Début de la deuxième phase des éliminatoires asiatiques pour la Coupe du Monde 2022 qui servent également d'éliminatoires pour l'AFC Asian Cup 2023. Présentation groupe par groupe.

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Groupe A : Chine, Syrie, Philippines, Maldives, Guam

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Avec Sébastien Lucas

Présente au Mondial 2002 grâce à la qualification directe du Japon et de la Corée du Sud et une superbe équipe (Sun Jihai, Fan Zhiyi, Yang Chen…), la Chine n’a jamais paru pouvoir se qualifier à nouveau depuis cette date. Alors qu’elle met tout en œuvre pour développer son football (notamment en organisant la prochaine Coupe d’Asie en 2023), les résultats sont jusqu’à présent peu probants. Le niveau de l’équipe semble se heurter à un plafond de verre, manquant d’éléments créatifs, les joueurs étant encore trop formatés par la notion de groupe pour qu’un leader émerge. Le fait aussi que 99% de l’équipe évolue dans un championnat chinois au niveau disparate n’aide pas à acquérir de l’expérience et une condition physique digne de ce nom. Un paramètre à prendre en compte, l’arrivée de deux joueurs naturalisés dans le groupe, Li Ke (Nico Yennaris) et Ai Kesen (Elkeson) qui seront dès 2020 rejoint par Ricardo Goulart et potentiellement Tyas Browning (sous réserve d’acceptation de la FIFA).

L’entraineur : Marcello Lippi

L’ancien gourou de la Juventus, est revenu aux commandes de la Chine après l’intermède nébuleux de son compatriote Fabio Cannavaro. Il a prouvé que son équipe pouvait battre les petites équipes et se faire rosser par les grosses, à lui de corriger ce défaut. Il est bien loin le temps où il dominait l’Europe et donnait des idées aux futurs champions Deschamps et Zidane…

Le joueur à suivre : Wu Lei

Seul international à évoluer dans un top championnat (à l’Espanyol Barcelone), Wu Lei devra guider la Team Dragon à la grande messe mondiale. Alors qu’il s’acclimate doucement mais sûrement à l’Espagne, cette saison sera l’occasion pour lui de franchir un palier et de devenir la référence chinoise dans son pays comme à l’étranger.

syrieSyrie

Malgré la situation catastrophique du pays, l’équipe syrienne a poussé le rêve à son paroxysme, en étant à deux doigts de se qualifier pour la Coupe du Monde 2018, échouant en barrages contre l’Australie. La résilience et le courage dont firent preuve les joueurs disséminés dans plusieurs ligues avoisinantes a forcé le respect de tous les observateurs. Mais le soufflé est retombé depuis et la Syrie sort de trois tournois décevants (Coupe d’Asie, Hero Cup et WAFF Championship). La situation ne s’améliore que petit à petit, la Fédération est sans argent et peine à mobiliser ses joueurs, surtout ceux de la diaspora. Il va être compliqué pour les Syriens d’accéder au dernier tour, à moins qu’ils ne parviennent à puiser dans ce même élan qui les avait vu s’arrêter à la lisière de leur rêve.

L’entraineur : Fajr Ibrahim

Le pompier par excellence. Ibrahim entraine l’équipe de Syrie pour la quatrième fois depuis le début de sa carrière, sans pour autant obtenir des résultats. Un choix par défaut, qui a démontré son manque de flexibilité tactique dans les deux derniers tournois auxquels la Syrie a pris part. Mais, sans argent, difficile de recruter un entraineur de bon niveau et il vaut mieux avoir un Fajr Ibrahim dévoué que rien du tout.

Le joueur à suivre : Omar Kharbin

On aurait pu citer Firas al-Khatib, le recordman de buts, ou Omar al-Soma, le bomber d’Al-Ahli, mais leurs âges avancés font que notre préférence va à Omar Kharbin, le buteur d’Al-Hilal. À 25 ans, ses passages dans différents clubs ont été couronnés de succès et il a d’ailleurs marqué un très beau but face à l’Australie en Coupe d’Asie. Le joueur est assez créatif et puissant que pour se faire une place dans la surface de réparation et marquer les goals décisifs pour envoyer la Syrie au second tour.

philippinesPhilippines

Si vous pensiez que les équipes africaines comptaient trop de binationaux, attendez de voir les Philippines ! On pourrait littéralement faire deux équipes de joueurs nés à l’étranger. Bien qu’ils soient nombreux à évoluer maintenant au pays, la plupart viennent d’Allemagne, Angleterre, USA ou Scandinavie, ainsi que d’autres mélanges originaux. L’équipe a connu ses premiers frissons à la Coupe d’Asie en janvier mais s’est faite rapidement éliminer au premier tour. Elle devra compter sur ses expats, physiquement plus au point que les joueurs locaux pour accéder au second tour. Le problème est qu’elle risque de faire uniquement confiance aux joueurs formés à l’étranger tant la relève se fait massacrer dans les compétitions régionales et continentales (les U15 et les U19 se sont pris volée sur volée aux derniers jeux AFF en août).

L’entraineur : Scott Cooper

L’Anglais, qui a entrainé les petits poucets d’Anguilla ou Montserrat, traine ses guêtres en Asie du Sud-est depuis cinq ans. Il a notamment participé à l’éclosion des Thaïlandais de Buriram, l’une des places fortes en Asie en 2013. En août 2018, il est engagé en tant que sélectionneur par intérim, le temps que Sven-Göran Eriksson se prenne un petit cachet à la Asian Cup. Depuis lors, peu d’occasions de se mettre en évidence, il faudra espérer que les Azkals soient prêts pour le premier match contre la Syrie

Le joueur à suivre : Neil Etheridge

Premier Philippin à évoluer en Premier League, Etheridge traîne sa grande carcasse sur les terrains gras d’Angleterre sous les couleurs de Cardiff. S’il n’a vraiment pris ses galons de titulaire en club qu’en 2015, il est depuis 2010 le dernier rempart des Philippines. Doté d’une excellente détente pour sa taille (1m88), il dépasse de loin les standards asiatiques et devrait être une arme de choix sur les corners et les coups de pieds arrêtés adverses. Dans une équipe qui va probablement subir contre la Chine et la Syrie, son talent ne sera pas bridé.

maldivesMaldives

Le petit archipel paradisiaque de l’Océan indien, plus prisé des amoureux en lune de miel que des recruteurs, a longtemps été un punching-ball des grandes nations asiatiques. En 1997, l’Iran atomisa la nation insulaire sur le score sans appel de 17-0… Depuis lors, les performances se sont améliorées, au point de tenir en échec la Corée du Sud ou battre le Vietnam. L’équipe performe surtout dans les compétitions régionales telles que la SAFF Cup dont il est le champion en titre. Il y a néanmoins peu de chances de voir les Maldives se qualifier au prochain tour, sauf s’ils récupèrent la réputation qui était leur de « Brésiliens de l’Océan indien » lorsqu’ils écrasèrent la Mongolie 14-0 en 2003.

L’entraineur : Petar Segrt

Le Croato-Allemand est un homme de succès, partout où il passe. Il a entrainé des équipes aussi exotiques que la Géorgie U21, le PSM Makassar, l’Afghanistan et donc les Maldives. Sous son règne, ils gagnèrent la SAFF Cup en 2018, un exploit pour une île aussi petite, surtout lorsqu’on bat l’Inde, une nation dont la population est 3300 fois plus élevée que celle des Maldives… Sera-t-il capable de rééditer pareil exploit face à la Chine, une autre nation milliardaire ?

Le joueur à suivre : Ali Fasir

Ç’aurait dû être Ali Ashfaq. Le meilleur buteur de l’histoire des Maldives s’est brouillé avec le sélectionneur et n’est plus appelé depuis 2018. Le poids des ans fait également effet pour celui qui va sur ses 34 ans cette année. Ali Fasir, l’ailier du Club Eagles, est donc chargé de suppléer Ashfaq. La présence de Naiz Hassan, le nouveau buteur de la sélection, devrait l’aider à porter les Maldives sur leurs épaules.

guamGuam

En parlant de petite île, Guam fait encore plus fort. Située en plein Pacifique dans la Mer des Philippines, elle est un territoire non-incorporé des États-Unis. A peine 164 000 habitants la peuplent et ils arrivent malgré tout à sortir un exploit de temps à autre, comme en 2015 lorsqu’ils triomphèrent de l’Inde 2-1. Avec son équipe où se côtoient locaux et expats évoluant dans les divisions inférieures américaines, le but sera de faire bonne figure et accrocher le scalp d’un gros poisson par-ci par-là. Très mauvais à l’extérieur (dont une mémorable déroute 21-0 en Corée du Nord en 2005), leur stade fétiche semble leur porter chance puisqu’ils écrabouillé le Bhoutan 5-0 après avoir perdu 1-0 dans l’Himalaya. Pourront-ils répéter le scénario indien face aux Chinois ? En jouant les Philippines, ils pourront au moins s’offrir un mini-derby à moindres frais.

L’entraineur : Karl Dodd

Défenseur central australien qui a passé la quasi-intégralité de sa carrière au pays, Karl Dodd n’a mis fin à sa carrière qu’en 2015. Depuis lors, à part une pige au Western Pride et au Brisbane Roar, rien de bien glorieux. En 2017, il prend la tête de Guam et leur fait gagner quelques rencontres à gauche à droite. Il a de la chance de pouvoir commencer par deux rencontres à domicile histoire de monter en puissance.

Le joueur à suivre : Jason Cunliffe

Le papy de la bande, recordman de buts (22) et de sélections (53), tient encore la baraque à 35 ans. C’est d’ailleurs son triplé qui achève le Bhoutan au tour précédent. Le plus incroyable est que le presque-retraité n’a quitté son île que pour une maigre expérience au Pachanga Diliman, aux Philippines. Alors que certains de ses coéquipiers peuvent se targuer d’expérience en MLS comme Brandon Mc Donald, le taulier de la défense, lui a préféré la chaleur de son île. Grand bien lui en a pris puisqu’il est le héros d’une sélection qui ne demande qu’à jouer les poils-à-gratter.

Groupe B : Australie, Jordanie, Chinese Taipei, Koweït, Népal

australieAustralie

Par Antoine Blanchet-Quérin

L’Australie doit faire oublier sa dernière prestation continentale où les débuts de Graham Arnold furent un échec (élimination en quarts de finale face aux Émirats arabes unis). Dans ce groupe, l’Australie n’aura sans doute pas à être à son maximum pour passer face à des équipes nettement inférieures sur le papier à l’image du Koweït, premier adversaire que les Socceroos avaient battu par 4 buts à 0 en amical. Pour les Australiens, la première place sera le seul objectif avec un sans faute ? La nouvelle génération lancée par Graham Arnold que le sélectionneur décrit comme la « meilleure génération de joueurs australiens pour 2022 » doit faire mieux que ces aïeux et passer facilement ce tour.

L’entraîneur : Graham Arnold

Champion avec le Central Coast Mariners (2013) puis avec le Sydney FC (2017), trois titres de champion de saison régulière (2012, 2017, 2018) et une coupe nationale (2018), Graham Arnold a tout prouvé dans le championnat national afin d’atteindre la sélection nationale suite à l’échec de Bert van Marwijk durant la Coupe du Monde 2018. Graham Arnold avait déjà été à la tête de la sélection juste après la période de Guus Hiddink, durant neuf matchs seulement. Son quart de finale en coupe d’Asie 2019 a été fâcheux pour ses débuts et il aura tout intérêt à monter en puissance sa sélection.

Le joueur à suivre : tous ?

Avant, suivre un joueur australien se résumait à suivre Tim Cahill. L’ancien international a attiré toutes les lumières sur lui lors des précédentes compétitions. Mais l’ère des Cahill ou de Mile Jedinak est terminée, place aux nouveaux à cette prochaine génération dorée. Une sélection sans star où les principaux éléments sont Maty Ryan, gardien de but de Premier League à Brighton Hove & Albion. Dans le cœur de jeu, Aaron Mooy (28 ans), que l’on compare à Andres Iniesta, coéquipier de Ryan en Premier League. On pourrait mentionner Awer Mabil nouveau diamant des Socceroos depuis son éclosion au FC Midtjylland ou le jeune Ajdin Hrustic (23 ans, FC Groningue) dont on attend l’explosion. Au niveau des attaquants, il y aura Adam Taggart et sa saison réussie avec Suwon Bluewings avec Jamie Maclaren revenu d’Europe retrouver sa superbe au pays. Les œufs d’or ne sont pas encore là et continuent d’être couvés en Europe. Daniel Arzani revient à peine de sa rupture des ligaments croisés pour être sélectionné dès le départ et Jacob Italiano n’a pas encore assez de gallon pour accrocher les verts et or. Attendons sagement.

jordanieJordanie

La Jordanie a surpris tout son monde en Coupe d’Asie en disposant de l’Australie et la Syrie au premier tour. Défense de fer, contre-attaques supersoniques, maitrise des CPA et discipline, les Nashama ont épaté les observateurs, tout ça pour mieux tomber face au Vietnam aux tirs au but. Avec un seul but encaissé, on attendait des Jordaniens qu’ils continuent sur leur lancée mais la décompression qui s’en est suivie n’est, pour l’instant, pas conforme aux attentes avec une seule victoire en sept matchs depuis la parenthèse dorée de janvier. Versée avec l’Australie, la Jordanie peut se targuer d’être la bête noire des Socceroos avec trois victoires en cinq matchs. Faciles dans leurs rencontres à domicile, les Jordaniens devront se méfier des Koweïtiens qui reviennent en force mais devraient voir le tour suivant s’ils retrouvent leur mojo. Quoiqu’il en soit, la progression des Jordaniens est linéaire, comme lorsqu’ils échouèrent (lourdement certes) face à l’Uruguay dans la dernière marche avant le Mondial.

L’entraineur : Vital Borkelmans

L’ancien adjoint de Marc Wilmots à la tête de la Belgique s’est retrouvé un peu par hasard en Jordanie qui se décide à lui confier les clés du camion en 2018. Si les premières rencontres sont compliquées, il faut véritablement attendre la Coupe d’Asie pour voir le résultat du travail de Vital avec un jeu vraiment emballant. Depuis lors, le soufflé est retombé, à lui de trouver des solutions pour soigner la finition, point noir des dernières rencontres. Il pourra compter sur ses vieux briscards Shafi, Bani Yaseen, Murjan ou Abdel Rahman pour encadrer la nouvelle génération jordanienne.

Le joueur à suivre : Moussa al-Taamari

La future star du football arabe, le Salah du Machrek. À seulement 22 ans, Moussa porte les espoirs de tout un peuple sur ses épaules. Étoile sublime d’un collectif au diapason, Al-Taamari est l’étincelle qui manque au jeu de la Jordanie, capable sur un crochet, une feinte, un tir, de débloquer une partie. S’il a loupé l’opportunité de participer à la Champions League avec l’APOEL Nicosie, nul doute que son talent dépassera rapidement les frontières de Chypre pour s’exporter dans un grand championnat très bientôt.

taipeiChinese Taipei

La présence de Taipei dans le chapeau 3 avait de quoi étonner, rien ne justifiant une présence si haute pour l’île de Formose. Plus habituée à se faire désosser par plus gros poisson qu’elle, Taipei a hérité d’un tirage très compliqué (le retour du karma, disons). Les quelques matchs qu’elle a disputés en 2019 n’ont été que contre des nations de même acabit pour un bilan mi-figue mi-raisin (une victoire, deux nuls et une défaite contre les Îles Salomon…). Le gros du contingent joue dans le championnat local, ainsi que quelques joueurs en Chine ou en Corée du Sud. Ils pourront aussi compter sur Onur Dogan, Turc naturalisé Taïwanais suite à son mariage avec une Taïwanaise. À voir si l’amour leur permettra d’atteindre le second tour mais la pente risque d’être bien trop ardue…

L’entraineur : Louis Lancaster

Encore un jeune Anglais qui a la bougeotte. Après avoir entrainé les jeunes d’Arsenal (filles), Portsmouth et Watford, Lancaster devient l’assistant de Gary White au Shanghai Shenxin puis à Taipei. Après le départ de celui-ci, il prend entièrement les rênes de l’équipe et espère pouvoir faire vivre des bons moments à ses supporters.

Le joueur à suivre : Chen Po-Liang

À 31 ans, il est déjà le meilleur buteur et le plus sélectionné de son pays. C’est dire où se situe son importance sur le football taïwanais. Après quelques années au pays, il s’exile chez le voisin/grand frère chinois pour monnayer ses talents (Shenzhen Ruby, Shanghai Shenhua, Zhejiang Greentown). Les Taïwanais comptent sur lui pour marquer encore quelques buts afin d’entretenir sa légende.

koweitKoweït

Après une longue suspension de deux ans, le Koweït a enfin pu goûter de nouveau aux joies du football international. Devant regarder la Coupe d’Asie à la télé, les Azraq en ressortent avec les dents longues. Depuis l’intronisation de Jozak, le Koweït n’a perdu que trois de ses quatorze matchs, de bon augure malgré quelques contre-performances (0-0 contre le Népal). Leur bon parcours au WAFF Championship a décuplé les appétits d’une génération qui se verrait bien faire un dernier braquage (Al-Ansari, Al-Qallaf, Al-Mutawa, Al-Enezi, Al-Musawi, tous ont plus de 30 ans) avant de tirer sa révérence. Au bon souvenir de la Coupe du Monde 1982…

L’entraineur : Romeo Jozak

Pas grand monde, si ce n’est les suiveurs des championnats croates et polonais, savait qui était Romeo Jozak. Celui qui fut l’assistant de Ilija Lončarević un peu partout, décide de prendre son envol et s’engagea au Legia Varsovie en septembre 2017 pour en être viré huit mois plus tard. C’est sur ces faits d’armes que la Fédération koweïtienne décide de lui offrir le poste de sélectionneur national. Énième feu de paille ou vraie bonne pioche ?

Le joueur à suivre : Bader al-Mutawwa

169 sélections, 55 buts. Bader al-Mutawa est une légende du football koweïtien, à côté des héros des 70-80’s. Mais, âgé de 34 ans déjà, ça devrait être pour lui le dernier challenge sous le maillot bleu avant de passer le flambeau à la prochaine génération.

nepalNépal

Le petit pays himalayen a dû déglutir en voyant le tirage au sort. Trois gros poissons dans le même groupe, il faut croiser les doigts pour que le Népal ne se prenne pas des 6-0 dans la musette à chaque match. Si les confrontations face à Taïwan devraient être équilibrées, il faudra assurer face aux autres mastodontes, même si les deux dernières confrontations face au Koweït (0-0 puis 0-1) incitent à l’optimisme. Les Gorkhalis pointent actuellement au 166e rang FIFA, une performance qui sera dure à améliorer vu les échéances…

L’entraineur : Johan Kalin

Le Suédois, fringant quarantenaire, a atterri sur le banc du Népal après avoir passé cinq ans sans entrainer. L’air des montagnes qui lui rappelle sa Suède natale peut-être, toujours est-il que son bilan n’est pas inintéressant. Son but est de guider les nombreux jeunes joueurs du Népal afin qu’ils progressent au contact de nations bien plus fortes.

Le joueur à suivre : Rohit Chand

Être sacré meilleur joueur d’Indonésie, ça vous classe un homme. Surtout quand on est défenseur ! Venir d’un pays enclavé entre l’Inde et la Chine, niché dans ses montagnes, et susciter l’intérêt d’Arsenal, Tottenham ou Lille, ça force le respect. À 27 ans, le défenseur du Persija Jakarta est au top de sa forme et il compte garder inviolées les cages népalaises à côté de ses compères Kiran Chemjong et Biraj Maharjan.

Groupe C : Iran, Irak, Bahreïn, Hong Kong, Cambodge

iranIran

L’un des poids lourds du continent devrait voir le Mondial qatari sans trop de soucis. La nomination de Marc Wilmots ne devrait pas altérer le jeu de la Team Melli, tout en puissance et abnégation. Avec l’exportation sans cesse croissante de joueurs en Europe, l’Iran récupère des soldats expérimentés et devrait passer ce tour sans encombre. Le point noir serait l’absence de joueurs créatifs au milieu. Les ailiers sont puissants et techniques mais ça manque d’un véritable 10 même si Amiri peut jouer à ce poste. L’idéal serait de performer en 4-4-2 avec ratisseurs et box-to-box et deux bombers pour exploiter les bons centres. Physiquement parlant, l’Iran peut rivaliser avec les équipes européennes, parfois un peu agressivement, mais elle doit se retrouver un mental lorsqu’elle est menée au score (comme contre le Japon en Coupe d’Asie).

L’entraineur : Marc Wilmots

L’ancien coach des Diables rouges sort d’une piteuse expérience en Côte d’Ivoire. Il a la chance de pouvoir compter sur des joueurs au top et une bonne base de travail laissée par son prédécesseur Queiroz, parti en Colombie. Ses débuts sont encourageants, à lui de faire passer un palier à la Team Melli en se qualifiant au Mondial et en gagnant la Coupe d’Asie en 2023.

Le joueur à suivre : Sardar Azmoun

Le joyau des Perses commence enfin à planter de manière régulière depuis qu’il a signé au Zenit Saint-Pétersbourg. Avec déjà 28 buts en 42 matchs avec l’Iran, il a l’occasion de faire le plein de goals dans ces qualifs et reste le fer de lance d’une équipe épouvantail (sans compter Beiravand, Taremi, Jahanbakhsh, Ezatolahi…). Si son caractère peut parfois lui jouer des mauvais tours, Azmoun a la panoplie complète de l’attaquant moderne : vivacité, puissance, technique, finition et bon jeu de tête. Pas un hasard si Liverpool s’était penché sur lui cet été…

irakIrak

Les années noires semblent, espérons-le, derrière eux. L’Irak renait de ses cendres tel un phénix et ambitionne de retrouver le top en Asie. Il y a évidemment beaucoup de travail à fournir mais le potentiel est là. Entre les expats (Ali Adnan, Rashid, Yasin, Kasem) et les nombreux talents locaux, l’Irak a de quoi bousculer la hiérarchie en place. Après une première Coupe d’Asie durant laquelle ils ont montré les muscles (éliminés par le futur champion), ils viennent de perdre inexplicablement un WAFF Championship organisé à la maison qui leur tendait les bras, malgré l’absence de plusieurs joueurs-clés. Le retour des « étrangers » devrait rehausser le niveau et, avec du sérieux, les mener au minimum en Coupe d’Asie. Outre une revanche à prendre face au Bahreïn, le sort les place encore une fois avec leurs meilleurs ennemis iraniens pour ce qui promet d’être deux affiches d’anthologie !

L’entraineur : Srecko Katanec

Le Slovène a failli ne pas résister à la défaite en finale du WAFF mais reste toujours en poste actuellement. Une Fédération Iraquienne à l’Ouest et persuadée de remporter tous les matchs, la Coupe d’Asie et la Coupe du Monde entrave le travail du Slovène qui est parvenu à remettre le pays sur des bons rails. Si on le laisse travailler, il pourrait faire des miracles avec les Lions.

Le joueur à suivre : Mohanad Ali

La nouvelle star du Moyen-Orient a surpris son monde en s’engageant à Al-Duhail au Qatar alors que les plus grands clubs lui tendaient les bras. Espérons que ce ne soit que partie remise et qu’il pourra éclabousser le Vieux Continent de sa classe. En équipe nationale, il en est déjà à neuf goals en seulement dix-huit matchs. Sa vitesse, sa technique et sa puissance en font un véritable poison pour tout défenseur adverses qui se respecte. À lui d’emmener son équipe le plus loin possible.

bahreinBahreïn

Microscopique état comparé aux géants d’Asie, le Bahreïn parvient tout de même à tenir la dragée haute à beaucoup d’équipes et produit quelques joueurs qui, fait nouveau, commencent à s’exporter en Europe. Aux « Tchèques » Helal et Marhoon se sont ajoutés les « Maltais » Sherooqi et Hussein Jameel alors que Mohammed Hardan s’est expatrié au Danemark. Des expériences plus que bienvenues pour un pays dont les joueurs font des chaises musicales entre clubs du Golfe. Même sans eux, la petite île a triomphé dans le WAFF Championship, battant la Jordanie, le Koweït et l’Irak et n’encaissant aucun but ! Ses vieux briscards Abdullatif, Jaffar, Sayeed ou Al-Hayam ne seront pas de trop pour encadrer cette jeunesse rutilante. Sous les ordres de Sousa, le Bahreïn développe un jeu de contre intéressant et pourrait être le poil à gratter de ce groupe. Douce ironie du sort, c’est l’Irak, battu sur son sol, qui se déplacera en premier chez son voisin bahreïni.

L’entraineur : Helio Sousa

Véritable légende au Vitoria Setubal, Hélio Sousa débarque au Bahreïn avec une flatteuse réputation, ayant notamment emmené la génération portugaise de João Felix à la médaille d’or à l’EURO U19. Pour sa première expérience avec l’ilot de Dilmoun, il emmène une équipe plutôt vieillissante en finale avec un jeu attrayant. Sera-ce suffisant pour dépasser les deux monstres du Groupe C ?

Le joueur à suivre : Abdullah Yusuf Helal

Le joueur bahreïni n’est pas une denrée commune en Europe mais depuis que Helal a posé ses valises aux Bohemians de Prague, les recruteurs devraient venir jeter un coup d’œil dans le petit état du Golfe. S’il doit encore s’étoffer tactiquement et physiquement, ses performances ont convaincu le Slavia Prague de miser sur lui et de le prêter encore un an aux Bohemians. Le buteur a, certes, déjà 26 ans mais il arrivera bientôt à sa plénitude et sera un atout de choix pour le Bahreïn.

hongkongHong Kong

Le petit bout de terre collé à la Chine risque de servir de faire-valoir aux ténors du groupe et il y a peu de place pour les réjouissances au programme. L’objectif serait de ne pas finir dernier et de grapiller des points contre meilleurs qu’eux. Leur équipe est une véritable armée mexicaine composée de trentenaires brésiliens, européens, africains avec quelques nationaux évoluant en Chine.

L’entraineur : Mixu Paatelainen

L’ancien bomber d’Hibernians a repris les rênes de Hong Kong après son échec avec la Lettonie. À voir si sa rigueur pourra permettre à Hong Kong de réaliser quelques exploits mais on en doute.

Le joueur à suivre : Huang Yang

Huang Yang, milieu défensif de Kitchee et habituellement le capitaine de la sélection de Hong Kong. Il est le leader de l'équipe et l'un des plus capés avec Yapp Hung-fai, le gardien titulaire (69 cap) de la Team HK et du club de Eastern. À suivre également, le défenseur Tsui Wang-Kit (22 ans) qui évolue à Meizhou Hakka China, en Chinese League One, mais aussi 

cambodgeCambodge

Il y a longtemps, en 1972 précisément, la République khmer prenait la quatrième place lors de la Coupe d’Asie. C’est, à ce jour, la plus grande performance d’un des parents pauvres du football asiatique. L’équipe se développe très lentement et s’est payée un coup de pub en engageant Keisuke Honda comme manager général alors que celui-ci joue encore. Leur objectif est de dépasser Hong-Kong et de confirmer les progrès entrevus contre le Pakistan. Les joueurs sont techniques et disposent d’une bonne vision de jeu mais ils ne tiennent pas la comparaison physiquement avec les équipes arabes, l’Iran ou les géants de l’Ouest. À voir s’ils sauront tirer profit de leurs atouts pour créer la surprise.

L’entraineur : Felix Dalmas et Keisuke Honda

Drôle de tandem pour le Cambodge entre un entraineur sans expérience auparavant, l’Argentin Felix Dalmas, et la superstar japonaise, Keisuke Honda, dans le rôle de manager général. N’ayant pas la licence requise, c’est Dalmas qui coache, tout en prenant les conseils de Honda. Il faut savoir qu’Honda a accepté ce poste gratuitement et semble sincèrement disposé à aider le Cambodge à progresser, en témoigne l’académie qu’il y a ouverte.

Le joueur à suivre : Chan Vathanaka

Le meilleur buteur de l’équipe nationale avec 16 buts. C’est peu et en même temps c’est beaucoup dans une équipe où seuls trois joueurs ont dépassé la barre des 10 buts (Khoun Laboravy, Prak Mony Udom et lui-même). Citons aussi Thierry Bin, Cambodgien de France venu défendre les couleurs du pays de ses parents et taulier du milieu de terrain.

Groupe D : Arabie saoudite, Ouzbékistan, Palestine, Yémen, Singapour

arabiesaouditeArabie saoudite

Le géant du Moyen-Orient est surtout le roi de l’instabilité. Après avoir dégagé Pizzi, coupable de l’élimination prématurée en Coupe d’Asie, l’Arabie saoudite a nommé deux intérimaires avant de trouver en Renard le coach idoine. Celui-ci est arrivé trop tard le WAFF Championship et a vu l’équipe de néophytes se faire honteusement éliminer. Bien sûr, il pourra récupérer toutes ses forces vives pour le premier match : Abdallah, Shehri, Al-Muwallah, Al-Sahlawi ou encore Dawsari. Si l’équipe devrait se qualifier sans trop de soucis pour le second tour, rien ne dit qu’elle a les qualités pour aller au Mondial. Il manque un vrai buteur pour les grosses affiches car Al-Sahlawi est en dilettante et la défense est parfois en mode bricolage.

L’entraineur : Hervé Renard

La plus belle chemise blanche du circuit a à peine quitté son poste du Maroc que le revoici sur celui de l’Arabie saoudite. À priori, cela ne devrait pas poser un problème pour Hervé, surtout qu’après l’intermède foireux de Youssef Anbar, il sera difficile de faire pire.

Le joueur à suivre : Fahad al-Muwallad

Une accélération de sprinter, une détente de félin et une frappe de forain, Fahad peut jouer tant sur l’aile que devant. L’un des rares joueurs confirmés d’une équipe évoluant à 100% dans le championnat saoudien, il pourra quand même se targuer d’avoir porté la liquette de Levante six mois avant le Mondial. À lui de bonifier cette expérience en menant l’Arabie saoudite sur les terres de son ennemi qatari…

ouzbekistanOuzbékistan

Souvent placé, jamais gagnant, l’Ouzbékistan aimerait s’affranchir de son costume de loser, lui qui a loupé la qualification pour le Mondial à trois reprises. S’il se montre impitoyable face aux petites équipes, il pêche encore contre les gros poissons, un défaut à corriger absolument. Surtout, cette poule est moins simple qu’il n’y parait, avec la présence de la Palestine et du Yémen qui progressent. Mais les Loups blancs ont de quoi faire, entre expérience et jeunesse aux dents longues. Ahmedov, Denisov, Nesterov, Izmailov arrivent au crépuscule de leurs carrières et il faut encadrer les Shomurodov, Shukurov et autres Alibaev qui pointent le bout de leur nez pour briguer ce que tout l’Ouzbékistan attend depuis plus de vingt ans.

L’entraineur : Hector Cuper

Nul besoin de présenter l’ancien magicien de Valence, même si celui-ci est passé par beaucoup d’échecs dans sa carrière. Sous sa férule, l’Ouzbékistan a solidifié sa défense, tout en se muant en machine à goals lorsqu’il le fallait. Pour cette nouvelle campagne, Cuper devrait faire profiter de son expérience à un groupe qui manque un peu de leaders, Ahmedov mis à part.

Le joueur à suivre : Eldor Shomurodov

On aurait pu citer Odil Ahmedov, l’un des meilleures milieux d’Asie, mais force est de constater que l’étoile montante de cette équipe est l’attaquant du FK Rostov, Eldor Shomurodov. Excellents appels de balles, bonne finition, très technique malgré sa grande taille et bon dans les airs, Eldor est en train d’exploser cette saison à Rostov et on devrait bientôt le voir dans un championnat plus huppé. En attendant, sa mission est de qualifier les Ouzbeks pour leur première Coupe du Monde.

palestinePalestine

La Palestine est en train de progresser à grandes enjambées depuis quelques mois. Après avoir beaucoup tâtonné, Ould Ali semble avoir trouvé ses lieutenants et son système. L’équipe a livré de bonnes performances au WAFF Championship, devancée seulement par l’Irak, et ce avec une équipe évoluant quasi exclusivement au pays. Avec l’apport de ses joueurs expatriés en Afrique du Nord, en Scandinavie ou en Amérique du Sud, la Palestine n’en sera que plus compétitive. Elle devrait se révéler un adversaire très dur à battre, capable de fulgurance en attaque avec Dabbagh, Pinto et Batran et sa défense s’est solidifié depuis que Yaser Hamed a décidé de revêtir la tunique nationale.

L’entraineur : Noureddine Ould Ali

L’Algérien, ancien assistant de Barakat et Baldivieso à la tête des Lions de Canaan, a enfin pris les rênes de l’équipe en 2018. Sous sa houlette, la Palestine monte en puissance, capable de rivaliser avec les ténors de la zone. Si la Coupe d’Asie était un test grandeur nature, la WAFF équivalait à une confirmation. L’équipe a bien joué et tout le crédit en revient à Ould Ali, à voir s’il arrive à mener les Palestiniens vers des horizons encore inconnus jusque-là…

Le joueur à suivre : Oday Dabbagh

L’un des prospects les plus chauds du Moyen-Orient. L’ancienne star du Hilal al-Quds est parti palper du cash au Koweït mais il ne devrait pas y faire de vieux os tant son talent saute aux yeux. Rapide, technique et puissant, il a tout pour être le fer de lance de la Palestine dans les prochaines années.

yemenYémen

Malgré une situation interne épouvantable sur laquelle le monde ferme honteusement les yeux, le Yémen parvient à monter une équipe plus ou moins décente. Le Qatar a gracieusement donné la nationalité aux joueurs yéménites pour leur permettre d’évoluer dans son championnat. Si leur première Coupe d’Asie fut un fiasco, le WAFF Championship a mis en lumière un jeu des plus agréables, basé sur une reconversion rapide de ses attaquants. Les Yéménites sont prêts pour la bataille, surtout alors qu’ils croiseront le fer avec l’Arabie saoudite qui les pilonne depuis des années…

L’entraineur : Sami al-Nash

Le pompier de service du Yémen, présent pour la quatrième fois sur le banc de l’équipe nationale. Sur la dernière compétition disputée, son travail tactique était remarquable, transformant l’équipe en contre-attaquante redoutable. Il y aura fort à faire pour sortir du groupe, à lui de trouver les armes pour surprendre ses adversaires.

Le joueur à suivre : Abdulwasea al-Matari

L’ailier gauche, très en vue lors du WAFF Championship, est une petite bombe de percussion, un ailier qui aime repiquer au centre et envoyer des sacoches. Parmi la cohorte de joueurs évoluant à l’étranger, il est, avec le gardien Ayash et le défenseur Omar, le plus à même d’aider le Yémen à s’en sortir face à plus gros que lui.

singapourSingapour

L’équipe de Singapour, si elle n’a jamais été un foudre de guerre, était quand même une équipe respectée en Asie du Sud-Est. Ces temps bénis semblent finis et l’équipe se fait régulièrement marcher dessus lorsque l’opposition devient plus forte. La dernière place leur semble promise, même s’ils arriveront sûrement à arracher un point ou deux.

L’entraineur : Tatsuma Yoshida

Le Japonais a entrainé surtout au pays, ayant mis au point le centre de formation du Kashiwa Reysol, plutôt performant. Va-t-il parvenir à faire émerger la nouvelle génération singapourienne ?

Le joueur à suivre : Ikhsan Fandi

Fils de légende. Ce statut doit être dur à porter mais le rejeton de Fandi Ahmad veut suivre les traces de son père. Avec son frère Irfan, ils incarnent la nouvelle génération de Singapour, un pays peu habitué à exporter ses joueurs. Ils peuvent se targuer d’avoir joué au Chili et en Norvège, des destinations exotiques pour des joueurs d’Asie du Sud-Est. Leurs jeunes âges (20 et 21 ans) leur laissent le temps de devenir des légendes locales à leur tour.

Boris Ghanem
Boris Ghanem
Chroniques d'un ballon rond au Moyen-Orient, de Beyrouth à Baghdad, de Manama à Sanaa, football sous 40 degrés à l'ombre d'un palmier.