Six victoires en autant de matchs, comme il y a quatre ans, on sait déjà que le Brésil se qualifiera pour la prochaine Coupe du Monde et pourra même se permettre de terminer en roue libre. Derrière, les certitudes sont peu nombreuses et la lutte s’annonce intense.

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Le Brésil est intouchable

Qu’importe ce qu’il se passe autour d’elle, la Seleção n’a aucun rival sur le continent. En déplacement au Paraguay dans un climat toujours aussi délétère, les hommes de Tite ont choisi la meilleure solution pour s’offrir un match tranquille : marquer d’entrée. Gabriel Jesus a déboulé côté droit et trouvé Neymar seul au second poteau. Le Parisien ouvrait le score à la troisième minute et rejoignait ainsi Zico et Romário au sommet du classement des meilleurs buteurs de la Seleção en éliminatoires mondiaux. Ce but permettait au Brésil de Tite d’imposer sa maîtrise technique, d’assoir sa sérénité. Pourtant le Paraguay ne désespérait pas mais peinait à véritablement déstabiliser la défense brésilienne quand il avait le ballon. Le Brésil de Tite n’est pas une équipe qui donne le vertige mais une machine de guerre parfaitement huilée. Exploitant toute situation, jouant sur les ailes par Gabriel Jesus et Richarlison pour perturber la défense à cinq mise en place par Berizzo, il passait à un hors-jeu près de tuer le suspense avant la pause, Richarlison voyant son but du 2-0 refusé. Au retour des vestiaires, les Guaraníes cherchaient à augmenter la pression, mais Tite avait déjà tout anticipé. Lucas Paquetá était entré à la pause, le Brésil accélérait pour chercher à se mettre à l’abri. Marquinos, Richarlison, Neymar se montraient menaçant alors que Berizzo avait beau envoyer tout ce qu’il pouvait en matière de joueurs offensifs (Gabriel Ávalos,  Óscar Romero, Braian Samudio et Antonio Bareiro), rien n’y faisait. Le 2-0 arrivait en toute fin de partie, Neymar servant un excellent Lucas Paquetá qui scellait ainsi le six sur six brésilien. La Seleção s’impose au Paraguay pour la première fois depuis 1985 et prend désormais six points d’avance sur son poursuivant direct, l’Argentine.

L’Argentine se fourvoie

Par Pierre Gerbeaud

Une Argentine qui avait l'occasion de frapper un grand coup et de prendre ses distances sur les poursuivants mais qui a laissé échapper deux points qui lui tendaient les bras. En moins de dix minutes les joueurs de Scaloni ont fait exploser la Colombie et sa défense totalement apathique. Une tête de Romero et un slalom gagnant de Paredes dans une défense digne d'une équipe de U7 ont parfaitement lancé une sélection argentine qui a totalement maitrisé son adversaire pendant tout le premier acte. Mais au retour des vestiaires l'Argentine a déjoué. La faute notamment aux choix de Reinaldo Rueda qui a décidé de proposer (enfin) quelque chose avec notamment les entrées de Cardona et Borja à la place d'un Zapata pas loin du rouge. La faute aussi à une faute stupide d'Otamendi qui a laissé trainer le bras dans la surface et a concédé un pénalty transformé par Muriel. Voyant le danger venir, Scaloni a progressivement fermé la boutique avec les entrées de Palacios, Pezzela et Foyth. Sans pour autant être en danger et en ayant plusieurs occasions notamment par Messi, l'Albiceleste a craqué sur la dernière action. Foyth a manqué sa sortie balle au pied, le centre de Cuadrado a trouvé la tête de Borja que Marchesín n'a fait que freiner. Le gardien de Porto, entré en fin de première période à la place d’un Martínez impérial jusqu’à la charge de Mina – sans doute un élément qui a également fait sortir l’Argentine de son match – n'a pas été inoubliable sur cette affaire. Ce scénario fou et assez inexplicable est trompeur. L'Argentine a largement dominé les débats et sans un Ospina des grands soirs le match aurait été plié bien plus tôt. Rueda avait décidé de renforcer son milieu et se passer de Luis Muriel, pari perdu. Avec deux buts encaissés dans les dix premières minutes, la Colombie en est à cinq buts concédés en tout début de match et a cédé très tôt lors de trois des six matches disputés jusque-là. Et Luis Muriel est entré avant la demi-heure de jeu. Au final ce nul fait les affaires des deux équipes qui prennent un point sur l'Équateur et sur le Paraguay.

Le Chili nourrit ses regrets

Il est airs de déjà vu qui ravivent de douloureux souvenirs. En septembre 2017, le Chili avait concédé sur le fil une défaite à La Paz face à la Bolivie sur une faute de main de Marcelo Díaz. Cette défaite n’avait finalement pas eu d’impact sur la non-qualification au Mondial russe – la Bolivie perdant ce match sur tapis vert – mais son souvenir a été ravivé ce mardi soir à San Carlos de Apoquindo. Car après le nul ramené d’Argentine, la Roja de Martín Lasarte devait confirmer. Le sélectionneur uruguayen posait un 3-4-3 offensif sur le terrain qui a totalement dominé le premier acte. Quatrième minute, sur un amour de service signé Charles Aránguiz, Edu Vargas trouvait le poteau, trois minutes plus tard, Turboman servait Francisco Sierralta qui trouvait la barre alors qu’il était seul face au but vide. La suite était un monologue, la Bolivie ne « frappant » véritablement qu’une fois en première période (sans menacer Claudio Bravo devenu spectateur du match) alors que Vargas, Pulgar et Meneses continuaient de pilonner. On pensait que l’occasion de Sierralta était la plus claire, ce n’était pas le cas. En fin de premier acte, le miracle se nommait José Sagredo qui sortait sur la ligne un but d’Alexis Sánchez. Depuis les tribunes, Arturo Vidal pouvait se lamenter tant il paraissait incompréhensible que la Roja ne rentre pas aux vestiaires en tête. C’était pourtant le cas. Le deuxième acte redémarrait de la même manière, Alexis lançait les hostilités d’une frappe qui tutoyait la lucarne de Lampe, la domination totale reprenait. Elle allait enfin être récompensée à vingt minutes de la fin sur un nouveau service parfait du Principe qui trouvait la tête de Pulgar. Ce dernier profitait de la sortie hasardeuse de Lampe pour ouvrir le score, on pensait alors que le plus dur était fait. Il n’en fut rien. Sur l’une des rares (seules) montée bolivienne, Marcelo Martins tentait une frappe un peu ratée mais déviée de la main par Guillermo Maripán. Le VAR intervenait, Eber Aquino offrait un penalty synonyme du point du match nul à la Verde malgré une possession de 23% et deux frappes cadrées, laissant le Chili à ses regrets avec ses quinze frappes cadrées et ses deux poteaux.

L’Uruguay gâche

Par Jérôme Lecigne

Un Venezuela bien amoindri accueillait une Celeste revancharde dans le cadre de la sixième journée des éliminatoires. Sans le Lensois Fariñez qui a vu le match depuis le banc, sans Salomón Rondón, Yangel Herrera ou Yeferson Soteldo blessés, le Venezuela a joué replié derrière, espérant pouvoir faire pencher la balance sur quelques occasions comme des contres ou des coups de pied arrêtés. Côté Uruguayen, Facundo Torres était aligné d’entrée pour pouvoir provoquer une différence dans les petits espaces. Las, c’est la stratégie du Venezuela qui s’avère payante pendant une heure avec très peu d’occasions uruguayennes mais des vraies percées vénézuéliennes dont une qui s’est achevée sur un but de Josef Martínez et sa crinière rose logiquement refusé à la suite du contrôle de la balle par le torse et les deux mains du joueur. Face au mur vénézuélien, l’Uruguay n’a pas trouvé la clef et s’est mis en danger, jusqu’à ce que, comme contre le Paraguay, l’adversaire fatigue avec notamment un bon Jefferson Savarino pendant quarante-cinq minutes qui a ensuite baissé en intensité. L’Uruguay en a profité pour faire des changements avec notamment les entrées de Nández ou De La Cruz. Ces derniers, frais face à une équipe fatiguée, ont enfin permis de créer des différences dans le jeu et de se créer des occasions. Giménez par deux fois de la tête ou encore Matias Viña seul face à Joel Graterol auraient pu permettre à l’Uruguay d’empocher les trois points. Mais réussir à générer du jeu sur trente minutes n’aura pas été suffisant, et aurait même pu se transformer en catastrophe si la tête de Villanueva n’avait pas été détournée de justesse par Muslera à la 89e minute. Au final, l’Uruguay ressort de deux matchs sans but, ni encaissé ni marqué, et se permet même de prendre une place au classement étant désormais quatrième. La défense a tenu le coup face à des équipes jouant le contre, alors que le milieu a échoué la plupart du temps à générer du danger et à alimenter un Súarez qui a dû se battre seul en pointe pendant cent quatre-vingts minutes sans jamais être remplacé malgré une fatigue physique et mentale patente à la fin du match contre le Venezuela. On aurait aimé voir Ramírez. Le Venezuela lui a maintenu la lumière allumée pour le futur, dans un contexte difficile avec de nombreux blessés, mais devra montrer autre chose dans le jeu pour avoir une chance de décoller de l’avant-dernière place actuelle.

Le Pérou revit

Avec un seul petit point en cinq sorties, on ne donnait pas cher de l’avenir du Pérou lors de son déplacement à Quito pour y défier un Équateur qui y était jusqu’ici impérial. Jusqu’ici seulement. Car le match qui a ouvert la soirée n’a pas été le meilleur. D’un côté une équipe lente, sans idée, sans capacité à presser l’adversaire, de l’autre, une formation venue fermer les espaces et tout miser sur des contres rapides, le trio Cueva-Lapadula-Carrillo devant s’en charger quasiment tout seul. Une stratégie qui a fonctionné pour la Blanquirroja de Gareca, bien aidée par une Tri qui semblait épuisée mentalement et physiquement. Les choix d’Alfaro sont aujourd’hui vertement critiqués, notamment celui de ne pas faire débuter un Gonzalo Plata qui a su mettre le feu aux poudres, mais la défaite équatorienne a surtout été due à un Pérou loin de paniquer au regard de sa situation, toujours capable de construire du jeu et qui s’est surtout créé les meilleures situations avant l’ouverture du score, Lapadula et Cueva se ratant autour du premier quart d’heure devant Alexander Domínguez. Sentant que cela ne fonctionnait pas Alfaro a changé son fusil d’épaule, fait entrer Ángelo Preciado, Cristhian Noboa et Gonzalo Plata à la pause, sans pour autant grand succès si ce n’est sur le penalty d’abord accordé puis ensuite logiquement refusé au VAR en faveur de la Tri. Rien ne fonctionnait côté équatorien, d’autant que sur un contre, la défense du Tri laissait partir Lapadula qui offrait à Cueva le but du 1-0. Le coup était dur, Damián Díaz et Fidel Martínez entraient en jeu et apportaient un peu plus de danger mais un nouveau contre, encore conduit par Lapadula, offrait le but du break et de la victoire au Pérou, la réduction de l’écart de Plata en toute fin de partie ne changeant rien. Avec ce succès à Quito, sur le même score que lors de la campagne de Russie, le Pérou se relance, revenant au contact d’un peloton dont l’Équateur ne s’extirpe pas.

Classement

Position

Équipe

 

Points

 

Diff.

 

1

Brésil

 

18

 

+14

 

2

Argentine

 

12

 

+4

 

3

Équateur

 

9

 

+4

 

4

Uruguay

 

8

 

0

 

5

Colombie

 

8

 

-2

 

6

Paraguay

 

7

 

-1

 

7

Chili

 

6

 

0

 

8

Bolivie

 

5

 

-5

 

9

Venezuela

 

4

 

-6

 

10

Pérou

 

4

 

-8

 

 

Nicolas Cougot
Nicolas Cougot
Créateur et rédacteur en chef de Lucarne Opposée.