dominateurs mais cliniques. Étrangement, les attaquants allaient être moins à l’aise dans l’exercice des penalties. Tévez se permettait de manquer le sien, bien arrêté par Rodríguez. Mais le capitaine se rattrapait bien vite, en préférant la difficulté. Suite à une relance rapide de Andrada, la légende du club remontait le ballon jusqu’à la surface adverse. Aux dix-huit mètres, il concluait une paire de dribbles par une frappe lente mais parfaitement placée hors de portée du portier de Central Córdoba. Imparable. Obligé de se découvrir pour sauver l’honneur, les locaux laissaient des espaces. C’est le moment que choisissait le sprinteur Sebastián Villa pour casser les rideaux défensifs à coups de grandes enjambées. Bien aidé par Tévez, encore auteur d’un grand match, l’ailier concluait un contre supersonique qu’il avait lui-même lancé, et inscrivait le quatrième but de son équipe. Avec encore une demi-heure à jouer, le contrat était d’ores et déjà rempli pour les hommes de Russo. En gestion sur le temps restant, ils concédaient quelques occasions que les joueurs de Santiago del Estero ne surent jamais convertir. Décidément généreux, Boca manquait un autre pénalty avec la tentative de Franco Soldano, très bon en pointe durant tout le match. C’est bien grâce à un Diego Rodríguez héroïque que le match ne s’était pas fini sur une addition extrêmement lourde pour des locaux, largement en-dessous de ce Xeneize. Le score est sévère mais logique, donc, et reflétait bien l’écart entre les deux formations. Central Córdoba payait ses largeurs défensives mais aussi son manque d’efficacité criant. Boca repart sans forcer avec les trois points et toujours plus de certitudes dans son jeu. Hélas pour lui, le Xeneize n’est toujours pas maitre de son destin malgré sa bonne forme, et est suspendu à un hypothétique faux-pas de River. S’il termine second, le club boquense va surement regretter de ne pas avoir changé d’entraîneur plus tôt…

Gimnasia dans le rouge

Un match n’a pas pu avoir lieu lors de cette vingtième journée. Le Vélez-Godoy Cruz a été reporté au 4 mars prochain, car le stade était occupé par l’équipe de rugby los Jaguares ce weekend. Lanús n’y arrive plus en cette fin de championnat : les Granates n’ont su faire la différence face aux valeureux Leprosos de Newell’s (1-1). Ils restent quatrièmes au classement mais vont devoir se remobiliser pour ne pas laisser la Libertadores s’échapper. Après sa superbe performance dans le Clásico de Avellaneda, le Racing avait les jambes lourdes sur le terrain du faible Colón (1-1). Ces derniers sont les premiers reléguables : ils vont devoir gagner pour ne pas descendre mais la mission s’avère difficile puisqu’ils n’y sont pas arrivés depuis la fin novembre. Pour le Lobo, l'espoir se réduit encore. Nouvelle défaite à Rosario contre Central (1-0), et voilà le Gimnasia toujours englué en queue de classement. L’effet Maradona ne semble toujours pas se faire resentir. Autre club en danger, Patronato. Le club de Paraná s’est tout de même imposé chez lui contre Unión (1-0) ce week-end. À trois journées de la fin, le calendrier est compliqué pour les rouges et noirs qui vont devoir réaliser un miracle pour se replacer avant la Copa de la Superliga (dont la phase de groupes comptera dans le calcul des promedios). À l’inverse, Aldosivi réalise une bonne affaire : juste devant Patronato aux promedios, le Tiburón a battu Huracán (2-0) et reste au-dessus de la zone rouge. Independiente et Arsenal Sarandí se séparent avec un point chacun (1-1) : le promu a encore une carte à jouer pour essayer d’accrocher la Sudamericana. Un petit point plus loin, San Lorenzo a trébuché contre Talleres (0-1) et perd une belle occasion de revenir parmi les premières places qualificatives pour la seconde coupe intercontinentale. Enfin, dans la même situation, Estudiantes a laissé son concurrent direct et du jour, Defensa y Justicia, revenir à son niveau en s’inclina à domicile (1-2). Dans la course à la Sudamericana, tout reste encore possible et chacun aura une chance dans ce sprint final. Les dernières journées s’avèrent décisives et pleines de suspense.

Les buts

Résultats

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Classement

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Andoni Ospital
Andoni Ospital
Sur la voie du bonheur, tous les chemins mènent à El Calafate.