À la veille du retour du football en Uruguay, les choses continuent de bien se passer, aussi bien au niveau sanitaire qu'au niveau footballistique. Les clubs ont enchaîné les amicaux depuis bientôt trois semaines, et sont prêts pour le cinquième acte, le plus important de tous depuis si longtemps : la quatrième journée de l'Apertura 2020 du glorieux championnat organisé par l'Association Uruguayenne de Football.
Le plan en quatre étapes, dévoilé début juin par le gouvernement, arrive à échéance : après la phase de tests collectifs, après la reprise des entraînements individuels, puis les entraînements collectifs, et la phase des amicaux, le football reprend ses droits en terres orientales, ses terres. Ce plan avait reçu beaucoup de critiques, notamment des journalistes pour qui la reprise était trop lente, journalistes qui comparaient la situation à l'Italie ou l'Allemagne qui avaient repris de longues dates. Mais les autorités sanitaires auraient quant à elles sans doute préférées attendre un peu, sachant que tout plan contre un virus est un château de cartes. Finalement, le compromis construit par l'AUF (Ignacio Alonso), le secrétariat au sport (Sebastián Bauzá) et le ministère de la santé semble précis, directif et rien ne semble plus pouvoir arrêter la reprise du championnat samedi prochain. Et la comparaison avec de nombreux autres pays semble flatteuse, pour le moins.
Le calendrier des quatrièmes et cinquièmes journées de l'Apertura ont ainsi été dévoilés avec l'absence de journée en milieu de semaine pour pouvoir juger du protocole et protéger les joueurs d'une reprise trop violente. Pour la première fois de l'histoire, tous les matchs seront retransmis, contrepartie à l'absence de public autorisé dans les stades. Il a été validé que Cerro Largo (équipe la plus distante du championnat) jouera des séries de deux matchs à domicile puis deux matchs à l'extérieur pour limiter les déplacements de six heures en bus de l'équipe. Le championnat reprendra ce samedi 8, avec six matchs. Le premier sera déjà une affiche avec Rentistas, leader avec trois victoires en trois matchs à la fin de l'été, qui recevra dans son complexe, l'une des meilleures équipes du championnat, vainqueur en début d'année de la Supercoupe Uruguayenne, Liverpool. Le match démarrera à 9h45 en Uruguay (14h45 HF) et sera suivi par Cerro – Plaza Colonia, Danubio – River Plate, Defensor Sporting – Torque, puis, à 20h en Uruguay Deportivo Maldonado – Cerro Largo en même temps que Fénix – Progreso. Fénix – Progreso devait se jouer le dimanche matin à 9h mais les médecins du club mi-violet ont obtenu le report en indiquant qu'après une telle période d'inactivité, les joueurs auront du mal à fermer l’œil de la nuit et qu'il était dangereux de les faire jouer si tôt. Il n'y aura donc que deux matchs dimanche, Boston River – Wanderers le matin, et, évidemment, le match le plus important du mois d'août à bien des niveaux, Nacional – Peñarol à 15h, soit 20h en France.
Il a aussi été annoncé que la deuxième division commencerait, qu'elle se jouera les lundi et mardi, tous les matchs se jouant à la suite au stade Charrúa, ils seront aussi tous retransmis, pour évidement la première fois de l'histoire. L'occasion de revoir Arévalo Ríos, meilleur milieu de terrain du monde en 2010, qui jouera cette saison au sein du club de Sud América.
Le protocole sera strict au départ, avec notamment l'interdiction d'embrassade sur les buts, une désinfection des installations, et des tests réguliers et aléatoires sur non seulement les effectifs du club mais aussi les portiers, les cuisiniers, tout le personnel qui participe à la vie footballistique. Une minute de silence sera respectée pour les personnes qui ont perdu leur vie à cause du virus, l'une des trente-cinq victimes uruguayennes étant notamment un vice-président du club de Rentistas.
En attendant, ces derniers jours ont été bercés par des débats stériles entre Peñarol et Nacional, et cela nous manquait horriblement. Peñarol, en période d'élections, a décidé de peindre ses trois tribunes qui étaient restées couleur béton, et évidemment une des tribunes sera recouverte du mot DECANO. On a aussi beaucoup parlé de 1918, année durant laquelle Nacional a refusé de jouer un match contre Peñarol pour cause de grippe espagnole, avec débats d'historiens, correctifs apportés aux journalistes... Les joies du football uruguayen, des joies simples, des joies saines, des joies éternelles comme le temps. Les violons reprennent, la symphonie orientale est en marche.