Ce n’est pas la défaite au Guatemala pour inaugurer les qualificatifs de la zone CONCACAF qui fait le bonheur des supporters cubains, mais le début en sélection d’Onel Hernández, le premier joueur né à Cuba à évoluer dans un championnat majeur européen, en Premier League et de trois autres joueurs évoluant hors du pays.
Les suiveurs du foot cubain attendaient avec impatience ce match au Guatemala, dans la capitale Guatemala City (finalement perdu 1-0). Non pas pour espérer se qualifier pour le Mondial 2022 mais pour voir enfin débuter en sélection nationale Onel Hernández et trois autres joueurs évoluant à l’étranger, après plusieurs mois, voire années, de forcing auprès de leur fédération et d’attente pour revêtir ce maillot (lire l’article qui lui est consacré dans le 12e numéro de notre magazine). Jusqu’à il y a peu, le sélectionneur cubain, quel qu’il soit, n’avait pas la possibilité de sélectionner les meilleurs joueurs cubains à disposition. Le championnat local étant totalement amateur et largement sous-équipé, les meilleurs talents évoluent, de fait, à l’étranger.
Mais le régime cubain étant très particulier, énormément de domaines de la vie de l’île sont politisés, le sport et plus particulièrement le football n’y échappent pas et le gouvernement s’en mêle allègrement, sans que ce ne soit officiel. Les joueurs cubains évoluant à l’étranger se divisent en plusieurs catégories : Les « légaux », ceux transférés légalement depuis Cuba, qui se comptent sur les doigts d’une main et qui évoluent dans des ligues mineures (comme la seconde division du Nicaragua, ou en République Dominicaine). Les « illégaux », ceux ayant fui illégalement le pays, que ce soit pour jouer au foot au d’autres raisons. Enfin, les « éligibles », qui sont ceux qui ont émigré légalement de l’île, non pas grâce à un contrat de footballeur, mais pour d’autres raisons, et qui sont devenus footballeurs professionnels. C’est cette catégorie qui posait problème, car les joueurs étaient effectivement éligibles pour la sélection, mais le gouvernement ne souhaitait pas les voir apparaître en équipe nationale pour éviter d’en faire des exemples d’émigration réussie. Et pourtant ce n’est pas l’envie de certains de ces joueurs de représenter leur pays, comme dans le cas d’Onel Hernández.

La nouvelle de sa convocation n’est pas arrivée seule, puisque ce sont trois autres joueurs expatriés qui ont également renforcé l’équipe : le défenseur Carlos Vázquez Fernández, qui évolue au CDA Navalcarnero en troisième division, l’attaquant Joel Apezteguía, qui évolue à Saint-Marin (après avoir évolué aussi en Moldavie et en Albanie) et le défenseur Jorge Luis Corrales, qui évolue aux États-Unis, au Tulsa FC en USL, après avoir évolué à l’Impact de Montréal. Le 24 mars marquait ainsi un tournant dans le football à Cuba, qui se donne enfin des moyens de progresser avec l’apport de joueurs ayant une réelle expérience du haut niveau et du professionnalisme. Qui plus est, cet évènement a eu un fort impact social auprès de la population cubaine. Précisons aussi que le match a été diffusé en direct sur Tele Rebelde, une des chaînes d’état, ce qui est assez rare pour être souligné.
Enfin des signes encourageants pour la sélection, qui est tombée très bas, au 180e rang mondial du classement FIFA, sa pire position depuis la création de ce classement et se retrouve à peine au-dessus du Liechsteinstein et de Macao. Cuba est dans le groupe C de qualification de la zone CONCACAF pour la Coupe du Monde 2022 en compagnie de Curaçao, du Guatemala, des Îles Vierges Britanniques et de Saint-Vincent et les Grenadines.


