Pour la première fois depuis 2009, les néo-zélandais parviennent à se qualifier pour les quarts du Mondial des Clubs et affronteront l’ES Sétif samedi. Au terme d’une purge incommensurable, Tade et ses coéquipiers ont sorti Tétouan aux tirs aux buts. Pour le MAT, le lourd fardeau de succéder au Raja Casablanca et redorer le blason du Royaume s’est avéré trop lourd à porter.

«  On leur en colle 3 avant la mi-temps, et on sort voir la deuxième période du Barca en C1 ». Amoureux fous de leur club mais catalans par procuration pour la plupart, les tétouanais sont confiants 3 heures avant leur première expérience de mondialiste face à Auckland. Sur le parking du stade Moulay Abdallah à Rabat, les Rouge et Blanc immortalisent l’évènement, prennent des photos, vendent des maillots collector, bref profitent de l’instant présent.

Pas mal de tuniques du Real et du Barca, quelques supporters de l’AS FAR de Rabat qui ont déboulé des quartiers voisins pour montrer qu’ils sont chez eux, on aperçoit même un maillot de l’Espérance de Tunis (qui rappelons-le est le seul club tunisien à avoir perdu tous ses matchs de Coupe du Monde des Clubs, l’Etoile du Sahel ayant atteint les demi-finales en 2007) sorti de nulle part.

La cérémonie d’ouverture, qui suit l’échauffement d’Auckland et du MAT, peine à faire monter la tension. Au programme : Le hit multilingue d’Ahmed Chawqi, qui avait commis l’irréparable «  Time of our Lives » de Be In Sports pour le Mondial au Brésil l’été dernier, l’hymne du Maroc repris par tout le stade, des jeux de lumière, des fresques peintes, quelques chants des groupes de supporters, et une conclusion : On ne peut s’empêcher de subir l’ambiance un peu feutrée déjà ressentie lors de la finale de Coupe du Trône entre Berkane et le FUS, et se dire que la présence de l’un des deux clubs de Casablanca aurait mis un sacré coup de boost à l’atmosphère.

On voit souvent des articles d’analyse sur le football parler de l’importance de l’expérience et de l’audace dans la manière d’aborder un match décisif. Et malheureusement, ces deux notions ont pris tout leur sens et pesé lourd dans la rencontre d’hier. Dans le camp tétouanais, à part Mohsine Iajour, personne ne possédait un vécu de ce type de match couperet, ni de référence sur ce qu’est une compétition continentale. Une partie de cet effectif n’a connu en Afrique que l’élimination en 32èmes de Ligue des Champions en 2013. Et l’ossature de l’équipe d’Auckland a elle payé le prix fort pour avoir cet aperçu en décembre dernier lors de la dernière Coupe du Monde des Clubs, avec justement Iajour pour bourreau quand il portait le maillot du Raja. Et les barrages perdus des éditions précédentes.

L’expérience, c’est ce qui a manqué au milieu offensif Naim en allant s’empaler plusieurs fois sur la défense centrale néo-zélandaise au lieu de combiner avec ses coéquipiers. L’audace, c’est ce qui a manqué à tous les milieux en se contentant de balancer des longs ballons sur Iajour isolé en pointe, ou en multipliant les phases de possession stérile sans aucune passe verticale.

Résultat : en 120 minutes de jeu chaque équipe s’est procurée une occasion : Iajour cadre une frappe dans la surface mais trop sur le gardien néo-zélandais, et sur un contre orchestré par De Vries, Auckland manque de prendre l’avantage mais l’argentin Tade idéalement décalé tire à gauche des cages du gardien Yousfi.

De Vries, parlons-en. Le numéro 10 sud-africain a bonifié tous les ballons qu’il a eu sur son aile, et facilité les sorties de balle d’Auckland en proposant toujours des solutions de passes à ses coéquipiers. Tous les coups de pied arrêtés offensifs ont été obtenus sur des actions qu’il a enclenché, et l’une de ses accélérations aurait pu mener à un coup de poignard NZ en prolongations si son centre vers Berlanga n’avait pas été un poil trop long. Pour le reste, le champion d’Océanie s’est montré solide et l’arrière-garde a été très rarement inquiétée.

Ca a été suffisant pour atteindre les tirs aux buts, et sur l’ultime tir de la série, après que Yousfi et Williams aient arrêté une tentative chacun, Khallat expédie la balle sur le poteau. Auckland passe en quarts, Tétouan devra désormais se concentrer sur la Botola, et très certainement devoir se passer de Coupe d’Afrique si le Maroc est lourdement sanctionné. Le rêve a vite pris fin.

Farouk Abdou
Farouk Abdou
Actuellement à E-management, passé par Echosciences Grenoble, Le Dauphiné Libéré, Sport Translations et Tunisie foot, Africain volant pour Lucarne Opposee