Après la victoire dans sa Bombonera le week-end dernier, Boca voulait profiter de son match en retard face au Gimnasia pour mettre définitivement un terme au suspense et conserver son titre de champion. C’est chose faite même si tout ne fut pas si facile.

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Tout n’a tenu qu’à un fil, un but et tout se serait écroulé. Dans un Bosque aux aires de coupe-gorge, Boca a joué à se faire peur avant de chavirer dans la joie. Les dernières semaines avaient été des plus compliquée, entre une Libertadores qui semble vouloir s’échapper et une avance en championnat qui a fondu comme neige au soleil par la faute d’un Godoy Cruz inarrêtable, l’ombre du doute avait sais le peuple azul y oro de Boca, la crainte d’une « Quilmes 78 », venu coiffer le vainqueur de la Libertadores de la même année sur le fil, restant présente.

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Mais Boca n’a pas craqué. Certes il s’est fait peur, surtout une fois que le match a semblé lui échapper en fin de premier acte après notamment l’égalisation de l’ancien de la maison, Nicolás Colazo et sur les occasions de Dibble et autres Faravelli, mais Boca n’a jamais chaviré. Mieux, il a maîtrisé comme au retour des vestiaires où les Xeneizes se sont installés dans le camp du Lobo et dominé les débats et logiquement doublé la mise, Wanchope profitant d’une grossière erreur de Coronel. La peur n’était jamais loin, elle décuple la joie. Aussi, quand Alemán égalisait en fin de partie sur une frappe improbable mais déviée, le risque d’une défaite planait de nouveau. Il ne durait pas. Boca récupère le point qui lui manquait pour s’assurer le titre, Guillermo Barros Schelotto peut sortir d’un Bosque qui l’a vu débuter fort d’un 18e titre en jaune et bleu.

Les hommes clés du champion

Dans une saison, surtout un tel marathon, plusieurs peuvent se vanter d’apporter leur pierre à l’édifice. Pourtant, la Superliga 2018 n’a pas été un long fleuve tranquille pour le Mellizo Barros Schelotto. Son Boca a d’abord tout écrasé, huit victoires consécutives pour débuter et assommer tout le monde d’entrée, pointant à mi-course avec deux défaites pour onze victoires. Les Xeneizes se sont ainsi offert le luxe de pouvoir contrôler leurs poursuivants. Un luxe bien utile au final. Un peu à l’image du Corinthians au Brésil, cette avance a permis à Boca de pouvoir continuer à faire la course en tête, même touché par les blessures comme celles récurrentes de Goltz derrière, les croisés de Gago et de Benedetto, l’homme aux neuf buts en autant de matchs en début de tournoi, même lorsque ça a commencé à coincer, notamment en 2018 à partir d’un Superclásico de Supercopa perdu face à River et face aux contraintes imposées notamment sur le plan tactique par le retour à la maison d’un Carlos Tevez qui aura tant peiné à se fondre dans le 4-3-3 de Barros Schelotto.

Mais Boca a eu deux chances : celle de n’avoir pas de réelle concurrence capable de se montrer à sa hauteur, capable d’être suffisamment régulière pour être menaçante, même si le Tomba a fait le travail à merveille en fin de saison. Celle enfin de s’appuyer sur quelques joueurs décisifs. Si la défense Jara – Goltz (Vergini) – Magallán – Fabra d’une solidité rare, il a trouvé un gardien capable de gérer la pression liée au grand club qu’il est. À tout juste 23 ans, Agustín Rossi a gardé les cages tout au long de la saison, les préservant inviolées lors de 10 matchs et signant quelques parades clés dans les moments décisifs, ne commettant pas la moindre erreur en Superliga. Il est à n’en point douter l’un des grands espoirs à ce poste. Au milieu, un homme s’est révélé, Wilmar Barrios. Le Colombien n’a jamais connu la défaite en Superliga (les cinq défaites de Boca le furent en son absence), il a été l’homme qui apporte l’équilibre à cette équipe, l’une des grandes confirmations de la saison en Superliga et son association avec la machine à perforer et combattant de tous les instants Nahitan Nandez a été décisive sur la première partie de saison, avant que l’Uruguayen baisse un peu de pied. Il en est un qui n’a jamais baissé de pied, bien au contraire puisqu’il s’est mué en homme fort du titre de Boca : Cristian Pavón. Annoncé pour des montants records à Arsenal alors que le diamant était encore loin d’être poli, plutôt que de lui tourner la tête, cette rumeur l’a totalement dynamité. Le numéro 7 de Boca a réalisé une deuxième partie de saison impressionnante au point de sauver à lu seul un Boca qui commençait à coincer. En 26 journées, toutes jouées (il n’aura quitté les pelouses argentines que pendant moins d’une heure sur l’ensemble du tournoi), Cristian Pavón a marqué six buts et surtout délivré onze passes décisives, huit uniquement destinées à son avant-centre, qu’il soit Benedetto d’abord, Tevez et Ábila ensuite. S’il ne faut retenir qu’un homme de ce Boca et même si l’exercice est aussi déplacé qu’inutile, ce ne peut être que Cristian Pavón qui va être compliqué à conserver.

À ce champion, il conviendra ainsi de citer l’apport des Gago et Benedetto, partis sur blessure et dont l’absence a finalement été parfaitement gérée sportivement par Barros Schelotto, celui de Pablo Pérez, devenu capitaine du navire qui a été déterminant lorsqu’il s’est focalisé sur son jeu plutôt que sur ses nerfs, Edwin Cardona, auteur d’une grande première partie de saison avant d’exploser en vol, que ce soit en club comme en sélection et enfin l’incroyable Wanchope Ábila, autre grand sauveur du peuple jaune et bleu dans le sprint final (ce dernier ayant marqué cinq des sept derniers buts inscrits par Boca en championnat). Un seul être manque, Carlos Tevez dont le retour n’aura pas été aussi déterminant que prévu. Certes Carlitos a inscrit trois buts en neuf apparitions, certes son talent est là, mais il reste encore difficile de lui trouver une place dans le schéma du Mellizo. Tevez reste une idole, conscient de n’avoir apporté autant qu’il aurait dû, ses excuses post-titre en témoigne. S’il redevient grand, nul doute que Boca sera encore plus redoutable. Déjà qu’il est un bicampeón sans concurrence, l’Argentine en tremble d’avance.

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Nicolas Cougot
Nicolas Cougot
Créateur et rédacteur en chef de Lucarne Opposée.