Le jeune ailier de Peñarol s’est donc envolé vers Manchester United, laissant Lyon sur sa faim. Dans tous les cas, le transfert est historique en termes de montant pour Peñarol et marque peut-être une nouvelle étape sur la politique de transfert en Uruguay.

banlomag

Quand nous avons annoncé Pellistri en route vers Lyon, tout le monde l’y annonçait, des médias uruguayens aux médias français. Il faut dire que l’OL tournait autour du joueur depuis plusieurs mois, et que les contacts étaient plus qu’avancés avec le joueur d’accord avec le club depuis août. Côté club, Peñarol avait tenté de négocier depuis le début une somme un peu plus importante, mais tout le monde savait qu’un chèque de cinq millions d’euros en Uruguay cela se refuse difficilement. Le club avait pourtant renégocié le contrat du joueur au printemps, communiquant sur le sujet : une clause de dix millions de dollars et un intéressement des agents et du joueur plafonné à quatre cent mille dollars, une paille dans un pays où les agents et les joueurs conservent souvent entre 20 et 40% des montants des transferts. Un contrat à l’européenne, rare, qui aurait permis au club de recevoir plus d’argent dans ses caisses que les précédents transferts comme celui de Darwin Nuñez par exemple, transfert « record » ayant laissé une saveur amère, une bonne partie de l’argent n’ayant pas atterri dans les caisses du club. Au passage, le jeune Pellistri voyait son salaire substantiellement augmenté.

Et donc Lyon arrive, propose formellement un contrat de transfert assez tardivement, basé d’après ce qui a été diffusé sur une indemnité de cinq millions de dollars, plus deux sous condition, et 40% de la plus-value à la revente. C’est moins que la clause négociée au printemps avec le joueur et Peñarol garde donc le droit d’accepter ou de refuser, ce qui n’aurait pas été le cas si Lyon avait payé les dix millions « libératoires ». Les aléas de la politique au sein du club ont fait que la direction a refusé, que Lyon s’est senti un peu abusé, tout comme le joueur qui a alors annoncé quitter le groupe (ce qui n’est pas sans conséquences dans cette période de bulle sanitaire). L’histoire va montrer que les dirigeants de Peñarol avaient raison. Car dans la foulée, alors que Pellistri clame qu’il veut aller à Lyon coûte que coûte, le club de Manchester United réapparait. Il réapparait car il a déjà suivi le joueur sur place, déjà envoyé des émissaires pour « sonder » la direction du club. Forlán, ancien Red devil, a chaudement recommandé le jeune joueur à l’entraîneur mancunien et il correspondrait à un profil recherché pour l’équipe. Manchester United ne tergiverse pas et se met d’accord avec Peñarol en trois jours pour payer l’équivalent de la clause libératoire (le tout pour des raisons fiscales). Au final, le joueur et Peñarol sont contents, le premier recevant un montant record de plus de neuf millions de dollars « libres » et le second pour avoir signé un contrat de cinq ans en Europe. Pellistri, prêt à tout plaquer cinq jours plus tôt, peut annoncer fièrement son transfert et son amour, malgré tout, pour Peñarol.

Reste quelques interrogations que seule la carrière future de Facundo pourra lever : pourquoi Lyon, qui souhaitait le joueur, n’a pas mis deux à trois millions de plus pour l’avoir plus simplement, par sa clause libératoire ? Cela aurait évité que le transfert s’enlise dans les méandres troubles de la politique du club, d’autant plus que le calcul « 5+2+40% de la plus-value » ne s’annonçait pas forcément très intéressant pour l’OL. Et pourquoi le club a-t-il tant attendu alors que le transfert était déjà dans les tuyaux et le joueur déjà d’accord fin août ? Autre interrogation, pourquoi Manchester United mettrait-il dix millions, une somme énorme, pour acheter un jeune de dix-huit ans en fin de mercato, alors que ce dernier ne dispose pas encore du physique pour jouer en Europe ?

Jérôme Lecigne
Jérôme Lecigne
Spécialiste du football uruguayen, Suisse de l'Amérique du Sud, Patrie des poètes Jules Supervielle, Juan Carlos Onetti et Alvaro Recoba