L’Argentin Gerardo Martino est probablement le sélectionneur du Mexique le plus décrié à l’approche d’un Mondial. Sa cote a chuté et les Mexicains sont pessimistes alors que le sélectionneur semble vouloir mourir avec ses idées. Pourtant, "el Tata" faisait l’unanimité avant le COVID-19. Alors, Tata Yoyo, qu’est-ce qu’il y a sous ton grand chapeau ?

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Trois petites réponses et moins de cinq minutes de conférence de presse. C’est la dernière image du Tata Martino avant cette Coupe du Monde, lors d’une conférence donnée aux journalistes mexicains à Girone, là où s’entraînait El Tri, avant de s’envoler pour le Qatar. Une crispation palpable alors que le sélectionneur argentin - qui dirigera son deuxième Mondial après avoir mené le Paraguay en quarts de finale en 2010 - ne compte plus beaucoup de soutiens au Mexique.

Jeu ennuyant, effectif incompréhensible

Les raisons de ce désamour s’accumulent. La sélection s’est qualifiée sans encombre pour la Coupe du Monde, mais avec un jeu ennuyant et peu attractif, en témoignent les sept purges observées sur la phase retour de qualification, dont deux 0-0 face aux États-Unis et au Costa Rica à l’Estadio Azteca, ainsi que six petits buts inscrits sur ces sept rencontres d’octogonal.

Le choix des joueurs pose également question. El Tata semble s’attacher à l’expérience, à la fidélité et à la dynamique de groupe en oubliant parfois les qualités intrinsèques de ses joueurs. Aux cages, l’absence inexplicable dans le groupe du très bon Carlos Acevedo, relève d’Ochoa pour 2026, a fait polémique ; en attaque, celle du co-meilleur buteur de Ligue Europa, Santiago Giménez (Feyenoord) au profit de Funes Mori, incontournable selon Gerardo Martino malgré sa mauvaise année à Monterrey, a terminé d’achever les Mexicains, si bien que l’on se demande ce qui se trame dans la tête du sélectionneur. S’ils étaient français, il serait déjà affublé de Tata Yoyo au lieu de simplement Tata Martino.

Pas de jeunes, pas de projet à long terme

C’est surtout l’absence de projet à long terme qui pose question, puisque le Mexique co-organisera la prochaine Coupe du Monde 2026 avec les États-Unis et le Canada ; seul l’effectif iranien est plus vieux, et le plus juvénile des vingt-six Mexicains est Kevin Álvarez (Pachuca), déjà âgé de vingt-trois ans. C’est simple : Martino a décidé de se passer de tous ses jeunes, dont Diego Lainez, qui n’a jamais déçu en sélection, et la Fédération mexicaine de football n’a jamais poussé el Tata à préparer le tournoi qui se déroulera dans quatre ans.

Cette incompréhension qui entoure les choix du sélectionneur, l’assurance que son bail terminera une fois la compétition terminée et le spectacle déplorable sur la pelouse n’enthousiasme personne au Mexique. Seul le niveau de l’adversaire donne de l’optimisme : certes la Pologne possède de grandes individualités comme Robert Lewandowski et Piotr Zieliński, mais elle ne fait pas le jeu et déçoit régulièrement en phases finales des grandes compétitions, une lueur d’espoir qui mènent les observateurs à considérer une qualification au prochain tour.

Déjà un match couperet

Pourtant, Martino avait parfaitement débuté à la tête du Mexique. Arrivé en 2019, il n’avait perdu qu’une rencontre fin 2019, la seule en dix-neuf matchs. À la faveur d’un jeu séduisant, El Tri s’était offert le scalp du Chili, des Pays-Bas, des États-Unis, du Japon, de la Corée du Sud ou encore de l’Équateur. Mais la COVID-19 est passé par là et le Mexique a enchaîné les déceptions et depuis 2021 a accumulé dix défaites en quarante matchs dont quatre face aux États-Unis. La rencontre de ce mardi (coup d’envoi 17 heures) apparaît déjà comme un match couperet avant d’affronter l’Argentine puis l’Arabie saoudite. Mais les Mexicains tentent de se rassurer en pensant qu’en 2018, le sélectionneur colombien Juan Carlos Osorio était aussi décrié et que le Mexique avait finalement battu le champion en titre allemand lors du premier match. Mais les certitudes dans le jeu étaient bien plus grandes et l’effectif plus talentueux.

 

Photo : ALFREDO ESTRELLA/AFP via Getty Images

Fred