Le 20 mai est un jour spécial en Uruguay puisque depuis 1996, il s'agit du jour de la « Marche du Silence » en hommage aux victimes de la répression militaire des années soixante-dix.
Cette année encore, malgré l'arrêt des activités footballistiques, de nombreuses personnes liées au monde du football ont souhaité participer, de Sebastián Coates à la deuxième division, en passant par le Maestro.
Le 20 mai 1976, les corps de Zelmar Michelini, Héctor Gutiérrez Ruiz, Rosario del Carmen Barredo et William Whitelaw sont retrouvés sans vie. Des Uruguayens de tous bords dont le seul tort était de demander, depuis Buenos Aires, le retour de la démocratie. Vingt ans plus tard, en 1996, les associations de victimes décident d'une « Marche du Silence », qui descend depuis tous les ans l'avenue principale de Montevideo, avec les photos des victimes portées par leur famille, en souvenir des victimes mais aussi et surtout pour demander justice, alors que, à bientôt quarante ans de la fin de la dictature militaire, les différents corps d'armée semblent toujours réticents à éclairer de la vérité les faits de cette décennie noire.
SON MEMORIA, SON PRESENTE.. pic.twitter.com/AVIvTG20hU
— Sebastian Coates (@SebastianCoates) May 20, 2020
Malgré la pandémie, de nombreux joueurs se sont encore une fois exprimés pour la vérité en soutient de la Marche du silence, dont le joueur de sélection Sebastián Coates ou encore Álvaro Fernández. C'est à valoriser dans un environnement où il est souvent demandé au footballeur d'être les plus « neutres » possibles, notamment sur ce type de cause alors que le thème reste un tabou de la société uruguayenne, comme on peut notamment le lire dans le magazine 10 de Lucarne Opposée, qui consacre un article au Mundialito de 1980-1981.
#SonMemoriaSonPresentedondeestan #MarchaDelSilencioPresente pic.twitter.com/ibX4p3O9Z9
— alvaro fernandez #26 (@flaco_fernandez) May 20, 2020
Óscar Washington Tabárez a lui aussi participé durant l'année au projet « Images du Silence » où une personne connue porte le portrait d'un disparu, comme il l'est fait durant la marche du silence. Il porte le portrait de Juan Pablo Recagno Ibarburu, disparu à vingt-six ans à Buenos Aires le 2 octobre 1976, militant d'extrême gauche des « Forces Révolutionnaires des travailleurs », et dont il est soupçonné qu'il ait fait partie du second vol de la mort, réalisé le 5 octobre 1976.
Quelques joueurs du championnat ont aussi posté un message de souvenirs, notamment l'équipe de deuxième division de Villa Española, qui avait prévu en début de saison, avant la pandémie, de jouer avec un maillot barré du message « Où sont-ils ? » devant et « Marche du Silence » derrière. Malheureusement, Emiliano Albín ou Santiago López n'ont pas eu l'occasion de jouer avec, mais ils ont malgré tout porté le message sur les réseaux sociaux.



