Cette semaine, c’est la Rivalry Week en Major League Soccer ; une semaine où toutes les rivalités prennent place grâce à une petite organisation au niveau du calendrier. Pour l’occasion, Lucarne Opposée vous fait vivre et vous explique les histoires derrière ces affrontements en cinq volets.

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Les sports US ne sont pas dénués de rivalités sportives, loin de là. Mais peuvent-elles prétendre à ne serait-ce qu’une partie de l’impact qu’ont les rivalités dans le soccer ? L’ambiance, l’animosité et surtout la rivalité entre les différentes équipes y est très différente, et les fans d’autres sports n’abordent pas ces rencontres de la même manière. Pour n’importe quel championnat, ces affrontements – surtout les derbies géographiques- sont d’excellentes vitrines pour promouvoir une ligue. Qui ne s’est jamais rêvé au cœur d’un Boca-River, d’un Rangers-Celtic ou d’un Galatasaray-Fenerbahçe ? La MLS l’a bien compris. Pour les fans extérieurs, tout comme pour ceux à l’intérieur, un derby régional a tout d’un match particulier, c’est une opportunité incroyable pour avoir plus d’audimat, plus de passions en tribune, de beaux duels sur le terrain et de belles histoires qui créent l’histoire d’une compétition.

Dès ses débuts, en 1996, elle a tenté de façonner à sa façon des duels régionaux ou non, pour les promouvoir, parfois de façon très maladroite. Géographiquement, c’était dur à ses débuts avec seulement une dizaine de franchises présentes. Adrian Healy se rappelle très bien de ces premières années, quand la ligue tenta de construire des rivalités battit de rien, sans gros succès et explique pour Awful Announcing : « Ils avaient l’habitude par exemple de vendre Dallas contre Chicago, et d’appeler ça la Brimstone Cup. Ils ont fait un paquet de différentes coupes comme ça entre des équipes qui n’avaient rien en commun, comme Columbus et Toronto. Franchement, ça servait à rien et tout le monde s’en foutait ». Il continue « Aujourd’hui, au moins, on n’a peut-être pas l’histoire des plus grands derbies, mais on a une vraie légitimité et authenticité ».

Plusieurs raisons expliquent ce rapide changement. Onze des 23 équipes présentes aujourd’hui dans la ligue n’étaient pas là en 2008. Les rivalités se sont construites avec le temps, en même temps que les équipes se succédaient et que la MLS grandissait. Elles sont construites sur des rivalités proprement régionales, qui ne sont ni semblables à celles qu’on trouve en Europe, ni en Amérique Latine. Elles sont pour la plupart jeunes et chaque rencontre définit une histoire qui pourrait rester pendant des décennies. Certaines rivalités sont proches, pour la domination d’une ville. Certaines sont plus lointaines, décidant d’un champion régional, certaines traversent même des frontières. Certaines sont poussées par la ligue, d’autres créés par et pour les fans. Certaines vont arriver au gré des expansions, d’autres se meurent. Bienvenue dans le pays où on ne naît pas dans une équipe, car ses parents supportaient la même, mais où on la choisit, car on l’aime.

Les derbies méconnus

En dehors des quatre grands articles qui arriveront bientôt sur Lucarne Opposée, voici un petit avant-goût des rivalités moins connues de la ligue.

La Brimstone Cup : Celle-ci n’a aucune logique, et se joue entre Chicago et… Dallas. Elle fut créée aux balbutiements de la ligue par les fans des deux équipes, qui étaient les premiers à l’époque à faire des kilomètres pour supporter leur franchise de l’autre côté du pays. Après quelques hostilités, ils décidèrent de créer un réel « Clásico » entre les deux équipes, une rivalité qui est aujourd’hui complètement oubliée. Cependant, dans ces premières heures les fans la prenaient à cœur et certains affrontements entre supporters étaient même à déclarer.

L’Heritage Cup : Le concept de la coupe ? Créer une rivalité entre les « clubs historiques », c’est-à-dire ceux dont le nom existait déjà en North American Soccer League dans les années 70. Les San José Earthquakes et les Seattle Sounders furent les premiers à y venir, mais firent face au refus des Vancouver Whitecaps et des Portland Timbers lorsque ces derniers rejoignirent la ligue en 2011, et la coupe se jouent donc seulement à deux, devant des fans pour qui l’affrontement n’a aucune signification.

La Pioneer Cup : Lamar Hunt est un homme très important dans le paysage footballistique américain. Investisseur fortuné, il fut l’un des premiers à croire dans l’essor du soccer aux États-Unis et investit aux débuts de la ligue dans le FC Dallas et le Columbus Crew, créant une rivalité étrange en sa mémoire. Le trophée de l’US Open Cup, l’équivalent de la Coupe de France, porte aussi son nom.

Derby de l’Ohio et Derby de Floride : Ces deux rivalités devraient émerger dans les années à suivre, d’une part entre le Columbus Crew et le FC Cincinnati (qui arrive en 2019 en MLS), de l’autre entre Orlando et la franchise de Beckham à Miami, qui devrait rejoindre la ligue dans les prochaines années (il y avait déjà au début de la MLS une rivalité dans l’état de Floride, entre le Tamba Bay Mutiny et le Miami Fusion, mais les deux franchises ont disparu).

La Rocky Moutain Cup : Cette coupe se joue entre le Real Salt Lake et les Colorado Rapids, pour la domination des montagnes, les deux clubs se situant dans les régions d’altitude. Si le match est un must-see pour les supporters des deux équipes, il n’est cependant pas encore populaire au sein de la ligue même. Le niveau des deux équipes, surtout celui de Colorado depuis quelques années, ainsi que les marchés assez limités des régions en question ne permettent pas un essor fantastique pour la coupe, malgré quelques beaux affrontements.

Le Texas Derby : Le plus grand des moins connus, il aurait pu avoir sa propre page si les deux équipes qui s’y affrontaient, le FC Dallas et le Houston Dynamo, n’étaient pas si inconstantes, surtout le Dynamo, ne créant donc peu de moments mémorables. En effet, depuis l’arrivée d’une franchise MLS à Houston en 2006 les deux équipes tentent de remporter la domination de l’État du Texas dans un derby très particulier puisqu’adoré par les fans. Les deux villes représentent bien la dualité de l’état du Texas, entre Dallas qui est la plus connue, là où vit l’économie de l’État, et Houston où tout est plus calme et où la vie y est tranquille. La rivalité connue réellement son point d’orgue en 2006, lorsque Houston gagna sa première MLS Cup… sur le terrain de Dallas. La particularité de la rivalité entre les deux villes est sa récompense ; ici point de coupe, mais le champion remporte une réplique d’un canon du 18ème siècle, El Capitan, qui peut être tiré à blanc après la victoire et rapatrié par le club gagnant. Welcome to Texas.

Il existe enfin de nombreuses autres rivalités en United Soccer League, dans les ligues inférieures et les ligues universitaires américaines, qui seront sûrement un jour abordées sur notre site. En attendant, notre série de la semaine se focalisera sur celles de la MLS en s’attardant désormais sur les plus grandes.

Antoine Latran
Antoine Latran
Rédacteur Etats-Unis pour @LucarneOpposee et @MLShocker, à suivre sur @AntoineLatran et @FrenchSounders