Pour Cahill et les Socceroos, le bilan n'est pas si négatif

Dernier épisode de nos bilans, l’Asie et ses trois représentants. Si aucun n’a franchi le premier tour, il semble surtout que le paysage footballistique local soit en train de se redessiner.

Et si le paysage asiatique était en train de changer ? Longtemps au-dessus du lot, les japonais et sud-coréens ont montré moins de bonnes choses qu’Iran et Australie, annoncés victimes expiatoires de leurs groupes respectifs.

Trois points sur 36 possibles, 9 buts inscrits, 25 encaissés. C’est avec une performance d’ensemble très insuffisante que l’Asie est repartie du Brésil. Pourtant, tous ne tireront pas les mêmes conclusions à l’heure du bilan.

Japon et Corée du Sud : le délicat retour sur terre.

Le Japon rentre du Brésil avec les mêmes interrogations

Annoncé meilleure chance, le Japon outre la déception que son résultat génère, inquiète. Lors de l’entretien que nous avions réalisé auprès de supporters des Samurais Blue en 2010, l’un des éléments expliquant la difficulté rencontrée par la sélection nationale à franchir le palier faisant suite à la belle prestation de 2002 était le sélectionneur. Okada était alors pris pour cible et secrètement, les supporters nippons attendaient l’arrivée d’un sélectionneur d’envergure internationale. C’était donc avec de grands espoirs qu’ils accueillirent Alberto Zaccheroni. Les premiers pas furent convaincants : une victoire sur l’Argentine, une Coupe d’Asie. Mais depuis 3 ans, le Japon n’a pas progressé. Pire, il continue d’afficher les mêmes lacunes. Malgré le fantastique duel face aux italiens, la Coupe des Confédération n’a finalement pas permis aux Samurais Blue d’engranger l’expérience nécessaire au rendez-vous brésilien. Et le Japon s’est écroulé. Tombés d’entrée face à la Côte d’Ivoire, réduits au silence par la Grèce, les hommes de Zaccheroni ont explosé face à la Colombie. Une fois encore, au moment de franchir un palier, le Japon se rate. Zaccheroni quitte son poste avec un bilan peu flatteur (un pourcentage de succès équivalent au si controversé Okada) et, comme il y a quatre ans, le Japon va donc désormais chercher l’homme qui lui permettra de passer ce cap. Fort heureusement, la génération actuelle est encore jeune, elle aura certainement l’occasion de briller de nouveau.

Constat similaire en Corée du Sud quant à la performance d’ensemble même si la prestation prête plus à débat que celle des japonais. Car les Guerriers Taeguk avaient un groupe largement à leur portée et auront guère fait illusion si ce n’est en obtenant un point face à la Russie version Capello (ce qui relativise la performance). La débâcle face à l’Algérie (que nombre de sud-coréens pensaient inférieure à leur sélection) et la défaite face à la Belgique ont laissé comme un goût amer au pays. Si Hong Myung-bo, le sélectionneur et ancien capitaine demi-finaliste en 2002, évoque une période de transition (déjà évoquée en 2010 par nos intervenants d’alors), il a ensuite dû s’excuser auprès des supporters, évoquant une débâcle conséquence de ses propres lacunes. Le constat est sévère, autant que l’accueil au pays, où les joueurs ont été insultés à leur arrivée : une banderole évoquant la mort du football sud-coréen et un jet de bonbons (je vous laisse lire ce remarquable billet (en anglais) qui explique en quoi le jet de bonbons est une insulte en Corée du Sud). Et comme au Japon, la Corée du Sud va donc désormais chercher l’homme qui la fera entrer dans une nouvelle ère.

Iran et Australie : deux êtres s’éveillent

Iran, la belle surprise asiatique

L’Iran était sans aucun doute la grande inconnue de la zone Asie. Propulsés dans un groupe qui leur semblait hors de portée, les hommes de Carlos Queiroz ont fait plus que se défendre. Un point pris au Nigeria, une défaite sur le fil face à l’Argentine (après s’être créé de multiples occasions de prendre l’avantage) et une dernière défaite face à la Bosnie, les motifs de satisfaction sont nombreux. Car dans l’ombre d’un Ashkan Dejagah, l’une des stars de l’équipe, la force des Lions réside dans le fait que 14 de ses 23 évoluent au pays. Queiroz, l’homme qui contribua à l’expansion du football aux USA, a posé sa patte sur le football iranien qui depuis quelques années brillent en ACL (Esteghlal en demie en 2013, Sepahan en quarts en 2011 et 2012, Zob Ahan en 2011 après sa finale en 2010). C’est toute une dynamique collective qui s’est mise en route dans un pays où le football est en pleine expansion. Avec la reconduction annoncée de Queiroz à la tête de la sélection, l’Iran pourrait être l’une des belles sensations de la prochaine Coupe d’Asie l’an prochain.

« Avec quatre points nous étions passés en 2006 mais pas en 2010. On verra cette année ». Tim Cahill ne manquait pas d’enthousiasme à l’heure d’entrer dans la troisième Coupe du Monde consécutive des Socceroos. Après le tragique épisode Osieck, l’Australie s’en était remise à l’un de ses génies : Ange Postecoglou. Objecitf dans un groupe tel que celui qui leur était proposé : ne pas se contenter de faire illusion et surtout permettre à la jeune génération d’engranger de l’expérience. La mission est accomplie. Car dans l’ombre d’un Cahill ou d’un Bresciano, Postecoglou a profité de cette Coupe du Monde pour ouvrir la sélection aux jeunes Socceroos et leur montrer qu’en jouant libéré, l’Australie pouvait inquiéter les géants. Cette édition brésilienne n’est qu’une première étape : entre la A-league qui n’en finit plus de croître et la prochaine Coupe d’Asie qui se déroulera au pays, l’Australie peut désormais se projeter vers 2018 avec bien plus d’espoirs et de certitudes qu’elle n’en a jamais eu.

Aucun qualifié pour les huitièmes de finale, l’Asie égale ses dernières performances européennes (1998 et 2006) et laisse bien des questions en suspens quant à capacité de rebond. La prochaine édition, en Europe, engage en effet à  peu d’optimisme. Reste qu’avec la confirmation de l’Iran et de l’émergence de l’Australie, le paysage local pourrait bien changer si Japon et Corée du Sud, les deux géants endormis, ne se remettent pas rapidement au travail. La prochaine Coupe d’Asie pourrait bien venir le confirmer.

Nicolas Cougot
Nicolas Cougot
Créateur et rédacteur en chef de Lucarne Opposée.