Coup d'envoi des éliminatoires sud-américains cette nuit. On vous présente les enjeux de cette première journée.

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Paraguay – Pérou, 0h30

S’il y a bien deux nations qui espèrent retrouver un Mondial et voient en le passage à quarante-huit une belle opportunité, ce sont bien Paraguay et Pérou. Deux formations qui abordent cependant les éliminatoires avec des situations bien différentes.

Du côté des Guaraníes, on n’oublie cependant pas que même avec ce nouveau format, les trois dernières campagnes n’auraient pas permis une qualification directe, seul 2018 aurait vu le Paraguay disputer un barrage. Dès lors, la mission de Guillermo Barros-Schelotto, qui a perdu ses deux matchs disputés face au Pérou à la tête de l’Albirroja, est simple : il faut prendre des points à domicile, chose que sa sélection n’a pas su faire lors de la précédente campagne (deux victoires, quatre nuls et trois défaites). El Mellizo s’attend à un match « très dur, hâché, peu de jeu, peu d’espaces ». Tout un programme. Le Paraguay ne pourra pas compter sur son nouveau diamant, Julio Enciso, touché au ménisque, mais peut s’appuyer sur de nombreuses certitudes : « Aujourd’hui, on connait bien mieux le football et le joueur paraguayen. On a pu mener une meilleure analyse, nous rapprocher des joueurs, les faire jouer ». Barros Schelotto s’appuiera donc sur du classique, se passe de quelques noms qui font parler d’eux, notamment Adam Bareiro, auteur d’une remarquable campagne de Sudamericana avec San Lorenzo, et fait appel à de nombreux « Argentins », citons Santiago Rojas, gardien de Tigre, Robert Rojas, ex-River désormais à Tigre, Blas Riveros et Ramón Sosa, de Talleres, Andrés Cubas, né en Argentine, tout comme el Kaku Romero Gamarra, ou encore Gabriel Ávalos, le buteur d’Argentinos. Reste à savoir si tout cela sera suffisant pour bien lancer une campagne porteuse d’espoirs. Le Paraguay peut se rassurer en se rappelant qu’il a toujours marqué à domicile face au Pérou en éliminatoires et qu’il n’a perdu que deux fois sur dix-huit en ouverture d’une phase de qualification mondiale, en 1970 face au Brésil et en 1994, face à l’Argentine.

Se rassurer, le Pérou peut également le faire en se reposant sur les statistiques. Les deux dernières visites de la Blanquirroja en terres guaraníes se sont soldées par un nul et une victoire, elle n’a pas perdu un match d’ouverture face au Paraguay, affiche de cinq des six dernières campagnes. Pour le reste, les questions sur le renouvellement générationnel sont omniprésentes. À la décharge de Juan Reynoso, la composition de sa liste n’a pas été des plus faciles, neuf « habitués » de la sélection étant écartés pour des raisons de blessures. Citons Carlos Zambrano, Alexander Callens, Gianluca Lapadula, Anderson Santamaría, Pedro Aquino ou encore Edison Flores et Christian Cueva. Ces deux derniers cas font parler puisque si la fédération a communiqué sur leur absence pour blessure, tous deux seront alignés en championnat ce week-end ! Une situation qui est vue comme un changement de paradigme en sélection d’avec l’époque Gareca où la construction du groupe avec peu de modifications prévalait, Reynoso s’adaptant aux formes du moment. Reste tout de même que Flores et Cueva ne semblent pas forcément faire partie du plan du sélectionneur, en témoigne les derniers amicaux. Reste aussi que le Pérou qui initie cette campagne n’est pas bien différent des précédents, on y croisera toujours les Advíncula, Trauco, Tapia, Yotún, Cartagena, Carrillo et surtout Paolo Guerrero. Le buteur presque quarantenaire sera donc encore le leader de ce groupe. Pour les jeunes, Reynoso doit se passer de Jhilmar Lora et Bryan Reyna mais a inclus Piero Quispe, Joao Grimaldo, Jostin Alarcón et Jhamir D’Arrigo. Nombreux sont ceux à espérer voir les deux premiers cités entrer à Ciudad del Este.

Colombie – Venezuela, 1 heure

Avec cette nouvelle formule, ne pas voir la Colombie dans les équipes qualifiées directement au Mondial serait certainement un échec bien plus gros que celui de Reinaldo Rueda. La sélection cafetera a entamé un nouveau cycle avec le départ progressif de certains cadres comme le meilleur buteur de l’histoire de la sélection, Radamel Falcao, et le plus capé de l’histoire de la sélection, David Ospina. Parmi les historiques on retrouve Juan Guillermo Cuadrado (pas certain qu’il aille au bout de ces éliminatoires), Juan Fernando Quintero (même interrogation que Cuadrado) et le très contesté James Rodríguez. Les « nouveaux » cadres s’appellent désormais Carlos Cuesta, Daniel Muñoz, Jefferson Lerma et Rafael Santos Borré. Enfin, certaines « nouvelles » têtes apparaissent comme Jhon Jáder Durán, Richard Ríos ou Devis Vásquez. Si les deux derniers ne sont pas amenés à être titulaire dans un premier temps mais pourraient avoir un rôle à jouer d’ici quelques mois, le premier cité est amené à être le buteur de cette sélection. Si on en croit le dernier onze aligné par le sélectionneur argentin, il pourrait être aligné aux côtés de Rafael Santos Borré ou seul en pointe d’un 4/2/3/1. Un peu plus d’un an après son arrivée Néstor Lorenzo n’a toujours pas connu la défaite sur le banc de la sélection (bilan de six victoires et deux matchs nuls). Sa dernière victoire en Allemagne lui a offert du crédit et lui laissera un peu plus de temps en cas de tempête.

Le principal défi de cette sélection sera de beaucoup plus performer à la maison puisqu’elle n’avait gagné que trois rencontres à domicile lors de la dernière campagne. Si Lorenzo avait ouvert la porte à une rotation des stades elle a très vite été refermée par le boss qui a annoncé que les neuf rencontres auront bien lieu à Barranquilla.

La réception du Venezuela est une bonne occasion d’ouvrir la campagne de la meilleure des manières. Du côté de la Vinotinto, les espoirs sont tout aussi grand, Fernando Batista ayant rappelé que « tout ne dépend que de nous, nous devrons être intelligents mais nous avons toutes les armes pour être compétitifs ». Le souci de la compétitivité se pose en déplacement pour le Venezuela qui n’a gagné que sept de ses soixante-dix-huit déplacements en éliminatoires (soixante-deux défaites) et n’a marqué que deux buts en Colombie, lors des deux seuls matchs conclus sans défaite (victoire 1-0 en 2003, match nul 1-1 en 2011). Reste que Batista dispose d’un groupe qui est un remarquable mélange d’expérience – Salomón Rondón, Josef Martínez, Tomás Rincón – et de plus jeunes qui possèdent déjà une solide expérience – Jon Aramburu, Jefferson Savarino, Yangel Herrera, Sergio Córdova. Pour les futures générations, les Yerson Chacón et autre David Martínez (ce dernier restant avec les U17), l’heure n’est semble-t-il pas encore venue. Preuve aussi que le groupe actuel est arrivé à maturité, il est celui qui doit décrocher le premier billet mondial de l’histoire du pays. Et pour y parvenir, mieux vaudra initier du bon pied.

Argentine – Équateur, 2 heures

Dernier match de la nuit, celui des champions du monde. Que dire sur la sélection argentine qui n’a pas déjà été dit. Depuis la prise en main par Lionel Scaloni, l’Argentine est devenue une véritable machine à victoires. Son groupe a su se renouveler tout en restant porté par ses cadres que sont les Otamendi, Di María et bien évidemment Messi. Si l’on a encore du mal à imaginer voir la Pulga tenir jusqu’à la Coupe du Monde 2026, nul doute qu’il va conserver un rôle essentiel durant une grande partie de la campagne d’éliminatoires, la prochaine Copa América semblant être le prochain (dernier) grand défi de l’homme de Miami. Pour le reste, le sélectionneur n’a pas bouleversé un groupe qui se connait par cœur, qui fut titré en décembre dernier et lancera donc sa première campagne avec un maillot triplement étoilé. Au point que ceux qui n’ont pas suivi l’Argentine depuis ne devraient pas être dépaysés. Dibu Martínez, devenu objet de toutes les haines en France, sera encore dans les buts, les Alexis Mac Allister, Enzo Fernández et Julián Álvarez, essentiels au Qatar, seront encore là. Pour trouver quelques surprises, il faut donc regarder du côté du banc où Scaloni commence à appeler quelques petites nouveaux, des U21 comme Facundo Buonanotte, Alejandro Garnacho ou Alan Velcaso, ou encore Lucas Beltrán, récompensé de sa formidable saison avec River. C’est donc un groupe plein de certitudes qui se prépare à entamer sa défense de titre et peu imaginent cette équipe souffrir pour y parvenir.

Attention tout de même à ce match d’ouverture. Si l’Équateur n’a plus vaincu l’Argentine en éliminatoire depuis la victoire – en Argentine – 2-0 de 2015 et si l’Albiceleste reste sur vingt-et-un matchs sans défaite en éliminatoires – troisième meilleure série de l’histoire, il faudra se méfier de la Tri version Félix Sánchez Bas. D’une part car l’Équateur est sans aucun doute la nation du moment dans la zone, tant au niveau des clubs que des sélections, d’autre part car l’expérience accumulée par cette génération au Qatar va compter. Enfin, car la qualité déborde à chaque ligne, même si le choix du sélectionneur de ne convoquer que vingt-trois joueurs fait parler, en particulier par les absents que cela entraîne (citons le cas Leo Campana ou Dixon Arroyo, dont nombreux suiveurs parlent depuis le début de l’ère Messi en MLS, ou encore Miguel Parrales, auteur de quinze buts en dix-neuf sorties en championnat équatorien et que certains auraient aimé voir en sélection). Une sélection qui fait aussi et surtout parler par le manque de ressources dont Félix Sánchez Bas dispose, notamment devant où si la présence d’Enner Valencia ne souffre d’aucune contestation, l’unique alternative se nomme Kevin Rodríguez, récent transfuge à l’Union Saint-Gilloise, Jhojan Julio n’ayant pas un profil d’avant-centre. Pour le reste, malgré les absences de Piero Hincapié, pas encore remis de sa blessure, de Diego Palacios, écarté des terrains depuis quelques semaines ou encore d’alternatives de poids que seraient des Pedro Vite ou autre Jeremy Sarmiento, les regards se tourneront vers les présents et un onze de départ qui a de quoi menacer l’Argentine. On y suivra évidemment les « Anglais » Pervis Estupiñan et Moisés Caicedo, mais aussi le petit diamant du football local, déjà transféré à Chelsea malgré ses seize ans, Kendry Páez. Un joyau qui pourrait, en cas de présence sur le terrain face à l’Albiceleste, faire tomber le record de Diego Maradona en devenant le plus jeune joueur de l’histoire à prendre part à des éliminatoires sud-américains. Rien que ça.

 

 

Avec Pierre Gerbeaud (Colombie)

Nicolas Cougot
Nicolas Cougot
Créateur et rédacteur en chef de Lucarne Opposée.