En une année folle qui va conduire le Pérou à la Coupe du Monde russe, le Descentralizado a repris depuis quelques semaines. Avant de revenir sur les premières journées du Torneo de Verano, faisons les choses dans l’ordre avec un guide complet de la saison péruvienne.

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Le format

Avant les années 50, il y avait des tournois en amateur dans les régions du Pérou puis un championnat Lima/Callao se met en place avant enfin un championnat décentralisé ouvert aux clubs des quatre coins du pays qui arrive à partir de 1966. Reste que ce championnat est dominé par les clubs de Lima, seuls trois clubs issus des autres provinces ayant réussi à décrocher le Graal. Pour l’édition 2018, le championnat regroupe 16 clubs et se joue en trois phases sur une même année civile :

-          Le Torneo de Verano : Les équipes sont réparties en deux groupes de huit et s’affrontent en matchs aller et retour. Les premiers de chaque groupe jouent ensuite une finale (aller et retour) pour déterminer le champion qui se qualifie pour la demi-finale du championnat.

-          L’Apertura : Un tournoi plus classique avec un seul groupe de seize équipes qui s’affrontent toutes une seul fois. Le vainqueur se qualifie pour les demi-finales.

-          Le Clausura : Même tournoi, mêmes équipes, 15 journées pour désigner un vainqueur, deuxième qualifié pour les demi-finales.

Le champion 2018 est donc désigné à l’issu d’un dernier tour de play-offs. Les deux vainqueurs des Apertura et Clausura sont rejoints par le vainqueur du Verano et par l’équipe la mieux classée à la table annuelle. Le vainqueur sera le champion de l’année au Pérou, une seule situation pouvant nous priver de ces play-offs : qu’une même équipe remporte les trois tournois. Il faudra également se pencher vers la table annuelle pour déterminer l’identité des deux relégués en Segunda, les promus qui les remplaceront seront, comme toujours, le champion sortant de Segunda et le vainqueur de la Copa Perú.

Les trois géants

alianzalimaAlianza Lima

Surnom : Los Intimos, les Blanquiazul

L’équipe basée dans le quartier populaire de la Victoria n’est plus à présenter (son histoire : L’histoire d’un nom (14) : Alianza Lima). C’est le champion en titre après plusieurs années de disettes. L’Alianza a tout simplement remporté l’Apertura et le Clausura, meilleur club de 2017. Fin des débats. La période des transferts a plutôt été bien gérée par le club puisque hormis le départ de Luis Aguiar, pour le Nacional de Montevideo, la plupart des cadres et artisans du titre ont renouvelé leur contrat. Cette année, garder sa couronne durement acquise est le principal objectif du club. Engagé en Libertadores dans un groupe plutôt relevé avec l’ogre Boca Juniors mais aussi Palmeiras, les Blanquiazules vont essayer de faire bonne figure même si une qualification relève du miracle.

Le joueur à suivre : Leao Butron, le gardien a été désigné meilleur joueur du Descentralizado 2017, rien que ça ! À 40 ans, on attend encore une grosse saison qui pourrait être sa dernière ?

universitarioUniversitario de Deportes

Surnom : La U, les Cremas

Le grand rival, l’ennemi intime de l’Alianza Lima et le club le plus populaire du pays selon ses hinchas (son histoire : L’histoire d’un nom (17) : Universitario de Deportes). La U traverse actuellement une crise financière avec une dette de plusieurs centaines de dollar, comme un club européen mais sans les mêmes revenus. Sportivement, le club a raté sa fin de saison alors qu’il était encore candidat au titre à quelques journées de la fin du championnat et a donc fini quatrième. Plusieurs cadres quittent le navire : Alberto Rodríguez le capitaine brillant avec la sélection, Carlos Cáceda, le gardien qui a sauvé et maintenu son équipe à flots, Alexi Gómez, le meilleur joueur et promesse du football péruvien et enfin Luis Tejada, le meilleur buteur. Dur pour les Crema, d’autant plus que le club est interdit de recrutement. Pour cette année, plusieurs joueurs des catégories de jeunes intègrent donc l’équipe première. On pense notamment à Paulo De la Cruz (grand espoir du football péruvien, adoubé par Monsieur César Cueto, légende vivante) et Roberto Siucho qui trouvent leur bonheur dans le malheur de leur club de cœur. Cette année sera probablement une saison de transition en attendant des jours meilleurs et en espérant quand même accrocher le maintien.

Le joueur à suivre : Aldo Corzo reste le seul international à jouer dans son pays. Le latéral est l’un des meilleurs du continent à son poste et portera son équipe pour un retour à la gloire.

cristalSporting Cristal

Surnom : Les Celestes

Après avoir remporté l’édition 2016 du Descentralizado, l’autre club historique de la capitale a déçu la saison dernière en proposant des prestations trop irrégulières. On attend toujours beaucoup de ce club et une année sans titre est évidemment mal vécue par les hinchas. Le club a malgré tout décroché une place en Sudamericana pour essayer de faire bonne figure sur le plan continental. Lors du mercato, le club a perdu de très bons joueurs : Irven Ávila (meilleur buteur 2017), Ray Sandoval et Luis Abram tous les 3 partis dans les ligues étrangère. Heureusement, le club a réussi à attirer le buteur argentin et ancien de Montpellier, Emanuel Herrera, qui débarque en provenance des Lobos de Puebla au Mexique. Il pourra aussi compter sur un entraîneur qui a déjà fait ses preuves : Mario Salas, double champion avec la Católica.

Le joueur à suivre : Emanuel Herrera, remplaçant naturel d’Irven Ávila, a toutes les qualités pour s’imposer à l’attaque des Celestes. Son dernier passage au Pérou, du côté de Melgar (13 buts en 21 matchs de championnat, 17 et 27 matchs toutes compétitions confondues) l’ayant démontré.

Ils vont lutter pour le titre

MelgarMelgar

Surnom : El Dominó

L’équipe d’Arequipa fait partie des trois seuls clubs de la province (avec Juan Aurich de Chiclayo et Unión Huaral) à avoir remporté le championnat. Un véritable exploit. Le Dominó a remporté le Torneo de Verano la saison dernière et s’installe comme un favori au titre 2018 même si le début d’année est quelque peu décevant. Le club a en effet manqué son premier objectif, jouer la phase de groupe de la grande Libertadores après une triste élimination face aux chiliens de Santiago Wanderers (lire Copa Libertadores 2018 : l’exploit des Wanderers). Côté mercato, le jeune prodige colombien Omar Fernández et notamment le défenseur international Anderson Santamaria se sont envolés pour Puebla. Le Péruvien est vite surnommé « la muraille péruvienne » par les hinchas mexicain, preuve de son adaptation réussi (Gareca doit surement y jeter un œil en vue du mondial). Pour pallier ces départs, le club compte sur les arrivées de l’excellent John Narváez (ex LDU) en défense et le retour d’un ancien héros maison, Bernardo Cuesta, l’homme dont le but avait offert le titre en 2015.

Le joueur à suivre : Nilson Loyola, le jeune latéral a failli signer au Mexique durant l’intersaison mais est finalement resté parfaire sa formation et sécuriser une place de titulaire dans son club l’année du mondial en Russie. Une excellente idée.

garcilasoReal Garcilaso

Surnom : La Máquina celeste, Garcilazo

Derrière le mythique club Cienciano de Cusco, il y a le jeune Real Garcilaso. Créé en 2009, le club cuzquénien se qualifie pour la Libertadores 2013 et se hisse même en quart de finale en battant le Nacional de Montevideo. Le club se voit alors surnommé Garcilazo. La saison dernière Garcilazo lutte pour le titre jusqu’à la fin et termine deuxième derrière l’Alianza Lima. De quoi s’appuyer cette saison pour continuer à jouer le titre ? Le départ de Danilo Carando, buteur argentin du club, est un coup dur mais l’arrivée du nouveau coach Oscar Ibáñez, qui avait remporté la Sudamericana en 2003 avec le Cienciano permet aux hinchas de rêver. Le club joue la Libertadores cette année et espère bien rééditer ces exploits du passé. Mais pour ça il faudra sortir d’un groupe composé de Santos et d’Estudiantes !

Le joueur à suivre : Alfredo Ramúa, l’Argentin avait signé de belle prestation la saison dernière.

Les outsiders

sbaSport Boys

Surnom : Les Rosados, Les Chalacos, La Misilera

Le champion de Segunda revient dans l’élite après plusieurs années passées à l’échelon inférieur (son histoire : L’histoire d’un nom (28) : Sport Boys). C’est le quatrième club historique du Pérou et il compte retrouver les sommets et son passé glorieux le plus rapidement possible. Pour ce faire, la direction mise sur des joueurs expérimentés, à l’image de ses deux capitaines, le portier Daniel Ferreyra (37 ans) et le milieu Renzo Sheput (36 ans) et recrute en Primera (Gonzales-Vigil, Ciucci…). Le club du Callao signe le coup de l’année en attirant la star et buteur de la U, Luis Tejada. Avec une équipe renforcée et une bonne dynamique, les Rosados peuvent y croire et jouer les premières places.

Le joueur à suivre : Luis Tejada, sera le joueur clé de cette équipe ambitieuse. Le buteur panaméen arrive comme une star mais est aussi attendu au tournant.

utcUTC

Surnom : el Gavilán Norteño (le faucon du Nord)

Le club de Cajamarca se retrouve sans stade homologué par l’Association Sportive Professionnelle et pourrait perdre des matchs à domicile sur tapis vert. Ils vont devoir jouer des matches au stade de Trujillo qui est assez loin de Cajamarca et ne pourront pas compter sur leur hinchas. C’est un coup dur pour les Cajamarquinos qui avaient atteint la finale du Torneo de Verano la saison dernière (perdue contre Melgar) et avaient terminé la saison à la cinquième place de la table annuelle, à égalité de point avec Universitario.

municipalDeportivo Municipal

Surnom : el Muni

Autre club historique de Lima, le Deportivo Municipal est créé en 1935 et gagne quatre titres de Primera. Après plusieurs années en divisions inférieures, le club remonte en 2014 et se qualifie même pour la Sudamericana 2016. Depuis, et cette année, il en sera de même, le club reste un outsider crédible pour les premières places mais dépend surtout de la forme (ou plutôt des méformes) des Melgar, UTC, Univeristario et autres.

La lutte pour le maintien

univsanmartinUniversidad San Martín de Porres

Surnom : los Santos

Le club fut fondé par l’université du même nom en 2004 et intégré directement la première division. Le club est devenu rapidement une véritable machine à gagner entre 2007 et 2010 en glanant trois titres sur cette période. En 2012 le club est en crise et la direction est sur le point de fermer boutique. La Fédération intervient et ajuste les normes sportives et économiques du tournoi Descentralizado afin que l’université puisse à nouveau inscrire son club de football. Depuis cet épisode, le club s’enlise dans le ventre mou et peine à retrouver sa splendeur. On y suivra tout de même avec attention et curiosité les deux jeunes ivoiriens, Franck Amani Anoumou (18 ans) et Aké Arnaud Loba (19 ans).

huancayoSport Huancayo

Surnom : El Rojo Matador

Le club de la montagne (3200 m) jouera sa dixième saison dans l’élite et participe à la Sudamericana pour la troisième année consécutive. Malheureusement, le club a perdu quelques éléments importants à commencer par quatre joueurs qui ont réalisé une belle année 2017, Julio Landauri, Roberto Guizasola, Carlos Preciado et José Montiel, tous partis sous d’autres cieux. Il compte aussi sur l’arrivée de Marcelo Grioni sur le banc pour poursuivre sa série mais le chantier semble suffisamment important pour fixer d’abord comme priorité de se mettre rapidement à l’abri.

sportrosarioSport Rosario

Surnom : El Canalla

La ville de Huaraz est habituellement représentée par le club Sport Ancash qui joue actuellement en division inférieure. Sport Rosario accède à la première division en gagnant la Copa Peru 2016. Après une belle campagne 2017, le club accroche une place en Sudamericana. Cette année, l’objectif sera le maintien en essayant tout de même d’atteindre une place dans le haut du tableau. Pour cela, le club recrute fort et nomme Pablo Abraham sur son banc. L’entraîneur argentin sort de plusieurs expériences plus que moyenne (pour ne pas dire médiocres) au Chili. Cela fait donc beaucoup d’interrogations…

comerciantesComerciantes Unidos

Surnom : Las Águilas

Fondé en 2002, le club est basé à Cutervo, une ville du Nord du Pérou, qui est difficilement accessible car assez isolée et ne disposant pas d’aéroport proche. C’est un déplacement épuisant pour les équipes visiteuse et qui joue peut être en la faveur des Águilas. Néanmoins, le club joue sa survie à chaque saison et cette année ne devrait pas être différente même si l’arrivée sur le banc de Rolando Chilavert (frère de) et sur le terrain de joueurs tels que Jonathan Acasiete, champion en 2015 avec Melgar et auteur d’une excellente année à UTC, ou de l’expérimenté Robert Servín qui renforcera la défense.

unioncomercioUnión Comercio

Surnom : El Poderoso de Alto Mayo

Seul club de l’élite basé dans la forêt amazonienne, l’Unión Comercio voit le jour le 31 janvier 2002. Club formateur de l’international Miguel Trauco (actuellement à Flamengo), il est notamment reconnu pour son centre de formation constitué de jeunes la région amazonienne. Le club fait souvent confiance en ses jeunes et leur offre de belles opportunités. On y suivra tout de même avec attention deux Panaméens qui viennent de rejoindre le club : José González, joueur cadre d’Árabe Unido et Armando Polo, globe-trotter devant l’éternel qui découvrira son neuvième pays à seulement 27 ans.

cantolaoAcademia Cantolao

Surnom : El Delfín

L’autre club du Callao est moins populaire que Sport Boys et joue en première division depuis la saison dernière mais il reste reconnu pour avoir formé Claudio Pizarro, Carlos Zambrano, Yoshimar Yotun en autre. Le club mise beaucoup sur les jeunes en espérant que ce soit la bonne stratégie et se montre peu actif sur le marché des transferts même s’il s’offre lui aussi un joueur ivoirien, Hervé Kambou, qui a déjà connu une expérience au Pérou et a notamment évolué en France du côté de Bastia.

ayacuchoAyacucho FC

Surmon : Los Zorros

Autre club de la montagne (3000 m), Ayacucho fait partie de l’élite un an à peine après sa création en 2008. Le club joue sa survie lors des deux dernières saisons mais la direction a une réelle volonté d’installer le club en première division sur le long terme. Beaucoup de mouvement dans la période de transfert (13 arrivées) a vu l’équipe totalement changer en 2018. Difficile donc de voir ce qu’il peut advenir d’Ayacucho en 2018, ainsi le principal objectit sera évidemment d’assurer rapidement le maintien avant ensuite de montrer un peu plus d’ambition pour les prochaines saisons.

binacionalBinacional

Surnom : El Poderoso del Sur

Son nom remonte à ses origines basées à la frontière entre le Pérou et la Bolivie. Le club a ensuite émigré dans la ville d’Arequipa en 2016 avant de débuter sa folle ascension. Le petit poucet du championnat joue sa première saison dans l’élite. Le club d’Arequipa accède à la Primera en gagnant la Copa Perú 2017 et va ainsi continuer de découvrir l'élite professionnelle.

Romain Lambert
Romain Lambert
Parisien expatrié sur les terres Inca, père d’une petite franco-péruvienne, je me passionne pour le football de Lima à Arequipa en passant par Cusco. Ma plus forte expérience footballistique a été de vivre le retour de la Blanquirroja à une coupe du monde après 36 ans d’absence.