Il y avait un éléphant dans la pièce, un peu trop gros pour qu’on ne le voit pas. Il a suffi que la FIFA se penche sur le dossier…

Ces dernières années, la Malaisie n’a jamais été avare en naturalisation en tout genre. On pense à Mohamadou Soumareh, Ezequiel Aguero ou Endrick qui ont été cruciaux lors de certains matchs. Parallèlement, les efforts pour récupérer des binationaux aux quatre coins du globe ont également porté leurs fruits, avec Dion Cools, Noah Laine, Junior Ekdal ou encore La’vere Corbin-Ong.

Le problème, c’est lorsqu’on essaie de mélanger les deux. Ces derniers mois, on a vu une demi-douzaine de Sud-américains et d’Espagnols rejoindre la sélection sous le statut de « heritage player », donc d’origine malaisienne, et obtenir leurs passeports dans la foulée, s’évitant ainsi les lourdeurs administratives (cinq à dix ans de résidence et maîtrise de la langue). Les dossiers sont envoyés à la FIFA qui a, semble-t-il, approuvé les yeux fermés. Pas de petits profils puisque certains évoluent en Liga (Facundo Garcès à Alavés), précédemment en Turquie (Joao Figuereido à Başakşehir), en Argentine, en Colombie ou au Portugal.

Autre problème, l’opacité totale du processus. Lorsque les autres nations d’Asie du Sud-Est récupèrent des joueurs de la diaspora, elles rendent le processus public tout en retraçant la filiation de leurs familles à la terre d’origine. Rien de tout cela avec la Malaisie qui a pondu de laconiques « une partie de la famille de sa mère vient de là ». Si on ne doute pas qu’il y ait pu effectivement avoir une immigration malaisienne (qui compte également des Chinois et des Indiens) en Amérique latine et en Espagne, le dossier paraît trop gros. Quoiqu’il en soit, la Malaisie est revigorée et enchaîne six victoires en sept matchs, dont un retentissant 4-0 contre le Vietnam à la maison. Une victoire qui vaut son pesant d’or dans la qualification à la Coupe d’Asie 2027. Depuis la nomination de Peter Cklamovski, la Malaisie est sur un petit nuage…

Sauf que la FIFA semble avoir ouvert les yeux. Le verdict est salé. Les sept joueurs suspects sont interdits de football pendant douze mois, la Fédération écope de 350 000 francs suisses d’amende et verrait surtout ses résultats être commués en défaites 3-0 sur tapis vert ! Une suspension pure et simple de la Malaisie pour une ou plusieurs années plane également sur Kuala Lumpur… Johor Darul Ta’zim, le puissant club qui règne sur le championnat depuis bien longtemps, est le plus touché avec trois joueurs hors d’état de jouer !

Du côté de la Malaisie, l’instigateur du projet, et président du Johor Darul Ta’zim, Tunku Ismail Idris (également régent de l’état de Johor), se dit étonné par la volte-face de la FIFA alors que toutes les procédures ont été scrupuleusement suivies. L’accusation de forces étrangères visant à déstabiliser la Malaisie depuis New York (sans le nommer, le président de la fédération indonésienne Erick Thohir) aura du mal à passer et il va falloir fournir des preuves solides et concrètes à la FIFA pour se sortir de la panade. Il ne leur reste plus qu’une semaine pour faire appel.

Boris Ghanem
Boris Ghanem
Chroniques d'un ballon rond au Moyen-Orient, de Beyrouth à Baghdad, de Manama à Sanaa, football sous 40 degrés à l'ombre d'un palmier.