En Argentine, ce week-end, se jouait la dix-septième journée de Superliga, la première de la nouvelle année. Au menu : les joueurs de Gallardo prennent une option en tête du classement, les retrouvailles de Javier Mascherano avec le championnat argentin mais aussi les débuts attendus de Russo, de retour à Boca. Et bien plus encore.

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L’affiche du week-end : Des débuts frustrants pour le Boca de Miguel Ángel Russo

Le dernier match de cette journée voyait s’affronter deux grands du fútbol argentin, Boca Juniors et Independiente. Ponctué de fortes bourrasques, ce match empli de promesses marquait le début d’une nouvelle ère pour le Xeneize. Le premier match de 2020 était aussi le premier depuis l’élection de la paire Ameal-Riquelme, et le premier sous les ordres de Miguel Ángel Russo. De retour au club pour redonner du spectacle et du bonheur au peuple xeneize, le technicien proposait un prometteur 4-1-3-2 offensif. En pointe, Carlitos Tévez remplaçait Wanchope Ábila aux côtés de Zárate, devant la recrue Pol Fernández, arrivé cet hiver de Cruz Azul (Mexique). En face, Independiente se présentait en outsider avec un 4-4-2 concocté par Pusineri. Au milieu de terrain, Pablo Pérez faisait son grand retour sur la pelouse de la Bombonera, qu'il connait si bien. Les premières minutes avaient de quoi redonner le sourire au stade comble : séduisant, Boca opérait un pressing haut et efficace. On remarquait aisément la volonté de passer par les côtés, illustré par l'important rôle laissé aux latéraux dans l’animation offensive. Au bout de dix minutes, le Rojo n’avait toujours pas touché le ballon. Mais les choses se compliquaient rapidement pour le Xeneize. Déjà averti, Izquierdoz stoppait irrégulièrement la course de Silvio Romero, parti dans son dos, et recevait un second avertissement logique. Pour la septième fois en dix-sept journées, Boca ne terminait pas un match au complet. Contrarié dans ses plans, Russo sacrifiait le jeune Obando pour restructurer sa défense. Ce tournant marquait le réveil d’Independiente. Sur le coup-franc, il fallait la main ferme de Marcos Diáz pour empêcher Leandro Fernández d’inscrire un golazo. Sur le corner suivant, il fallait à Díaz l’aide de son poteau pour garder sa cage inviolée. Alors qu’il semblait avoir la partie en main, Boca désormais à dix avait bien plus de mal à se montrer menaçant. Sans être impressionnant, son adversaire se créait une poignée d’occasions qui fragilisaient la défense boquense. Celle-ci avait des difficultés à protéger son portier, qui réalisait un grand match multipliant les interventions, en l’absence d’Andrada. Face à lui, Pablo Pérez s’essayait à plusieurs reprises devant le but, sans trouver les filets. La barbe grisonnante mais très en jambes, l’ex-capitaine de Boca livrait une grande performance, avec un volume de jeu important. Il fallait attendre l’heure de jeu pour retrouver le Xeneize dangereux : enfin trouvé face au but, Tévez enroulait une frappe à l’entrée de surface, touchée du bout des doigts par Campaña. Entré à la place de Mauro Zárate, sorti sur blessure, Sebastián Villa apportait sa vitesse en fin de match. Sur une accélération phénoménale; il déposait la défense roja avant de manquer son dernier geste, comme souvent. S’il n’avait pas réussi à inscrire son nom au compteur, Pablo Pérez le faisait sur la feuille de match en se faisant expulser pour une horrible semelle sur le bas du tibia de Campuzano. La sortie du relayeur ne changeait rien à la maitrise d’Independiente, dont le rythme insufflé par la pépite Brian Martínez retranchait Boca dans sa moitié de terrain. Ce match, très vivant cela dit, se terminait sur un décevant 0-0. Sur le plan comptable, Boca perdait l’occasion de suivre le rythme imposé par River. Avec une seule victoire lors des cinq dernières sorties, le Xeneize patine malgré la chaleur de l’été austral. Concernant le jeu, il faudra attendre d’autres matchs pour juger l’apport de Russo, frustré par le carton rouge arrivé tôt dans la partie. Independiente était venu pour ne pas perdre à la Boca, il part avec les regrets de ne pas avoir concrétisé sa grande prestation.

Estudiantes et San Lorenzo se neutralisent pour le retour de Javier Mascherano

Après une trêve estivale plus attendue par Estudiantes que San Lorenzo, les deux équipes renouaient avec la Superliga à Boedo. Surtout, ce match marquait le grand retour du Javier Mascherano, quatorze années après son dernier match pour River. Représentant impeccable du fútbol argentin en Europe et dans le monde, l’ancien international recevait un bel hommage de la part du Ciclón, entre cadre honorifique à son effigie et applaudissements soutenus. Coincées en milieu de tableau après une première partie de saison en dents de scie, les deux clubs visent désormais les places qualificatives pour la Copa Sudamericana. Qui dit reprise de janvier, dit renforts pour les clubs, qui en avaient besoin pour atteindre leurs objectifs. Trois d’entre eux trustaient le onze de San Lorenzo : Alejandro Donatti, Diego Rodríguez et Nicolás Fernández. Dans le camp adverse, les visiteurs alignaient deux nouveaux, Lucas Rodríguez et Martín Cauteruccio, aux côtés du Jefecito. Pas encore rodées, les deux formations ont donné lieu à une très longue période d’observation, faite de longues possessions stériles. San Lorenzo tenant le ballon, mais butant sur l’organisation défensive remarquable du Pincha. Assez vite, les visiteurs prenaient la mesure du Ciclón et le contrôle des débats. L’histoire retiendra qu’il n’a fallu que vingt petites minutes à l’incorrigible Masche pour se faire avertir le jour de ses retrouvailles avec le championnat argentin. Pour ses débuts sous ses nouvelles couleurs, l’ex-joueur du Racing, Donatti, trouvait presque le cadre après un énième duel aérien remporté. Alors qu’on n’avait pas grand-chose à se mettre sous la dent, l’Argentine nous régalait une surprise dont elle seule - ou presque - a le secret : la demi-heure passée, survenait une extinction des feux dans l’enceinte du stade Pedro Bidegain qui dura sept minutes. Durant les neuf minutes d’arrêts de jeu, Estudiantes serait reparti aux vestiaires avec l’avantage si Facundo Sánchez n’était pas parti un peu trop tôt sur un coup-franc lointain. Le discours de Diego Monarriz a dû secouer ses joueurs à la mi-temps, revenus transformés dans le jeu, plus mobiles et avec plus d’envie. Des efforts justement récompensés par l’ouverture du score de Bruno Pittón suite à une combinaison collective. Après un jeu en triangle, Juan Ramírez était lancé dans la profondeur. Sa frappe déviée revenait dans les pieds du latéral gauche cuervo qui confirmait son statut de meilleur buteur du club à bout portant. Une joie de courte durée puisque cinq minutes plus tard, el León allait lui aussi faire mouche. Une longue ouverture de Mascherano provoquait une mésentente coupable entre Coloccini et Torrico, dont profitait Mateo Retegui, tout juste rentré et plein d’opportunisme. Frustré, San Lorenzo allait pousser jusqu’au bout pour rectifier le tir mais les contre-attaques des frères Romero, entre autres, n’allaient rien donner. Au bout du compte, le match nul est logique tant les deux équipes ont respectivement dominé une mi-temps chacune. Le Ciclón n’a pas existé durant le premier acte mais aurait dû saisir sa chance dans le second. Alors que leur domination laissait penser à une victoire certaine, la seule faille de sa défense lui aura coûté deux points. Le résultat n’arrange personne, mais au moins, Estudiantes peut sourire : el Jefecito Mascherano, auteur d’un gros match, va beaucoup lui apporter cette saison.

Sur les hauteurs de Mendoza, River prend son envol

Après sa victoire dans le match en retard de la quatorzième journée contre Independiente (2-1), River Plate aborde le sprint final de cette Superliga en tant que principal candidat à la victoire finale. Premier à égalité avec Argentinos en marge de ce week-end, le Millonario parait le mieux armé, le plus régulier dans la course au titre. Dans sa quête, le vice-champion d’Amérique se déplaçait à l’ouest du pays pour y affronter Godoy Cruz. Une formalité, tant le club mendocino est à l’agonie sur l’exercice 2019/20 : dans sa besace, seulement neuf petits points pris sur les quarante-huit possibles. Visiblement confiant, Marcelo Gallardo avait organisé son équipe en 3-5-2, en alignant le trio Nico De la Cruz-Enzo Pérez-Nacho Fernández pour dominer le jeu au milieu de terrain. Sans surprise, cette bataille était remportée aussi rapidement que celle dans les tribunes, le stade de Mendoza chantant à la gloire des porteños. Rapidement, les spectateurs étaient interrompus dans leurs chants par l’ouverture du score de la bande à Gallardo. Au coin de la surface, Nico De la Cruz provoquait avant d’adresser un centre topé dans la boite, que Matías Suárez ne pouvait pas mieux reprendre. Sa tête piquée puissante trompait la vigilance de Rodrigo Rey sur sa gauche. Dans ce système inhabituel, River semblait à l’aise. En libérant ses libéraux Casco et Montiel de la tache défensive, Gallardo tirait le meilleur de leurs capacités offensives. Et cela se voyait au premier coup d’œil tant le jeu millonario passait par les ailes et la projection des deux pistons. Le danger arrivait des deux côtés, les défenseurs de Godoy Cruz étant systématiquement en infériorité numérique sur les nombreuses attaques placées du leader. D’abord, Milton Casco puis Gonzalo Montiel se retrouvaient en position de marquer, mais leurs tentatives respectives ne trouvaient pas le chemin des filets. De plus, River continuait d’innover contre la lanterne rouge de la saison en faisant des coups de pied arrêtés, une menace permanente pour les locaux. À l’image du but, les joueurs millonarios ont abusé de centres, dont une poignée a failli trouver la faille. Tout au long du match, Suárez et l’ensemble de la défense centrale ont remporté leurs duels aériens. Seul maillon de l’équipe qui n’était pas au diapason samedi soir, Rafa Borré a beaucoup gâché et n’a pu inscrire un onzième but cette saison. Maladroit devant Rey, le meilleur buteur du championnat aurait pu - et dû - transformer les offrandes successives de Suárez et Nacho. Ce dernier n’était pas plus en réussite lorsque son coup-francs excentré s’écrasait sur la barre transversale. Pas à l’abri d’une mauvaise surprise avec son seul but d’avance, River s’est fait peur sur la fin quand Marcelo Freites manquait de convertir un mauvais dégagement de la défense. En toute logique, le club de Nuñez repart avec la victoire en poche et la première place de la Superliga pour lui seul. Sa domination a été outrageuse, cumulant presque 70% de possession et tirant 22 fois au but. Une nouvelle soirée à domicile à oublier pour Godoy Cruz, qui devra se reprendre assez vite s’il veut s’éviter de trembler pour son maintien lors des prochaines saisons.

Central profite de la faiblesse des prétendants au titre pour tirer son épingle du jeu

Leader à égalité avec River au début de cette dix-septième journée, Argentinos a visiblement du mal à digérer les fêtes de fin d’année. Le club de la Paternal s’incline 1-0 chez la moribonde Unión et laisse le Millonario le distancier. Autre prétendant au titre, Lanús risque de regretter longtemps sa défaite chez Aldosivi (2-0). Les points valent de plus en plus cher, et une telle défaite chez un club luttant pour le maintien n’est pas la meilleure idée qu’ont eu les Granates cette saison. Dans le même registre, Vélez ne réalise pas une bonne opération en concédant le nul à la Plata, contre le Gimnasia. Le Fortín reste encore dans la course, tandis que le Lobo de Maradona se dirige tout droit vers la descente, trop irrégulier à domicile. La bande à Gabi Heinze est devancée à la différence de buts par la meilleure équipe d’Argentine actuellement : Central confirme sa bonne passe en enchainant une cinquième victoire en six matchs, contre Huracán (2-1). Toujours en lice dans la course à la Sudamericana, Arsenal Sarandí n’obtient que le nul avec une très belle réalisation de Fernando Torrent face à Newell’s (1-1) : les deux clubs se tiennent en deux points au classement. A Avellaneda, le champion en titre recevait l’Atlético Tucumán dans un duel de prétendants à la seconde coupe continentale. En repartant avec un nul contre le Racing, les Tucumanos confirment leur baisse en régime. Ceux qui avaient terrorisé toute l’Argentine entre novembre et décembre dernier, en sont à leur quatrième nul consécutif. Très irrégulier cette saison, Defensa y Justicia a démarré l’année en offrant un beau spectacle à ses supporters : à Villa Flores, les locaux roulent sur Talleres (4-1) et repartent sur les mêmes bases qu’avant la trêve. Contre toute attente, le festival de but de cette journée a eu lieu du côté de Banfield dans un match du bas de tableau. Le Taladro a marqué trois buts contre Patronato, mais en a reçu tout autant. Enfin, Colón, en déplacement chez Central Córdoba, s’est incliné sur la plus petite des marges : c’est déjà la quatrième défaite d’affilée pour les Santafesinos.

Les buts

Résultats

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Classement

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Andoni Ospital
Andoni Ospital
Sur la voie du bonheur, tous les chemins mènent à El Calafate.