De la sélection passée entre les mains de Ricardo Gareca et qui suscite tant d’espoirs à un championnat qui renoue avec le passé et voit ses géants toujours aussi irréguliers, retour sur l’année péruvienne.

Sélection : confirmation, espoirs et pression

Depuis l’époque dorée des Cubilas et autres Sotil, le football péruvien attend les heureux successeurs qui viendront enfin redorer le blason d’une Blanquirroja qui n’en finit plus de courir après ce passé. Emmenée par sa star mondiale Paolo Guerrero et avec Gareca aux commandes, la sélection péruvienne aura réussi sa Copa América, terminée à la troisième place (lire Un final, des finales), au cours de laquelle elle a convaincu au niveau du jeu. Ce résultat démultipliait alors les rêves de qualification mondiale pour une Blanquirroja qui attend cela depuis désormais plus de 30 ans. Le souci est que ces espoirs ont rapidement été douchés. Une défaite quelque sévère en Colombie (lire Coupe du Monde 2018 – Zone CONMEBOL : Argentine et Brésil au tapis), une autre terrible dans le Clásico del Pacífico (lire Coupe du Monde 2018 : la folie Chili, l’Equateur et l’Uruguay confirment) et une troisième face à un Brésil injouable ce jour-là (lire Coupe du Monde 2018 : l’Argentine se relance, l’Uruguay prend sa revanche), les hommes de Gareca ne comptent que trois petits points sur 12 et se retrouvent déjà sous pression alors que la campagne pour la Russie ne fait que débuter.

Compétitions continentales : à un cheveu

Le parcours péruvien sur le continent en 2015 est à l’image de la sélection. Beaucoup d’ambition, des espoirs pour au final une profonde déception. Si l’Alianza Lima a été balayée d’entrée de premier tour en Libertadores, s’offrant alors une petite crise dont elle a le secret, Juan Aurich et Cristal peuvent nourrir bien des regrets. Les Celestes doivent leur élimination à leur incapacité à battre un Táchira pourtant rapidement mis hors course alors que le Ciclón se demande encore comment il a pu laisser filer sa place en huitièmes. Car, dans un groupe comprenant les deux finalistes de l’épreuve, Juan Aurich peut se targuer de ne pas avoir perdu face au futur vainqueur River (même si le nul ramené du Monumental tient du miracle (lire River Plate 1 - 1 Juan Aurich)) mais se souviendra surtout qu’à 25 minutes de la fin du dernier match, il était qualifié avant de craquer face à Tigres en moins d’un quart d’heure (lire Le miracle River). Conséquence, aucun péruvien en huitièmes.

Et malheureusement, la Sudamericana n’a guère permis de se faire plus d’illusions. León de Huánuco et Unión Comercio ont été sortis d’entrée quand Melgar, au même tour, ruinait toutes ses chances en encaissant un 0-5 en Colombie dès le match aller, offrant tout de même un match retour de folie qui verra le Dominó frôler l’exploit au retour (lire Sudamericana 2015 : premier tour sans surprise). Seul Universitario aura franchi un tour de plus avant, lui aussi, devoir stopper son parcours, tranquillement dominé par le Defensor Sporting (lire Copa Sudamericana 2015 : place aux huitièmes !). Conclusion, l’année 2015 restera une nouvelle fois bien décevante pour les clubs de l’élite péruvienne qui ne parviennent pas à hisser leur niveau de jeu sur le continent.

Championnat : un long marathon

Pour leur défense, les clubs péruviens doivent aussi faire face à un calendrier des plus chargé, l’instauration du Torneo del Inca entre l’Apertura et le Clausura venant ajouter une quinzaine de matchs supplémentaires dans la saison, la place en Libertadores que ce tournoi offre ainsi que les points de pénalités donnés aux mal classés n’autorisant pas de faire l’impasse pour les clubs engagés dans des compétitions continentale. Pourtant, ces derniers ont semble-t-il réussi à faire le choix de privilégier les compétitions continentales, aucun des engagés en Libertadores se qualifiant pour la phase finale du Torneo del Inca 2015, les trois se retrouvant par ailleurs dans le même groupe. Si ce tournoi a été dominé par César Vallejo (qui s’est offert un joli renversement de situation en demi-finale face à Garcilaso), et si le Clausura a été des plus serré (2 points d’écarts entre les six premiers), la saison peut se résumer au duel entre Mgelgar et le Sporting Cristal. Vainqueur de la première manche, l’Apertura, Cristal n’a pu qu’assister de derrière au retour miraculeux de Melgar sur Garcilaso (lire Pérou – Clausura 2015 : verdicts et suspense pour le titre), le Dominó s’offrant, au prix d’un match d’appui, le Clausura avant d’écraser sa victime d’alors pour décrocher une finale face aux Celestes. Comme souvent au Pérou, la finale tenu toutes ses promesses. Riche en buts et en émotions, elle aura basculé au bout du match retour, permettant au Dominó de mettre fin à 34 ans de disette (lire Pérou – Descentralizado 2015 : Melgar champion après 34 ans d’attente) et ainsi clore une saison quasi-parfaite d’une équipe proposant probablement le plus beau jeu collectif du pays.

Les joueurs

A l’heure du bilan, plusieurs joueurs méritent bien évidemment le tableau d’honneur et nous débuterons pas citer ceux qui n’entreront pas dans le 11 type du tournoi. Dans les buts, Daniel Ferreyra pouvait clairement prétendre au onze de la saison mais nous lui préfèrerons Pedro Gallese, auteur d’une excellente Copa América. Autres cités mais non élus, Aldo Corzo réussi une belle saison avec San Martín comme son coéquipier Joel Sánchez, auteur notamment d’un Torneo del Inca assez remarquable, Diego Chávez s’impose sur le côté droit de la défense d’Universitario, Jorge Cazulo dans l’entrejeu de Cristal. Devant, Reimond Manco aura été l’un des plus réguliers dans une Alianza Lima qui a soufflé le chaud et le froid tout au long de la saison, Irven Ávila confirme son talent avec Cristal, le duo Bernardo Cuesta - Ysrael Zúñiga aura été des plus décisif avec Melgar. Impossible aussi de ne pas citer la pépite Beto Da Silva qui a explosé avec Cristal le temps de rejoindre le PSV à tout juste 19 ans.

Notre onze s’organise ainsi autour d’un 4-2-3-1 à l’assise « melgarienne » (on n’est pas meilleure défense pour rien) Jonathan Acasiete - Lampros Kontogiannis - Edgar Villamarín que l’on complète par l’excellent Jair Céspedes qui va rejoindre Cristal, une paire de défensifs Josepmir Ballón – Alexis Arias alors que devant eux, on placera deux créateurs Alfredo Ramúa (que l’on excentrera pour les besoin de l’équilibre) - Carlos Lobatón et le perforateur de Melgar, Omar Fernández. Devant, s’il n’en fallait qu’un ce sera Lionard Pajoy et ses 25 buts sur l’année avec parmi eux, une palanquée de golazos. Pour encadrer le tout, il ne pouvait y en avoir qu'un, Juan Reynoso qui a non seulement ramené un titre à Melgar mais surtout, comme nous le soulignions, a fait du Dominó l'une des plus belles équipes du pays.

2016 : année décisive (une de plus)

Pour 2016, le Pérou prend les mêmes et recommence. La sélection jouera gros lors de la campagne de qualification, pouvant se retrouver hors course en cas de mauvaises performances lors du premier semestre avant d’aller défendre sa place sur le podium lors de la Copa América. Côté clubs, l’heure sera a enfin confirmer à l’échelon continental alors que sur le plan local, l’Alianza Lima est en train de se construire une machine de guerre pour enfin briller de nouveau. Autant dire, les années passent, les objectifs demeurent identiques au pays des Incas.

Nicolas Cougot
Nicolas Cougot
Créateur et rédacteur en chef de Lucarne Opposée.