À quelques jours de la Copa América, les dix nations sud-américaines se voient offrir deux sessions d’éliminatoires pour la Coupe du Monde en guise de préparation. La première soirée a ainsi vu Argentine et Uruguay céder des points quand le Pérou n’en finit plus de couler.
La soirée sud-américaine a débuté par une première : la première victoire de la Bolivie dans cette campagne éliminatoire. À l’Hernando Siles de La Paz, la Verde n’a mis que cinq minutes pour ouvrir le score, le temps pour Marcelo Martins, totalement oublié par la défense vénézuélienne au deuxième poteau d’armer sa reprise et tromper Joel Graterol. La Vinotinto passait à un rien de la catastrophe quelques instants plus tard, Jhon Chancellor manquant de tromper son propre gardien. Dominé, le Venezuela frôlait le 0-2 à quelques reprises mais parvenait tout de même à égaliser sur un coup franc lointain mal contrôlé par Lampe et repris par Chancellor. Malgré l’apport offensif des Ramallo, Arce et Saavedra, la Bolivie ne parvenait pas à concrétiser face à un Venezuela au sein duquel les absences de Soteldo, Rondón, Herrera et Osorio se faisaient ressentir. Au retour des vestiaires, la Verde augmentait la pression, appuyait en variant les approches (centres, frappes lointaines, combinaisons) et finissait par être justement récompensée, Diego Bejarano trompant Graterol de la tête. Le jeu aérien – bien aidé par le marquage lâche de la défense vénézuélienne – allait s’avérer être la clé du match puisque Marcelo Martins s’offrait un doublé d’une magnifique tête en fin de partie. Suffisant donc pour offrir au Matador bolivien une troisième place au classement général des buteurs en éliminatoires dans la zone et donc permettre à la Bolivie de se lancer enfin.
Si l’Uruguay s’était déjà lancé, la réception du Paraguay s’avérait essentielle pour ne pas décrocher un wagon de tête. La Celeste avait innové avec la présence de trois défenseurs centraux et deux joueurs de couloir avec Matías Viña et Giovanni González et un cœur de jeu très joueur avec du Real, de la Juventus et de l’Inter… Mais malgré ce milieu, et sans doute aussi un peu à cause de lui, la première mi-temps a été très pénible pour l’Uruguay avec un adversaire qui joue bien regroupé, mais avec de belles capacités d’explosion dans la relance du ballon, avec notamment les frères Romero et Almirón. C’est d’ailleurs le Paraguay qui se procure la première grosse occasion d’une frappe de Romero bien détournée par un Fernando Muslera de retour et en grande forme. Dans un match où il n’a pas été très bon, à l’image de l’animation offensive durant la première heure de jeu, Jonathan Rodríguez aurait pu ouvrir le score sur un but annulé par les arbitres, ces derniers estimant que Viña, qui lui était bien hors-jeu, est dans l’axe de vision du gardien. On parle beaucoup de ce but annulé aujourd’hui en Uruguay, car il aurait peut-être changé la donne. Parce que l’Uruguay a eu beaucoup de mal dans ce début de match, n’écartant pas assez le jeu, se retrouvant pris dans une nasse dans la partie de terrain du Paraguay la plus proche du rond central, une partie où le jeu de passe des milieux a mis en danger l’équipe, ne créant pas de menace sur le but paraguayen mais paradoxalement plus sur le but uruguayen, les Paraguayens étant redoutable en contre. Il a fallu attendre les entrées de Torreira à la place de Vecino, mais surtout celle de Torres à la place de Rodríguez pour que les choses changent. L’Uruguay se trouve une nouvelle animation, avec un Torres plus mobile, un Valverde ayant retrouvé un peu d’espace, et se montre dangereux durant les trente dernières minutes avec des joueurs de côté qui se montrent enfin, notamment González redevenant mordant et mettant en difficulté la défense côté droit du Paraguay. Suárez se procure une belle occasion, Torres envoie un coup-franc très dangereux au-dessus de la cage d’Antony Silva, mais tout cela arrive trop tard. Le Paraguay s’est bien regroupé pour la fin du match, les Romero sont sortis, les Guaraníes décrochent ce qu’ils étaient venus chercher : un bon match nul. L’Uruguay pourra regretter de ne pas avoir trouvé la formule dès le début du match et doit désormais rattraper les points perdus face au Venezuela.
Des points, l’Argentine en a également laissé sur le bord de son chemin. À Santiago del Estero, l’Albiceleste accueillait le voisin chilien dirigé par Martín Lasarte qui débutait de manière officielle à la tête d’une sélection dont il n’avait dirigé qu’une équipe bis lors d’un amical face à la Bolivie. Privée d’Armani et Montiel, toujours positifs à la COVID-19, et d’Agüero, pas positif mais encore un jour supplémentaire à l’isolement – sans doute pour respecter les protocoles sud-américains efficaces à 99% (sic) – la sélection argentine a donc buté sur un Chili, lui aussi privé de quelques cadres, en particulier son Rey qui, toujours dans cette idée de respecter les protocoles sanitaires à profité d’un retour au pays pour visiter l’hôpital. Un match qui pourrait être résumé par un duel magnifique entre Leo Messi et Claudio Bravo, duel remporté par le portier chilien qui a tout sorti à l’exception d’un penalty en première période. Mais un match qui a livré d’autres enseignements. D’une part que cette Argentine annoncée joueuse sur le papier a eu du mal à imposer son jeu en première période d’un match à très haute intensité et riche en impact. L’ouverture du score consécutive à un penalty évident pour une faute de Maripán sur un Lautaro Martínez qui probablement définitivement enfilé le costume de n°9, mais qui a requis l’intervention du VAR a un temps changé la donne, l’Argentine passant du 4-3-3 au 4-4-2 afin d’exploiter les contres par la mobilité de son milieu et la capacité du duo Paredes – De Paul à construire les offensives, mais manquant de profondeur et laissant trop d’espaces dans l’entrejeu qui ont été parfaitement exploités notamment par l’autre duo du milieu, Aranguíz – Pulgar. L’égalisation rapide d’Alexis Sánchez – son premier but en éliminatoires face à l’Argentine – avait permis au Chili de Lasarte de gagner en confiance, à la pause, le nul semblait finalement assez logique. Lionel Scaloni sentait quelques faiblesses dans son onze, à la pause, Lisandro Martínez et Ángel Correa entraient en piste, ce dernier se montrant bien plus dangereux qu’un Ocampos étonnamment discret. Mais le début de second acte voyait surtout la Roja exploiter les espaces au milieu, jouant parfaitement entre les lignes, profitant des montées dans les couloirs, en particulier de Mené, hyper actif à gauche, et si Edu Vargas s’était montré plus inspiré, les visiteurs auraient pu générer bien des dangers. Il n’en fut rien et au fil des minutes, le duel à distance entre Messi et Bravo a pris de l’ampleur. Le portier chilien a fini par se muer en sauver d’une Roja qui a fini la partie en subissant face à une Argentine nouvelle génération après notamment les entrées de Julián Álvarez, Nahuel Molina (quatrième débutant présent sur le terrain) et Exequiel Palacios. Mais au final, rien ne fut marqué, l’Argentine laisse filer deux points, sans doute avec une étrange sensation : celle que l’on commence à basculer dans une nouvelle génération qui devrait l’emmener vers 2026, mais aussi celle qui veut qu’elle dépende toujours autant de son Messi. Côté Chili, les débuts de Lasarte sont réussis : sa Roja a montré de la personnalité et quelques mouvements intéressants mais surtout, elle ramène un point de l’autre côté des Andes pour la première fois depuis dix-huit ans.
Reste que ce nul a une conséquence au classement : le Chili perd une place. La faute à une Colombie partie administrer une leçon à un Pérou dont la fin du cycle Gareca n’a jamais semblé aussi proche. Une Colombie version Reinaldo Rueda qui a contrôlé le match, imposant sa discipline, sortant proprement, contrôlant la possession, en particulier une fois le score ouvert en fin de premier acte suivi de l’exclusion de Miguel Trauco. Les visiteurs profitaient alors de leur supériorité pour rapidement se mettre à l’abri, ayant tout le loisir de combiner et profitant de quelques largesses défensives. Mateus Uribe doublait la mise à la 49e, Muriel et Díaz s’amusaient côté gauche et pliaient définitivement l’affaire cinq minutes plus tard. 3-0 avant l’heure de jeu, il n’y avait guère que l’entrée de Daniel Muñoz et son exclusion trois minutes plus tard, pour venir perturbe un temps les Cafeteros. Rueda pouvait alors faire tourner, jamais le Pérou n’allait inquiéter les siens. Une Blanquirroja qui se retrouve désormais lanterne rouge quand la Colombie se mêle à la lutte, revenant à la hauteur de l’Uruguay, à quatre points de l’Argentine, son futur adversaire.
Classement
|
Position |
Équipe |
Points |
|
Diff. |
|
|
|
1 |
Brésil |
12 |
|
+10 |
|
|
|
2 |
Argentine |
11 |
|
+4 |
|
|
|
3 |
Équateur |
9 |
|
+7 |
|
|
|
4 |
Paraguay |
7 |
|
+1 |
|
|
|
5 |
Uruguay |
7 |
|
0 |
|
|
|
6 |
Colombie |
7 |
|
-2 |
|
|
|
7 |
Chili |
5 |
|
0 |
|
|
|
8 |
Bolivie |
4 |
|
-5 |
|
|
|
9 |
Venezuela |
3 |
|
-6 |
|
|
|
10 |
Pérou |
1 |
|
-9 |
|
Nicolas Cougot et Jérôme Lecigne



