Il y avait des airs de tournant décisif pour le titre ce week-end. Alors que River Plate était revenu à portée de tir, Boca a profité de la 27e journée pour se rapprocher du titre.

Il avait suffi d’une large victoire à Tucumán en milieu de semaine pour que le fol espoir de doubler Boca avait gagné les rangs parmi les supporters du Millo. D’autant que la 27e journée pouvait permettre de venir mettre une pression supplémentaire sur les épaules du vieux rival puisque River jouait le premier et pouvait donc, en cas de succès, prendre provisoirement les commandes du championnat. Malheureusement pour le Millo, un déplacement à Bajo Flores pour y défier San Lorenzo ne supporte pas l'à-peu-près. Car la bande à Aguirre a beau avoir cédé du terrain au classement, elle reste plus que jamais engagée dans la course à la Libertadores et se caractérise par son équilibre et son intelligence. San Lorenzo a planté une défense solide et a laissé parler les talents des Merlini et autres Belluschi pour exploiter à merveille les offrandes de River. La première permettait à Belluschi de servir Blandi pour le 1-0, la deuxième, une nouvelle bourde de Batalla, une nouvelle fois sur coup de pied arrêté, pour le 2-1 en faveur des locaux. Car entre temps, River avait réagi, vu son goleador marquer son traditionnel but avant de sortir sur blessure, larmes aux yeux. Mais si les Millonarios avaient réussi à retourner la boulette de leur portier à la Bombonera il y a quelques semaines, ce dimanche, l’obstacle San Lorenzo au Nuevo Gasómetro était bien trop haut à franchir sans son duo d’attaque. Les hommes de Gallardo auront quelques situations, la plus belle pour Auzqui qui ratait l’immanquable, mais San Lorenzo était bien plus efficace collectivement et bien trop peu mis en danger pour que le Millo puisse aller chercher des points. Et Driussi de ne voir ainsi ses larmes cesser de couler.

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Car il ne restait alors plus qu’à Boca d’en profiter au maximum. Le danger était pourtant grand, la venue d’Independiente à la Bombonera n’augurant en rien d’une partie de plaisir. Alors les hommes de Guillermo Barros Schelotto ont choisi de prendre leur destin en main. Dans une opposition entre deux équipes qui aiment à passer sur les côtés (le duo Barco – Rigoni étant essentiel aux offensives du Rojo, Benítez et Pavón jouant un rôle similaire chez les Xeneizese), les locaux tiraient les premiers, Cristian Pavón manquant d’un rien de profiter d’une mauvaise sortie de Martín Campaña avant que Benedetto ne commence aussi à se montrer. Le match basculait peu avant la demi-heure lorsqu’Alan Franco, en voulant dégager un ballon chaud à l’entrée de sa surface, terminait son geste en envoyant son pied droit sur Pablo Pérez. Fernando Rapallini pointait le rond du penalty, Benedetto ne se faisait pas prier et ouvrait le score en faveur de Boca. Independiente était sonné, Boca appuyait et juste avant la pause ses deux hommes de couloir pliaient l’affaire, Pavón déposant un amour de ballon au second sur Benítez laissé seul par la défense du Rojo. 2-0 à la pause, la messe était dite. Si Independiente tentait de renverser un temps les choses, il était loin du niveau affiché ces dernières semaines et Boca allait pouvoir gérer sa deuxième période, finissant par éloigner tout danger des cages d’Agustín Rossi. Benedetto pouvait alors assoir son statut de meilleur buteur du tournoi, le jour où son concurrent direct terminait sa partie en larmes sur le banc, le 9 Xeneize, annoncé futur cadeau d’Angelici à Séville pour avoir laissé partir Sampaoli à moindres frais, s’offrait un doublé qui pourrait bien non seulement lui avoir donné le titre de meilleur buteur du championnat mais surtout qui pourrait avoir offert à Boca un nouveau titre de champion.

Si la lutte pour le titre semble jouée, le suspense reste total dans la lutte pour les accessits. La victoire de San Lorenzo a replacé le Ciclón dans le top 4, les hommes d’Aguirre profitant de la chute d’un Newell’s plombé par ses luttes intestines, la dernière entre Diego Osella et Eduardo Bermúdez, le président avec comme sujet la dette du club envers les joueurs, lutte qui conduit au départ du coach de la Lepra, de celle d’Estudiantes, vaincu par Lanús qui revient en forme un peu tard dans l’optique du championnat mais qui pourrait, pourquoi pas, venir voler un ticket en Libertadores. Mais ces différentes chutes profitent surtout à la sensation de la saison, Banfield. En déplacement à La Plata, le Taladro de Julio Falcioni s’est encore appuyé sur ses cadres pour gratter trois nouveaux points, Renado Civelli et Darío Cvitanich permettant aux visiteurs de valider leur domination de début de match puis de parfaitement réagir au retour du Lobo en seconde période. Cette victoire décrochée au Bosque, la quatrième en cinq matchs, permet à Banfield de prendre seul la troisième place du championnat et même d’espérer encore jouer le titre (même s’il faudrait tout de même un cataclysme chez les deux géants devant pour y parvenir). Quoi qu’il en soit, après avoir perdu son meneur de jeu, Walter Erviti, et son attaquant vedette el Tanque Silva en début d’année, Banfield n’a en rien perdu ce qui fait sa force : son équilibre. Le Taladro version Falcioni n’a pas de grand nom du football argentin (même si Civelli et Cvitanich ne sont pas des seconds couteaux, loin de là), marche à pas discrets pendant que la presse se focalise sur la lutte Boca – River mais avance et surtout ne montre aucun signe de faiblesse sur le terrain. L’équipe est équilibrée, cohérente et sera un rival sérieux que ses futurs adversaires, Rosario Central, San Lorenzo et le Racing, tous engagés dans cette lutte aux accessits, auront bien du mal à contenir.

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Si San Lorenzo a encore son destin en main pour conserver son billet pour la prochaine Libertadores, l’affaire s’annonce désormais bien compromise pour le Racing. Accrochée par Aldosivi au Cilindro, La Academia n’avance plus (quatre points sur douze lors des quatre dernières sorties). Il faudra alors probablement se contenter de lutter pour ne pas perdre sa place en Sudamericana, l’avance étant encore assez réduite (6 points sur Talleres, douzième, autant sur Defensa y Justicia, treizième, mais qui compte un match de retard), les déplacements prévus au Monumental et au Lencho Sola en fin de championnat ainsi que la réception de Colón, lui aussi candidat, sont autant de dangers pour la bande à Cocca. Cette course s’annonce passionnante, le fait qu’aucun des candidats à cette qualification, à l’exception du Granate, ne s’est imposé ce week-end témoignant de la tension croissante en cette fin de saison.

Autre course passionnante, celle pour la survie. SI Belgrano peut se permettre de poursuivre sa dégringolade en s’appuyant sur les excellentes saisons passées pour assurer sa place dans l’élite (Arsenal devrait également échapper à la charrette pour les mêmes raisons), si Sarmiento, pourtant auteur de sa première victoire en trois mois ce week-end face à Defensa y Justicia, parait condamné, la lutte pour les trois autres places dans la charrette est encore intense. Pour l’instant relégués, Quilmes, Temperley et Rafaela peuvent encore espérer un sauvetage miraculeux, les victoires de ces deux derniers ce week-end montrant qu’ils n’ont pas encore totalement baissé les bras. Dans cette lutte, la nouvelle défaite de l’instable Huracán face à Olimpo met le Globo en grand danger, lui qui n’a plus qu’un tout petit point d’avance sur le Gasolero premier relégable.

Les buts

Résultats

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Classement

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Nicolas Cougot
Nicolas Cougot
Créateur et rédacteur en chef de Lucarne Opposée.