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Comme à l'accoutumée désormais sur LO nous vous faisons vivre, tous les week-ends, un match en inside sur le continent Sud-Américain. Ce week-end nous avons décidé de vous emmener en Primera B Nacional Argentine pour un match avec un énorme enjeu pour l'accession en Primera A : la Nueva Chicago actuel 4ème recevait le leader San Martin de San Juan. Et nous étions prévenus, l’Estadio Republica de Mataderos est considéré comme l'un des plus dangereux du pays…

C'est à peu près une heure et demie avant la rencontre que nous arrivons dans le quartier de Mataderos à l'ouest de la capitale Buenos Aires. Ne cherchez pas cet endroit sur une carte touristique de la ville, c'est simple, il n’apparaît pas... Le quartier est au couleur de la Nueva Chicago, tout de noir et de vert vêtu, les murs sont tagués à la gloire de Los Mataderos et de quelques vers de poésie envers les grands rivaux, All Boys et Velez. Un bar est même improvisé dans la rue qui mène à la Popular où les hinchas entonnent les premiers chants, se restaurent à base de Choripan et s'hydratent avec du Fernet-Cola. Vous vouliez du football populaire, vous allez être servis.

Ne cherchez pas les titres, ne cherchez pas la galerie des trophées il n'y en a presque pas. Mais ce que vous pourrez trouver ici, c'est la passion et le rôle social qu'a le club à Mataderos

En rejoignant notre tribune Platea qui nous permettra d'avoir une vue optimale sur le terrain mais aussi sur la Popular situé en face en latérale « à la lensoise », on peut s'apercevoir que les barricades installés dans les rues adjacentes au stade sont aussi grandes que les tribunes de l'Estadio Republica de Mataderos. En entrant, se dresse devant nous le portrait de Rodolfo Motto portant la mention « Eternamente… Gracias !!! ». L'ancien joueur et entraîneur de la Nueva Chicago décédé en août dernier était le symbole du football de Ascenso (Division inférieure) comme on l'appelle ici en Argentine. Il était au commande de l’équipe de la Nueva Chicago qui est remontée en 2006 en première division.

Ça y est nous y sommes, pendant que les pétards résonnent déjà dans les rues et que la Barra Brava locale installe les premières banderoles c'est l'occasion pour nous de discuter avec Jorge, 65 ans, hincha de la Nueva Chicago qui vient au stade depuis plus de 50 ans. « Je suis né dans ce quartier, ici j'en ai connues des choses… C'est simple, ne cherchez pas les titres, ne cherchez pas la galerie des trophées il n'y en a presque pas. Mais ce que vous pourrez trouver, c'est la passion et le rôle social qu'a le club à Mataderos qui est un quartier populaire » confie Jorge. Oui car comme nombreux clubs argentin, la Nueva Chicago n'est pas seulement un club de football mais un club omnisports qui propose aussi du Basket, de la Boxe etc... On se pose souvent la question de savoir pourquoi les argentins ont un tel fanatisme et un tel attachement à leur club, on en a en parti la réponse dû à l'aspect social. Un club comme la Nueva Chicago est un cercle social dans le quartier de Mataderos où l'on est prêt à tout pour représenter les couleurs du club mais c'est aussi un endroit où les asados (barbecues) sont partagés, où l'on passe les dimanches en famille, tout simplement un endroit où l'on y vit. Dans certains grands clubs comme Boca ou River, les socios bénéficient même de droit spéciaux comme pouvoir voir un médecin, des écoles, d’une université (dans le cas de River), ou encore d’un hôtel et d’un cimetière à Boca. Pour en revenir à la Nueva Chicago et aux propos de Jorge, ce club n'est effectivement pas réputés pour son palmarès avec seulement trois titres dont un de troisième division en 1940, un autre de Primera B Nacional en 1981 et pour finir un de Primera B Metropolitana en 2014, mais plus pour son public assez chaud, voire bouillant, auteur de nombreuses frasques en tribunes. Pour exemple ce retrait de vingt points lors de la saison 2006/2007 suite à des violences en tribunes qui vaudra une relégation en troisième division au club. Mais la hinchada Verdinegro ne se caractérise pas seulement pour sa violence. Capable de déplacer des milliers de fans dans les bons comme dans les mauvais moments, le journaliste argentin Alejandro Fabbri confiait à ce propos : « C'est toujours émouvant de voir les fans qui accompagnent la Nueva Chicago. Il y a beaucoup d'éloges à leur faire au vu de ce qu'ils ont produits dans ce quartier. De plus c'est un ensemble de supporters venant des classes les plus populaires qui ont pour habitude de se rendre en nombre dans tout le pays peu importe où joue l'équipe. Voir la Nueva Chicago dans cette situation m'émeut et j'espère très vite les revoir au plus haut niveau ».

Nous rencontrons ensuite la radio du club, « Chicago Corazon » qui ne nous cache pas sa nervosité aujourd'hui par rapport à la rencontre « Nous sommes très anxieux par rapport à ce match car il est primordial pour l'accession en Primera. Ça fait très longtemps qu'on n’a pas vécu un tel niveau d'excitation, bien sûr il y a eu la montée l'année dernière de Primera B Metropolitana à Primera B Nacional mais là on a l'occasion de revenir au plus haut niveau ! » lâche Juan. A peine le temps de s'installer dans une tribune qui nous fait penser aux années 20, que les 22 acteurs font leur rentrée sur le terrain dans une très belle ambiance.

Volver en Primera es mi obsecion (Revenir en Première division est mon obsession)

Le match commence et la Nueva prend tout de suite la possession du ballon. La hinchada sent qu'il y a clairement quelque chose à faire aujourd'hui et l'ambiance ne cesse de monter, pétards et artifices sont de sortis, ça « pogotte » dans tous les sens : « Para ser campeon, hoy hay que ganar » (Pour être champion, aujourd'hui il faut gagner) s’époumonent les fans vert et noir. Vient la 13ème minute, sur un coup franc de Christian Gomez trouve d'abord le mur avant de reprendre le cuir en première intention d'une belle volée qui se loge dans le petit filet. 1-0 et c'est l'explosion dans l'Estadio Republica de Mataderos que ce soit dans la tribune de presse ou même sur les toits du quartier où certains ont décidés de profiter de la vue pour ne pas payer de place.

San Martin est complètement asphyxié dans ces vingt première minutes et Matos est tout prêt d'inscrire le second but d'une belle tête décroisée qui passe de peu à côté. « Volver a Primera es mi obsecion » (Revenir en Primera est mon obsession) reprennent alors tous les fans de la Nueva dans une ambiance qui ne cesse de nous surprendre au fil des minutes… Le club de San Juan n'existe pas dans ce premier acte et commet des fautes grossières et c'est Figueroa puis Costa qui écoperont de deux cartons jaunes bien orangés de la part de Monsieur Pompei. Ce dernier siffle la fin d'une première période complètement maîtrisée par les hommes d’Omar Labruna, San Martin peut même s'estimer heureux de retourner aux vestiaires avec un seul but de retard tellement El Torito de Matadores a été supérieur.

La seconde mi-temps reprend sur le même rythme que s'était terminé la première, c'est à dire que avec la Nueva Chicago qui a le pied sur le ballon et il suffira de cinq petites minutes à Matos pour doubler la mise en reprenant un superbe centre. 2-0, il n'en fallait pas moins pour réveiller l'Estadio Republica de Mataderos « Vamos a volver en Primera » (Nous allons revenir en primera) reprend alors le stade en délire quand deux minutes plus tard Gomez voit sa tête repoussé par un superbe réflexe du portier de San Martin. S'en suit une période un peu plus ennuyeuse sur le terrain où la Nueva Chicago gère tranquillement son avance, dans les tribunes le spectacle continue à être assurée par cette impressionnante hinchada locale, ça saute et ça chante dans tous les sens. Oui messieurs nous ne sommes pourtant que en deuxième division ! A la 32ème minute « el maestro » Gomez, idole de tous les supporters verts et noirs, sort sous une énorme ovation. Il ne se passera plus rien sur le rectangle vert, dans les gradins ça restera l'euphorie jusqu'au bout. La Nueva Chicago tient sa victoire qui la propulse en tête du groupe A en Primera B Nacional en compagnie de sa victime du jour. Même dans les rues en sortant du stade, les chants résonnent encore. Des chants que l'on pourrait bien retrouver dès février prochain, mais cette fois en Primera...