Alors que le championnat colombien est, comme quasiment tous les championnats du monde, à l’arrêt, la DIMAYOR et son président Jorge Enrique Vélez sont pris dans la tempête.
« Si le gouvernement veut payer pour les Colombiens, je lui envoie la facture. Mais gratuit ce ne sera pas possible ». Cette phrase, signée Jorge Enrique Vélez, date de décembre 2019. Alors que la chaine premium Win Sports +, diffuseur du championnat pour l’année 2020, était annoncée, le président de la DIMAYOR, l’entité qui gère le football professionnel colombien, avait ainsi eu cette réponse sèche après qu’un groupe parlementaire voulait faire du football local un intérêt général. Plein d’assurance tout allait bien dans le meilleur des mondes, il n’avait pas besoin de l’état colombien et se permettait donc de le rabrouer. Tout a changé avec la crise du coronavirus.
Dimanche soir, la DIMAYOR a envoyé une lettre au président colombien, Iván Duque, pour demander au gouvernement de mettre en place des « politiques de survie qui aident à surpasser les difficultés économiques ». Un euphémisme. Alors que Jaguares a déjà suspendu le contrat de treize des trente joueurs de son effectif, si l’on en croit Vélez, « aujourd’hui les équipes sont dans une situation très difficile, je dirais qu’elles pourraient survivre à cette crise deux mois ou deux mois et demi ». Des clubs qui attendent de la DIMAYOR le versement des droits TV vendus à l’international. Ce changement de cap drastique ne passe pas. L’ancien journaliste Iván Mejía, aujourd’hui à la retraite, a allumé la première mèche en lâchant un « arrogant, fanfaron, provocateur et irrespectueux, petit boulon (c’est son surnom) Vélez rampe par terre quinze jours après en suppliant le gouvernement de l’aider. C’est l’heure de virer ce clown incapable ». Pire, il a ensuite dévoilé, qu’il n’a pas voulu baisser malgré la demande d’un groupe de clubs selon Gol Caracol. Si plusieurs journalistes se sont joints aux critiques, Tino Asprilla y est allé lui aussi de tacle musclé. S’il qualifie de « désastre » les dirigeants, il en a profité pour les critiquer sur la décision prise en début de saison de réduire le nombre de remplaçants « comme ils n’ont jamais mis de chaussures, de crampons, ils n’ont jamais joué au football pour ça ils ne peuvent pas se rendre compte de l’importance d’avoir des coéquipiers. Il y a des douleurs, il y a des coups aux entrainements (…) Ils ne vont pas le comprendre mais bon je ne suis pas ici pour parler de ces morceaux de bâtards ».
Vélez s’est exprimé sur une chaine locale, CityTV, et a reconnu que « si on reprend les paroles d’il y a deux mois dans le contexte actuel, ceux qui ont raison sont ceux qui font les critiques » avant de nuancer « mais ce sont deux contextes totalement différents, ce sont deux situations, deux faits différents mais si tu veux le dire aujourd’hui, je n’ai pas de problème pour dire que c’est sorti de son contexte et qu’évidemment ce n’est pas le plus logique. Mais les situations ne peuvent pas se voir de la même manière ». Le président de la DIMAYOR est donc critiqué, voire isolé. Alors que la date du 18 avril avait été avancée pour la reprise du championnat, le délai semble évidemment impossible à tenir alors que les cas de Covid-19 sont en augmentation. D’autant plus que le gouvernement pourrait étendre la quarantaine en place dans le pays après le 13 avril (date prévue pour la fin de cette mesure). Nul doute que si des clubs venaient à disparaitre, Vélez se retrouverait dans une position encore plus intenable.


