Nacional et Peñarol ne se sont pas mis d’accord cette année pour savoir à quelle journée se déroulerait le clásico, et on donc laissait le hasard décider. Evidemment, le destin étant farceur, il a choisi le 8 mars, soit à deux jours d’un concert de Maroon 5 au Centenario… Depuis, c’est la guerre entre Peñarol, Nacional et l’AUF.

banutip

Le championnat n’a pas encore démarré que c’est déjà un joli footoire au pays du football. Il est courant en Uruguay que le clásico soit déterminé avant le tirage au sort du championnat à une journée spécifique. Souvent, c’est en fin d’Apertura et Clausura pour le suspense, et en dehors des périodes de Libertadores. Cette année, les deux grands ne se sont pas mis d’accord, suites à de multiples problèmes remontant à la fin de l’année dernière. Résultat : le clásico a été tiré au sort pour la quatrième journée, avec Nacional qui accueille à l’aller et Peñarol au retour. Cela n’arrange absolument pas Nacional, dont le stade, le Gran Parque Central, est actuellement indisponible, en travaux. Ils ont demandé à ce que l’équipe qui accueille soit inter-changé avec le Clausura, mais Peñarol a évidemment rejeté, préférant garder la possibilité de jouer à domicile au retour. Nacional prévoit donc de jouer le match prévu le 8 mars au Centenario…

Sauf que ce dernier est réservé. Le premier week-end de mars était LE week-end qu’il fallait éviter : marche pour l’égalité dans le centre de Montevideo, matchs de Libertadores en semaine (Nacional se déplaçant cette semaine-là à Lima, Peñarol à Curitiba), mais surtout, grand concert de Marron 5 au Centenario le 10. C’est peut-être un détail pour vous, mais dans un pays qui voit rarement des célébrités autres que des footballeurs, c’est un petit événement. Les organisateurs du concert des yanquis ont demandé à avoir les clefs du stade cinq jours avant le concert, ce qui rendrait impossible d’y jouer le clásico. Peñarol propose de jouer le match dans un stade de l’intérieur (ce qui reviendrait à jouer devant un public partagé, Nacional est donc contre), alors que Nacional presse l’AUF de reporter d’une semaine la quatrième journée, quelques jours après le tirage au sort durant lequel l’AUF s’était engagé à respecter le calendrier et à ne plus faire de reports intempestifs comme l’année dernière. Si la journée était reporté d’une semaine, le Centenario risque également d’avoir une pelouse dans un salle état après le concert, on se souvient des employés de la ville peignant en vert la terre pour la faire passer pour de la pelouse après le concert des Rolling Stones. L’organisme qui gère le Centenario (le CAFO, cogéré par l’AUF et la ville de Montevideo) a communiqué sur le fait que les statuts de la CAFO indiquent clairement la priorité donnée au football, et que donc le concert pourrait être annulé faute d’accord avec les Américains, pour pouvoir organiser le clásico à la bonne date. L’annulation à quelques semaines seulement d’un concert prévu de longue date couterait cher dans ce cas, et l’AUF ne semble pas prête à assumer ce coût, alors même qu’ils cherchent d’autres rentrées d’argent pour entretenir ce vieux monument qu’est le Centenario…

On ne sait pas encore où se jouera le match, mais en attendant de savoir qui l’emportera, il a déjà hérité d’un nom fort peu flatteur : après les clásicos de la valise, de la bombonne de gaz, de la fuite, de la poule gonflable, nous verrons donc en ce mois de mars le clásico de Marron 5. Ce qui est toujours plus glorieux pour le groupe américain que dix minutes de medley en play-back pendant la finale de football américain.

Jérôme Lecigne
Jérôme Lecigne
Spécialiste du football uruguayen, Suisse de l'Amérique du Sud, Patrie des poètes Jules Supervielle, Juan Carlos Onetti et Alvaro Recoba