Des favoris au petit trot, des exploits, des confirmations, des surprises et des pleurs, c’était la deuxième journée des qualifications en Asie !

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Guide des éliminatoires : Partie 1Partie 2

Guam 1-4 Philippines

Atomisés par les Syriens au premier match, les Philippins doivent se reprendre au plus vite sous peine d’être déjà distancés au classement. Pour se faire, rien de mieux qu’une visite chez les voisins de Guam qui ont perdu le seul match à ne pas perdre, contre les Maldives. Victoire obligatoire pour les Azkals car un faux pas face aux sympathiques insulaires de l’Océan Pacifique enterrerait les minces espoirs d’accéder au second tour.

Très vite, Guam est pris à la gorge et les Philippines ne tardent pas à faire le break. Guirado (7e) sur un centre de Schrock et Reichelt (12e) sur une belle passe en profondeur de ce même Guirado permettent aux Philippins de prendre le large. Un penalty de Marcus Lopez permet au Matao d’espérer, mais Schrock tue toute velléité de rébellion quatre minutes plus tard d’un rush de toute beauté et Strauss clôt la marque à la 82e pour donner au tableau d’affichage un accent très germanique. Les Philippines ont parfaitement réagi et se préparent à accueillir l’ogre chinois le 15 octobre. Pour Guam, la messe est déjà dite.

Mongolie 0-1 Tadjikistan

Tous deux vainqueurs de leurs premiers matchs, Mongols et Tadjiks s’affrontent dans un derby qui sent bon les yourtes et les raids de Tamerlan. Michaël Weiss pourrait-il galvaniser ses troupes pour un nouveau miracle ? Les Tadjiks sont une autre paire de manches que les Birmans et ceux-ci partent carrément favoris de cette rencontre entre représentants des steppes.

Le match est équilibré et la domination attendue des Tadjiks ne se fait absolument pas ressentir. Les Mongols ressortent les ballons proprement et proposent même quelques séquences de jeu intéressantes. La deuxième mi-temps est plus hachée, en témoigne les huit cartons jaunes (pour aucun en première) qui débouchera même sur l’exclusion d’Iskandar Dzhalilov à la 85e. Heureusement pour lui, son compère de la défense Ergashev, rentré à la mi-temps, avait eu la bonne idée d’ouvrir le score quatre minutes plus tôt en croisant parfaitement sa tête sur un centre de Panshanbe. Avec ce but, le Tadjikistan s’offre un bon départ avec deux victoires en deux matchs en attendant la réception du Japon dans un mois. Côté mongol, les progrès sont visibles mais leur prochain déplacement au Pays du Soleil Levant risque de leur couper les ailes.

Chinese Taipei – Népal

Fessé par le Koweït au premier match, le Népal tentera d’atténuer sa peine en se déplaçant à Taipei, le plus faible adversaire devant lui. Malgré tout, il y a peu de chances pour que le pays himalayen s’en sorte avec plus qu’une raclée. Défaits par la Jordanie au premier match, les Taïwanais devront faire le plein de points et compter sur des exploits à gauche à droite pour continuer à rêver.

C’est pourtant le Népal qui profite d’une contre-attaque pour ouvrir le score à la surprise générale dès la 4e minute par Bista qui profite d’un coup-franc de Shrestha pour débloquer son compteur en équipe nationale. Sonnés, les Taïwanais mettent du temps à se remettre de ce coup de bambou initial et, lorsqu’ils ont une fenêtre de tir, Chemjong veille au grain. Bista assomme un peu plus Chinese Taipei en s’offrant un doublé à la 62e d’un beau tir dans la surface et glace définitivement des Taïwanais qui viennent de perdre leurs deux matchs à domicile. Très belle performance du Népal qui visera la quatrième place en espérant remettre le couvert au retour. Prochaine échéance pour les Himalayens, un déplacement en Australie où les attend une fidèle communauté d’expatriés.

Cambodge 0-1 Bahreïn

Tenus en échec face à Hong Kong, les Cambodgiens de Keisuke Honda accueillent un gros morceau avec la réception de Bahreïn. La différence physique devrait se faire sentir mais le salut des Cambodgiens pourrait passer par une défense bahreïnie vieillissante et plus aussi encline au sprint qu’auparavant.

Mais les Cambodgiens font plus que tenir et parviennent à atteindre la mi-temps sans avoir encaisser de buts. On se dirige vers une surprise, avec un Cambodge solidaire et impeccable, et un Soksela en feu dans les cages, mais Al-Aswad, déjà buteur contre l’Irak, crucifie les Bleus à la réception d’un corner à la 78e. Belle résistance du petit poucet mais le Bahreïn est une machine implacable à sang-froid qui se contente de mordre une fois pour ferrer sa proie… Pour le Cambodge, la suite du programme est moins réjouissante, avec une visite à Téhéran puis la réception de l’Irak dans trois semaines…

Singapour 2-1 Palestine

Victorieuse avec la manière face aux gros bras ouzbeks, la Palestine tentera de surfer sur cette belle dynamique pour se débarrasser de Singapour. Il y a encore dix ans, les duels entre les deux pays tournaient à l’avantage de la cité-état d’Asie du Sud-Est mais vu la forme des deux équipes, les Lions de Canaan devraient revenir vainqueurs de leur déplacement.

Sauf que, coup de tonnerre, sur un dégagement atroce de Bahdari, Shakir Hamza est là pour fusiller Hamadi et offrir le lead à des Singapouriens qui n’en demandaient pas tant. Enhardis par ce coup du sort, les Lions (eux aussi) mettent la pression sur la Palestine pendant une bonne dizaine de minutes. Jusqu’à ce que Hamed, trop court sur l’ouverture du score, n’égalise sur la première occasion palestinienne. Les débats s’équilibrent mais Safuwan Baharudin redonne l’avantage à Singapour d’une tête sur corner à la 39e. Les Cananéens ne parviennent pas à reprendre l’avantage en deuxième mi-temps, bien contenus par les hommes de Yoshida qui ont fait autant étalage de leur maîtrise technique que de leurs lacunes défensives. Très mauvaise opération pour la Palestine qui devra se sublimer en accueillant l’Arabie saoudite le 15 octobre, alors que les Singapouriens se déplacent à Ryadh cinq jours plus tôt.

Hong Kong 0-2 Iran

L’entrée en lice de l’ogre iranien affamé risque de ne pas être une partie de plaisir pour Hong Kong. Incapable de s’imposer au Cambodge, le satellite de Pékin risque de se faire dévorer tout cru par l’escouade de Marc Wilmots dont c’est le premier match officiel.

Les Perses mettent un moment à rentrer dans leur match mais c’est l’inévitable Sardar Azmoun qui ouvre le score d’une demi-volée pour la Team Melli à la 23e. Hong Kong se défend mais Ansarifard clôt les débats à la 54e minute après un décalage de Jahanbaksh. Victoire en mode diesel pour l’Iran avant d’accueillir le Cambodge et espérer faire péter le tableau d’affichage.

Myanmar 0-2 Japon

Les Samuraï Blue commencent également leur parcours qualificatif dans un groupe où ils visent le perfect. Premier déplacement chez les modestes Birmans, qui ont réussi à s’incliner en Mongolie. Comme souvent, les Nippons ont hérité d’adversaires abordables qui passeront plus de temps à se voler dans les plumes plutôt que de faire le parcours parfait.

Sur un terrain plus proche du district que du haut niveau, il ne faut d’ailleurs que seize minutes aux Japonais pour ouvrir le score via Nakajima d’une superbe praline. Dix minutes plus tard, c’est Minamino qui coupe un centre de Ritsu Doan et aggrave le score dans un match à sens unique. Au final, ce score suffit aux Nippons qui commencent tranquillement leur campagne de qualification et accueilleront la Mongolie le 10 octobre.

Indonésie 0-3 Thaïlande

Désireuse de se racheter après avoir concédé la défaite face au rival malaisien lors du dernier match, l’Indonésie va devoir cravacher pour battre la Thaïlande, même si celle-ci n’est pas au top de sa forme. Une nouvelle défaite signerait la fin des rêves pour les Garuda tandis que les War Elephants se remettraient en selle après leur nul face au Vietnam.

Si la première mi-temps est équilibrée, le décalage se fait sentir dès la reprise. Sarachat plante le premier pion thaïlandais (55e) d’un joli tir brossé avant que Bunmathan ne corse l’addition sur penalty (63e) suite à une faute du gardien. L’Indonésie boit le calice jusqu’à la lie lorsque Sarachat s’offre un doublé après un joli une-deux avec Bunmathan à la 73e. Le pays aux 13466 îles s’incline lourdement et dit déjà adieu à une hypothétique qualification tandis que la Thaïlande se replace. L’Indonésie devrait continuer son triste parcours avec un déplacement aux Émirats avant que ceux-ci ne s’envolent pour la Thaïlande.

Malaisie 1-2 Émirats arabes unis

Vainqueur au forceps de l’Indonésie à Jakarta, la Malaisie aborde son rendez-vous face aux Émirats en pleine confiance et pourrait mener la vie dure aux hommes de van Marwijk. Mais ceux-ci enregistrent le retour de leur maestro Abdulrahman et compteront sur Mabkhout pour faire trembler les filets adverses. Une victoire malaisienne relancerait totalement un groupe où les EAU font figure de favoris par défaut.

Et ce n’est pas peu dire que le match commence sur les chapeaux de roue, Syafiq ouvrant le score après 25 secondes sur un centre de Davies ! Les jaunes confirment leurs belles dispositions offensives et sont à deux doigts d’aggraver le score à plusieurs reprises. Mais les Émirats restent dangereux et Mabkhout bute sur Farizal dont le pied dévie un but tout fait (26e). La tension monte, Brendan Gan échappe miraculeusement au penalty après un coup de boule sur Mabkhout. Celui-ci répond par une détente exceptionnelle et un nouveau coup de boule – sur le ballon cette fois – pour remettre les Émirats dans le match (43e). Eisa sauve une dernière fois les siens et l’arbitre siffle la mi-temps d’un match à 200 à l’heure. En deuxième mi-temps, les Émiratis intensifient leur pression mais la Malaisie tient bon, s’offrant même quelques rushs dans le camp des Faucons. Mais à la 74e, sur un long ballon anodin mal négocié par Mohd, Mabkhout s’offre une traversée en solitaire et s’en va battre Farizal, portant son nombre de buts en sélection à 51. Cinq minutes plus tard, le tir croisé de Safawi s’écrase sur le poteau… Cruel pour les Malaisiens qui ont régalé mais les Émiratis ont su faire le dos rond et frapper quand il le fallait pour obtenir les trois points.

Afghanistan 1-0 Bangladesh

Éparpillés par le Qatar façon puzzle, les Afghans ont à cœur de se racheter face au Bangladesh. Méfiance car les Verts montent en puissance et pourraient bien enquiquiner plus d’une équipe. Pour ce match délocalisé au Tadjikistan, les Afghans devront montrer un autre visage que celui résigné offert à leurs supporters à Doha.

Pris au mot, les joueurs mettent la pression sur les cages des Tigres du Bengale et finissent par concrétiser à la 27e par l’intermédiaire de Farshad Noor qui reprend superbement de la tête un coup-franc de Popalzay. Belle opération pour l’autre Team Melli qui devra batailler pour s’offrir quelques frissons.

Sri Lanka 0-1 Corée du Nord

Après avoir battu le Liban en ouverture, la Corée du Nord entend poursuivre sur sa bonne série en écrasant de faibles sri-lankais déjà défaits par le Turkménistan en match d’ouverture. On ne donne pas cher de la peau des habitants de Ceylan mais les miracles existent…

Et de fait, la mi-temps est sifflée sur le score de 0-0, alors que la Corée du Nord galère à trouver la faille. Il faudra attendre la 67e pour voir les Chollima prendre les devants par Jang Kuk-Chol qui reprend victorieusement un centre de Ri Un-Chol. Minimum syndical pour Pyongyang mais suffisant pour passer la trêve en tête du groupe.

Turkménistan 0-2 Corée du Sud

Par Baptiste Mourigal

Revenu à un 4-4-2 plus classique après un 3-5-2 catastrophique face à la Géorgie, la Corée du Sud n’a toutefois pas rassurée sur son niveau de jeu sous Paulo Bento. La première mi-temps fut totalement à l’avantage des Guerriers Taeguk qui ont ouvert le score par Na Sang-ho bien heureux de reprendre un ballon mal dégagé sur un centre de Lee Yong. Une domination qui en restera là puisque la Corée du Sud n’est pas parvenue à conclure ses occasions face à des Turkmènes regroupés en défense et opérants uniquement en contre. Après ce premier acte plus ou moins positif, les hommes de Paulo Bento ont complètement manqué leur seconde période. Trop statique et trop axial puisque seuls Lee Yong et Kim Jin-su prenaient les couloirs sans obtenir l’aide de Son Heung-min et Na Sang-ho (puis Kwon Chang-hoon), la Corée du Sud n’est pas passée loin de la sortie de route avec des contres d’un Turkménistan plus incisifs. Il faut dire que sans l’apport des offensifs sur les ailes, Lee Yong et Kim Jin-su laissaient de grands boulevards dans leur dos que Kim Min-jae et Kim Young-gwon peinaient à couvrir. Devant, Lee Jae-sung ne pouvait s’exprimer librement puisqu’il marchait sur les pieds d’un Son Heung-min sans rôle défini et qui en faisait trop, comme à son habitude. L’entrée de Kwon Chang-hoon n’aura rien corrigé puisque Ppanghooni est venu apporter sa présence dans le rayon d’action de Lee Jae-sung. Résultat, Hwang Ui-jo n’a eu que très peu de ballon à négocier et a été totalement transparent. L’unique satisfaction réside dans la paire Jung Woo-young – Hwang In-beom à la récupération et à la transition avec en prime un super but sur coup franc pour le premier afin de sceller une victoire difficilement acquise (0-2). Paulo Bento et son staff ont du travail.

Maldives 0-5 Chine

Lippi de retour aux affaires, la Chine devrait se défaire aisément des Maldives, même si ceux-ci ont obtenu leurs premiers matchs au match précédent et enregistrent le retour de leur attaquant vedette, Ali Ashfaq. Les Chinois se couvriront ils de ridicule ou sont-ils sur le point de connaître une ascension vertigineuse ?

La réponse ne tarde pas à se faire attendre, les vagues chinoises déferlant sur le but de Faisal et Wu Xi qui ouvre finalement le score d’une tête croisée (34e) alors qu’un joueur maldivien est à terre. Les Chinois n’en ont cure et double la mise suite à une belle combinaison côté gauche conclue par Wu Lei (45e). La deuxième mi-temps est du même acabit, Yang Xu aggrave le score sur penalty pour une poussette du défenseur dans la surface. Vingt minutes plus tard, nouveau penalty et Elkeson ouvre son compteur en équipe nationale en trompant Faisal. Celui-ci s’offrira un doublé sur une passe en pleine surface et commence de la meilleure des manières son aventure avec l’Empire du Milieu.

Koweït 0-3 Australie

Premier gros test pour le Koweït, facile vainqueur du Népal en ouverture. Pas toujours souveraine lorsqu’elle se déplace au Moyen-Orient, l’Australie pourrait vivre un déplacement accrocheur, surtout que les Azraq sont sur une belle dynamique ces derniers temps, là où les Socceroos se cherchent encore.

Finalement, tout s’est déroulé tranquillement pour l’Australie qui ouvre la marque à la 7e par Leckie à la réception d’un corner. À la demi-heure de jeu, Leckie, encore lui, reprend une tête de Irving, toujours sur corner. Mooy clôt la partie en nettoyant la lucarne d’Abdulghafoor à la 38e et l’Australie se contente de gérer sa deuxième mi-temps et rentre de la meilleure des manières dans ces qualifications. Grosse déception pour le Koweït mais ceux-ci ne sont juste pas au niveau d’une équipe physiquement bien supérieure.

Yémen 2-2 Arabie saoudite

Un match chargé de politique et d’actualité, malheureusement, et qui planera comme une ombre sur cette confrontation qui voit Hervé Renard endosser le costume de sélectionneur national saoudien pour la première fois. Attention cependant aux Yéménites qui ont prouvé lors des derniers matchs avoir de la ressource. Pour cause de bombardements saoudiens, le match est délocalisé à Bahreïn.

Et les Yéménites vont prouver qu’ils ont du cœur et de la ressource. Toujours dans le concept de contre-attaques rapides et létales, ils entament le match tambour battant. Dès la 9e minute, Hassan Mohammed catapulte un improbable retourné dans la lucarne d’Al-Mayouf suite à un dégagement de la défense. Babhir égalise à la 23e suite à une action confuse dans la surface. Les Saoudiens sont globalement les plus dangereux mais Saeed veuille au grain. Et c’est encore une fois les Shayatin Ahmar qui créent la surprise, Al-Dahi trouvant le trou de souris pour battre Al-Mayouf. Finalement, Al-Dawsari remet les Suqur Ahdar dans la partie en reprenant un tir d’Asiri arrêté par Saeed. On en restera là, belle performance du Yémen qui montre les muscles et devrait enquiquiner tout le monde dans ce groupe, en rêvant secrètement de passer au second tour. Pour Renard, l’entrée en matière est des plus pittoresques.

Qatar 0-0 Inde

Le champion d’Asie n’a pas fait dans la dentelle en désossant l’Afghanistan au premier match (6-0). Les Indiens, qui étaient à deux doigts d’arracher le nul face à Oman, devraient subir pareil déconvenue tant l’écart entre les deux équipes est immense.

Et pourtant. Et pourtant… S’il y avait un barrage capable de contenir le Gange et le Tigre, il s’appellerait Gurpreet Singh. Le gardien, déjà une référence dans ce coin du globe, a tout arrêté et a choqué une équipe du Qatar mortifiée. Là où tous les parieurs se frottaient les mains sur des gains facilement gagnables, ils ont dû ravaler leur salive et cligner des yeux deux ou trois fois en fixant le score vierge entre le champion d’Asie et un de ses cancres. Belle opération de l’Inde qui sauve un point inattendu d’un déplacement dont on lui promettait l’enfer. Pour le Qatar, ce nul n’a aucune incidence mais serait-il le signe d’un essoufflement potentiel ?

Boris Ghanem
Boris Ghanem
Chroniques d'un ballon rond au Moyen-Orient, de Beyrouth à Baghdad, de Manama à Sanaa, football sous 40 degrés à l'ombre d'un palmier.