Sixième Coupe pour le Fath Union Sportif et premier trophée de la jeune carrière d’entraîneur de Walid Regragui, qui a su transcender son groupe et lui permettre d’aborder cette finale dans les meilleures dispositions possibles. Invaincue depuis 16 rencontres, la Renaissance Sportive de Berkane est passée à côté de son match.

Les oranges ont envahi Rabat. Devant la gare, aux arrêts de tramway, à Bab El Hadd (porte de la médina) les supporters de Berkane sont arrivés en masse et affichent leurs couleurs dans une ambiance bon enfant. Echarpes, drapeaux, t-shirts imprimés pour immortaliser l’évènement, tout y passe. La RSB, qui n’a plus été à pareille fête depuis 1987 (dernière et seule finale perdue 4-0 contre Marrakech), a profité et mobilisé le maximum de monde.

La mobilisation, c’est ce qui a souvent manqué au FUS, raillé pour sa propension à ne pas attirer les foules, au contraire de l’imposant voisin de l’AS FAR. Les fans du Fath n’ont pas lésiné sur les efforts, distribué des milliers d’invitations, et ont tout de même vu une partie des leurs bloqués à l’entrée du stade Moulay Abdallah, remis à neuf pour la Coupe du Monde des Clubs en décembre.

Tout l’inverse du coup de bol dont nous bénéficions à l’arrivée au stade, côté Virage Nord là ou les supporters de la RSB affluent. Nous débarquons comme des fleurs à deux heures du coup d’envoi, pour constater que les guichets sont fermés. «  Pas de billets en vente, une quantité précise à été donnée aux deux clubs, si vous n’en avez pas dégagez de devant la grille ! » nous dit un policier. Un de ses collègues, plus conciliant, nous laisse passer par une autre porte : «  Vous êtes neutre ? Ni Rabat ni Berkane ? Alors passez la 1ère grille. Les portiques de sécurité sont 150 mètres plus loin, quelques gars de Berkane trainent avec des billets en rab, vous aurez peut-être plus de chance qu’en restant ici. »

On passe la grille, les stadiers nous regardent passer sans réagir. Et en effet, non loin des portiques, un type avec un bob orange tient une dizaine de tickets et en file un à un gamin. Quand nous l’abordons en lui demandant des places et combien il en demande, il éclate de rire et nous en donne deux : «  C’est gratuit et c’est pour tout le monde, prenez ça et filez ». Jackpot.

Le public des FAR  débarque par solidarité Rbatie…et aussi pour protester

Chaque portion de tribune est délimitée par des barrières et une porte grillagée à son sommet. Au fur et à mesure que les bandes de jeunes supporters de Rabat (à 95% des supporters des FAR) débarquent, les berkanis se décalent vers leur virage. Le flux incessant des supporters est géré avec peine par les services de sécurité, et ca ne s’arrange pas quand les grilles du stade sont ouvertes quelques minutes après le coup d’envoi laissant entrer des marées humaines qui finissent de saturer les tribunes.

Venus par sympathie pour le FUS et un peu aussi pour tuer le temps un jour férié, les fans des militaires n’ont pas masqué le fait qu’ils n’étaient pas concernés par le match, et ont donné de la voix surtout pour chanter leur désapprobation (et 2-3 insultes bien senties) à la fédération qui a sanctionné les FAR de 4 matchs à huis clos. Une campagne «  liberté pour les Ultras » en décalage avec la finale. Mais l’ambiance est dans l’ensemble restée saine, les supporters des deux finalistes et la fanfare y ont bien contribué.

Le match : Les coups de pieds arrêtés ont fait la différence

Il ne faut pas se mentir, l’enjeu a totalement tué le jeu. En dehors du réveil tardif des berkanis, qui ont mis la pression sur le but adverse dans les 20 dernières minutes, et les enchaînements crochet intérieur-frappe du gauche de Batna côté FUS, il n’y a rien eu à signaler.

Rien ? Pas tout à fait. Bien que novice au poste d’entraîneur, Walid Regragui dispose d’un vécu footballistique conséquent et sait, pour avoir cruellement perdu une finale et une demi-finale (CAN et Coupe de France) que tout se joue sur des détails. Et l’application montrée par le FUS sur ses coups de pied arrêtés montre que ce détail-là a été travaillé avec soin.

C’est ainsi que le Fath ouvre le score à la 41ème sur un coup-franc rasant de Nahiri qui trouve le petit filet du gardien de Berkane Lemrabet, et manque de récidiver 3 minutes après le retour des vestiaires. Sur le corner qui suit, Batna refait son numéro et enroule une merveille de frappe du gauche pour le 2-0. La RSB a été définitivement assommée.

Aux fussistes la joie et la remise du trophée des mains du prince héritier Moulay Hassan, aux berkanis la déception. C’est la victoire d’un groupe décrit par Regragui comme « solidaire, agréable à gérer, qui travaille dans une ambiance positive et adhère pleinement aux consignes ». Quatre ans après la victoire en Coupe de la CAF arrachée à Sfax même face au CSS, les Rbatis retrouvent l’ivresse du succès et continuent d’étoffer leur palmarès.

Farouk Abdou
Farouk Abdou
Actuellement à E-management, passé par Echosciences Grenoble, Le Dauphiné Libéré, Sport Translations et Tunisie foot, Africain volant pour Lucarne Opposee