Dans cette dernière ligne droite menant au dénouement de notre championnat favori, la vingt-neuvième journée a été riche en enseignements : Vissel Kobe a toute les clés en main pour enlever le premier championnat de J1 de son histoire, Yokohama F.Marinos est une machine enrayée, Shonan Bellmare n’est pas mort, tandis que Nagoya Grampus n’est plus que l’ombre de lui-même.

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Le gros clash de cette journée était bien sûr le duel entre Yokohama F.Marinos, dauphin de Vissel Kobe, qu’il accueillait dans son Stade Nissan. Avant cette rencontre, les Tricolor avaient remporté leurs cinq derniers matchs de championnat face à leurs visiteurs du jour. Ils pouvaient compter sur leur trio brésilien Elber-Yan-Anderson Lopes – ce dernier vit un match dans le match avec Yuya Osako pour ravir le titre de meilleur buteur du championnat – ainsi que sur le jeune Miki Yamane, à nouveau titularisé au détriment du capitaine Takuya Kida, et sur Ryotaro Tsunoda, reconduit dans l’axe de la défense aux côtés d’Eduardo. Pour les vaches, on met de côté l’habituel 4-3-3 pour un 4-2-3-1, avec sensiblement les mêmes acteurs que la journée précédente hormis l’apparition de Nanasei Iino, titularisé sur le poste d’ailier droit. Le héros du match précédent, Daiju Sasaki, est replacé en soutien axial d’Osako. Le premier à se mettre en évidence était Ken Matsubara, le latéral droit des mouettes s’essayait de l’entrée de la surface mais sa tentative ras-de-terre n’était pas cadrée. En réponse, quelques escarmouches bovines qui voyaient l’occasion donnée à Osako de prendre l’avantage sur son alter ego brésilien dans la course au titre de meilleur buteur : dans la surface adverse, l’ancien international remisait de la tête pour Yoshinori Muto qui se faisait sécher par Eduardo, en retard. Le VAR lui permettait de battre sans problème Jun Ichimori pour son vingtième but de la saison et le premier but du match. Sur leur lancée, les habituels grenats poussaient pour prendre un avantage plus conséquent, mais Muto, en position idéale grâce à une remise de Sasaki, envoyait sa tête plongeante sur la transversale. Ce n’était que partie remise : sur un corner de Ryo Hatsuse – huitième passe décisive de la saison – il décroisait parfaitement son coup de crâne pour mettre les siens à deux longueurs à la pause. Bien en place, les leaders laissaient la balle à leurs hôtes en seconde mi-temps, que ces derniers n’arrivaient pas à bonifier, à l’image de Kota Watanabe qui devait s’en remettre à une frappe lointaine pour mettre en danger Daiya Maekawa, sans conséquence. Les hommes de Takayuki Yoshida maitrisaient de bout en bout cette partie et finissaient logiquement par l’emporter (2-0). Les voilà plus que jamais en position de force, mettant à quatre points leurs concurrents les plus dangereux.

Urawa Reds en mesure de menacer le dauphin ?

À la troisième place, Urawa Reds s’affirme. Toutefois, Yokohama FC lui a mis des bâtons dans les roues au point de les faire déjouer au début de partie et de les sanctionner d’un but dès le quart d’heure de jeu, réalisation de Marcelo Ryan d’un missile du gauche. L’équipe coachée par Maciej Skorża a pu prendre un point de cette rencontre peu emballante grâce à la roublardise de Shinzo Koroki, qui s’effondrait dans la zone de vérité sur un tirage de maillot léger de Boniface Nduka. La finition du buteur maison Alexander Scholz faisait le reste (1-1). Les voilà à quatre points derrière F.Marinos et trois points devant la meute.  

Une meute composée de Kashima Antlers, Sanfrecce Hiroshima et Nagoya Grampus, avec un peu plus en retrait Cerezo Osaka et Avispa Fukuoka. À l’issue de cette journée, les trois premiers se retrouvent à trois points de la troisième place, les derniers cités à cinq. Avispa Fukuoka et Kashima Antlers s’étaient rencontrés dans un match sans grand relief, pour un résultat nul et vierge (0-0). Beaucoup plus intéressante, la confrontation entre Sanfrecce Hiroshima et Nagoya Grampus a été bien plus prolifique en buts. Et ce, malgré une première période rythmée sans but marquée par un poteau de Kasper Junker, un de Pieros Sotiriou, une barre monumentale de Takumu Kawamura, deux buts refusés à Marcos Junior puis à Shuto Nakano, rien que ça. La deuxième partait sur les mêmes bases avec des orques qui s’offraient la première grosse occasion et par la même le premier but du match : lancé en profondeur, Junker bénéficiait d’un contre favorable sur le malheureux Hayato Araki pour s’offrir un face-à-face et battre Keisuke Osako d’un piqué. Piquées au vif, les Trois Flèches repartaient à l’offensive et c’était sur un centre de Sota Koshimichi, à peine entré en jeu, que venait l’égalisation, Mutsuki Kato provoquant le csc de Shinnosuke Nakatani. Surfant sur cette dynamique positive et des entrants bouillants, les violets obtenaient un pénalty par Douglas Vieira, servi par Ezequiel, qu’il transformait lui-même avec maitrise. Le troisième but était inscrit par le milieu offensif brésilien, qui reprenait au cœur de la surface une frappe déviée de Kato de la tête, célébrant son but sous l’effigie de l’Homme-Araignée (il prendra un carton pour ça). On n’ira pas plus loin (3-1). Le club de la préfecture d’Aichi continue doucement mais sûrement sa descente dans le ventre mou du classement, bien que toujours au contact, avec ce sixième match d’affilée sans victoire.

Shonan Bellmare n’est plus lanterne rouge

On l’a vu, Yokohama FC a pris un point de son déplacement à Saitama. En déplacement également chez Cerezo Osaka, Shonan Bellmare a fait mieux et est reparti avec trois points dans l’escarcelle. À l’aise durant le début et la fin du match, le Trident a profité de sakura dominateurs mais maladroits. Ainsi, le jeune Akito Suzuki a soulagé les fans à dix minutes de la fin du temps réglementaire en faisant parler sa détente suite à un corner de Daiki Sugioka. Puis, sur une action à trois dans un petit périmètre, Yuki Ohashi libérait son monde en reprenant d’une reprise dos au but la passe piquée de son capitaine Oiwa (2-0). L’équipe de Hiratsuka reprend un point d’avance sur son voisin de la préfecture de Kanagawa. Les osakaïtes, eux, enregistrent une troisième défaite consécutive.

Dans le même temps, Kashiwa Reysol garde ses distances avec la place de relégable en allant l’emporter à l’extérieur, sur la pelouse de Consadole Sapporo. L’équipe du Roi Soleil a non seulement profité des nombreuses absences chez les hiboux – Okamura, Arano et Miyazawa étaient suspendus, Baba avec aux Jeux Asiatiques – mais aussi de l’incurie défensive adverse. Ainsi, Mao Hosoya donnait rapidement l’avantage à son équipe en étant lancé en profondeur par Matheus Savio, qui interceptait au préalable une passe latérale désastreuse de Toya Nakamura. Hosoya trompait à nouveau Shun Takagi sur un contre mené par Kota Yamada, qui décalait sur son côté gauche Diego pour le centre gagnant vers l’attaquant de vingt-deux ans pour sa douzième réalisation de la saison. Si les rouges et noirs revenaient à un but dès le retour des vestiaires grâce à Supachok, bien placé à la retombée d’un ballon non maitrisé par Kenta Matsumoto, ils n’auront pas su se créer les opportunités pour égaliser malgré leur ultra-domination avec ses 72% de possession de balle (1-2). L’ancien club de Junya Ito n’aura finalement pas tremblé et devrait s’en sortir avec ses 6 points d’avance sur la zone de relégation.  

Match de folie au Stade Ekimae

Sagan Tosu face à Kyoto Sanga. Sur le papier, rien de très affriolant dans cette rencontre d’équipes de bas de tableau qui n’ont quasiment plus rien à jouer, d’autant plus qu’une descente de l’un des deux clubs la saison prochaine ne serait due qu’à un cataclysme. Toutefois, il y a des spectateurs à contenter et c’est ce que les acteurs ont effectué après quatre-vingt-dix minutes d’un match à rebondissement. Même pas dix minutes de jeu jouées que Shinji Ono signait son retour dans le onze des pies pour ouvrir le score d’un magnifique enroulé qui nettoyait littéralement la lucarne de Gu Sung-yun, impuissant. Taichi Hara ramenait son équipe à niveau en démontrant qu’il savait aussi utiliser ses jambes en se jouant de son vis-à-vis dans la surface et en allumant un pétard du gauche inarrêtable. Dans le second acte, alors que les bleus fluos venaient de frapper sur le poteau par So Kawahara, l’équipe impériale passait en tête suite à un contre conclu par Yuta Toyokawa sur un service de Hara. Dans la foulée, Temma Matsuda pensait donner deux buts d’avance aux violets mais sa percée axiale vers la gloire était entachée d’une main. Puis vint la 92e minute. Le moment choisi pour Hisashi Appiah Tawiah, alors qu’il reste trois minutes de temps additionnel, de charger dans le dos Yoichi Naganuma au niveau de la ligne centrale. Le VAR détecté un majeur d’agacement un peu trop décollé de la paume, sans doute en direction du banc adverse. Résultat : carton rouge et arrêt de jeu à rallonge, ce dont profitait parfaitement l’équipe de Kyūshū. Tosu égalisait d’abord par Wataru Harada, d’une tête rageuse sur laquelle Gu se montrait maladroit. Il restait encore un peu de temps et les locaux partaient à l’abordage : Hwang Seok-ho, déviait juste ce qu’il fallait le centre fort d’Ayumu Yokoyama pour retourner le stade (3-2).

Autre match à rebondissement, celui qui s’est joué au Stade Todoroki entre Kawasaki Frontale et Albirex Niigata. Pas forcément à leur aise en début de match, les dauphins marquaient pourtant les premiers par Joao Schmidt, qui avait bien suivi la frappe de Daiya Tono repoussée par le portier Kojima dans ses pieds. L’avantage était de courte durée car c’était au tour de Koji Suzuki d’être à la retombée d’une énorme ogive amorcée par Shunsuke Mito et repoussée par le poteau de Jung Sung-Ryong. En seconde mi-temps, les oranges passaient devant peu avant l’heure de jeu grâce à leur latéral droit Naoto Arai, qui reprenait un ballon échoué vers lui d’un extérieur du plus bel effet. Malgré l’égalisation sur pénalty de Shin Yamada, les gagnants de cette rencontre étaient bien les hommes de Niigata, qui, sur un raid de Shusuke Ota, parti du flanc droit de la défense adverse pour repiquer dans l’axe, crucifiaient des anciens champions de J1 peu inspirés (2-3).  

Enfin, match à sens unique entre le FC Tokyo et Gamba Osaka. Le premier buteur de la rencontre se prénommait Riki Harakawa, premier but sous les couleurs bleus et rouges, qui, lancé dans la surface par Naruhito Nakagawa, slalomait deux joueurs pour terminer le travail. Toujours en première période, Diego Oliveira doublait la mise en étant – au contraire de Yota Sato – à la réception de la passe en profondeur d’Adailton, qui lui permettait de devancer la sortie de Masaaki Higashiguchi et marquer dans le but vide. En seconde période, malgré deux énormes actions manquées par Nakagawa puis Ryoma Watanabe, Kota Tawaratsumida inscrivait son deuxième but en deux matchs consécutifs à l’issue d’une sublime chevauchée ponctuée d’un petit pont sur son garde du corps Takao (3-0). Cinquième match sans victoire pour les ao to kuro qui semblent retomber dans leurs travers du début de saison.

Les buts

Résultats et classement

En bref

Jeux Asiatiques – Les équipes du Japon femme et homme en demi-finales. Les Nadeshiko ont terminé en tête de leur poule en exterminant le Vietnam (7-0) puis en quarts les Philippines (8-1), encaissant au passage leur premier but de la compétition. Elles joueront le pays hôte, la Chine, pour une place en finale, le 3 octobre. Chez les hommes, le virage des huitièmes est passé sans encombre avec une large victoire sur le Myanmar, tout comme celui des quarts avec une victoire plus étriquée face à la Corée du Nord (2-1). La surprise Hong Kong se dressera face aux Samurai Blue le 4 octobre pour tenter de gagner un ticket pour la finale.

ReinMeer Aomori, Criacao Shinjuku, Veertien Mie et Verspah Oita candidat au foot professionnel. Ces quatre clubs, évoluant en JFL, le quatrième échelon national aux portes de la J3, ont obtenu une licence J3 leur permettant de prétendre à entrer dans le foot professionnel nippon. Mais pour cela, il faut finir premier de leur championnat pour une accession directe, ou deuxième pour jouer un match de barrage avec le moins bien classé des clubs de J3. Pour le moment, aucun de ces clubs ne peut prétendre à grimper à l’étage supérieur au vu de leur classement.

Shinji Ono prend sa retraite le jour de ses quarante-quatre ans. Ces derniers temps, on le voyait plutôt sur les vidéos Youtube explicatives de gestes techniques que sur les terrains de J.League sous les couleurs de Consadole Sapporo, qu’il avait rejoint en 2014 alors que le club évoluait en J2 (avec un bref passage au FC Ryukyu entre 2019 et 2020). Cette saison, il n’a fait que deux petites apparitions en Coupe de l’Empereur. Toutefois, le natif de Numazu, dans la préfecture de Shizuoka, berceau de joueurs nippons de grand talent, peut faire valoir une carrière bien remplie : il prend d’abord ses marques avec Urawa Reds, avec lequel il effectue ses débuts professionnels en 1998. Des débuts tellement éclatants qu’il est sélectionné pour la Coupe du Monde 1998 en France, à laquelle il fait une courte apparition dans le dernier match de groupe des Samurai Blue face aux Reggae Boyz jamaïcains. Il reste à Saitama jusqu’à l’été 2001, année à partir de laquelle il rejoint les Pays-Bas et Feyenoord avec lequel il remporte la Coupe de l’UEFA dès sa première saison. Il y reste d’ailleurs toujours populaire, en témoigne les références à son passage par le club et les supporters lors de la signature récente d’Ayase Ueda dans l’équipe-phare de Rotterdam. Il revient dans le club de ses débuts, ravissant au passage un titre de champion d’Asie, du Japon et de vainqueur de la Coupe de l’Empereur, et retour en Europe en 2008 pour découvrir la Bundesliga avec le Vfl Bochum. La sauce ne prend pas et il revient au Japon sur ses terres, au Shimizu S-Pulse, avant de retenter l’aventure à l’étranger. C’est chez les Australiens de Western Sydney Wanderers qu’il pose ses valises pendant deux saisons, au cours desquels il finit en tête de la A-League. Il signe avec le club d’Hokkaido à l’été 2014. Durant sa longue carrière, il aura joué presque six cents matchs, pour quatre-vingt-dix buts inscrits et cinquante-six passes décisives. Un repos bien mérité pour ce milieu offensif sympathique et attachant qui restera un exemple de réussite pour les footballers japonais souhaitant s’exiler à l’étranger.

Gaël Boya
Gaël Boya
Expatrié au pays du soleil levant durant plusieurs années, contaminé par la passion du foot nippon. Avec une petite préférence pour les clubs du Kansai !