Alors que l’Australie de Graham Arnold ne convainc personne mais n’en finit plus d’avancer, le Tadjikistan continue d’écrire son incroyable histoire.

Le premier huitième de finale s’annonçait déséquilibré sur le papier puisqu’il opposait un prétendant naturel, le champion 2015, l’Australie, à l’un des dernier qualifié pour la compétition et « plus mauvais » troisième encore en lice qui découvrait les huitièmes de finale pour la première fois de son histoire, l’Indonésie. Deux questions se posaient au coup d’envoi : l’Australie allait-elle enfin monter en régime ? L’Indonésie avait-elle les armes pour déstabiliser le bloc mis en place par Graham Arnold ? La réponse aux deux questions est négative. Fidèle à ses habitudes, Graham Arnold n’a pas transformé son Australie en équipe joueuse et s’en est finalement bien sorti grâce d’une part à l’incapacité de l’Indonésie à se montrer véritablement dangereuses, les hommes de Shin Tae-yong se montrant très intéressants dans la préparation des actions, dans les combinaisons mises en place et le jeu, mais ne parvenant à prendre les bonnes décisions permettant de transformer tout cela en occasion. Et face à une équipe de Graham Arnold, c’est létal. Sur l’une des premières montées australienne, un centre de Jackson Irvine dévié par Elkan Baggott et prenait son gardien à contrepied. L’Australie menait sans avoir tiré, sa première frappe cadrée intervenait à la 42e minute lorsque Martin Boyle surgissait au deuxième poteau pour prolonger le centre de Gethin Jones au fond des filets. L’Indonésie avait plus montré, sans être dangereuse, elle était menée 2-0 à la pause, le match était plié. Le scénario ne variait pas en deuxième période, l’Australie se contentait de contenir des Garuda trop fragiles pour faire mal. Puis, dans les derniers instants, le score prenait de l’ampleur, Craig Goodwin et Harry Souttar inscrivant deux buts en deux minutes dans les ultimes secondes du match. L’Australie ne convainc toujours pas, mais le style Graham Arnold, fait de combat et d’usure, continue de fonctionner. Les ‘Roos sont en quarts. Ils y affronteront soit l’Arabie saoudite, soit la Corée du Sud pour ce qui s’annonce la grande affiche.

La notion d’efficacité a également été au centre du duel opposant Tadjikistan et Émirats arabes unis. Après une entame à l’avantage des hommes de Paulo Bento, ceux de Petar Šegrt ont pris les commandes de la partie, parvenant enfin à s’organiser, à mieux coulisser et fermer les espaces. La suite a vu Dzhalilov et les siens se montrer menaçant, prendre un net ascendant, ouvrir la marque sur une action assez folle qui voyait Dzhuraboev fixer, temporiser et centrer comme un ailier – lui le défenseur central – et déposer le ballon sur la tête d’Hanonov. Devant à la pause, le Tadjikistan était libéré et exposait son football fait de jeu mais aussi plaisant qu’exaspérant par son manque de réalisme. La faute à des mauvais choix, des maladresses, mais aussi un Khalid Eisa toujours aussi impeccable devant sa ligne. Le portier émirati maintenait les siens à portée de tir et, alors que le temps défilait, Paulo Bento lançait de plus en plus de munitions offensives qui finissaient par payer lorsqu’Ali Saleh trouvait Khalifa Al Hammadi. Le coup était dur pour les Lions de Perse, on jouait alors la 95e minute. Mais aussi novices soient-ils, les hommes de Petar Šegrt n’ont pas cédé mentalement. Aucune panique, une remise au travail, au maintien de son organisation, le Tadjikistan s’est remis en marche. Et s’il a dû attendre la séance de tirs au but pour décrocher la qualification, ce calme lui a permis de ne manquer aucune tentative et laisser Yatimov sortir celui de Caio Canedo. Pour sa première en phase finale, voilà le pays qui monte en Asie centrale parmi les huit meilleurs. Ils affronteront le vainqueur d’IrakJordanie.

Photo : Adam Nurkiewicz/Getty Images

Nicolas Cougot
Nicolas Cougot
Créateur et rédacteur en chef de Lucarne Opposée.