La Botola 2014-2015 vécue au stade, là ou ça se passe, par un étranger qui débarque de nulle part. Anecdotes, faits marquants, mésaventures et grands moments, photos des tifos, voici la rétrospective d’une saison de football au Maroc.

Wydad- KAC Kénitra 3-1 : Hadjouj et Badr Hari

Premier contact avec un monde inconnu. Pour quelqu’un qui a la nostalgie de la ferveur étouffée en Tunisie, voir des estafettes remplies à ras-bord de supporters du Wydad remonter l’avenue Ghandi à Casablanca 3 heures avant le coup d’envoi ne pouvait qu’être un bon signe. Le jeu va en valoir la chandelle.

Le stade Mohammed V dégage une sacrée impression la première fois. Imposant même aux trois quarts vide, le potentiel « ambiance » doit être monstrueux. Les toilettes ont sans aucun doute leur place dans le top 10 des pires marécages pestilentiels de cette planète, les sièges sont d’une crasse monumentale, mais peu importe.

Après un an de boycott, les Winners sont de retour pour les matchs à domicile, et embrayent les chants au moment de l’entrée des joueurs. Kénitra est venu en force aussi. Quand on est habitués aux parcages visiteurs de 45 types à tout casser, changer d’échelle et voir le millier de Helala Boys s’agiter dans le virage Sud ca fait bizarre. Un supporter du Wydad glisse une phrase pas totalement prémonitoire : « Tu vas voir le petit Hadjouj c’est de la dynamite. Bon Evouna il rate beaucoup, ca ira le temps que Fabrice Ondama revienne. »

Le tour d’honneur du champion de kickboxing Badr Hari (accessoirement président d’honneur de Kénitra) fait monter la pression d’un cran, tout comme le tifo pour l’ouverture de la saison. Tel un combat de boxe, les deux équipes placent un uppercut chacun en première mi-temps : l’inspiration de Hadjouj qui frappe angle fermé, et le bolide de Bourouass pleine lucarne pour Kénitra.

1-1 à la mi-temps. Le Wydad galère dans le jeu, le public gronde, insulte Evouna mais l’entrée en jeu de la perle Bakari Koné change la donne. Les occasions pleuvent, Kénitra se recroqueville et lâche prise 2 fois dans les dix dernières minutes. Un jeune vendeur ambulant, sac à dos aux couleurs du WAC, déclare : « John Toshack le pro du Real Madrid. Ce coach-là il va faire les bons changements quand il faut toute la saison ». En tous cas, ca commence bien.

AS FAR-MAT : Une vieille dame insulte Taoussi, Tétouan prend son temps

Le stade Moulay Abdallah fermé en prévision de la Coupe du Monde des Clubs, c’est au stade du FUS que les FAR accueillent Tétouan. Une nouvelle qui n’enchante pas franchement le quartier. A quelques rues du stade, un gérant de restaurant BCBG fait la moue : « Bon. Je crois que je vais fermer le resto jusqu’à 17 heures, le temps que la tempête passe ». Les forces de l’ordre, mobilisées en nombre à chaque match des rbatis, voient arriver les hordes de jeunes agités qui suivent les FAR partout et ne sont jamais bien loin quand il y a du grabuge, UAR et Black Army en tête.

Il fait une chaleur écrasante. Et paradoxalement ce n’est pas des jeunes que vient la pression. En tribunes, les vétérans hurlent «  Taoussi, 3 points » au coach des FAR, qui fait les cent pas devant son banc à seulement quelques mètres des supporters. Une vieille dame se met elle aussi à l’invectiver en se collant à la grille de séparation entre les tribunes et le banc. Le policier qui essaye de la repousser en prend aussi pour son grade. La foule s’étrangle de rire.

La centaine de fans de Tétouan est accueillie par un «  haw jitou bezzaf » (« vous êtes venus bien nombreux ») railleur. Mais ils ne se gêneront pas pour rendre la monnaie de leur pièce aux locaux sur l’ouverture du score d’Abarhoune.

Le MAT n’est pas spectaculaire à voir jouer, mais ca déroule un jeu de passes tranquille et très patient. Khadrouf à la baguette, et verticalité dés qu’une brèche est trouvée pour servir l’attaquant Mohsen Iajour, qui n’a pas résisté à la tentation de la Coupe du Monde des Clubs qui se profile.

Le latéral des FAR Azim est en souffrance sur chaque action, mais arrive à se débarrasser de l’étiquette de bouc émissaire en égalisant sur corner. Qu’à cela ne tienne, c’est la maladresse de l’attaquant Benjelloun qui est par la suite visée. Les Rbatis plongent après l’heure de jeu, et avec le monstre sénégalais Fall derrière Tétouan n’a plus qu’à aller marquer le deuxième pour cueillir les trois points. «  Regarde-moi ça, il prend tout de la tête, il tacle de partout, il bouge pas de l’axe. Si on leur blesse pas leur sénégalais on pourrait jouer jusqu’à demain sans marquer un but » lâche un faraoui dépité.

Mais la Colombe du Nord prend trop son temps, et s’endort dans son propre faux rythme. Naïm aborde son face-à-face avec le gardien Zniti avec trop de nonchalance, et Iajour n’aura pas de bon ballon à se mettre sous la dent. Les deux équipes se quittent sur un score de parité qui ne satisfait pas grand monde (1-1). Pendant ce temps-là la vieille continue de crier.

 

Pour rappel, les résultats et classement final sont à consulter ici.

Farouk Abdou
Farouk Abdou
Actuellement à E-management, passé par Echosciences Grenoble, Le Dauphiné Libéré, Sport Translations et Tunisie foot, Africain volant pour Lucarne Opposee