Nous avions laissé le championnat péruvien à la fin du Verano, nous l’avions croisé un temps lors de l’Apertura, l’heure est maintenant de véritablement le retrouver alors que le Clausura débute. Dernière chance pour certains de viser le titre.

Il vous avait (à juste titre) manqué ? Il revient pour de bon. Après avoir laissé le premier des trois tournois de l’année, le Verano tomber aux mains de Melgar au terme d’une finale de folie pure. Après s’être imposé à l’aller dans son Monumental, Melgar abordait en effet le retour avec un but d’avance. Cette avance a longtemps fondu comme neige au soleil pour se transformer en retard, UTC menant 2-0 à la pause. Mais le Dominó ne s’est jamais avoué vaincu et sur un tout dernier ballon piqué au-dessus d’une défense qui tardait à remonter, Emanuel Herrera s’était mué en héros, réduisant l’écart à la 91e minute et offrant donc une séance de tirs au but à son équipe au cours de laquelle Diego Penny offrait le titre aux siens.

Ce titre, qui n’en est pas véritablement un, assure à Melgar d’une présence en Libertadores l’année prochaine. Mais n’offre rien quant à la possibilité d’être champion du Pérou. Pour cela, il faut remporte soit les deux tournois suivants (Apertura et Clausura) ou, se contenter de n’en gagner qu’un et d’aller chercher le titre lors d’une finale aller-retour. Et pour cela, il ne reste donc désormais plus qu’une seule chance. Au cours de l’été européen, deux voyages en terres péruviennes vous ont permis de croiser l’Apertura. D’abord via le Monumental de Lima lors d’un duel opposant Universitario et Real Garcilaso (lire Pérou – Universitario 2-1 Real Garcilaso ­: Escapade au Monumental), ensuite à Arequipa, au pied de l’exceptionnel volcan Misti pour y voir Melgar (lire Perou – FBC Melgar 2-1 Unión Comercio : au pied du Volcan Misti). Si tous deux avaient pour ambition d’aller remporter l’Apertura, aucun en revanche n’a été en mesure de véritablement lutter pour le titre, la remontée au classement des Cremas étant bien trop tardive. Alors, ce tournoi s’est joué essentiellement à trois entre Sport Huancayo, qui a tout perdu en concédant trois nuls lors des quatre dernières journées, UTC, qui a confirmé son excellent Verano mais a cédé le fauteuil de leader à quatre journées de la fin et donc celui qui ira défendre ses chances d’être de nouveau champion, l’Alianza Lima. En s’appuyant sur un équilibre parfait entre solidité défensive, symbolisée par un Leao Butron 40 ans et toujours aussi infranchissable, et un jeu d’une verticalité redoutable qui permet d’alimenter une attaque efficace, la meilleure du tournoi, le groupe construit par Pablo Bengoechea a su prendre les commandes pour se retrouver à faire la course en tête et ne plus lâcher. Ainsi, le peuple Aliancista d’espérer pouvoir célébrer de nouveau un titre national attendu depuis 11 ans.

Pour cela, il faudra donc soit remporter le Clausura (pour plier l’affaire), soit passer par une case « finale du championnat » contre celui qui y parviendra. Le Clausura a donc débuté juste avant la belle trêve international péruvienne qui a vu la Blanquirroja prendre place dans le wagon des mondialistes alors qu’il ne reste plus que deux matchs à disputer (lire Coupe du Monde 2018 : Uruguay et Pérou grands gagnants, Argentine et Chili au plus mal), ce sera donc la dernière chance pour les Real Garcilaso, Melgar, Sporting Cristal, Universitario et donc UTC, double dauphin en 2017, de pouvoir décrocher le titre. Alors tous ont procédé à quelques retouches au sein de leurs effectifs. Melgar a perdu son buteur providentiel Emanuel Herrera mais récupère pour compenser Hernán Rengifo et avait même un temps annoncé le très controversé William Palacios, viré des Lobos mexicains pour une baston dans un bar avant que l’on retrouve ce dernier en Argentne… Bref, l’Amsud dans toute sa splendeur. Reste que Melgar réalise quelques jolis coups comme l’arrivée de Renzo Revoredo qui va apporter son expérience en défense et tente des paris exotiques (pour l’Amsud) en s’offrant Yahya Boumediene qui a longtemps évolué en Belgique avant de partir jouer au Maroc. Du côté d’Universitario, peu de modifications à noter, seule l’arrivée de Daniel Chávez en attaque semblant notable même s’il lui faudra venir lutter avec le duo panaméen Tejada – Quintero qui fonctionne à la perfection (près de 50% des buts Cremas). Son arrivée vient surtout compenser le départ de Rengifo. L’aventure péruvienne de Rolando Blackburn, autre panaméen disputant le Descentralizado s’est terminée avec moins de succès du côté du Sporting Cristal. Avec 4 buts en 10 titularisations (20 apparitions au total), l’ancien buteur de Saprissa n’a pas vu son contrat renouvelé et s’est donc envolé un temps vers le Maroc avant finalement de rentrer à la maison. Reste que les Celestes vont pouvoir s’appuyer sur le duo Ray Sandoval – Irven Ávila, qui a déjà claqué 23 buts pour aider à faire de Cristal la meilleure attaque de l’année (à égalité avec Garcilaso). Malgré cela, le Verano a été décevant, l’Apertura guère mieux, Chemo del Solar est parti, l’héritage de Mariano Soso est encore dur à assumer.  

La grande question est donc de savoir s’il sera possible de lutter contre les deux leaders de l’Apertura. Car du côté d’UTC, la régularité sur l’année est gage de qualité du travail effectué par le club et Franco Navarro, conservé après des résultats moyens en 2016 (13e sur l’année), preuve que le travail sur le long terme peut payer. Et le club qui mène actuellement la table annuelle continue de réaliser de jolis coups sur le marché des transferts en regardant lui aussi vers le Nord et attirant Mynor Escoe que les supporters lorientais ont dû croiser il y a quelques années. Côté Alianza Lima enfin, on ne bouscule pas un effectif qui tourne parfaitement mais les Aliancistas trouvent tout de même le moyen de s’offrir Carlos Ascues pour renforcer (s’il le fallait) la défense et Gabriel Leyes pour apporter une flèche de plus à l’arc offensif. L’effet n’a pas été immédiat. Car lors de la première journée du Clausura, l’Alianza Lima a explosé sur le terrain de Garcilaso dominée de bout en bout. Le vainqueur de l’Apertura laisse donc filer son dauphin UTC qui continue de contribuer au naufrage d’un Juan Aurich lanterne rouge sur l’année et qui va jouer sa survie sur les journées restantes. Le Ciclón del Norte a donc recruté sur chaque ligne mais est tombé chez lui en ouverture du tournoi face à la meilleure équipe de l’année. Ne lui reste plus que 14 journées pour refaire un retard de six points.

Nicolas Cougot
Nicolas Cougot
Créateur et rédacteur en chef de Lucarne Opposée.