Après la dynastie Jeonbuk, Ulsan se lancerait-il dans la sienne ? En tout cas, le champion 2022 a conservé son titre sans grande difficulté. La saison 2023 terminée, il est temps de faire le bilan de la quarantième-et-unième édition du championnat sud-coréen.

Ulsan : un léger frisson

Les Tigres n'ont pas vraiment eu de concurrence pour aller chercher leur deuxième titre de champion de Corée du Sud d'affilée. Le message était envoyé d'entrée de jeu puisque Ulsan renversait son principal rival pour le titre, Jeonbuk, dès le premier match de la saison. Après trois journées et autant de victoires, Ulsan prenait la tête du championnat sans plus jamais la quitter. Tout allait pour le mieux, chaque joueur était à son niveau, l'équipe tournait bien avec seulement deux défaites lors des vingt-un premiers matchs et la première place du classement était sécurisée avec une avance allant jusqu'à douze points. Puis juillet est arrivé, un grain de sable s'est mis dans les rouages et Park Yong-woo a rejoint le Qatar. Ulsan a commencé à douter, à voir son jeu se déliter et ses concurrents mettre la pression au classement. Hong Myong-bo a tout tenté pour appliquer un électrochoc à ses joueurs sans succès. Peu importe l'équipe qu'il mettait en place, celle-ci n'arrivait plus à rouler sur ses adversaires. Bien heureusement, la différence a été faite lors de la première moitié de saison et la seconde moitié s'est faite plus au mental qu'autre chose. Il faut aussi souligner que les potentiels adversaires d'Ulsan n'ont pas su saisir les opportunités en or laissées par les Tigres. À trois journées du terme, le titre était finalement sécurisé avec un ouf de soulagement. Il y a quelques saisons, le titre aurait été perdu par Ulsan. Mentalement, le club a évolué.

Les Tigres ont donc conservé leur titre et avec la manière. Il n'y avait pas meilleur en Corée du Sud cette année. Il faut dire que les recrues se sont mises au diapason. Joo Min-kyu en est le parfait exemple puisqu'il termine de nouveau meilleur buteur de la saison et se rachète de son passage raté avec Ulsan en 2019. L'attaquant coréen a logiquement mis Martin Ádám sur le banc. Mais le Hongrois a lui aussi été très important pour Hong Myung-bo dans la rotation. Le Suédois Gustav Ludwigson a été tonitruant en début de saison avant de s'éteindre sur la fin, à l'image du club. Mais une première saison très intéressante pour lui, ce qui n'est pas le cas de Darijan Bojanic qui a eu très peu de temps de jeu à la fois à cause de blessures et sur choix de Hong Myung-bo. Il ne serait pas surprenant de le voir quitter le club dans les prochaines semaines. Au milieu, Kim Min-hyeok a lui aussi été assez convaincant dans un rôle un peu plus reculé que ce qu'il avait connu à Seongnam et a réalisé une très bonne paire avec Lee Gyu-sung après le départ de Park Yong-woo à Al-Ain (Émirats arabes unis). Pour ce qui est d'Esaka Ataru, les pépins physiques l'auront handicapé toute la saison mais ses apparitions furent très intéressantes également. Pour les joueurs qui étaient déjà champion en 2022, il est important de souligner qu'ils ont tous connu une saison de bonne facture. Um Won-sang a confirmé malgré lui aussi des ennuis physiques. Seol Young-woo a également fait une saison très solide que ce soit sur le flanc gauche ou droit de la défense et a été récompensé d'une sélection avec les Guerriers Taeguk.

Désormais, Ulsan va devoir gérer une intersaison qui pourrait s'annoncer mouvementée. Valeri Qazaishvili a déjà annoncé son départ pour s'engager en Chine et il laissera un très gros vide dans le secteur offensif. Il faudra également suivre les envies d'Europe d’Um Won-sang, lui qui a obtenu son exemption de service militaire et pourrait bien chercher à rejoindre le Vieux Continent. Les Tigres devront aussi gérer un effectif très étoffé puisque Lee Dong-gyeong est revenu d'Europe et Kim Ji-hyun a terminé son service militaire. Devant, Joo Min-kyu a obtenu un premier trophée et à trente-trois ans refusera-t-il une nouvelle proposition de la Chine comme les années précédentes si celle-ci revenait sur la table ? Il faudra aussi gérer des joueurs vieillissants, surtout derrière : Kim Tae-hwan (trente-quatre ans), Kim Young-gwon (trente-trois ans), Kim Kee-hee (trente-quatre ans) et dans une moindre mesure Lee Myung-jae (trente ans). Lee Chung-yong (trente-cinq ans) est également concerné par ce vieillissement progressif d'Ulsan. Si le club veut imposer sa dynastie, il devra rajeunir son équipe. Le changement d'identité visuel annoncé en cette fin d'année est-il un premier pas ?

Pohang : trop juste pour le titre

Troisième en 2022, les Steelers progressent d'une place pour terminer second en 2023. Ils auront également mis le doute dans la tête d'Ulsan lors de la fin de saison mais, malheureusement pour eux, n'ont pas su gérer les moments clés. Trop de points ont été perdus alors qu’Ulsan n'avançait pas au classement. La défaite face aux Bluewings en octobre dernier ainsi que les points perdus face à Gangwon en sont le parfait exemple. Pour autant, Pohang a réussi la saison de ses cinquante ans et a, en prime, décroché le titre en FA Cup. Cela faisait dix longues saisons que Pohang n'avait pas aussi bien figuré au classement ni n'avait pas décroché un trophée.

Un mérite qu'il faut bien évidemment mettre au crédit de Kim Gi-dong qui, année après année depuis 2019, a su faire avec les moyens réduits de Posco. Il n'est un secret pour personne, le géant de l'acier sud-coréen n'a pas les reins aussi solides que Hyundai pour supporter financièrement son club. Souvenez-vous, en début de saison, Pohang perdait de nombreux joueurs par rapport à 2022 : Sin Jin-jo, Lim Sang-hyub, Lee Soo-bin, Kang Hyeon-mu, Lee Gwang-hyeok et Heo Yun-jun. Mais les quelques recrues qui sont venues renforcer le club ont toutes convaincu. En premier lieu, Oberdan. Le Brésilien a été un véritable patron au milieu de terrain ce qui lui a valu une nomination dans le XI de l'année par la K League. En attaque, l'autre brésilien Zeca a été très précieux dans son rôle de neuf avec douze réalisations et sept passes décisives. Il a été parfaitement accompagné par un Baek Sung-dong de gala et désigné meilleur passeur de l'année. En revanche, Kim In-sung a fait une saison en dent de scie alors que Kim Jong-woo a passé beaucoup trop de temps à l'infirmerie. En cours d'année, Lee Seung-mo, en fin de contrat, a été échangé avec Han Chan-hee et ce dernier s'est rapidement installé dans la rotation de Kim Gi-dong avec réussite. Sans oublier que Goh Young-jun a parfaitement confirmé son titre de meilleur jeune 2022 avec une saison très aboutie une nouvelle fois. L'éternel Kim Seung-dae a également réalisé une saison pleine avec sept passes décisives et le jeune Lee Ho-jae a été très surprenant et a parfaitement remplacé Zeca lors des rotations. Dans le secteur défensif, Alex Grant a tenu la maison que ce soit avec Ha Chang-rae ou Park Chan-yong. Il ne faut pas non plus oublier de souligner la belle saison de Hwang In-jae.

Pohang et Kim Gi-dong ont donc pu se reposer sur les joueurs déjà présents au club même si certains comme Jeong Jae-hee (seulement sept rencontres) et Wanderson (vingt matchs) auront manqué sur l'intégralité de l'année, la faute à des blessures. Les recrues se sont parfaitement intégrées au collectif et ont donc permis aux Steelers de réussir leur année 2023. Mais malheureusement pour les supporters, il va vite falloir tourner la page. Kim Gi-dong a en effet quitté le club pour rejoindre le FC Seoul, qui a dû mettre beaucoup d'argent sur la table pour racheter ses deux dernières années de contrat. Park Tae-ha, qui a fait toute sa carrière de joueur au club, arrive pour le remplacer après des expériences en Chine. Zeca est également annoncé sur le départ vers la Chine après seulement un an avec les couleurs des Steelers. Goh Young-jun a décroché son exemption de service militaire et serait sur les tablettes de clubs anglais, ce qui pourrait être une nouvelle grosse perte pour Pohang. La position d'Alex Grant est également à suivre de près. Bref, la saison 2024 commence déjà pour la direction des Steelers qui doit tout reconstruire.

Gwangju : la (bonne) surprise

Le promu, qui avait remporté la K League 2 en 2022 et que tous pensaient être à la lutte pour le maintien, a surpris son monde en terminant troisième de cette quarante-et-unième édition de la K League. Un record pour le club qui, en plus, décroche une place en Asian Champions League Elite. Tout le crédit est à mettre sur le dos de Lee Jung-hyo qui a continué sur sa lancée de l'an dernier. Aucun négatif à tirer de cette saison pour Gwangju.

Les joueurs déjà présents en 2022 et qui avaient écrasé la K League 2 ne sont pas retombés en régime et ont affiché un niveau digne de K League 1. Parmi eux, forcément, le capitaine Ahn Young-kyu toujours aussi performant en défense. Son association avec le Néerlandais Timo Letschert a été très solide toute la saison. Au milieu, Lee Soo-min fut un véritable métronome. Des prestations reconnues par Jürgen Klinsmann qui l'a convoqué avec la Corée du Sud. Que dire également de sa paire Jung Ho-yeon, élu meilleur jeune de l'année ? L'Albanais Jasir Asani s'est parfaitement fondu dans le collectif et attire déjà l'œil des clubs européens pour un retour sur le Vieux Continent. Le jeune Eom Ji-sung a lui aussi confirmé que son niveau se situe en K League 1 alors que Heo Yool s'est positionné comme un futur solide numéro neuf en pivot. En définitif, difficile de trouver un joueur qui est passé totalement à côté de sa saison si ce n'est que Thomas Bedinelli aurait dû faire mieux. De son côté, Sandro a été licencié très rapidement pour conduite en état d'ivresse. Sans cet écart de conduite, qui sait ce qu'aurait donné Gwangju avec un joueur capable de mettre de nombreux buts comme il l'a prouvé l'an dernier.

Gwangju connaîtra donc une saison très chargée l'an prochain avec le championnat et l'Asian Champions League en fin d'année. Mais bonne nouvelle, Lee Jung-hyo a prolongé et sera aux manettes. Reste à savoir désormais quels joueurs resteront ou quitteront l'effectif sachant que les premières rumeurs font déjà état d'un départ de Jasir Asani. Gwangju devra également se mettre en quête d'un attaquant scoreur, seul point faible de l'équipe.

Jeonbuk : prévisible

Quelle déception de voir Jeonbuk pointer au quatrième rang de la saison alors que l'objectif principal du club est la lutte pour le titre. Mais ce qui arrive au club est finalement totalement prévisible. La direction avait décidé de conserver Kim Sang-sik contre vent et marée, une erreur payée très cher : trois victoires en dix matchs et une dixième place. Les supporters n'ont pas du tout goûté à cette entame catastrophique et l'ont fait comprendre. Chose surprenante, ce n'est pas la direction qui a réagi mais Kim Sang-sik qui a décidé de quitter le navire. Un éclair de lucidité. Pour le remplacer, Jeonbuk a mis un mois pour se décider. Park Ji-sung, directeur technique, a jeté son dévolu sur Dan Petrescu après avoir vendu à ses supporters un entraîneur avec un style offensif. Allez comprendre... Bref, l'entraîneur Roumain n'a pas montré un très beau jeu mais a permis à Jeonbuk de finir quatrième. Dans l'extrême douleur.

Si le sujet de l'entraîneur a posé problème, il ne faut surtout pas dédouaner les joueurs. Le mercato fut très intéressant sur le papier. Et il l'est resté, étant un véritable échec. Le gardien Jeong Min-ki a été rapidement mis sur le banc par le jeune Kim Jeong-hoon bien meilleur. Jeong Tae-wook n'a pas eu le niveau qui était le sien avec Daegu alors que Tomas Petrasek, arrivé en cours d'année, a été bien loin d'être une plus valu. Kim Geon-woong n'a même pas terminé l'année au club, étant envoyé à Jeju en échange d’Ahn Hyeon-beom, venu remplacer Kim Moon-hwan en partance pour Al Duhail. L'ailier très offensif de Jeju a mis du temps à s'adapter à son nouveau club la faute à des blessures et une utilisation plus reculée qu'avec Jeju par son entraîneur. Au milieu, Lee Soo-bin n'a pas réussi son deuxième passage au club alors que Amano Jun fut bien loin du niveau affiché avec Ulsan en 2022. Dans ce secteur, seul Nana Boateng a été satisfaisant lors de son arrivée dans les valises de Dan Petrescu. Le Ghanéen est venu apporter de la solidité à la récupération du ballon. En attaque, la question que tout le monde se pose est : où sont passés Rafa Silva, Andre Luis, Gustavo et Lee Dong-jun ? À eux quatre, ils ne totalisent même pas dix buts. En sachant que Andre Luis et Lee Dong-jun n'ont pas une seule réalisation à leur compteur cette saison... Des prestations qui peuvent s'expliquer par les nombreuses blessures mais pas que. Quand le seul objectif de l'entraîneur est de ne pas encaisser de but, difficile de développer un jeu tourné vers l'avant. Après le départ de Cho Gue-sung pour le Danemark, Park Jae-yong a avec les Asian Games, le jeune avant-centre n'a pas eu beaucoup d'impact sur l'équipe. Jeonbuk a donc dû s'appuyer sur ses cadres. Mais même eux n'ont pas connu une saison réjouissante. Hong Jeong-ho a passé plus de temps à l'infirmerie qu'en dehors du terrain et son coup de sang face au Bluewings en août a bien montré toute la fébrilité régnant au club. Kim Jin-su a également été un poil en dessous de son niveau habituel et a aussi été gêné par les blessures. Paik Seung-ho et Park Jin-seop ont, quant à eux, été bons et ont tenu Jeonbuk au milieu pour le premier, tantôt au milieu tantôt en défense pour le second. Ryu Jae-moon a disparu de la circulation alors que Maeng Seong-ung a lui aussi connu de nombreuses blessures. Sur le devant de l'attaque, Han Kyo-won et Moon Seon-min ont été à leur niveau mais ce ne sont pas ces joueurs-là qui doivent guider une équipe. Song Min-kyu a lui été sur courant alternatif.

La saison de Jeonbuk a été très difficile et les choses doivent définitivement changer. Laissons une chance à Dan Petrescu pour la saison prochaine mais tout l'organigramme du club doit se réunir pour savoir dans quelle direction aller. Le mercato sera crucial et actif puisque certains joueurs sont sur le départ (Gustavo, Rafa Silva, Tomas Petrasek) et qu'il faudra renforcer l'équipe une nouvelle fois. Il faudra également revoir toute la préparation physique. Il n'est pas normal d'avoir eu autant de blessés sur une saison. La direction aura donc beaucoup de travail cet hiver.

Incheon : habitude prise ?  

Certes Incheon a reculé d'un rang par rapport à l'an dernier, mais les Durumi ont réussi à se maintenir dans le top 6 et s'imposent comme une valeur sure du championnat sous Jo Sung-hwan. Ce dernier continue de performer avec sa tactique de contre. Il s'en est fallu de peu pour que Incheon décroche une nouvelle qualification continentale, mais réaliser une saison avec uniquement la coupe et le championnat à jouer pourrait permettre de viser plus haut l'année prochaine.

Surtout qu’Incheon a de la marge puisque le début de saison a été raté comme il se doit, tout en ajoutant que Jo Sung-hwan n'a pas pu compter sur l'ensemble de ses forces toute l'année. À l'image de Sin Shin Jin-ho beaucoup trop blessé pour avoir un véritable impact dans l'entre jeu. Lee Myung-joo et Paul-José M'Poku ont également dû faire des allers-retours à l'infirmerie. Après un début d'année tonitruant, Cheon Seong-hoon a lui aussi été freiné par les blessures et Hong Si-hoo s'est gravement blessé dès le début de saison. Incheon a donc dû faire des modifications en cours d'année et Stefan Mugosa est revenu du Japon mais totalement à court de forme. Ce qui laisse donc des motifs d'espoir pour la suite. Rayon satisfactions, Kim Dong-heon a été précieux dans les buts alors qu’Oh Ban-suk et Harrison Delbridge ont été des piliers en défense. Kim Do-hyeok a fait une saison pleine au milieu alors que Min Kyung-hyun a confirmé son année 2022. Sur le front de l'attaque, le trio Kim Bo-sub, Gerso Fernandes et Hernandes ont été intenables dans la stratégie de Jo Sung-hwan en s'appuyant sur leur vitesse.

Incheon peut regarder la saison 2023 avec quelques regrets au regard du classement et des ambitions du club. Mais de nombreux motifs de satisfaction sont à trouver et promettent une année 2024 très intéressante si les blessures ne sont pas aussi nombreuses. Il faudra néanmoins régler le problème du gardien de but puisque Kim Dong-heon part faire son service militaire et que Lee Tae-hui ou Min Seong-jun ne sont pas des assurances tout risque. Une intersaison pourrait s'annoncer assez calme du côté des Durumi.

Daegu : sans plus

L'objectif de Daegu était d'atteindre le top 6. Mission accomplie après avoir passé la grande majorité de la saison dans le ventre mou du championnat. Choi Won-kwon a donc validé sa première année en tant qu'entraîneur des Sky Blues même si l'impression laissée est celle d'un entraîneur au maximum de ses capacités sans l'aide de ses meilleurs joueurs.

Soyons clairs d'entrée de jeu, Daegu repose beaucoup trop sur Cesinha. Alors quand le leader brésilien est blessé une grande partie de la saison, Daegu est bien embêté et ne parvient pas à hausser son niveau de jeu. Certes, des joueurs comme Edgar et Ko Jae-young parviennent à tirer Daegu par le haut, mais c'est encore trop léger pour accrocher une place dans le top 4. En l'absence de Cesinha, ces deux joueurs n'avaient pas le droit à l'erreur puisque Barcelos fut sur courant alternatif et Lee Keun-ho était à bout de souffle du haut de ses trente-huit ans. D'ailleurs, l'illustre international sud-coréen a décidé de raccrocher. Au milieu, Lee Jin-yong a été à l'image du club à savoir une saison pas mauvaise mais pas exceptionnelle non plus comme les années précédentes. Arrivée en cours de saison, Bertolla aura apporté un plus techniquement mais devra faire mieux l'an prochain. Dans le secteur défensif, la grande satisfaction est Hwang Jae-won qui a réalisé une très belle saison continuant sa progression après son exercice 2022 déjà abouti.

Une saison difficile à analyser pour Daegu. Rien n'a été catastrophique, mais rien n'a été exceptionnel non plus et l'absence de Cesinha a été un vrai problème à gérer pour Choi Won-kwon. Daegu doit travailler durant cette intersaison pour être moins dépendant de sa star brésilienne qui, à trente-quatre ans, ne sera pas éternel. Il faudra aussi penser à remplacer Lee Jin-yong et Jo Jin-woo, qui partent effectuer leur service militaire. Les Sky Blues ont donc une nouvelle mission : ne pas devenir un club classique de K League 1 après plusieurs années de succès.

Seoul : encore raté

La réponse à notre question du début de saison est celle-ci : oui Seoul ne fait que des promesses non tenues. Pourtant, cette année était presque la bonne. Installé sur le podium pendant les deux tiers de la première phase, Seoul s'est écroulé pour finalement tomber dans le Final B. Un Final B sans saveur étant donné que le club était déjà sauvé de la relégation au soir de la trente-troisième journée.

Alors, à qui la faute ? Certainement à la direction pour son incapacité à trouver un entraîneur pouvant faire passer un cap à l'équipe, et à Ahn Ik-soo, qui a abandonné le navire à cinq journées de la scission du championnat à la surprise générale. Pas mieux pour tuer son équipe. Les langues se sont ensuite déliées sur la gestion en interne du néo ex-entraîneur. Ses choix n'étaient pas expliqués et non compris des joueurs. Personne ne comprendra jamais pourquoi Stanislav Iljutcenko a très peu joué et a fini par être psychologiquement sous l'eau de son propre aveu et que Kang Seong-jin n'a absolument pas eu les minutes attendues. Pourtant, il y avait des satisfactions pour Seoul, le jeu mis en place commençait à avoir des résultats puisque les joueurs étaient beaucoup plus efficaces devant le but. Une statistique le prouvant : le FC Seoul termine avec la meilleure attaque à égalité avec Ulsan. Na Sang-ho a ainsi progressé sur ce plan-là augmentant son total de buts. L'apport de Willyan fut aussi très important sur l'aile. Il manquait finalement qu'un numéro 9 en pleine possession de ses moyens. Défensivement, en revanche, le FC Seoul a connu les mêmes déboires avec une forte tendance à faire n'importe quoi. Ce qui a fait perdre de précieux points au club dans les moments clef. Symptomatique de cette faiblesse défensive, les recrues censés solidifier l'arrière garde ont déçu : le gardien Choi Cheol-won a explosé en plein vol dès le début de saison, Lee Si-young et Park Soo-il n'ont pas été transcendant sur leurs ailes alors que Kwon Wan-kyu a été mis rapidement au placard après plusieurs erreurs grossières.

Une saison ratée qui a néanmoins fait réagir la direction puisque le club a enfin trouvé son entraîneur et pas des moindre : Kim Gi-dong. L'homme de Pohang retrouvera plusieurs de ses anciens joueurs avec Aleksandar Palocevic, Stanislav Iljutcenko, Lim Sang-hyub et Lee Seung-mo. Il a à sa disposition un bel effectif qui sera renforcé par le retour prématuré de service militaire de Cho Young-wook en attaque, qui pourrait compenser le probable départ de Na Sang-ho. Willyan reste, Kim Gi-dong a toutes les cartes en main pour remettre le FC Seoul sur le devant la scène. Il faudra néanmoins travailler sur l'aspect défensif, et ce sera sans Park Soo-il qui rejoint Gimcheon. L'année 2024 sera suivie de très près dans la capitale.

Daejeon : des hauts et des bas

Le retour en K League 1 après sept ans en K League 2 n'a pas sonné comme attendu pour Hana Group surtout en regardant le résultat de Gwangju. Malheureusement pour Daejeon, le manque de constance dans les résultats (meilleure série de deux victoires consécutives, réalisée une seule fois) et dans les compositions d'équipe de Lee Min-sung aura coûté cher.

Le gros souci majeur tout au long de la saison de Daejeon fut le secteur défensif. Lee Chang-geun a tout tenté entre ses poteaux mais il a beaucoup trop souvent été abandonné par ses défenseurs. C'est simple, Daejeon à la seconde moins bonne défense de la saison. Intolérable pour viser haut. Handicapé par les blessures de Cho Yu-min et les turnovers de Lee Min-sung, la défense a pris l'eau ne trouvant jamais sa solidité collective. Le secteur offensif ne sera également jamais parvenu à trouver des automatismes à prendre le dessus sur les erreurs défensives malgré un troisième rang au classement des meilleures attaques de l'année. Tiago Orobó aura répondu aux attentes avec dix-sept réalisations au contraire de Yu Kang-hyun, meilleur buteur de K League 2 l'an dernier et qui n'aura inscrit qu'un petit but. Leandro aura lui aussi connu un rendement décevant pour sa première dans l'élite malgré un bon nombre de passes décisives à la différence de Kim In-gyun qui aura été le rare à accompagner comme il se doit Tiago Orobó. Autre motif de satisfaction pour Daejeon, le milieu de terrain aura bien tenu avec ses joueurs d'expérience que sont Ju Se-jong, Lee Jin-hyun et Lee Hyun-sik. Seul regret, c'est la nouvelle inconstance de Ishida Masatoshi en K League 1.

Daejeon a décidé de conserver Lee Min-sung pour l'année prochaine, signe que le club entier apprend et souhaite continuer dans cette direction. Un bon choix, il aurait été malvenu de tout révolutionner pour une première mitigée après sept ans à l'échelon inférieur. Mais l'année prochaine devra signifier une forte progression. L'intersaison s'annonce mouvementée puisque Tiago Orobó est annoncé partant alors que Kim Min-duk et Yu Kang-hyun partent faire leur service militaire.

Jeju : le trou noir

Les Insulaires ont connu deux saisons en une. Malheureusement pour eux, la seconde saison a teinté la globalité de l'année d'un sentiment de gâchis et de raté. Souvenez-vous, nous vous annoncions que reconduire Nam Ki-il pour une quatrième saison était un pari puisque cet entraîneur réalise généralement des cycles de trois ans. Le pari a donc fonctionné à moitié.

Les Insulaires ont mis du temps à se lancer dans cette saison 2023, puisqu'il a fallu attendre la sixième journée pour voir un premier succès. Puis, tout a déroulé, jusqu'à début juin. Jeju était alors deuxième au classement et semblait irrésistible. Mais le départ de Lee Chang-min pour le service militaire a sonné le glas de la réussite pour Nam Ki-il et ses hommes. Une statistique vaut tous les mots : entre le 3 juin 2023 et le 2 décembre 2023, Jeju n'a remporté que deux rencontres. La direction a bien tenté de maintenir sa confiance en Nam Ki-il espérant que l'homme à la poigne de fer puisse redresser la situation. Mais face à la lente chute au classement, à tel point que le club se voyait menacé par la relégation, il fallait agir : Nam Ki-il était renvoyé et Jung Jo-gook (ancien MVP de K League avec Gwangju en 2016 et ayant terminé sa carrière à Jeju) prenait le relais. L'électrochoc attendu ne venait pas et Jeju se sauvait en étant moins pire que ses concurrents. Très difficile de trouver du positif dans la saison de Jeju surtout côté joueur. Pourtant la triplette Yuri – Reis – Seo Jin-su commençait à devenir redoutable avant de se dérégler aussi vite qu'elle était apparue. Au milieu, Choi Young-jun s'est rapidement blessé et n'a donc pas eu d'impact sur le jeu de l'équipe, surtout au moment où Lee Chang-min, qui portait l'équipe, partait réaliser ses obligations alors que Koo Ja-cheol a été ménagé puisque sensible aux blessures. Lors du mercato estival le club a également fait des choix surprenants en se séparant d'un élément clé qu'est Ahn Hyeon-beom en échange de Kim Geon-woong. Non seulement le club affaiblissait son couloir droit, mais ne renforçait pas véritablement son milieu avec Kim Geon-woong qui a eu un rendement insuffisant. Que dire également de la défense qui a elle aussi pris l'eau et Lim Chai-min en a été le symbole lui qui a alterné bon et moins bon. Même son de cloche pour Kim Dong-jun dans son but.

Une saison à oublier pour Jeju à tous les étages. Il faut désormais remettre les compteurs à zéro avec l'arrivée de Kim Hak-bum sur le banc. Le chapitre Nam Ki-il est terminé, il faut en ouvrir un autre. Il faudra considérablement se renforcer à tous les niveaux pour espérer retrouver un top six l'an prochain.

Gangwon : ouf de soulagement (1)

Choi Yong-soo avait décidé de miser sur la stabilité pour accrocher de nouveau un top 6. Loupé. Rien n'a fonctionné pour Gangwon qui n'a jamais dépassé la dixième place, son classement final. Heureusement, le club s'est sauvé lors des barrages face à Gimpo, évitant ainsi la correctionnelle. Le bilan sera donc simple : la saison est un énorme raté. Choi Yong-soo a pris la porte en juin et Yoon Jong-hwan est arrivé pour faire le pompier de service. Sa mission était de maintenir le club, il l'a complétée. Rien de plus, rien de moins.

Yang Hyun-jun avait des envies d'Europe dès le début de saison et a été à côté de ses chaussures avant son départ pour le Celtic. Lui qui devait confirmer 2022... il faudra repasser. Kim Dae-won a lui aussi imité son partenaire, la complicité du duo a explosé en éclat et n'a pas du tout animé le secteur offensif comme attendu. Sans oublier que Dino Islamović s'est de nouveau lourdement blessé et a été libéré. Ses remplaçants n'ont pas été à la hauteur non plus, que ce soit Galego ou Vitor Gabriel. Inutile de mentionner Welinton Junior ou Yun Il-lok, arrivé en cours d'année sans peser sur le club. Au milieu, Han Kook-young aura quelque peu surnagé avec Seo Min-woo mais sans être dans les standards habituels. Ikromjon Alibaev a lui été beaucoup trop discret. Aussi surprenant que cela puisse paraître, Gangwon a pu compter sur une défense assez solide, terminant avec le quatrième bilan. Hwang Mun-ki, Yun Suk-young, Marko Tuci et Kim Young-bin ont été solides avec Yu Sang-hun et Lee Gwang-yeon satisfaisant dans les buts.

Désormais, Yoon Jong-hwan a l'hiver pour travailler et modeler son effectif pour la saison prochaine. Il devra néanmoins déjà faire sans Seo Min-woo et Kim Dae-won qui rejoignent Gimcheon. Pas un cadeau. Les Bears devront donc recruter offensivement et au milieu pour faire oublier cette année 2023.

Suwon FC : ouf de soulagement (2)

Au niveau des ratés, la ville de Suwon a été servie. D'abord avec le Suwon FC qui a tout simplement fait n'importe quoi toute l'année, arrachant sa place en barrages lors de la dernière journée. Lors du barrage face à Busan, c'est un but à la toute fin du temps réglementaire qui a permis d'éviter la relégation. Busan ayant décroché mentalement, le Suwon FC a déroulé lors de la prolongation. Que retenir donc de cette saison ? Rien si ce n'est que Kim Do-kyun a conservé miraculeusement son poste toute l'année.

Niveau joueur, certains ont réalisé une bonne saison, mais tous furent finalement inconstant et pas uniquement d'un match à l'autre mais également au cours des quatre-vingt-dix minutes d'une rencontre. Lee Seung-woo a été trop inconstant et frustrant. Son carton rouge lors du barrage face à Busan aurait pu être fatal. Il doit faire beaucoup mieux car dans les bons jours il est inarrêtable. Lars Veldwijk s'est saboté en se faisant attraper en état d'ébriété au volant de son véhicule. Il n'a pas terminé la saison au club alors qu'il devait être l'un des sauveurs. Yoon Bit-garam a été le patron attendu du milieu de terrain mais a lui aussi manqué de constance. Son association avec Lee Yeong-jae, de retour de service militaire, aurait dû relever le club. Il n'en fut rien. Park Joo-ho a lui mis un terme à sa carrière en cours de saison, sans doute conscient qu'il faisait la saison de trop. Ricardo Lopes, revenu au cours de l'été en K League après trois années à parcourir le monde, a eu besoin de beaucoup de temps pour retrouver une forme convenable. Lee Gwang-hyeok a été remuant sur son couloir mais a manqué d'efficacité. Pour parler de la défense, une statistique vaudra mieux qu'un long discours : Suwon FC a encaissé soixante-seize buts.

Suwon FC doit aussi profiter de l'hiver pour refermer le cycle Kim Do-kyun qui a rejoint Seoul E-land. Il faut désormais retrouver un entraîneur qui relancera le club et certainement de nouveaux joueurs surtout en défense et au poste de numéro neuf. Le club doit également tout faire pour conserver Lee Seung-woo qui est annoncé sur le départ vers la K League 2. Beaucoup de travail.

Suwon Samsung Bluewings : du sommet à l'enfer

Suwon Bluewings : l'inévitable

Dernier pendant la grande majorité de la saison, les Bluewings ont logiquement été relégués en K League 2. Une première dans leur histoire. Pourtant, le club avait fait des recrutements pertinents, comme nous le soulignions en début d'année, mais rien n'a fonctionné. Les doutes autour de Lee Byung-geun n'ont pas été levés et la direction a finalement accepté son départ pour le remplacer par Kim Byung-soo qui avait réalisé de belles choses avec Gangwon entre 2018 et 2021. Mais ce dernier n'est pas un entraîneur pour un club malade et la mayonnaise n'a jamais pris. Il n'est resté que cinq mois sans parvenir à redresser la situation et Yeom Gi-hoon a terminé l'année sans éviter la relégation.

Les entraîneurs n'ont pas été à la hauteur mais les joueurs non plus. Aucun signe de révolte n'a été décelé chez eux, encore moins lors du dernier match lorsqu'il fallait inscrire le but de la victoire qui aurait permis de disputer un barrage. Les cadres ont failli à l'image de Kim Bo-kyung, Lee Ki-je, Dave Bulthuis, An Byong-jun, Ko Seung-bom ou encore Yang Hyung-mo. Kwon Chang-hoon, revenu du service militaire, a disparu de la circulation ne disputant pas la moindre seconde. Fejsal Mulic et Maxwell Acosty ont sombré également dans cette équipe. La seule satisfaction restera Kim Joo-chan du haut de ses dix-neuf ans. Mais un jeune joueur ne doit pas être celui qui sauve une équipe comme les Bluewings. Il est finalement inutile de faire la longue liste des joueurs loin de leur niveau, il faut désormais s'inquiéter de l'avenir des Bluewings. De nombreux joueurs devraient quitter le navire en K League 2 et l'apport financier de Samsung ne semble pas acquis pour redresser la barre.

La saison 2024 s'annonce comme une année charnière. Soit Samsung reprend les choses en main et les Bluewings remontent rapidement, soit le club reste laissé de côté et s'enfonce. Une vente peut également être un bienfait pour repartir sur des bases saines mais il faudrait qu'une entreprise se montre intéressée. Le club ne peut pas être repris par la ville, qui possède le Suwon FC. L'avenir est loin d'être rose pour les Bluewings.

Les plus beaux buts de chaque club

L’équipe de la saison

Baptiste Mourigal
Baptiste Mourigal
Rédacteur Asie, spécialisé Corée du Sud (K League, KFA) à suivre sur @KleagueFR