La dix-septième édition de la Gold Cup débute ce week-end. Avec elle, son lot de questions mais surtout un sentiment, celui qu’une nouvelle ère pourrait bien débuter.

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Qu’il semble loin le temps où l’on voyait une Gold Cup promise soit au Mexique, soit aux USA avant même que l’épreuve ne commence. Pourtant, et les suiveurs de Lucarne Opposée le savent déjà, le paysage de la CONCACAF ne cesse de bouger. En témoignent les derniers éliminatoires pour la Coupe du Monde, totalement dominés par le Canada et qui ont vu le duo Costa Rica – Panamá se rapprocher dangereusement des deux autres coorganisateurs de la prochaine Coupe du Monde. C’est donc dans ce contexte et à un an d’une Copa América qui unira de nouveau Nord et Sud, que la Gold Cup 2023, dix-septième du nom, débute ce week-end, entraînant dans son sillage bien des promesses.

Ils sont donc seize à se présenter sur la ligne de départ, répartis en quatre groupes desquels les deux premiers sortiront pour disputer la phase finale. Quinze stades accueillent la compétition, un seul au Canada, la finale se déroulera le 16 juillet prochain. Tour d’horizon des groupes.

Groupe A : États-Unis, Jamaïque, Saint-Kitts-et-Nevis, Trinidad y Tobago

Tenants du titre, les États-Unis, qui viennent de décrocher sans trembler la Nations League, font évidemment figure de favori de leur groupe. Attention cependant ! Car si vous n’êtes pas des habitués de la MLS, la sélection qui défendra le titre vous paraîtra étrangère. Oubliez les Pulišić, Reyna, Musah, Weah et autre Balogun, victorieux il y a quelques jours en Nations League, B. J. Callaghan, dont le mandat à la tête de la sélection prendra fin dès la fin du parcours à la Gold Cup pour laisser place au retour de Gregg Berhalter, pioche donc en grande partie dans la ligue locale pour composer son groupe. Une chose est certaine, ce groupe est la démonstration de l’incroyable qualité du vivier américain. Devant Matt Turner, conservé pour garder les buts avec Gaga Slonina comme réserviste de luxe, il y a du talent à chaque ligne : l’infatigable John Tolkin, Matt Miazga de nouveau dans le bon sens depuis son arrivée à Cincy ou encore l’importance de Miles Robinson pour la défense ; l’hyperactivité d’Aidan Morris, la solidité de James Sands, la créativité de Djordje Mihailovic au milieu ; les capacités de percussion de Jordan Morris, le talent sans limite de Jesús Ferreira et de Cade Cowel, la capacité de finition de Brandon Vazquez. Autant d’exemples de la force de ce groupe taillé pour aller chercher le titre.

Il faudra pour cela bien débuter sa campagne de phase de groupes face à un adversaire qui a les dents longues. Si la Jamaïque est quelque peu à la peine en termes de performance (deux victoires lors des dix-neuf derniers matchs, Heimir Hallgrímsson, qui s’est fait un nom en ayant été dans le staff de la renversante Islande de l’EURO 2016 et ayant guidé les nordiques à la Coupe du Monde, mais n’a pas remporté le moindre de ses sept matchs à la tête des Reggae Boyz, a fixé la finale comme objectif. En misant notamment sur un nul d’entrée face aux USA. Tout un programme. D’autant que la préparation s’est faite sans certains cadres, elle a été marquée par des défaites face au Qatar et à la Jordanie. Sur le papier, il y a évidemment de la qualité et de l’expérience dans les rangs des Reggae Boys : André Blake dans les buts, Kemar Lawrence et Damion Lowe en défense (Ethan Pinnock restant pour l’instant auprès de son épouse en Angleterre), le quatuor Leon Bailey, Cory Burke, Demarai Gray et Michail Antonio devant, le démontrant. Mais il va falloir entamer une nouvelle dynamique après deux années d’errance pour espérer déjà se hisser jusqu’au tour suivant.

Car la deuxième place n’est en rien garantie pour la Jamaïque à la vue des deux autres membres du Groupe A. En particulier en raison de la présence de Trinidad y Tobago. Qualifiés directement en raison d’un joueur aligné alors qu’inéligible par le Nicaragua, les Soca Warriors sont quant à eux sur une dynamique bien différente, restant invaincus en six sorties en 2023 (dont deux matchs face à la Jamaïque). On y retrouvera des habitués, Aubrey David, Jeovin Jones, Kevin Molino par exemple, mais on y suivra avec attention Kaïlé Auvray, fils de Stéphane né à Caen, passé par les équipes de jeunes du LOSC après un séjour au Pôle Espoir de la Guadeloupe, qui a goûté aux joies d’une sélection U17 avec USA et France. La pression reste forte sur les épaules d’Angus Eve qui n’a convoqué que six joueurs évoluant au pays et suscité bien des débats. Mais si les Soca Warriors venaient à déjouer les plans de la Jamaïque, alors tout pourrait être permis.

D’autant que le dernier membre du groupe est un nouveau venu qui fait office de petit poucet. Après avoir sorti la Guyane en match de barrage après avoir sorti Curaçao, Saint Kitts et Nevis a donc décroché sa première phase finale de Gold Cup. Une victoire pour une nation qui fait évidemment office de grand inconnu mais qui peut aussi surfer sur une belle dynamique, les Sugar Boyz sont invaincus depuis plus d’un an.

Groupe B : Mexique, Haïti, Honduras, Qatar

À la dérive durant les éliminatoires d’une Coupe du Monde lors de laquelle il n’a même pas atteint sa place habituelle de huitième de finaliste, dramatique en Nations League où il fut balayé par les USA avant de vaciller face à Panamá (après avoir remporté son groupe de Ligue A sans briller), c’est un drôle de Mexique qui se présente à la Gold Cup. Le Tri a déjà viré un Diego Cocca que l’on voyait au moins sauter après la compétition et se présente avec à sa tête Jaime Lozano, le coach des U23 médaillés de bronze à Tokyo. La grande question est donc de savoir s’il parviendra à relancer une sélection qui jusqu’ici navigue à vue et surtout quels objectifs lui ont été fixés alors qu’il n’apparaît pour l’instant que comme un simple intérimaire. Reste que les maux sont toujours les mêmes : l’absence d’un véritable processus non seulement en sélection mais à tous les étages (il suffit de voir les échecs des U20 qui n’iront pas à Paris, à l’échec des filles, aux clubs qui ne dominent plus le football continental comme ils le faisaient avant). Lozano arrive donc à la tête d’un groupe qu’il n’a pas choisi et qu’il entend bien mener au titre. Sur le papier, le groupe déborde de qualité, la liste donne évidemment le vertige entre les déjà légendes comme Memo Ochoa, les joueurs reconnus comme César Montes (qui manquera la phase de groupe, sanctionné par la CONCACAF de trois matchs de suspension), Edson Álvarez, les jeunes promesses comme Ozziel Herrera ou Julián Araujo pour ne citer qu’eux et les stars de Liga MX comme Sebastián Córdova, Henry Martín ou autre Víctor Guzmán. Reste donc à Lozano à parvenir à faire que ni Tata Martino, ni Diego Cocca ne sont parvenus à faire : former un collectif, donner une idée de jeu commune à cette équipe. La « chance » de Lozano est qu’il connait bien une grande partie de son groupe : Guillermo Ochoa, Jorge Sánchez, César Montes, Johan Vásquez, Luis Romo, Carlos Rodríguez, Sebastián Córdova, Henry Martín, Uriel Antuna et Roberto Alvarado étaient de l’aventure olympique. Son Mexique devrait miser sur le contre-pressing et jouer plus haut avec des ailiers choisis pour leur capacité à provoquer. Si la machine se met rapidement en route, alors le Mexique pourra espérer quelque chose dans cette Gold Cup où les outsiders ne manquent pas. Sinon, il devra encore lutter pour éviter d’être ridicule.

Pour l’y aider, Lozano peut s’appuyer sur un groupe qui n’aura rien d’une sinécure, ni d’une simple phase de préparation, même s’il ne lui offre pas de vrais prétendants au titre. Honneur aux invités, le Qatar est donc installé dans le Groupe B deux ans après sa demi-finale perdu sur le fil face au futur vainqueur. Un Qatar sauce Queiroz qui se présente avec donc quelques changements de taille. Si vous cherchez par exemple Saad Al-Sheeb, Abdelkarim Hassan, Boualem Khoukhi, Ró-Ró, Karim Boudiaf, Abdulaziz Hatem, ou encore l’incroyable duo Akram Afif – Hassan Al-Haydos, vous risquez de chercher longtemps. Et surtout de ne pas les trouver. Au nom d’une volonté « de miser sur le long terme » (rappelons qu’Akram Afif, en lice pour le titre de meilleur joueur du championnat, n’a que vingt-six ans), Queiroz a donc décidé de se séparer de près de neuf cents sélections en cumulé pour bâtir une nouvelle équipe. On retrouvera tout de même Almoez Ali, vingt-six ans également, désormais le joueur le plus capé de la sélection. Difficile de juger de la vision à long terme de Queiroz avec ce Qatar à la vue du groupe qui se présente à la Gold Cup. Le fait est que le technicien portugais vient de décrocher son premier succès en préparation de la compétition – face à la Jamaïque – en misant sur un 4-3-3 assez offensif. À voir s’il le reproduira dans son groupe ou s’il cherchera d’abord à verrouiller les matchs comme il savait bien le faire avec l’Iran.

Parmi les deux autres membres du groupe, une inconnue au bord de l’implosion : le Honduras. Il a suffi de voir la liste dévoilée par le sélectionneur Diego Vásquez et les réactions qu’elle a provoquées pour se rendre compte du mal qui semble ronger la sélection catracha, le tout confirmé par les propos d’Alberth Elis évoquant « des joueurs qui ne sont pas là à cause de l’indiscipline dont ils ont fait preuve ». Le ménage a donc été fait, le linge sale lavé en famille et devant la presse, reste désormais au Bordelais, promu capitaine de la sélection et à son coach, très critiqué au pays, à montrer qu’ils sont dans le vrai. Le souci pour la H est que depuis sa défaite en quart de finale de la dernière Gold Cup face au Mexique – son premier adversaire cette année – elle n’a remporté que quatre des vingt-cinq matchs qu’elle a disputés, étant piteusement sortie de la course à la dernière Coupe du Monde avec aucune victoire en quatorze sorties lors de l’octagonal final. On suivra donc avec attention une équipe « en reconstruction » comme l’évoque Elis, qui devrait s’organiser sur un 4-2-3-1 dont Alex López devrait être le maître à jouer. Mais il reste tout de même difficile d’imaginer la H au-delà d’un quart de finale, dont l’accession serait déjà synonyme de succès.

Reste enfin le cas d’Haïti. Arrivé fin avril, Gabriel Calderón connaîtra donc sa première compétition et succède à un Jean-Jacques Pierre dont le contrat n’a pas été reconduit malgré la qualification pour cette Gold Cup et une promotion en Ligue A de la Nations League. Les Grenadiers sortent d’une préparation plutôt réussie avec deux victoires (face à Saint Kitts et Nevis et Miami United) et un nul (face à Trinidad y Tobago) lors des amicaux et disposent cependant d’un groupe qui est un joli mélange de jeunesse et d’anciens. On y suivra quelques cadres connus comme Ricardo Adé, Duckens Nazon, Fafà Picault ou encore Frantzdy Pierrot, mais aussi la performance de joueurs tels que Danley Jean Jacques, promu en Ligue 1 avec Metz, Leverton Pierre, promu en Ligue 2 avec Dunkerque ou encore Carl Fred Sainté qui commence à prendre ses aises en MLS Next Pro. Tout cela sera-t-il suffisant pour sortir du groupe ? Tout dépendra en grande partie du match d’ouverture face au Qatar, mais il est certain que les Grenadiers ont clairement un coup à jouer dans ce groupe.

Groupe C : Costa Rica, El Salvador, Martinique, Panamá

Un coup qui s’annonce bien plus difficile pour la Martinique. Qualifiés de dernière minute, au terme d’un barrage maîtrisé, les Matinino se retrouvent à devoir lutter contre deux outsiders de choix de la Gold Cup pour espérer aller chercher un quart de finale. Si Mickaël Biron (blessé) et Samuel Renel (raison personnelle) sont absents, de même que Gabriel Bilon, Maël Crifar, et Carlo Rabathaly (souci de passeport), Marc Collat – et non José Mourinho comme l’indique la page Wikipédia française de la sélection – l’homme qui avait fait d’Haiti un demi-finaliste en 2019, dispose d’un groupe possédant une solide expérience, à l’image d’un Kevin Fortuné devant ou du duo Daniel Hérelle – Cyril Mandouki au milieu, et qui s’appuie sur plusieurs joueurs évoluant en Ligue 2 ou National français. La sélection disputera sa quatrième Gold Cup de rang, une première dans son histoire, et cherchera à sortir d’un groupe qui semble donc promis à deux gros bras de la zone : Costa Rica et Panamá.

Du côté des Ticos, l’avant compétition a été des plus compliqué, la bande à Luis Fernando Suárez a vu son dernier vol l’emmenant en Floride retardé de treize heures. Si certains y voient un signe, une chose est sûre, la pression est forte sur les épaules de Suárez, les derniers résultats de la sélection (trois défaites de rang dont une en Nations League face à Panamá à la maison), n’incitent pas à l’optimisme, la dernière concédée face à l’Équateur l’a été au terme d’un match que le Costa Rica a subi du début à la fin avec son terrible 5-4-1. Déjà voit-on divers médias tenter de trouver des explications aux échecs consécutif d’une Sele qui n’a connu les demi-finales qu’à une seule reprise lors des six dernières éditions, l’une des principales étant l’absence d’une idée de jeu qui pourrait faire des Ticos une équipe compétitive. Le fait est que ce Costa Rica se heurte aussi à un plafond de verre, les éliminations étant le plus souvent concédées face au Mexique ou aux USA (et au Honduras). Mais si la pression est forte cette année, c’est aussi d’une part que le Costa Rica de Suárez préfère défendre et tout miser sur le contre ou un coup de pied arrêté, d’autre part que le peuple tico voit un groupe plus compliqué qu’il n’y parait avec notamment un autre ambitieux de la zone qui pourrait leur causer quelques maux. C’est aussi parce que le groupe composé par Suárez ne fait pas dans la grande nouveauté. Oubliez les Brandon Aguilera (envoyé au Revello) et autre Jewison Benette, les symboles d’une nouvelle ère, le Costa Rica envoie des têtes habituelles : Francisco Calvo, Kendall Waston, Celso Borges, Joel Campbell seront de la partie, seul Keylor Navas, blessé, manque quand Bryan Ruiz a pris sa retraite. Il y aura tout de même un vent de jeunesse symbolisé par Aarón Suárez, Josimar Alcócer, que l’on a entrevu notamment face à l’Équateur, Warren Madrigal et Ricardo Peña, ces trois derniers étant U19 ou encore Anthony Contreras, l’une des promesses offensives de la sélection. Mais tout le monde n’aura d’yeux que sur le résultat du premier match face au terrible rival venu du sud qui n’a qu’une idée, prendre cette place de quatrième as de la zone.

Cet adversaire se nomme Panamá. Toujours sous la houlette de Thomas Christiansen, les Canaleros continuent d’avancer à grands pas en misant pour leur part sur le jeu. Les phases finales de Nations League ont ainsi vu la sélection panaméenne dominer un triste Mexique, ne s’inclinant que sur sa seule erreur, commise d’entrée de partie. Une sélection qui mise aussi et surtout sur des joueurs qui n’en finissent plus de s’exporter, preuve de la dynamique de son football. Luis Mejía a longtemps été le gardien numéro 1 de l’Unión Española, sorti de ce statut par l’infranchissable Seba Pérez, Fidel Escobar est toujours au Costa Rica, Roderick Miller s’est rapidement imposé en Azerbaïdjan, Adalberto Carasquilla, l’un des joueurs clés du milieu, enquille les matchs de MLS avec Houston, Anibal Godoy en faisant de même à Nashville, Michael Murillo a fait une saison complète à Anderlecht, José Fajardo s’est installé tranquillement sur le front de l’attaque de Cusco, Alberto Quintero poursuivant sa carrière péruvienne à Cienciano, Ismael Díaz, l’un des éléments déséquilibrant de l’armada offensive accumule du temps de jeu en Équateur, Cecilio Waterman continuant pour sa part de terroriser les défenses chiliennes. Autant d’exemples qui montrent donc la force qu’accumule une sélection qui a parfaitement repris sa marche en avant après la génération mondialiste 2018 et qui a tout de l’outsider idéal dans cette Gold Cup. Histoire de montrer qu’une nouvelle ère s’est ouverte dans la CONCACAF, les jeunes panaméens vainqueurs du Revello étant appelés à venir poursuivre cet excellent travail mené par Thomas Christiansen et son staff.

Dernier membre du groupe, le déprimé (et parfois déprimant) Salvador. Cela fait un an, huit matchs, que La Selecta n’a plus remporté le moindre match. Pire, lors de l’un de ses derniers matchs de la préparation, les hommes d’Hugo Pérez sont repartis sur un terrible 0-6 et n’a inscrit qu’un but lors de leurs cinq derniers matchs. Ajoutez à cela un football local qui vit encore sous le choc de son championnat arrêté fin mai après le drame de l’Estadio Cuscatlán (douze morts après une énorme bousculade en marge du choc opposant FAS et Alianza), une sélection qui est arrivée en Floride « fatiguée », mais qui espère reproduire l’exploit de la dernière édition (remporter deux matchs de groupe), un sélectionneur qui reconnait que Costa Rica et Panamá lui sont supérieurs et quelques joueurs annonçant venir préparer les prochains éliminatoires, cela n’augure rien de flamboyant. On suivra tout de même avec attention deux des trois frères Gil, Cristian et Mayer, qui évoluent en Colombie, ou encore la jeune promesse Harold Osorio, qui brille déjà en MLS Next Pro avec le Fire.

Groupe D : Canada, Cuba, Guadeloupe, Guatemala

La nouvelle ère inclut forcément une autre équipe au maillot rouge, le troisième membre de l’organisation de la Coupe du Monde 2026 : le Canada. Les Rouges restent sur une finale de Nations League, ont dominé les éliminatoires pour Qatar 2022 et arrivent donc avec une véritable confiance. Au point de suivre le modèle américain à l’heure d’aborder la Gold Cup. Pour l’occasion John Herdman a en effet décidé de remanier son groupe, certains joueurs devant se reposer, d’autres soigner des blessures, d’autres enfin, préparer un transfert estival. Ainsi, Alphonso Davies, Jonathan David, Cyle Larin, Tajon Buchanan, Alistair Johnston et Ismaël Koné ne seront pas de la partie. Le Canada arrive donc à la Gold Cup avec l’envie pour son sélectionneur de découvrir quelques jeunes, on pense évidemment à Jacen Russell-Rowe du Crew, Jacob Shaffelburg de Nashville, Liam Millar de Bâle, Ali Ahmed des Whitecaps, Victor Loturi de Ross County ou encore Moïse Bombito des Rapids. Mais il reste aussi de l’expérience à chaque ligne : Dayne St. Clair dans les buts, Sam Adekugbe, Steven Vitória et Kamal Miller en défense, Richie Laryea, Jonathan Osorio et l’indispensable Stephen Eustáquio au milieu, Lucas Cavallini et Junior Hoilett devant. Le Canada possède ainsi une équipe de grande qualité et peut clairement viser à minima le dernier carré.

D’autant que son groupe n’est pas le plus difficile. On aurait pu se méfier d’un Cuba nouvelle ère avec ses joueurs évoluant à l’étranger, mais Pablo Elier Sánchez a d’abord dû se confronter à cinq absences de taille : deux milieux, Karel Espino et Christian Flores, blessés au genou, et trois attaquants : la grande promesse Dairon Reyes, qui joue en MLS Next Pro avec l’Inter Miami, écarté après une rupture des ligaments croisés, Marcel Hernández, le meilleur buteur étranger de l’histoire du championnat costaricain pour des différends avec la fédération et enfin la star, Onel Hernández, lui aussi touché au genou et pas remis à temps. Que peuvent donc espérer les Leones del Caribe ? Sans doute jouer la deuxième place derrière le Canada. D’une part car si les deux derniers amicaux se sont soldés par deux défaites, elles le furent face à des gros bras sud-américains lors d’une tournée historique, d’autre part car Cuba connait parfaitement ses deux adversaires directs et pour cause : la dernière victoire de Cuba face au Guatemala l’a été en Gold Cup, en 2015, et Cuba a remporté son groupe de Ligue B de Nations League en s’imposant au retour face à la Guadeloupe (seule équipe à l’avoir vaincu dans cette campagne) que les Leones retrouveront lors de la deuxième journée du groupe.

Une Guadeloupe qui a donc réussi son pari en s’imposant en barrages et qui disputera sa cinquième phase finale, la deuxième consécutive. Pour la compétition, Jocelyn Angloma espère d’abord pouvoir conserver ses joueurs pros jusqu’au bout. Il faut dire que les Gwada Boys disposent d’une belle quantité de joueurs évoluant dans les premières divisions françaises notamment, certains bien connus en Ligue 2/National comme Brice Cognard ou les attaquants Mathias Phaëton, Jordan Tell et Geoffray Durbant. Les hommes d’Angloma avaient quelque peu raté leur fin de Nations League, avec notamment une défaite à la maison face à Antigua et Barbuda, ils se sont repris depuis avec ces deux succès convaincants en éliminatoires pour la Gold Cup. Le match d’ouverture face au Canada s’annonce évidemment le plus compliqué, mais une bonne performance collective devrait permettre aux Gwada Boys de pouvoir ensuite véritablement se lancer dans la conquête de la deuxième place, le choc face à Cuba revêtant une importance capitale si la Guadeloupe veut se hisser hors du groupe et pourquoi pas revivre l’incroyable campagne de 2007 avec une demi-finale perdue d’un rien face au Mexique.

Reste donc le cas du Guatemala. La Bicolor oscille les participations et les absences depuis quelques années et vivra sa vingtième Gold Cup, la deuxième de rang après la suspension par la FIFA qui lui avait fait manquer 2017 et 2019. Dernière de son groupe en 2021 après avoir été invitée pour remplacer Curaçao, la Bicolor est depuis passé sous la direction de Luis Fernando Tena, s’offrant ainsi quelques résultats intéressants comme une victoire face au Mexique (3-0) et surtout plus récemment, un succès en amical face au Costa Rica, et ont remporté leur groupe de Nations League et évolueront ainsi en Ligue A lors de la prochaine édition. Un groupe qui arrive avec quelques joueurs rodés à la MLS, comme Rubio Rubin, du RSL, ou encore le nouvel international Aaron Herrera, ancien du RSL mais désormais à Montréal, ainsi qu’un autre petit nouveau, Nathaniel Mendez-Laing, habitué aux joutes du Championship anglais. Attention à cette formation plutôt expérimenté (aucun U23), les Chapines peuvent bien surprendre dans un groupe où personne ne semble véritablement prendre conscience du danger qu’ils peuvent représenter.

Le calendrier complet de la phase de groupes

Nicolas Cougot
Nicolas Cougot
Créateur et rédacteur en chef de Lucarne Opposée.