Première session de éliminatoires qui conduiront les qualifiés sud-américains au Qatar. L’occasion de retrouver le football sudam dans sa splendeur : des buts, de la tension et évidemment, des polémiques.

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Paraguay 2-2 Pérou

Pour lancer la course au Qatar, les yeux convergeaient vers Asunción et le Defensores del Chaco, théâtre du premier épisode d’une longue série entre deux équipes ambitionnant d’être du déplacement au Moyen Orient : le Paraguay et le Pérou. Privé de quelques cadres, Ricardo Gareca présentait une organisation traditionnelle, Raúl Ruidíaz endossant la lourde tache de jouer le rôle de Paolo Guerrero. Côté Guaraníes, Berizzo optait pour son 4-3-3 traditionnel, destiné à presser haut et frapper vite. Autant le dire, le premier acte ne restera pas dans les annales. Les deux équipes semblaient incapables de véritablement produire du jeu et au final, la véritable « émotion » des quarante-cinq premières minutes restait le coude de Carlos Zambrano sur Miguel Almirón qui aurait sans doute mérité un carton rouge (mais le VAR en décidait autrement, au grand désarroi des Paraguayens). Les locaux pestaient d’autant que tout changeait en seconde période. Le milieu à trois Renato Tapia, Pedro Aquino et Yoshimar Yotún prenait le contrôle du jeu, le dernier nommé dominant sans partage la rencontre, bien aidé par le talent d’André Carrillo. Ce n’était au final pas une surprise lorsque le pensionnaire d’Al Hilal ouvrait la marque pour les visiteurs. Les hommes de Gareca étaient maître du jeu, prenaient davantage confiance et le rouleau péruvien semblait filer vers une nouvelle victoire écrasante. Sauf qu’à trop gâcher, on finit toujours par le regretter, encore plus lorsque le manque d’efficacité offensive se traduit également en défense. Totalement oublié par une arrière-garde qui le croyait hors-jeu (ce que le VAR infirmera) Ángel Romero célébrait son entrée en jeu par un but qui retournait le match. Car une fois rejointe, la Blanquirroja accusait le coup et se mettait à subir. Au point d’encaisser un nouveau but, sur un nouvel oubli défensif qui profitait à Romero. Il restait alors moins de dix minutes et on pensait que la bande à Berizzo avait réussi le hold-up parfait. Il n’en fut rien, André Carrillo surgissait de nouveau et permettait au Pérou de ramener un bon nul de son déplacement au Paraguay.

Uruguay 2-1 Chili

Par Jérôme Lecigne

L’Uruguay continue avec ses bonnes habitudes. Plus de quatre ans après avoir démarré les éliminatoires pour la Russie par une victoire en Bolivie deux buts à rien, l’Uruguay s’est imposé contre le Chili deux buts à un, après un match très compliqué pour la Celeste. Dans un Centenario tristement vide, les deux équipes ont mis dix minutes à se chauffer, avec quelques imprécisions techniques des deux côtés, avant que l’Uruguay s’élance vers l’attaque. Au quart d’heure de jeu, et après un débordement sur le côté droit, Suárez trouvait Valverde dont la frappe s’écrasait sur la barre transversale. Cette frappe lançait la partie, même si l’Uruguay avait du mal sur les attaques placées. De son côté, le Chili jouait coupé en deux entre une attaque effectuant un pressing sur les défenseurs uruguayens pour ne pas jouer court et un milieu et une défense jouant bas sur le terrain. Au final, l’Uruguay n’est jamais aussi bon que quand il trouve de la vitesse et sur un nouveau contre côté droit, un centre du très bon Brian Rodríguez est détourné d’abord par la jambe puis par le bras de Vegas. Après une longue période et l’appui de l’image sur le terrain, l’arbitre signale le point de penalty. Suárez ne se fait pas prier, et ouvre le score juste avant la pause. Mi-temps un à zéro.

Mais sur une très bonne passe d’Aránguiz dans le dos de la défense, Sánchez égalise à la cinquantième minute de jeu après une phase de domination du Chili. L’Uruguay n’y est plus, le milieu à cinq de l’Uruguay est transparent et le Chili domine pendant un temps le match. On ne voit pas beaucoup Valverde, pas du tout De Arrascaeta. Le Maestro effectue donc des changements, fait rentrer notamment l’ex-Bordeaux Girondin Mauro Arambarri. Le Chili ne se crée pas beaucoup d’occasions mais reste très solide, hermétique. L’Uruguay continue de trembler en fin de match sur une main, le long du corps, de Coates, que l’arbitre et le VAR ne sifflent pas. Au final, en toute fin de match, sur un ballon balancé par Coates, Gómez contrôle et frappe de volée de l’entrée de la surface. Le gardien n’y peut rien. Le Chili essayera bien de se jeter sur le but de Campaña, auteur d’un dernier sauvetage, mais l’Uruguay conservera cet avantage agonique mais pas injuste.

Argentine 1-0 Équateur

Restait alors à découvrir ce qu’allait donner le retour de l’Argentine. Si le choix de la faire jouer à la Bombonera dont les couleurs semblaient rendre hommage au maillot équatorien n’a pas manqué de faire sourire quelques suiveurs, on attendait surtout de voir le 4-2-3-1 version Scaloni avec son doble-cinco De Paul-Paredes censé offrir des munitions à un quatuor offensif composé d’Acuña, Ocampos, Lautaro et bien évidemment Messi. D’autant qu’en face, pour sa première, Gustavo Alfaro avait décidé de faire du Alfaro lorsqu’opposé à un adversaire annoncé supérieur : attendre. Accusé de ne pas connaître les joueurs ni le football local, l’ancien de Boca avait donc armé une équipe avec quasiment aucun représentant des deux locomotives locales que son LDU et Independiente del Valle, deux équipes construites pour faire mal dans le jeu de transition. Le technicien argentin n’était en plus pas aidé par ses joueurs puisque Pervis Estupiñán fauchait Ocampos et offrait à Messi l’occasion d’ouvrir la marque. En bon capitaine, la Pulga ne s’en privait pas. On pensait alors que le match allait être lancé, il n’en fut rien. Car le doble cinco argentin ne fonctionne pas, De Paul et Paredes restants collés à leur défense et semblant incapable de se projeter ou de créer la moindre verticalité dans un milieu étrange qui une fois le ballon dans les pieds n’a plus personne en son cœur. Incapable de générer du jeu (sept tirs en quatre-vingt-dix minutes, dont le penalty), l’Argentine a donc profondément ennuyé tout le monde. Au final, elle est meilleure dans son jeu sans ballon, dans l’organisation de son pressing à la perte de balle, qu’une fois qu’elle l’a. Terrible quand on connait le réservoir de meneurs de jeu que Lionel Scaloni a à sa disposition. Mais qu’importe pour le sélectionneur, son Albiceleste s’est imposée, bien aidée par un adversaire sans la moindre idée (ni volonté ?) offensive. Reste désormais à savoir si ce sera suffisant pour affronter les 3600 mètres de La Paz et d’une Bolivie qui, espérons-le, se montrera moins complaisante.

Nicolas Cougot
Nicolas Cougot
Créateur et rédacteur en chef de Lucarne Opposée.