Amazon Prime se lance à l’assaut de l’Amérique latine en retraçant le parcours du sulfureux Sergio Jadue en tant que président de l’ANFP et impliqué dans le FIFAgate.
Amazon Prime, le nouveau service de streaming du géant Amazon, a choisi le football comme sujet pour sa première série produite en Amérique Latine, comme l’avait fait Netflix, avec l’excellent « Club de Cuervos ». Là où Netflix avait choisi le ton de l’humour, Amazon a choisi un sujet d’actualité, avec le parcours fulgurant de Sergio Jadue, l’éphémère président de l’ANFP, la fédération chilienne de football. Le sous-titre pourrait être « Gloire et décadence », tant l’ascension du jeune président fut spectaculaire et sa chute le fut tout autant.
Sergio Jadue a été au cœur du FIFAgate en étant impliqué dans des pots-de-vin concernant des droits télé attribués par la FIFA. C’est un vrai système mafieux, pas très glorieux pour l’image du football latino-américaine qui est relaté dans la série. L’ex-président a été poursuivi par le FBI, mais a finalement décidé de collaborer avec celui-ci, ce qui lui a évité de plus grands ennuis judiciaires. Il est actuellement réfugié à Miami, et est persona non grata au Chili. Il faut dire qu’il est aussi à l’origine de la démission surprise de Marcelo Bielsa fin 2010, en trahissant tout le monde lors du vote pour la présidence de l’ANFP, faisant volte-face la veille du scrutin, en soutenant le peu scrupuleux entrepreneur Jorge Segovia, propriétaire de l’Union Española. Sergio Jadue sera à jamais associé à ce qu’il y a de pire parmi les dirigeants du football et la corruption qui y règne et comme un symbole, est interprété à l’écran par l’acteur colombien Andrés Parra, qui avait déjà incarné Pablo Escobar dans la série « La Patron du mal ».
L’image est justement l’un des principaux coups que la série porte au football sud-américain. Et a tendance à en irriter plus d’un. De l’autre côté des Andes, la famille de Julio Grondona a décidé de réagir et entend poursuivre Amazon. La raison ? Une affaire de droits d’image et d’image tout court. Sur Radio 10, l’avocate de la famille, Elba Marcovecchio, a ainsi déclaré « Humberto Grondona n’a jamais autorisé l’utilisation de l’image de son père. Ainsi, son utilisation par Amazon et le producteur est par conséquent illégale », ajoutant sa colère face « aux fausses accusations d’actes portant atteinte à sa dignité, sa réputation et son honneur ». La famille reproche ainsi la mention à plusieurs reprises de Don Julio et annonce que « ce sera un procès à un million de dollars pour dommages et intérêts ». Dans un communiqué, elle précise : « Don Julio était un faiseur, sans sa participation, le poids de l’Argentine et de l’Amérique du Sud n’aurait eu l’importance qu’il a acquis. Il a participé activement et a dédié sa vie au développement du football au niveau mondial de manière jamais pensée auparavant. […] Jamais il n’a été impliqué dans une action en justice pour un crime mettant en doute son honnêteté. […] Sa mémoire et son parcours ne seront pas salis par un film qui désinforme consciemment afin de générer des revenus économiques, qui fait appel à la bassesse de mentir pour raconter une histoire, pour des personnes qui ne cherchent uniquement qu’à générer des profits personnels sans tenir compte des autres, qui ne connaissent ni l’histoire ni le moindre élément permettant de justifier ces fausses affirmations, soutenus uniquement par l’impunité que leur confère leur irresponsabilité ». Une certitude, on ne pouvait rêver meilleure publicité pour cette série.
Gabriel Micolon et Nicolas Cougot


