Rideau sur le championnat d’Argentine 2016/2017. Sans attendre la dernière journée, Boca a célébré son titre en remerciant au passage San Lorenzo et se mettant rapidement à l’abri. Mais attendez, on a dit rideau ? En fait pas vraiment. Le point avant les 90 dernières minutes.

Boca chante…

C’est l’histoire d’une belle semaine jaune et bleu. Tout commence à Bajo Flores, au Nuevo Gasómetro pour la dernière chez lui d’une légende du peuple Cuervo, Néstor Ortigoza. Le mythique Gordo et sa bande accueillaient Banfield, dernière équipe à pouvoir retarder le sacre de Boca en cas de victoire. Mais de victoire, il n’y aura pas eu. Car le Taladro n’a pas su/pu se mettre à la hauteur de l’évènement et a logiquement cédé. Les hommes de Falcioni n’ont que trop peu tenté, cherchant surtout à contrer, mais sont tombés sur un Pichi Mercier infranchissable et un duo Ortigoza – Belluschi en mode régalade, ce dernier inscrivant le seul but du match. La défaite de Banfield permettait aux hinchas cuervos de célébrer l’une des dernières grandes idoles évoluant en Argentine, elle offrait surtout à celles de Boca l’occasion de célébrer dès mercredi. Encore fallait-il assurer à Bahia Blanca. Et Boca a assuré. D’entrée de partie, les hommes de Barros Schelotto ont pris les choses en main, emmenés par un Gago en mode chef d’orchestre au milieu et un Centurión en mode générateur de danger. L’ancien du Racing se créait la première occasion et lançait un long assaut auquel Olimpo résistait jusqu’à quelques minutes de la pause, le temps pour Centurión et Benedetto de tuer le match en deux minutes et d’offrir une avance de deux buts aux leurs avant de rentrer aux vestiaires. Si Lisandro Magallán relançait le suspense et Olimpo dans le match, les locaux finissant par égaliser à l’entrée du dernier quart d’heure, ce point pris par Boca l’assurait du titre de champion 2016/2017.

ortigoza

Le titre de Boca n’est pas la conséquence d’une chute des autres ou de quelque autre accident. Non, le titre de Boca ne se discute pas. Car on ne remporte pas un marathon en donnant uniquement tout dans la dernière ligne droite, on remporte un marathon en ayant construit sa victoire au fil des kilomètres, en dépassant les moments durs et en s’en relevant rapidement encore plus fort. Boca a connu des passages à vide, des crises internes, des moments de doute, a même été jusqu’à perdre un Superclásico dans sa Bombonera. Mais Boca n’est jamais tombé. Ce titre, c’est le triomphe de la méthode Barros Schelotto déjà si efficace à l’époque du Granate. Ce 4-3-3 inamovible qui exploite à merveille les qualités de son groupe. Ce mélange d’expérience, de capacité à plier et de talent capable de faire exploser n’importe quelle défense. A titre individuel, plusieurs ont émergé ou retrouvé le niveau que l’on attendait d’eux. Faire la liste des noms sera sans fin. Mais il y a deux joueurs qui représentent à merveille la saison de Boca. Le premier c’est bien évidemment Dario Benedetto. Les habitués de LO connaissent Pipa mieux que quiconque, ses buts à l’América n’ont eu de cesse de remplir des lignes d’admiration en même temps que les étagères de la vitrine des trophées. Quand Boca a cassé sa tirelire pour lui, nombreux ont été ceux qui doutaient. Les premiers temps semblaient confirmer que la malédiction du neuf allait de nouveau s’abattre, la légende voulant que le fantôme de Palermo tuait tout 9 désireux de briller. Mais Benedetto n’est pas homme facile à battre. Sept buts « seulement » en 2016, qu’importe les doutes, Pipa a lancé Boca vers le titre en 2017. Car au-delà de ses 19 buts (score loin d’être final), l’importance de Benedetto dans la conquête du titre se mesure sur une statistique, la plus folle : 12 de ses 19 buts sont ceux du 1-0 pour son club. Ne cherchez pas meilleur moyen de faire désormais l’unanimité.

benedetto

Et puis il y a Gago. Pour Fernando Gago, c’est le huitième titre avec son Boca. Dernier cadre au club quand tous les autres sont partis de l’autre côté des Andes ou en Chine, il a assumé tout seul ce point d’être un referente tout en n’étant jamais épargné par ces fichues blessures qui auront probablement coûté à ce jeune homme de 31 ans bien des trophées (même si son armoire en compte désormais 15), il est le vraie symbole de ce que représente Boca, un club capable de toujours rebondir quoi qu’il arrive, qui se relève de toutes les tempêtes pour aller chercher des titres en mélangeant des guerriers et des joueurs à l’élégance rare (dont fait partie Gago). Boca est un vrai beau champion, meilleure attaque, quatrième défense, 3 défaites seulement en 29 matches pour 60 points pris. Boca retrouve la lumière moins d’un an après le drame que fut l’humiliante élimination en Libertadores et prouve s’il en était besoin que les géants ne meurent jamais, qu’ils demeurent éternellement capables de se relever au moment où la pression est au plus haut.

…River se crispe

La pression est certainement à son paroxysme chez l’ennemi de toujours River. Comme un signe, le destin aime à se montrer joueur. Au moment où Boca se prépare à embraser sa Bombonera pour célébrer le titre, la fin de tournoi de River ressemble à un long cauchemar. Car plus qu’un titre perdu sur notamment deux performances catastrophiques au Monumental, River se retrouve embarqué dans un scandale sans précédent ou au niveau de la démesure qui sied tant aux géants. Un scandale qui rend la victoire difficile et arrachée face à Aldosivi, qui ne scelle pas la place en Libertadores mais ramène le Millo à la deuxième place, au rang d’anecdote. Tout a commencé par une bombe envoyée depuis la CONMEBOL, Lucas Martínez Quarta a été contrôlé positif en Copa Libertadores lors du match face à Emelec au Monumental. Ce qu’on ne savait pas, c’est que la bombe était à fragmentation. Car derrière l’excellent jeune axial du Millo, d’autres noms ont surgi, ceux de Camilo Mayada, contrôlé positif au même produit lors du match à Melgar, puis celui Sebastián Driussi, passé au contrôle lors du match face à Independiente Medellín au Monumental. Devant une telle « épidémie », c’est tout le monde rouge et blanc qui s’est écroulé, le tout avant que l’annonce officielle du transfert de Driussi au Zenit pour une somme record de 15M€ ne tombe. Tel est donc l’état actuel de « la pire semaine » vécue par Marcelo Gallardo depuis qu’il est revenu au club. En conférence de presse ce vendredi, assis aux côtés de Pedro Hansing médecin du club, El Muñeco s’est voulu rassurant, tentant de réconforter les fans au bord de la crise de nerfs, protégeant ses joueurs, indiquant que le club enquêtait pour trouver l’origine de l’affaire et apporter des preuves d’une erreur. Alors, quand à River on ne confirme que les cas de Mayada et de Martínez Quarta, on évoque une contamination et un complément énergétique dont l’origine aurait changé ces dernières semaines comme possible piste, Pedro Hansing indiquant que le produit concerné ne figure pas dans la pharmacopée du club. Reste que la polémique est immense, l’onde de choc monumentale, les rumeurs persistantes (certains médias évoquent l’utilisation de ce produit diurétique comme possible agent masquant d’autre produits. L’hystérie est totale (elle est allée jusqu’à nommer des joueurs – jusqu’à sept – qui n’étaient pourtant pas passé par la case contrôle lors des matchs, mais le danger est réel. Si on se refuse encore à croire que River pourrait perdre sa place en huitièmes de la Libertadores, les Colombiens de l’Independiente Medellín guettent les moindres faits et gestes, River se retrouve privé de ses deux joueurs (voire ses trois depuis que Driussi a filé en Russie) à l’heure d’aborder son dernier match de championnat et de préparer son match aller de Libertadores au Paraguay.

Les accessits et la charrette, derniers suspenses

Car si le titre de Boca est assuré, le dernier week-end de football en Argentine s’annonce chaud à tous les étages. En haut, River a besoin d’un point pour assurer sa place en Libertadores mais devra aller le chercher au Cementerio de los Elefantes face à un Colón qui a assuré sa place en Sudamericana. L’avance du Millo est réduite. Un point sur Banfield, deux sur Estudiantes qui en s’imposant à Mendoza, s’accroche à la quatrième place synonyme de phase de groupe. Mais c’est lorsqu’on regarde juste derrière que tout est fou. Independiente a démoli Unión, le Racing s’est défait de Colón, tous deux sont avec San Lorenzo à un point d’Estudiantes, à trois donc de River. La lutte sera énorme, trois places envoient directement en phase de groupe, une au deuxième tour de barrage. Le suspense est tout aussi grand pour la Sudamericana 2018. Car si Defensa y Justicia a fait un grand pas en s’imposant à Temperley, el Halcón doit prendre un dernier point pour assurer définitivement sa place. Et hasard du calendrier, son dernier adversaire se nomme le Gimnasia qui est juste derrière à trois points avec Central.

Dernier point chaud, la lutte pour la survie qui est tout aussi folle. Actuellement dans la charrette, Temperley compte le même promedio qu’Aldosivi premier non relégué, titille celui d’Olimpo situé juste devant et n’est qu’à un point d’Huracán, lui-même ex-aequo avec Arsenal. Là encore, le programme de l’acte final est passionnant puisqu’Aldosivi et Olimpo s’affrontent, Temperley se rendant à Vélez. Parmi ces équipes, seul un descendra et rejoindra donc Quilmes, Rafaela et Sarmiento

Les buts

Résultats

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Classement

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Nicolas Cougot
Nicolas Cougot
Créateur et rédacteur en chef de Lucarne Opposée.