Des buts à la pelle, des géants qui doutent et le départ d’une légende, retour sur la troisième journée de la Copa de la Liga Profesional.

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S’il est prématuré de tirer des enseignements et inutile de se projeter sur la suite d’une compétition que les organisateurs eux même ne comprennent pas, cette Fecha 3 marque surtout la fin de la phase aller. Avec trente-quatre buts en douze matchs, les attaques ont brillé, à moins que ce ne soit les défenses qui ont sombré (cf. la théorie de l'œuf ou la poule), dans tous les cas, nos pupilles se sont régalées. Et si, pour beaucoup, cette journée peut sembler anecdotique, pour le football argentin elle fera désormais partie de l’Histoire de son football.

Sans laisser fuiter la moindre information avant la rencontre, cette opposition entre Estudiantes et Argentinos Juniors marque la fin de carrière de Javier Mascherano. Une légende du football mondial qui n’est plus à présenter et qui, à l’instar de Fernando Gago à Vélez, range ses crampons dans un triste anonymat. Un stade vide, un match sans grand intérêt, un club en difficulté, une compétition obscure, autant d'éléments qui privent Masche de recevoir les honneurs qu’il mérite. En retardant son retour au pays, Jefecito s’est auto-condamné. Une dizaine de matchs avec le Pincha, qui ont montré à tous la chute de son niveau. D’abord installé au milieu de terrain, il a trop souvent été pris de vitesse. Pire même dans l’engagement le Jefe s’est bien fait secouer. Titulaire en défense centrale sur cette dernière sortie, Mascherano n’a pas brillé non plus. Sans convaincre davantage, le joueur lui-même a décidé qu’il était temps d’arrêter. L’Histoire retiendra que l’immense Mascherano a terminé sa carrière professionnelle par une défaite logique à La Plata. Mariano Andújar, son dernier rempart, a pourtant retardé l’échéance au maximum face à un Bicho souvent dangereux. Mais il ne peut absolument rien sur la magnifique inspiration de Damián Batallini. Un merveilleux golazo. Une frappe enroulée dans la lucarne opposée après une passe délicieuse du pibe Mateo Coronel. Le Bicho de Diego Dabove s’impose à l’extérieur et se rattrape à temps de ses échecs à domicile. 

Des géants à la peine

C’est fini, après une belle invincibilité de quatorze matchs, Miguel Ángel Russo s’incline pour la première fois avec Boca Juniors. C’est donc les Córdobes de Talleres qui viennent à la Bombonera mettre fin à une série commencée en janvier dernier. Un premier acte manqué par la bande à Tévez, pris au milieu et qui tarde à se montrer dangereux. Peu avant le retour au vestiaire, Franco Soldano, titularisé à la pointe de l’attaque xeineze, voit Mauricio Caranta repousser sa tête. En face, la T fait mieux que résister. Un bon pressing et surtout des projections rapides. Les transitions offensives sont parfaitement orchestrées par leur maître à jouer, Tomás Pochettino (la loi de l’ex, pour l’ancien de Boca) qui aurait pu donner l’avantage à Talleres sur un dernier coup franc bien sorti par Agustín Rossi qui vient suppléer Esteban Andrada, spectateur le mieux placé de la sélection. Boca va bien tenter de réagir en deuxième mi-temps, mais ni Carlitos, ni Sebastián Villa ne parviennent à convertir les grosses occasions. À contrario, Talleres poursuit ses efforts, ceux-ci sont récompensés en toute fin de match par leur Américain, Joel Soñora, qui profite d’une erreur de Rossi (qui montre le chemin qu’il a encore à faire pour s’approcher d’un niveau d’Andrada) pour offrir la victoire et la première place du groupe 4 à la T qui ne finit plus de nous surprendre. Dans les arrêts de jeu, Agustín Obando et Carlos Izquierdoz seront exclus, laissant Boca finir les dernières secondes de jeu à neuf.

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Si la défaite de Boca est une surprise, il y en a une autre qui devient habituelle. À domicile, dans son Cilindro, le Racing de Sebastián Beccacece continue sa chute libre. L’atterrissage ne semble plus très loin et devrait faire de gros dégâts. Après s’être inclinée à domicile face à l’équipe B de l’Atlético Tucumán et à Santa Fe contre Unión, la Academia sombre à nouveau, face à Arsenal Sarandí cette fois. Lucas Albertengo est le premier bourreau. L’attaquant de l'Arse profite d’une splendide combinaison sur coup franc pour tromper Gabriel Arias, seul à cinq mètres de la ligne de but. On ne joue que depuis quatre minutes et BKCC a déjà un gros mal de tête. Le manque de confiance est palpable du côté du Racing. La Acade parvient à se procurer des occasions mais avec un Hector Fertoli constant dans l’échec et un Licha López qui fait briller Maxi Gagliardo, elle se montre incapable de marquer le moindre but. Les joueurs de Sergio Rondina eux accentuent leur avance juste avant la pause. L’Uruguayen Jhonatan Candia fait parler sa puissance. Une récupération haute, un une-deux et Candia fait trembler les filets une seconde fois. Un score lourd à la défaveur d’un Racing tout heureux de ne pas se faire chahuter par son hinchada. La deuxième mi-temps est un révélateur de l’état de nervosité des joueurs de Racing. Des occasions habituellement faciles deviennent impossibles à convertir, des duels perdus, des mines qui ne trompent pas. Quand, enfin, Chuky Cristaldo parvient à marquer un but, il est annulé pour hors-jeu. Non, cette équipe n’y arrive pas, n’y arrive plus. Frustré par sa prestation, Licha récolte deux cartons jaunes en fin de match (il aurait dû en prendre six dans le match). Le capitaine abandonne son équipe pour les dernières secondes de la rencontre. Racing est dernier de son groupe avec aucun point en trois match, un but marqué et huit encaissé. Malgré le silence de Diego Milito, directeur sportif du club, il n’y a aucun doute, le club est bien en pleine crise. Si Beccacece est toujours sur le banc, il ne se fait plus guère d’illusion sur son sort. Son rendez-vous en Libertadores la semaine prochaine scellera son avenir. Une élimination face à Flamengo est BKCC pourra envoyer son CV sur tout le continent.

En déplacement à Florencio Varela, Independiente se savait en danger. Le Defensa y Justicia de Crespo pouvant réaliser des prestations XXL, une victoire à l’extérieur tiendrait du miracle. Dominateur dans le jeu, comme à son habitude, le Defe se projette en nombre en attaque et concède des occasions en contre, comme à son habitude. Profitant d’un gros temps de jeu, c’est le jeune Alan Velasco qui fait parler son talent. Par sa vitesse et sa qualité technique, il crée de grosses différences sur son aile gauche sans parvenir à tromper Ezequiel Unsain, souvent à cause de coéquipiers trop maladroits à la réception des centres du pibe. Une première mi-temps intéressante où le Rojo gagne aux points, se procurant les plus grosses situations. À la reprise, le schéma reste le même sauf que les occasions sont toutes pour Defensa comme sur cette tête piqué de Braian Romero qui oblige Milton Álvarez à s’employer et sur la frappe croisée de Francisco Pizzini qui passe à côté. Chaque équipe a eu sa mi-temps, le match nul est logique pour deux équipes engagées en Copa Sudamericana.

En déplacement à Mendoza pour affronter Godoy Cruz, River Plate devait composer avec de nombreux absents. Entre les joueurs partis en sélection et ceux à l’isolement pour COVID-19, Gallardo était contraint de titulariser les pibes Julián Álvarez en attaque, Cristian Ferreira au milieu et Santiago Sosa en défense centrale, lui l’habituel milieu travailleur. Dans les cages, Enrique Bologna remplace logiquement un Franco Armani qui ne chôme pas avec l’Albiceleste. Sans avoir retrouvé un grand River, Gallardo peut se satisfaire d’une victoire 0-1 grâce à un autre pibe rentré en cours de match. Federico Girotti s'offre un premier but en pro d’une belle tête plongeante à l’entame du dernier quart d’heure. Dans la foulée, Enrique Bologna arrête un penalty de Tomás Badaloni et offre la victoire à un River qui se cherche mais qui assure l’essentiel avec une équipe largement remaniée.

Profiter des premières chaleurs printanières à Mar del Plata est une habitude pour les Porteños. Les joueurs de San Lorenzo ont apprécié le voyage. Avec un grand match de Nacho Piatti, auteur d’un but et d’une passe décisive pour la tête du jeune Federico Gattoni, le Ciclón s’est amusé d’Aldosivi. 3-0 après un nouveau but Perlata Bauer, qui profite de l’abandon de sa cage de Luciano Pocrjnic et permet Mariano Soso de souffler sur son banc. Cet Aldosivi brille par sa faiblesse, rivalise dans le néant avec Patronato. Dès l’entame du deuxième acte, le jeune buteur Alexander Díaz marque un quatrième but pour San Lorenzo, son premier en pro. Sur l’engagement, Aldosivi obtient un coup franc. La tête d’Emanuel Iñiguez est mal jugée par Fernando Monetti, coupable d’une faute de main. Les locaux sauvent les honneurs mais concèdent une lourde défaite 1-4. San Lorenzo s’empare de la première place du groupe 5 devant Argentinos Juniors, tandis qu’Estudiantes ferme la marche. 

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Le tour des canchas

Belle surprise dans cette Copa, le Banfield de Sanguinetti s’impose avec autorité au Gigante de Arroyito. Après avoir disposé de River Plate et Godoy Cruz, c’est au tour de Rosario Central de s’incliner face au Taladro. Avec un Mauricio Cuero retrouvé, auteur d’un but et d’une passe décisive, Banfield passe quatre buts aux Canallas de Kily González. Augustín Fontana bien servi par l’ailier colombien, Fabian Bordagaray opportuniste, Giuliano Galoppo qui ajuste tranquillement une tête au milieu d’une défense passive et Cuero tandis qu’Emiliano Vecchio avait inscrit le premier but de la rencontre. Dernière émotion de la partie, le golazo de Fito Rinaudo à la dernière seconde. Avec trois victoires en autant de matchs, Banfield occupe logiquement la première place du groupe 3 devant River, Rosario Central et Godoy Cruz.

Autre équipe en forme, l’Atlético Tucumán. Neuf points après trois journées, les joueurs de Ricardo Zielinski font le plein. L’élimination en Sudamericana face à Independiente ne semble pas avoir laissé de trace. Dans une rencontre équilibrée, le Decano a fait craquer le Tantengue en deux minutes. Peu après le début de la deuxième mi-temps, Leonardo Heredia (qui avait perdu son duel sur penalty en première période face à Sebastián Moyano) avait débloqué la rencontre d’une belle tête placée, avant de voir Javier Toledo doublé la marque sur le coup d’envoi des Santafesinos. Un lob de quarante mètres bien mal négocié par Moyano à la main peu ferme. Gabriel Carabajal pensait relancer Uniòn en transformant un penalty à l’heure de jeu mais ce sont bien les locaux, par l’intermédiaire de Matias Alustiza (qui n’avait plus marqué depuis plus d’un an), qui finissent par s’imposer 3-1 dans leur Monumental. Le Decano hérite de la première place du groupe 1, devant Arsenal et Unión et alors que Racing reste bloqué à la dernière place avec un zéro point qui fait tache. 

SI le Tatengue est tombé, son meilleur ennemi de Santa Fe s’est imposé 2-0 dans une rencontre totalement maîtrisée face à Central Córdoba, équipe de Santiago del Estero comme son nom ne l’indique pas. Un Cristian Bernardi en grande qui ouvre le score pour les Sabaleros avant de transmettre un ballon à Luis Miguel Rodríguez à dix minutes du coup de sifflet final qui nous offre un golazo de l’espace. Une caresse de l’extérieur du pied sur cette boule de cuire depuis l’entrée de la surface qui vient replonger sous la barre. Une merveille pour El Pulga qui ne joue plus que les fins de matchs à Colón mais qui continue de montrer toute l’étendue de sa classe.

En affichant ses ambitions en début de tournoi, Newell’s s’était mis la pression. Une pression difficile à digérer (ne jamais boire cul sec) pour la Lepra qui débarquait à la Fortaleza avec deux défaites au compteur. En face, Lanús avec un seul point, pris face à Talleres, avait de quoi être inquiet. Avec une charnière centrale absente, Luis Zubeldia avait aligné un duo inédit en défense, le colombien Alexis Pérez associé au jeune Ousmane N’Dong. Le Sénégalais de vingt-et-un ans, devient le premier joueur de son pays à jouer une rencontre officielle de première division en Argentine. Dans ce duel de légendes entre quarantenaires, Pepe Sand contre Maxi Rodríguez, c’est le dernier nommé qui ressort vainqueur. Avec des buts du guerrier Fabricio Fontanini, du petit attaquant de poche, el Tucu Palacios auteur d’une belle frappe croisée, du défenseur central Santiago Gentiletti et un dernier du capitaine, la Fiera Rodríguez en personne, Newell’s rentre à Rosario avec une belle victoire 4-2 qui doit lancer leur tournoi. Côté Granate, si José Sand s’est offert un doublé, le groupe semble marquer le pas alors que Bolívar et la Sudamericana se profile.

Autre équipe en panne de victoire, Vélez Sarsfield. Quatre matchs nuls consécutifs qui mettent la pression à Mauricio Pellegrino avant d’accueillir un Patronato moribond. Dominateurs dans tous les compartiments du jeu malgré le vide laissé par la fin de carrière de Fernando Gago mais sans parvenir à se montrer efficace, le Fortín se contente d’une courte victoire. Une nouvelle fois décisif, Thiago Almada permet à Vélez de décrocher sa première victoire en inscrivant son troisième but en trois matchs. 

Enfin, alors qu’ils devaient être condamnés à devoir lutter pour accrocher la deuxième place, voilà que Huracán et Gimnasia se livrent une bataille pour prendre les commandes du groupe 6. Dans un match rythmé et animé, le Globo parvient à s’imposer à domicile. Une victoire 3-2 contre un Lobo trop perfectible. Victor Ayala avait pourtant ouvert la marque en tout début de rencontre sur une belle frappe puissante à l’entrée de la surface (comme souvent avec le paraguayen) avant de voir Adrian Arregui, seul au deuxième poteau, ramener les siens. Dans le second acte, Huracán se montre dominateur et voit Andrès Chávez s’offrir un joli but. Si Erik Ramirez pense ramener un point à La Plata en égalisant, Nicolás Cordero a rapidement douché ses espoirs en plaçant une tête puissante qui ne laisse aucune chance à Jorge Broun. Les coéquipiers de Renato Civelli s’imposent logiquement et filent en tête de leur groupe.

Les buts

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Nicolas De la Rua
Nicolas De la Rua
Un lobo amoureux du ballon rond qui se partage entre Choripán et Socca