Le Fath Union Sportif de Rabat a eu beaucoup de difficultés à digérer son titre de champion du Maroc 2015-2016. Les hommes de Regragui se sont retrouvés tiraillés entre un nouveau statut à assumer et le gouffre énergétique créé à force de vouloir tout jouer à fond (compétitions locales et coupes d’Afrique, et à présent la Coupe Arabe en été). Au cœur de ces périples dans lesquels le FUS bataille, les écueils tunisiens sont nombreux : entre Juin 2016 et Septembre 2017, ils auront affronté à 7 reprises les membres du Big 4 au pays de l’Harissa. Panorama de ces derbys maghrébins passés et à venir, qui symbolisent parfaitement à quel point le Fath s’évertue à se faire une place.
Coupe de la CAF 2016 (1-1 0-0 contre l’ESS) : des promesses et une désillusion
Dans l’ancienne mouture de cette compétition, les 8 derniers survivants s’affrontaient dans une phase de poules aller-retour permettant de former un dernier carré. Le FUS avait maîtrisé de main de maitre une poule 100% maghrébine (ES Sahel, Kawkab Marrakech, Ahly Tripoli) glanant une première place méritée lui offrant l’avantage du terrain en demi-finale. Les deux matchs contre les tunisiens de l’Etoile du Sahel (1-1 à Sousse, 0-0 à Rabat) avaient illustré les progrès faits par les fussistes par rapport à la campagne africaine de 2015. De l’aveu de l’entraineur Walid Regragui, la compétition africaine a permis à ses joueurs de « savoir ce que c’est que le très haut niveau » et a influé positivement sur la course au titre de champion en resserrant le groupe : « J’ai vu la cohésion collective évoluer, les gars commençaient à former un vrai groupe soudé » (propos extraits de l’interview donnée à So Foot). Pas question donc de brader une belle occasion de s’affirmer sur le continent.
Le match à Sousse (1-1) avait révélé une équipe sereine dans son placement, dans la construction de ses actions et le rythme donné au match, une équipe qui a dominé techniquement une Etoile du Sahel pourtant intrinsèquement plus forte. Fouzair et Benjelloun, respectivement passeur décisif et buteur, avaient marché sur l’eau durant toute la rencontre et animé le front de l’attaque des marocains sans forcer.
Malheureusement, cette impression de facilité en phase de poules s’est désagrégée au cours de la stressante demi-finale contre les algériens de Bejaïa (0-0 en Algérie, 1-1 au Maroc) : en 180 minutes, le Fath n’aura jamais retrouvé le relâchement nécessaire ni réussi à construire son jeu. La crispation a paralysé le FUS, qui a encaissé dans les arrêts de jeu du match retour à Rabat le but fatal qui les a privé de finale. Quand l’enjeu rattrape une équipe enthousiasmante et lui fait perdre ses moyens.
Coupe de la CAF 2017 (2-1 1-2 contre le Club Africain) 100% à domicile, 0% hors des bases
Nouvelle mouture pour la compétition, la phase de poules concerne désormais 16 clubs (4 poules de 4) les deux premiers passent en quarts de finale. Le FUS, nettement moins fringant en championnat la saison suivant son titre (une décevante 7ème place) a trouvé les ressources pour enchaîner avec la C3 et arracher une deuxième place dans une poule compliquée (Club Africain, les Nigérians de Rivers, les Ougandais du KCCA). Quatre équipes du même niveau qui se sont sublimées principalement par la grâce de l’avantage du terrain (11 des 12 matchs se sont soldés par une victoire de l’équipe qui reçoit). Les hommes de Regragui ont fait le plein à domicile (9 points sur 9) et fait l’impasse sur les matchs à l’extérieur.
Les deux matchs contre le Club Africain (2-1 à Rabat, 1-2 à Tunis) illustrent parfaitement la réalité des rapports de force au sein de cette poule : Face à un Club Africain globalement du même niveau que lui, le Fath a su emporter la décision à Rabat dans les arrêts de jeu, et a cédé à Tunis dans les arrêts de jeu. Equilibré. Comme évolution notable, l’influence grandissante de Fouzair dans le jeu (d’autant plus flagrante avec le départ de Benjelloun) et l’apport immédiat de l’ivoirien Diakité, arrivé en Juin, indispensable dès Juillet.
Coupe Arabe 2017 : Nouvel écueil tunisien pour le FUS sur la route du trophée
Qui affrontera les jordaniens d’Al Faisaly en finale de la LDC Arabe dimanche ? Ressuscitée après de longues années de mise en sommeil sous forme de tournoi estival à la dotation financière alléchante, la Coupe Arabe 2017 s’est soldée par un fiasco pour les deux représentants du pays hôte (les égyptiens d’Al Ahly et Zamalek, éliminés respectivement en demi-finale et au 1er tour). Premiers de leur poule respective, le FUS et l’Espérance de Tunis croisent le fer ce soir en demi-finale et ont un bon coup à jouer.
La tendance pour le Fath est simple, l’équipe a exploité les matchs de Coupe d’Afrique pour se reconstruire un équilibre et peut compter sur deux hommes forts dans une forme olympique : l’inévitable Fouzair qui a claqué un triplé contre les saoudiens d’Al Nassr, et Diakité qui a porté le groupe sur ses épaules avec son doublé contre le Zamalek.
Mais l’expédition tunisienne continue pour les hommes de Regragui, avec cette fois-ci le tout frais champion de Tunisie au menu : l’EST de Faouzi Benzarti, déterminée à réaliser le doublé C1 Arabe-C1 Africaine et marquer l’année 2017 de son empreinte. Pour l’instant, tous les voyants sont au vert : après le titre de champion, les Sang et Or ont composté leur ticket pour les quarts de l’épreuve-reine Africaine en Juillet et ont débarqué en Egypte pour la Coupe Arabe avec une pancarte « attention terreur du moment » dans leur dos. Avec son armada offensive de premier plan (Khenissi, Badri, Ben Youssef, Bguir) un milieu équilibré ou cohabitent ratisseurs, créateurs et relayeurs l’Espérance a plusieurs options de jeu à sa disposition, et une profondeur de banc au milieu et en attaque suffisamment importante (Kom, Jouini, Rejaibi) pour vite changer son fusil d’épaule en cas de besoin. Si la défense (seul petit point d’interrogation de l’EST) tient le coup, on peut considérer que c’est un tank lourdement armé qui se dresse en face du FUS. Le défi est conséquent pour les marocains.
Coupe de la CAF 2017 : et c’est pas fini
A peine revenus au bercail à la fin de la Coupe Arabe, le FUS enchaînera avec son quart de finale de C3 Africaine en Septembre. Cette fois, ça y est fini les tunisiens ? Et NON !!! Il restait un membre du Big Four à se taper, ce sera donc le CS Sfaxien. Les « Noir et Blanc » ont profité de l’été pour faire progresser leur classe Espoirs (Chaouat, Karoui, Ben Ali) et les dents de ces jeunes loups commencent à se faire de plus en plus acérées. Avec les quelques briscards dont il dispose pour les encadrer (Aouadhi, Hannechi, Jeridi) ce CSS sera très difficile à sortir sur une confrontation aller-retour. Mais il semble que le Fath Union Sportif de Rabat, désormais abonné aux tunisiens, n’est plus à deux matchs couperets près.
