Un River en démonstration, De Rossi qui régale, un promu en tête de classement et tout un pays qui rend hommage à son guerrier Tata Brown.

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argj2José Luis Brown, défenseur argentin champion du monde en 1986 au Mexique est décédé le 12 août dernier à soixante-deux ans après avoir lutter contre la maladie d’Alzheimer. L’AFA a honoré sa mémoire par une minute de silence habituelle sur l’ensemble des terrains, associée à un symbole qui caractérise l’esprit de guerrier du joueur. Les capitaines de chaque équipe déchirant leur maillot avec les dents pour y coincer leur pouce, un geste qui renvoie forcement à celui de Tata Brown durant cette finale incroyable de 1986.

José Luis Brown, l'adieu au gladiateur

L’affiche du week-end : Racing - River

Les lendemains de titre sont souvent compliqués. Le début de saison du Racing ne fait pas exception à la règle avec deux matchs nuls, contre Unión à domicile puis Vélez au Fortín. La réception de River Plate devait être l’occasion pour la Academia de lancer sa saison dans un Clásico entre géants. Surtout que les Millonarios sont davantage concernés par les quarts de finale de Copa Libertadores que par le début du championnat. Avec une victoire et un match nul, les joueurs de Marcelo Gallardo ont pour l’heure limité la casse. Ce déplacement du côté d’Avellaneda devait là aussi permettre à River de frapper un grand coup. Les Gallinas ne laisseront pas passer l’occasion. L’entame de match donne le ton. Intensité et verticalité dans le jeu des deux équipes qui ne calculent pas. Si les premières minutes sont à l'avantage de River s’est bien le Racing qui ouvre le score en premier. Un long ballon balancé par la défense de la Aca dans une zone vide sans danger. Gonzalo Montiel va tranquillement vers le ballon et pense pouvoir éliminer facilement Alexis Soto qui arrive comme une balle, subtilise le ballon, centre sur Lisandro López. Ce dernier laisse filer le ballon qui termine dans les pieds d’Augusto Solari, arrivé lancé aux six mètres et qui n’a plus qu’à battre à bout portant Franco Armani. On ne joue que depuis trois minutes et Racing mène déjà 1-0, Gonzalo Montiel peut s’en vouloir, ce but était largement évitable. La réaction de River va être terrible. Pendant trente minutes, les joueurs de Marcelo Gallardo vont jouer à très haute intensité, dans le pressing, dans la circulation de balle. Le danger est permanent sur la défense et la cage du Racing. Frappe de loin, coup franc direct, corner, tout y passe, à chaque fois que River Plate a le ballon une occasion franche arrive. Un homme brille plus que les autres dans cette rencontre. Le jeune milieu Exequiel Palacios est partout, s’occupe de tout et semble très inspiré dans ses choix. Il fait mal par ses courses et ses passes. En trois minutes le match va basculer dans la folie. À la trente-cinquième, Exe récupère un ballon devant sa défense et en une touche de balle lance parfaitement Rafael Santos Borré qui n’en a plus qu'à s’en aller tromper Gabriel Arías, abandonné par sa défense. Le Racing a pris un premier crochet mais tient encore sur ses pieds, la suite va l’achever. Sur l’engagement le Racing perd le ballon et Exe Palacios (encore et toujours) trouve Matías Suárez en profondeur et en une touche (copie parfaite du premier but). Ce dernier voit Sigali revenir sur lui et parvient à glisser le ballon à Santos Borré qui s’offre un doublé en une minute. Le Racing ne s’en remettra pas ! La minute suivante, on joue alors la trente-huitième minute, Nico De la Cruz, inspiré par les buts précédents, lance Matías Suárez qui trompe encore Gabriel Arías qui n’a pas fini de récupérer le ballon au fond de ses filets. Le score est passé de 1-0 pour Racing à 1-3 en trois petites minutes, le match est plié. Echaudé par la première période de son équipe Chacho Coudet change deux joueurs à la mi-temps Chelo Diaz remplace Nery Domínguez quand Walter Montoya succède à un Matías Rojas qui, pour l’instant, ne convainc pas au Racing. On pense alors que River va tranquillement gérer la seconde période à cinq jour d’un match capital en Libertadores. L’intensité va légèrement diminuer, l’agressivité défensive également, mais pas la qualité technique. L’exclusion de Leonardo Sigali, qui découpe Suárez lancé en contre en début de deuxième minute plonge encore plus le Racing en plein cauchemar. Peu après l’heure de jeu, l’arbitre désigne logiquement le point de penalty suite à un tirage de maillot d’Iván Pillud sur Nacho Fernández. Ce dernier se charge de le transformer et inscrit le quatrième but du soir pour River. Quatre minute plus tard, Lucas Pratto, sur son premier ballon, trouve Nicolás De la Cruz qui offre le cinquième but aux siens. Trois petites minutes défilent seulement quand Nacho Scocco vient placer un sixième but, d’une magnifique tête. River nous a offert une démonstration de football et frappe un grand coup dans ce championnat. Marcelo Gallardo qui règne sur le continent comme personne va-t-il, enfin, remporter un championnat ? Si l’occasion se présente (comprendre si la Libertadores s’arrête plus tôt que prévue) c’est fort possible. Le Racing lui aura du mal à se remettre de cette humiliation qui a laissé des traces dans le vestiaire. Nul doute que les joueurs pourront compter sur leur merveilleuse hinchada qui n’a pas hésité à continuer de chanter même à 1-6.

Le bon wagon

Troisième victoire en trois matchs pour Arsenal de Sarandí pourtant promu cette saison en Superliga. Après avoir fait tomber Banfield et Godoy Cruz, c’est au tour de Defensa y Justicia, sur sa pelouse, de subir la loi du jeu del Arse. Une victoire 3-0, qui valide la qualité de jeu des hommes de Sergio Rondina qui surfent sur la confiance qu’apporte une montée. Les buts de Lautaro Parisi, Gastón Álvarez Suárez et Joël Soñora permettent aux joueurs de Sarandí de s’emparer, seuls, de la première du classement sans avoir encaissé le moindre but. Dépouillé au dernier mercato, el Defe poursuit sa lente descente en enfer. Vice-champion l’an passé, el Halcón est bon dernier de Superliga avec autant de défaites que de matchs. Engagée en Libertadores à partir du mois de janvier, l’équipe de Florencio Varela est contrainte aux miracles pour ne pas faire de la figuration dans la plus belle des compétitions.

Auteur de son premier but en Copa Argentina quelques jours plus tôt avec ses nouvelles couleurs, Daniele De Rossi était l’attraction de ce duel entre Boca Juniors et Aldosivi, malgré les grands débuts d’un timide Franco Soldano en neuf. Et dès les premières minutes, el Tano a régalé les hinchas dans une Bombonera qui n’avait d’yeux que pour lui. Dans les couvertures comme dans les duels mais plus surprenant encore (pour nous qui découvrons l’étendue de sa palette technique) dans la qualité de ses passes en une touche de balle en profondeur. Le temps d’un match, De Rossi s’est mué en Andrea Pirlo. Il a régalé pour ses premiers pas en Superliga face à un adversaire certes limité mais qui a su créer du danger sur les buts d’un Esteban Andrada impeccable (comme souvent) et qui enchaîne un troisième match sans encaisser le moindre but. Trente minutes à buter sur Luciano Pocrnjic avant de voir Carlos Tevez faire trembler les filets. Un Carlitos en forme et auteur d’un bon match, reprend d’une talonnade victorieuse le centre-tir de Sebastían Villa. Emanuel Mas, qui s’efface pour el Apache, était pourtant en position d’hors-jeu, une position qui aurait dû invalider le but. Heureusement pour les Bosteros, la Superliga est l’une des dernières terres sans VAR (plus pour longtemps). Une première mi-temps aboutie pour un Boca qui va décider de gérer le second acte et préparer au mieux le déplacement à Quito en quarts de finale aller de Copa Libertadores. Il faudra attendre les dix dernières minutes pour voir Boca doubler la marque par un Toto Salvio en grande forme.

Co-leaders de la Superliga au coup d’envoi, San Lorenzo et Rosario Central s’étaient donnés rendez-vous au Nuevo Gasómetro. Dix petites minutes pour rentrer dans la rencontre et Maxi Lovera, pibe de vingt ans, offre au public le premier frisson du match. Une feinte de corps sur sa prise de balle dans le rond central qui lui ouvre les chemins du but. Une accélération de vingt mètres avant de décaler sur l’aile droite Ciro Rius qui dépose le ballon sur la tête de Claudio Riaño qui ouvre le score pour Central. Une dizaine de minutes plus tard, ce même Rius, en plein cœur de la surface, enchaîne un contrôle et une frappe croisée qui trompe Nicolas Navarro. Vingt minutes ont été jouées, les Canallas ont cadré deux tirs pour deux buts. On peut difficilement faire pire du côté des hommes de Juan Antonio Pizzi. Mais là où le Ciclón aurait plongé l’an dernier, il relève la tête et bombe le torse cette année. Car San Lorenzo a le contrôle du ballon, et va finir par se procurer des occasions dangereuses. Presque sur l’engagement, el Perrito Barrios repique dans l’axe, trouve un appui sur Hector Fertoli qui remise sur Fernando Belluschi. Face à une défense bien trop passive, le numéro dix de trente-cinq parvient à placer sa frappe lointaine et prouve que la puissance ne fait pas tout. Jeremías Ledesma, masqué, plonge trop tard et s’incline une première fois. Dix minutes plus tard, Adam Bareiro obtient un penalty pour un tirage de maillot du défenseur canalla Matías Caruzzo. Le jeune attaquant se charge lui-même de le transformer mais rate la balle d’égalisation. Sa panenka termine au-dessus de la transversale, Diego Cocca peut souffler quelques secondes. Peu avant le retour au vestiaire, Bruno Pitton, de la tête, dévie au fond du but le coup franc de Belluschi. Le score n’évoluera plus en deuxième période malgré la domination des locaux et l’entrée en jeu d’Óscar Romero (ex Racing). Les deux équipes se quittent sur un nul 2-2 qui laissera des regrets à San Lorenzo et Bareiro.

Voir Central accroché a de quoi satisfaire les hinchas de Newell’s. Surtout que les équipiers du capitaine Maxi Rodríguez ont affiché une belle maîtrise face Unión quelques heures plus tôt. Une victoire de la Lepra 2-0 grâce à un but du jeune latéral droit Facundo Nadalín, qui fait exploser le stade Marcelo Bielsa une première fois. En fin de rencontre Lucas Albertengo s’offrira un joli but, éliminant gardien et défenseurs d’une magnifique feinte de frappe avant de glisser le ballon dans les cages de Sebastian Moyano. Le Coliseo del Parque peut exulter, Newell’s fait un début de saison parfait, et en cas de succès face à Independiente (match en retard) pourrait rejoindre Arsenal en tête de la Superliga.

En bref

En déplacement à La PLata pour y défier Estudiantes quatre jours après avoir été éliminé en Copa Sudamericana, Independiente se devait de se racheter. Très actif durant le dernier mercato, Sebastián Beccacece n’a pas vraiment le droit à l’erreur. Les consignes de BKCC sont mises en place dès le coup d’envoi. La volonté de relancer proprement malgré l’excellent quadrillage des joueurs de Gabriel Milito, expose la défense du Rojo et, en seconde période, suite à un ballon perdu de Lucas Romero, Nahuel Estevez, tout juste entré en jeu, récupère et frappe, sur le portier. Martín Campaña ne peut bloquer ce tir puissant et le relâche vers Ángel Gonzalez. Lui qui devait s’engager avec le club d’Avellaneda (il avait été annoncé par le club, avant de filer vers Estudiantes), trompe le gardien uruguayen d’un plat du pied. Diego García corsera l’addition après un bon travail de Facundo Mura puis Enzo Kalinski nous gratifiera du golazo du week-end, de l’année même. Un ballon mal renvoyé par la défense du Rojo, un contrôle de la poitrine, deux jongles pour se la lever et une chilena au pied du poteau. Victoire nette d’Estudiantes 3-0 contre un Independiente en manque de jambes et d’idées.

À la Fortaleza la tension était bien présente. Depuis la dernière Copa Superliga qui a vu Gabriel Heinze et Luis Zubeldia être expulsés après s’être invectivés au-delà de leur zone technique, les entraîneurs ne s’apprécient pas, les deux équipes non plus. La jeunesse et la maîtrise technique coté Vélez, l’expérience et le combat côté Lganús. À ce petit jeu, Vélez n’a pas résisté. Jamais vraiment installé dans le match, le Fortín concède une nouvelle défaite et n’a toujours pas goûté à la victoire cette saison. L’arbitre du jour a bien laissé (au moins) un penalty en route pour les joueurs du Gringo mais la victoire de Lanús 3-1 est finalement mérité. Grande déception de Talleres à Córdoba face à Central Córdoba (qui n’y joue pas). Un match nul 1-1 malgré la maîtrise du cuir et des occasions de la T. Faute d’un buteur efficace et avec un Nahuel Bustos à côté de ses crampons, difficile d’espérer mieux. À La Paternal, Argentinos s’est offert le Banfield de Crespo. Une victoire 3-2 du Bicho qui a su profiter à merveille des erreurs défensives du Taladro et avec un Renato Civelli qui commence (enfin) à ne plus avancer. Troisième match sans défaite pour Argentinos qui se rassure dans ce début de saison.

Que c’est long un match quand les deux équipes sont incapables de construire des attaques ni d'enchaîner les passes. Cet Atlético Tucumán - Godoy Cruz était une purge de quatre-vingt-sept minutes avant la délivrance. Un golazo involontaire du défenseur de l’Atlético Tucumán Bruno Bianchi. Un but qui offre la première victoire au Decano del norte et qui met un terme à la série de cinq défaites consécutives des hommes del Ruso Zielinski. Pour le Tomba c’est une troisième défaite en trois matchs (ils font aussi bien que Defensa) et Lucas Bernardi a déjà fait ses bagages. En danger pour le maintien, Patronato a montré qui était le Patrón. Une victoire 2-1 sur Huracán (la faute au vent et au terrain selon, Vojvoda). Le Globo peut s’estimer heureux de ne pas avoir ramassé une manita. Le Paraguayen Gabriel Avalos et l’Uruguayen Hugo Silveira sont les buteurs côté Patronato tandis que l’arménien Norberto Briasco s’est offert un joli but dans le dernier quart d’heure.

Dernier aux promedios, Gimnasia se doit de réaliser des coups pour survivre à cette Superliga. En déplacement chez un concurrent direct à Santa Fe, le Lobo, proche d’accrocher une victoire cruciale face à Colón, concède une nouvelle défaite la faute au doublé du colombien Wilson Morelo dont le dernier but vient doucher les espoirs des Triperos à la quatre-vingt quatorzième minute. Victoire obligatoire ce week-end pour Gimnasia qui reçoit Defensa y Justicia.

Les buts

Les résultats

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Classeùent

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Nicolas De la Rua
Nicolas De la Rua
Un lobo amoureux du ballon rond qui se partage entre Choripán et Socca